"Je tiens à vous faire part de mon indignation
devant le lynchage médiatique dont j'ai fait l'objet dans ce
journal.
Tout d'abord, je suis écoeuré par votre manque
de déontologie car, au nom du principe d'équité, vous auriez du me
consulter pour recueillir mon avis, avant parution. D'autant plus
que l'administration a du vous informer que mon fils aîné,
âgé de 11 ans, a été renversé et très gravement blessé vendredi
dernier. Je suis resté à son chevet jour et nuit
jusqu'à maintenant, à l'hôpital à Marseille et je viens d'avoir
connaissance de votre "article" (Le professeur a eu
connaissance de toute cette affaire jeudi soir, NDLR).
Vous n'avez même pas tenté de me joindre par
téléphone ou mail, contrairement à vos allégations.
C'est du fait de cet accident que je
n'ai pu me rendre au rectorat mercredi.
Sur le fond, je tiens à vous préciser que j'ai organisé, comme on
me l'ordonne en éducation civique, juridique et sociale, des
débats sur des sujets de société. Ce qui suppose d'utiliser,
contrairement à vous, des sources contradictoires.
L'un de ces débats, proposé à toutes mes
classes soit 113 élèves cette année, concernait l'avortement. Il
avait été annoncé à l'avance.
Les élèves pouvaient évidement apporter
toutes sources de leur choix, sans tabou ou interdit, pour étayer
ce débat. Par ailleurs, le planning familial est intervenu dans
toutes mes classes, pour faire l'apologie de l'avortement.
J'ai utilisé des sources variées suivant
les classes : l'image d'un foetus à 12 semaines (neutre donc),
texte de la loi Veil, discours de Mme Veil au moment du vote de la
loi de 1975 (documents pro-avortement donc, en complément du
planning familial), et documentaires vidéo (Sois
un homme,
No
need to argue).
Concernant ce dernier documentaire,
j'ai prévenu les élèves que, décrivant les
procédures d'avortement, il était difficile à voir et j'ai invité
ceux qui le souhaitaient à sortir. Ce que quelques élèves, une
infime minorité, sur les 113 ont fait. Ceci afin de respecter la
sensibilité de chacun.
Par ailleurs, le Rectorat a fait envoyé
une lettre à toutes les familles, dans laquelle mon enseignement
en ECJS était mis en cause et des accusations graves et injustes
portées contre moi. Ceci dans le but de receuillir des
témoignages et dénonciations m'accablant. Pratiques qui font
penser plus aux régimes totalitaires nazi et soviétique qu'à une
démocratie.
Enfin, une classe m'a remis une pétition
de soutien, signée par tous les élèves et, qu'avec leur
accord, je divulgerai, accompagné du texte rédigé par eux (34
élèves sur 34).
Je précise que l'inspection-sanction à
la suite de ces débats s'est faite au mépris des lois de la
République. Je n'ai été
prévenu que le jour même, d'une double inspection, dans deux
classes, sur deux heures et deux matières. Alors qu'il est
réglementairement prévu de prévenir un professeur plusieurs jours
à l'avance.
J'ai encouragé tous les élèves
s'exprimer librement,dans le respect d'autrui et la tolérance.
Mais, sur le sujet douloureux de l'avortement, il est interdit de
décrire, de tenir compte de la science, de faire preuve de rigueur
et d'esprit critique.
Seule doit être enseignée et imposée aux
élèves l'idéologie de l'Etat. Qui présente l'avortement comme un
droit. Et impose à la population de penser comme lui. Ce même état
qui souhaite que l'on note les opinions des élèves -et des
professeurs- dans le cadre de l'ECJS afin de pouvoir s'assurer une
population docile et servile. Certes, M. Chatel, on peut licencier
un professeur par intolérance, et haine anti catholique... et en
raison de ses convictions religieuses présumées. Mais peut-on
arrêter une idée ?
Quand vos sanctions et discriminations auront
échoué, M. Chatel, quelle est la
suite des réjouissances dans votre meilleur des mondes ? Qu'est ce
qui attend les élèves et les professeurs qui ne pensent pas comme
vous, Monsieur le Ministre ? Le goulag, le bûcher, ou la chambre à
gaz ?"