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....de
l'Antre de Platon ... |
Dossiers :
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Auteur:
Ja
Source: http://jcdurbant.wordpress.com/2010/12/
Date :
nn

Figure-toi des hommes dans une
demeure souterraine, en forme de caverne, ayant sur toute sa
largeur une entrée ouverte à la lumière. Ces hommes sont là depuis
leur enfance, les jambes et le cou enchaînés, de sorte qu’ils ne
peuvent bouger ni voir ailleurs que devant eux, la chaîne les
empêchant de tourner la tête. La lumière leur vient d’un feu
allumé sur une hauteur, au loin derrière eux. Entre le feu et les
prisonniers passe une route élevée. Imagine que le long de cette
route est construit un petit mur, pareil aux cloisons que les
montreurs de marionnettes dressent devant eux, et au-dessus
desquelles ils font voir leurs merveilles.(…) Penses-tu que dans
une telle situation ils n’aient jamais vu autre chose d’eux mêmes
et de leurs voisins que les ombres projetées par le feu sur la
paroi de la caverne qui leur fait face ? (…) Mais, dans ces
conditions, s’ils pouvaient se parler les uns aux autres, ne
penses-tu pas qu’ils croiraient nommer les objets réels eux-mêmes
en nommant ce qu’ils voient ? (…) Considère maintenant ce qui leur
arrivera naturellement si on les délivre de leurs chaînes et qu’on
les guérisse de leur ignorance. Qu’on détache l’un de ces
prisonniers, qu’on le force à se dresser immédiatement, à tourner
le cou, à marcher, à lever les yeux vers la lumière. En faisant
tous ces mouvements il souffrira, et l’éblouissement l’empêchera
de distinguer ces objets dont tout à l’heure il voyait les ombres.
Que crois-tu donc qu’il répondra si quelqu’un vient lui dire qu’il
n’a vu jusqu’alors que de vains fantômes, mais qu’à présent, plus
près de la réalité et tourné vers des objets plus réels, il voit
plus juste ? Si, enfin, en lui montrant chacune des choses qui
passent, on l’oblige, à force de questions, à dire ce que c’est,
ne penses-tu pas qu’il sera embarrassé, et que les ombres qu’il
voyait tout à l’heure lui paraîtront plus vraies que les objets
qu’on lui montre maintenant ? (…) Imagine encore que cet homme
redescende dans la caverne et aille s’asseoir à son ancienne
place. N’aura-t-il pas les yeux aveuglés par les ténèbres en
venant brusquement du plein soleil ? (…) Et s’il lui faut entrer
de nouveau en compétition, pour juger ces ombres, avec les
prisonniers qui n’ont point quitté leurs chaînes, dans le moment
où sa vue est encore confuse et avant que [517a] ses yeux se
soient remis (puisque l’accoutumance à l’obscurité demandera un
certain temps), ne va-t-on pas rire à ses dépens, et ne diront-ils
pas qu’étant allé là-haut il en est revenu avec la vue ruinée, de
sorte que ce n’est même pas la peine d’essayer d’y monter ? Et si
quelqu’un tente de les délier et de les conduire en haut, et
qu’ils puissent le tenir en leurs mains et tuer, ne le tueront-ils
pas ?
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