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....Sommes-nous
spirituels ou fébriles ? |
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...Le Père Carré finira donc par
écarter ses faux désirs, et, sans trahir ses « aspirations mystiques »,
il va retrouver la simplicité de la présence divine dans l’action de
grâce. «Pendant les années de sécheresse et d’aridité, le père Carré se
croyait abandonné à lui-même. En réalité, c’était lui qui se détournait
de Dieu en essayant dans son volontarisme moderne de se rapprocher de
Lui par ses seuls efforts. Il était le vrai responsable du malheur dont
il s’est cru frappé».
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commentaires en
relation....:
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pastorale ? .... voir
date
d'émergence :
02.2011
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Sommes-nous spirituels ou fébriles ?
Abbé Marc
Guelfucci
Objections - n°2 - janvier 2006 |
http://revue.objections.free.fr/002/002.044.htm
Le 19
décembre 2005, le pape Benoît XVI a permis la promulgation de
décrets de la Congrégation pour les Causes des saints. Ils
reconnaissent 9 miracles obtenus par l’intercession de 4 religieuses
et 5 prêtres, soit 9 vénérables dont 8 du XXe siècle. Ils constatent
également 34 martyrs de la Guerre civile espagnole et proclament les
vertus héroïques de 2 bienheureux et 6 serviteurs de Dieu. C’est le
cardinal préfet Saraiva Martins ou un évêque local qui présideront
les béatifications décidées par le pape depuis que ce dernier est
revenu sur l’innovation de 1971 du pape Paul VI lorsqu’il avait
lui-même présidé la cérémonie de béatification du futur saint
Maximilien Kolbe. De son vivant, le pape Jean-Paul II avait béatifié
1 338 chrétiens et en avait canonisé 482, alors que sur les quatre
siècles précédents, seuls 302 saints et 1310 bienheureux avaient été
reconnus. Benoît XVI a déjà béatifié 23 serviteurs de Dieu et
canonisé 5 bienheureux, en huit mois de pontificat. Le 13 mai
dernier, il avait annoncé l’ouverture du procès en béatification de
Jean-Paul II, 42 jours après sa mort, dérogeant exceptionnellement
aux cinq années de la règle canonique. Reste que ce sont encore très
souvent des âmes consacrées. Toutefois, les saints qui nous
entourent ne sont pas tous « canonisés », montrés en exemple. Nous
aurons des surprises au ciel. Ces chiffres ne sont pas d’ailleurs
destinés à nous tourner la tête. Il prouve « mathématiquement » une
vérité spirituelle maintenant assez familière et que certains ont
prétendu redécouvrir. C’est l’appel universel à la sainteté, à
l’adoration en esprit et en vérité du Père, qui a donné son Fils
unique pour le salut du monde. Chacun est l’objet de l’amour de
Dieu, l’ermite ou l’âme plongée dans les soucis quotidiens. Un signe
des temps… Cependant, parmi les entraves et les obstacles à cette
union intime qui dépasse la solidarité et la philanthropie, la peur
de l’effort et la lâcheté laissent parfois la place à une
application fiévreuse de trouver ce Dieu caché. Pour gravir les
sommets de la sainteté, servir Dieu et son prochain, parvenir au don
personnel qui unit à un Dieu personnel, Père, Fils, Saint-Esprit,
des âmes inquiètes sont parties «en recherche».Mais cette recherche
fiévreuse est un véritable piège pour les candidats à la sainteté.
Le danger de s’éparpiller et de ne jamais trouver est constant. Dieu
est la Sainte Trinité, la Simple Unité. Jésus parle ainsi: «Je vous
bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que vous avez
caché ces choses aux sages et aux prudents, et les avez révélées aux
simples… Toutes choses m'ont été remises par mon Père; et personne
ne connaît le Fils, si ce n'est le Père, et personne ne connaît le
Père, si ce n'est le Fils, et celui à qui le Fils aura bien voulu le
révéler» (Mat. 11, v. 25-27). Or, n’est-il pas un signe des temps
qu’un pieux laïque nous rappelle cette vérité avec profondeur? C’est
en effet René Girard qui nous offre ce morceau de bravoure en
décrivant l’action de la grâce dans l’âme chrétienne dans son
discours de réception à l’Académie Française le 16 décembre 2005. En
décrivant la « soif de divin inextinguible » et les méandres
spirituels de son prédécesseur au 37e siège de l’Académie, le
Révérend Père Ambroise-Marie Carré (prêtre dominicain, aumônier des
comédiens et des artistes, 1908-2004), il s’est montré un digne
successeur de ce fauteuil traditionnellement réservé aux
ecclésiastiques, de Bossuet à Daniélou en passant par Lacordaire. …
L’Académie Française n’en revient pas De même que notre nouvel
académicien a su discerner l’histoire originelle de l’affrontement
entre les hommes pervers et les victimes expiatrices dont le Christ
est l’icône, il décèle dans l’œuvre du Père Carré l’illumination
«mystique » et simple du Dieu caché : «Un soir, dans la petite pièce
qui me servait de chambre, je ressentis avec une force incroyable,
ne laissant place à aucune hésitation, que j’étais aimé de Dieu et
que la vie, [...] là devant moi, était un don merveilleux. Suffoqué
de bonheur, je suis tombé à genoux». Il avait quatorze ans. Mais,
plutôt que de vivre de cette vérité, il a recherché de nouvelles
découvertes, de nouvelles révélations, désirant des contacts
nouveaux en escaladant « un escalier pointé vers le ciel». Ne pas se
contenter des vérités anciennes et éternelles, trop simples, mais
rechercher des expériences nouvelles, ce fut l’utopie d’un grand
nombre dans les années 60. Le Père Carré « oubliait que, dans notre
monde, les derniers mystiques sont des enfants ». Il oubliait que
les paroles divines sont des choses cachées depuis la création du
monde aux sages et aux intelligents mais révélées aux tout-petits…
Toutefois, cette simplicité d’enfant ne doit pas être renversée par
l’insatisfaction, le caprice et l’ingratitude. Le moine à la bure
blanche dut affronter plus exigeant que lui, des « combattants
juvéniles de la plus picrocholine de nos guerres, celle qui n’a
jamais eu lieu et dont on dissimule pudiquement le non-être derrière
une formule stéréotypée " les événements de mai 68 " ». Il s’était
déjà interrogé sur l’expression « en recherche », très utilisée à
l’époque « par les prêtres qui hésitaient indéfiniment entre
l’Église et le monde… Avec le temps, la blancheur de sa robe devint
emblématique de tout ce que le chaos post-conciliaire dilapidait, le
sens du péché, l’engagement sans retour, l’amour du dogme
catholique, le mépris des polémiques vaines. Pour s’assurer que ces
vertus n’étaient pas mortes, les fidèles se tournaient volontiers
vers ce bloc immaculé de marbre blanc, tels les Hébreux jadis vers
le serpent d’airain ». Le Père Carré finira donc par écarter ses
faux désirs, et, sans trahir ses « aspirations mystiques », il va
retrouver la simplicité de la présence divine dans l’action de
grâce. «Pendant les années de sécheresse et d’aridité, le père Carré
se croyait abandonné à lui-même. En réalité, c’était lui qui se
détournait de Dieu en essayant dans son volontarisme moderne de se
rapprocher de Lui par ses seuls efforts. Il était le vrai
responsable du malheur dont il s’est cru frappé». Ainsi donc, cet
«humanisme sceptique » et le volontarisme moderne sont bien parmi
les obstacles les plus subtiles contre la sainteté : vouloir opposer
l’ancien au moderne, la simplicité au progrès sans limite, la
tradition à l’évolution, la présence de Dieu à la recherche éperdue
du divin.
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