Déclaration de candidature
ll faut faire ceci… et pas faire cela. Nous ne
sommes pas gouvernés. Sarko n’y comprend rien… Il n’y a personne
pour nous redonner l’espérance… Où allons-nous ? Demain, c’est la
guerre civile… Comment voulez-vous arrêter le processus de l’émigration-invasion ?
avec en plus, l’Islam… Et, en France, la raréfaction des prêtres, la
diminution de la pratique chrétienne… Je vous le dis, il n’y a pas
de solution… Vous en voyez une, vous ?
Et s’il nous arrive d’esquisser les lignes simples
d’une encore plus simple solution, l’interlocuteur, porte-parole non
désigné de millions d’autres, reprend : mais qui le fera ?
Monsieur ! qui ?
Et bien, c’est décidé, au terme de longues et
silencieuses réflexions, à bout d’argument pour remonter le moral de
ceux que je rencontre, j’ai décidé, tranquillement, mais de façon
irrévocable, de présenter ma candidature à l’élection présidentielle
de 2012.
— Mais c’est une plaisanterie ! vous n’y pensez
pas sérieusement ! vous n’avez pas de parti et encore moins
d’argent.
— Et où avez-vous lu, dans la constitution, que la
désignation par un parti et la disposition d’une grosse fortune
étaient les conditions nécessaires pour une telle candidature ?
— Si ces conditions ne sont pas
constitutionnelles, elles sont, au moins, des nécessités pratiques.
— Donc je serais condamné à me taire, ou à suivre
celui qui me paraîtra le moins mauvais, ou le mieux placé – parmi
les candidats dits officiels, et dont le caractère soi-disant
officiel n’a rien de constitutionnel ! Je n’accepte pas cette
entrave à ma liberté. Pour dire exactement tout ce que je veux faire
pour mon pays, je suis, non seulement le mieux placé, mais le seul à
être convenablement placé. Si j’entendais quelqu’un – qui peut être
quelqu’une – dire ce que je veux faire en étant certain qu’arrivé au
pouvoir, il le fera, je me démets de ma candidature. Mais, dans le
cas contraire, je la maintiens. Au demeurant, qu’est-ce que je
risque ? Au pire, d’être élu ! Au mieux de voir mes idées pillées
par d’autres – ou par un autre – qui les mettra, lui, en pratique !
Le plus probablement, d’être à mi-chemin entre cette contribution au
salut commun et le ridicule du petit nombre des suffrages… mais
n’est-ce pas là « la glorieuse incertitude des batailles »
qui, depuis plus de quarante ans de conflits judiciaires, marqués
parfois de fortes influences politiques et idéologiques, est la
règle de ma vie ?
Et puis, quand je vois ceux qui sont prêts pour le
départ, déjà rongeant leur frein, je me dis que si « je m’humilie
quand je me juge, je m’enorgueillis quand je me compare », selon
l’immortelle formule de Talleyrand… Car, enfin, si la nation est
une famille de familles, le gouvernement de la nation doit
ressembler à l’exercice des responsabilités de père de famille. Je
n’ai pas la prétention de me poser en modèle – je ne suis
certainement pas un bon éducateur. Mais j’ai, finalement mieux que
cela. J’ai de la chance. Le Ciel et mon épouse m’ont donné neuf
beaux enfants, et au moment où j’écris, vingt-deux petits enfants,
douze garçons et dix filles, tous unis, tous aimants, tous ayant
plaisir à se voir, à se parler, à se rencontrer, à vivre ensemble. A
mon échelle donc, dans les faits, la part du gouvernement qui
m’était échue, malgré mon indignité, n’a pas été trop mal menée.
C’est un titre, me semble-t-il, à être candidat au gouvernement de
la chose publique.
Voilà quarante-quatre ans, aux vendanges
prochaines, que j’aurais prêté serment de défendre celui qui fait
appel à moi, avec désintéressement, probité, loyauté, honneur,
courage et délicatesse. Là aussi, malgré mon indignité, la
Providence m’a comblé de causes difficiles, voire impossibles… de
tâches écrasantes, d’affrontements à un contre tous. Je sais très
bien ce que sont les opprobres et les humiliations. Je sais aussi ce
qu’est le souci financier, le sentiment d’angoisse que donne la
sensation de « l’étranglement économique », comme disait
Péguy, les appels comminatoires des banquiers, les avis du Trésor
public et les visites de Messieurs les huissiers. Je ne parle pas de
la scandaleuse chasse à l’automobiliste que notre législation en
folie, enragée de contrôles qu’aucun juge ne contrôle plus, a
transformée en une guerre véritable à l’esprit de liberté.
L’électeur peut être certain que le premier point de mon programme,
en ce domaine, sera la suppression des points du permis, et que je
serais en mesure d’expliquer à toutes les ligues de vertu de la
circulation routière le bien-fondé de mon amour de la liberté
d’aller et venir.
Les choses de la vie, que nos messieurs et dames
des postes installés ne connaissent plus depuis qu’ils ont eu leur
premier poste d’élu, voire simplement de permanence partisane : les
voitures qu’il faut acheter, c’est-à-dire payer de sa poche, et
entretenir, les appartements ou maisons qui ne sont pas gratuits, ni
à l’achat, ni à la location, les voyages qui coûtent cher, comme les
écoles, et les rentrées qui ne sont jamais fixes, pas de traitement,
en fin de mois, qui tombe automatiquement, par la grâce du Trésor
public, mais, au contraire, l’argent qu’il faut gagner, demander,
parfois même hélas ! exiger, ce qui est douloureux pour celui qui le
donne et pour celui qui le reçoit… L’incertitude qui exige l’abandon
à une puissance supérieure, car qui peut planifier l’existence, la
santé, le caractère, les humeurs, les joies et les malchances des
enfants, des adolescents, de leurs amours et de leurs chagrins
d’amour, et des enfants de leurs enfants ?
Nous nous comprenons, nous qui par notre travail,
les taxes et impôts que nous payons, les corvées que nous
accomplissons, faisons le Trésor public, sur lesquels les
professionnels de la politique vivent, comme élus ou comme
responsables de parti, à tant par électeur.
Alors je veux être l’avocat de mes semblables,
de mes compatriotes, de tous ceux qui, comme moi, ont travaillé,
semé, et ne veulent pas voir les enfants de leurs enfants livrés au
désordre, à l’immoralité, à la violence et à la guerre civile, par
l’incurie de politiciens que je ne peux pas qualifier du beau mot de
« professionnels ».
La règle du jeu est toujours arbitraire. « Il
règne parce qu’il est fils de roi », ironise Pascal sur la loi
de l’hérédité. A l’expérience, cette loi de l’hérédité était moins
absurde que celle de l’élection. Mais aujourd’hui, la règle du jeu,
c’est l’élection. Le Maître de la Maison de France ne peut pas se
plier, raisonnablement, à cette règle temporaire et provisoire, mais
le simple citoyen qui n’est pas l’héritier de la Maison de France,
lui, peut l’utiliser, cette règle, pour en jouer toutes les cartes,
dans l’intérêt de la France.
Non par pour lui, mon Dieu ! quelle horreur ! et
quelle prétention ! Mais, précisément, pour permettre, ensuite, à
l’héritier, de prendre possession, pour le plus grand bien de tous,
de l’héritage et donc, régner dans la paix et l’amitié retrouvées.
N’est ce pas qu’elle est belle, cette introduction
à mon programme ? Quand nous ne serions que quelques milliers à
partager ces sentiments, à les faire connaître, qu’un mieux placé
que moi surgisse et les porte plus haut, que la campagne qui
commence permette d’en suivre, patiemment, les étapes, pour que nous
nous entendions, tous ensemble, ou le plus grand nombre possible,
sur un essentiel français, irréductible, que nous défendrons jusqu’à
la victoire, voilà qui peut animer les dix-huit mois qui viennent,
et si Dieu le veut, les années qui suivent. Voilà un effort parti
de la base, de la vraie vie des Français de souche, de terroir et de
tradition, en fraternité avec ceux qui le voudront, d’où qu’ils
viennent, à condition qu’ils aiment la France. Que nous en
finissions avec les « il faudrait que… », pourquoi ne
le font-ils pas ? « Ils » c’est nous. Le Trésor public,
c’est le fruit de nos travaux. La France qui vient, ce sont nos
enfants et nos petits enfants. Jusqu’au retour du roi, en
l’attendant, en l’espérant, en le préparant, la loi de la nécessité
nous dit « l’Etat, c’est nous ».
Alors, pour qu’un jour le plus proche fleurisse le
royaume, dès maintenant, sans attendre, à nous la République !
Et que vive la France !
JACQUES
TREMOLET DE VILLERS

la nuit du 4 août
http://fr.wikipedia.org/wiki/Nuit_du_4_ao%C3%BBt
Tout semblait fini. Une
scène non moins grande commençait. Après les privilèges des classes,
vinrent ceux des provinces. Celles qu’on appelait Pays d’État, qui
avaient des privilèges à elles, des avantages divers pour les
libertés, pour l’impôt, rougirent de leur égoïsme, elles voulurent
être France, quoi qu’il pût en coûter à leur intérêt personnel, à
leurs vieux et bons souvenirs .....

Je ne serai pas candidat
http://www.present.fr/article-15285-7154.html
Maître,
C’est vrai
que vous êtes candidat à la présidence de la République ?
Il est
entré dans la chambre où j’écris avec la liberté d’un ami,
l’impétuosité d’un disciple, la délicatesse d’un fils. Je l’ai fait
asseoir et j’ai relevé ma tête de l’écritoire où me tiennent mes
travaux d’écriture.
Disons,
plus précisément, jeune homme, que je suis candidat à la
candidature, comme tous les autres, car, tant que le candidat n’est
pas présenté par 500 élus locaux, maires, conseillers généraux,
selon les dispositions de la loi il n’est candidat qu’à la
candidature.
Alors,
vous êtes comme tous les autres ?
Il y avait
dans ce constat, une tristesse tellement sincère que je n’ai pu
qu’être touché, et, aussi, devant le reproche à peine voilé, j’ai
regimbé.
« Comme
tous les autres ? » Oui et non ! Je n’ai pas la prétention d’être
meilleur. Je ne juge personne. Je suis avocat de nature et de
formation, d’hérédité et de nécessité. Je ne suis pas juge. Mais,
différent ? Certainement ! Je suis même un candidat de rupture,
puisque je m’avance sans parti et sans argent, dans les strictes
conditions de la loi. Le seul à être vraiment démocratique…
Il restait
de marbre. Ce n’était certainement pas sur ce point que je
remporterais son adhésion. La référence au processus constitutionnel
que, juriste impénitent, je considérais comme imparable, n’allait
pas jusqu’à son cœur.
Le droit,
me dit-il, vous nous avez appris que ce n’était que du droit… Quant
aux constitutions, qui sont des habits taillés par les hommes au
pouvoir pour garder le pouvoir, où avez-vous vu qu’elles
permettaient le salut d’un peuple ? Napoléon, Jeanne d’Arc… ont-ils
redressé une situation par la vertu d’une constitution ?
Ne vous
emballez pas, jeune homme… Je ne suis ni Napoléon ni Jeanne d’Arc,
je suis un simple citoyen qui se sert de ce que la règle du jeu
d’aujourd’hui, la Constitution, lui donne comme moyen. Et,
voyez-vous, ce n’est pas là seulement qu’est la rupture de ma
candidature. C’est plus profond. C’est plus dans le but poursuivi
que dans les moyens.
Il avait
l’air intéressé. J’ai poursuivi mon avantage : « Je reproche aux
autres candidats, à tous, sans distinction, d’avoir une parole qui
est, comment dire ? consubstantiellement mensongère. Pour parler
plus simplement, je leur reproche de mentir, complément, totalement.
Pourquoi ? Parce qu’ils promettent tous, s’ils sont élus, qu’ils
accompliront leur programme… Or, aucun ne le fera parce qu’aucun ne
pourra le faire. » J’avais un ton d’autorité. Il me regarda plus
intensément. « Comprenez-vous cela ? Avant de faire ma déclaration
de candidature, dans mes silencieuses et longues réflexions, j’ai
beaucoup pensé à ce livre, étonnamment désespéré, de Georges
Pompidou, notre seul bon président de la Ve République : Le Nœud
Gordien. Qui, se demande-t-il à la fin, qui tranchera le nœud
gordien ? Nous sommes, nous, le navire France, attaché par tant de
nœuds que l’Etat délibère, promet, communique, prend des poses
médiatiques, édicte des lois, mais ne fait rien, car il est ficelé
de toutes parts. Or, qui, dans l’histoire a tranché le nœud
gordien ? »
Il
sourit : « Vous… vous allez le trancher ? »
Non, pas
moi, c’est Alexandre, qui d’un coup d’épée, a mis fin aux
délibérations des rhéteurs et aux efforts inutiles des matelots.
Seul un Prince peut trancher le nœud gordien. L’erreur, le mensonge
des candidats, c’est de garder, pour eux, le pouvoir, quand ils sont
élus, voire, comme Napoléon, en le conquérant. C’est là qu’est la
faute, le péché mortel. Moi, une fois élu, je soumettrais au peuple,
par voie de référendum une réforme constitutionnelle qui remplacera
« le monarque élu et provisoire » qui est un dictateur impuissant
par un Prince héréditaire et continu à l’abri duquel un gouvernement
devient possible. Je ne dis pas « le Roi suffit à tout ». Je dis que
cette institution est la condition nécessaire, sinon suffisante,
pour que quelque chose devienne possible. Elle est aussi,
réfléchissez-y, la seule façon aujourd’hui de dire à tous quelle est
l’identité nationale. Mieux que tous les discours, une famille de
France régnant en France dit qui est la France, aux Français et aux
étrangers.
Ça,
Maître, je le savais et j’en suis convaincu. Mais, permettez… juste
encore une question…
Il se
faisait à la fois timide et décidé.
Allez-y !
Et vous
croyez que l’électeur… dans le bruit de la campagne, les rumeurs des
médias… vous pensez que l’électeur va le comprendre, votre discours,
et, en plus, qu’il va voter pour vous, qui voulez être président
pour ne plus être président ? Pour les chansonniers vous êtes une
aubaine, mais je ne suis pas certain que cette aubaine vous rapporte
des voix…
Et on dira
que le nombre infime des voix que votre propos a recueilli
ridiculise votre propos… Cela me ferait vraiment de la peine, nous
ferait de la peine, de voir votre discours, qui est sérieux, ainsi
jeté aux pourceaux.
Je
n’appelle pas pourceaux les électeurs mais cette porcherie qu’est
l’élection. Votre respect de la constitution, tout le monde s’en
moque. Les partis sont des gangs à la conquête du Trésor public,
comme vous le dites. Seul contre tous pour défendre la France, c’est
très beau sur le papier, mais dans les faits ce sera ridicule !
Votre thèse est logique, complètement raisonnable, mais elle me fait
penser au mot de Chesterton que vous nous avez si souvent cité :
« Le fou est celui qui a tout perdu sauf la raison… ».
Là, je
trouvais qu’il y allait un peu fort, le jeune homme, et je lui
rétorquai :
Alors, si
mon projet est fou, suis-je réduit à me taire ? Si le citoyen ne
peut pas entrer dans le débat parce qu’il n’a pas de parti ou de
gang, est-il condamné au silence ?
Il me
regarda intensément :
Vous
êtes-vous tu, vous ? Jusqu’à présent ? Et qui vous interdit de
continuer à écrire, à parler, à commenter, à instruire ? Et nous,
les plus jeunes, voulez-vous nous imposer de passer par-là ? Faites
ce que vous voulez ! Après tout, vous êtes libre, mais ne nous
entraînez pas dans ce cirque indigne ! Cela fait longtemps que les
sirènes démocratiques, le chant des élections, les trompettes de
campagne, nous laissent de marbre. Si vous ne croyez plus à ce que
vous nous avez enseigné, nous, nous en sommes persuadés. La vie en
vrai, comme vous le dites, elle n’est pas là. La vie en vrai, c’est
notre pays, et pas les sondages électoraux, ce sont nos familles et
nos écoles, c’est notre terre et notre Eglise, et ce monde qui
croule n’est pas le nôtre ! Voyez-vous, c’est dans l’indifférence la
plus totale que nous regardons s’écrouler cette constitution qui,
déjà, est par terre. Et nous n’allons pas dépenser follement notre
énergie dans une entreprise chimérique. Laissons les morts enterrer
les morts. La vie est ailleurs. Et cette vie, d’ailleurs, elle est
belle ! Votre candidature, Maître, nous donne le cafard !
Là, je
dois dire qu’il m’a touché… Pas tellement par le raisonnement et les
phrases sorties tout droit de mes anciens écrits mais, par le
cafard…
Donner le
cafard à ces jeunes enthousiastes !
Les rôles
se renversaient. Sans m’en apercevoir j’avais baissé la tête. Je la
relevais et c’est moi qui demandais :
Mais alors
que faire ?
Il eut un
sourire vainqueur :
Mais ce
que vous avez toujours fait ! Parler ! Ecrire ! Dans la liberté et
la vérité, sans les chaînes des absurdes contraintes soi-disant
démocratiques.
Et comme
il sentait venir la victoire, il décocha sa dernière flèche :
Maître,
souvenez-vous :
« Pour
un grand objet, trop courte est la vie,
« Mais
sans l’œuvre à mener tout y serait trop long !
« Va,
persévérons aux routes suivies
« Pour
y faire abonder tout ce que nous voulons. »
Ces
routes, elles sont plus hautes, plus belles, infiniment plus variées
que la routine de l’élection.
Je le
regardai, ce garçon qui m’envoyait sans façon ce que si souvent
j’avais essayé de lui apprendre. Je n’avais vraiment pas envie de
lui flanquer le cafard et je lui dis :
C’est bon,
tu sais, d’avoir un fils !
Je ne
serai pas candidat.
JACQUES
TREMOLET DE VILLERS