.... Métaphysique de l'amour sexuel  ... Arthur Schoppenhauer

 dossiers  : l'amour  Elans du JE  Elans des NOUS

                              

Date d'émergence  : 15.08.2013  

 

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Métaphysique de l'amour sexuel 1

 

 

Vous, doctes à la haute et profonde science,

Vous qui devinez et qui savez

Comment, où et quand tout s'unit,

Pourquoi tout s'aime et se caresse;

Vous, grands savants, instruisez-moi!

Découvrez-moi ce que j'ai là,

Découvrez-moi où, comment, quand

Et pourquoi pareille chose m'arriva.

BÜRGER2

 

 

 

 

Ce chapitre est le dernier de quatre 3 qui, par leurs rapports divers et réciproques, forment comme un tout secondaire : le lecteur attentif s'en apercevra, sans

1. La Metaphysik der Geschlechtsliebe ( hcq : ...du sexe amour ... et non de l'amour sexuel   ...encore moins de l'amour ...tout court ...voir ci-dessous), chapitre XLIV des Suppléments au livre IV du Monde comme volonté et comme représentation, fait partie des textes ajoutés à l'ouvrage en 1844, à l'occasion de la deuxième édition.

2. Gottfried August Bürger (1747-1794), poète romantique allemand. Ces vers sont tirés de Schon Suschen, poème lyrique sur l'amour malheureux publié en mars 1776.

3. Les trois autres chapitres sont « De la mort et de ses rapports avec l'indestructibilité de notre être en soi» (chap. XLI), «Vie de l'espèce » (chap. XLII) et « Hérédité des qualités » (chap. XLIII). 7

que je sois forcé, par des références et des renvois aux autres chapitres, d'interrompre mon exposé. On a coutume de voir les poètes occupés surtout de la peinture de l'amour. C'est là d'ordinaire le thème principal de toutes les œuvres dramatiques, tragiques ou comiques, romantiques ou classiques, hindoues ou européennes. De même l'amour sexuel fournit la matière de presque toute la poésie lyrique et épique. Je laisse de côté ces montagnes de romans que chaque année fait naître dans tous les pays civilisés de l'Europe avec la même régularité que les fruits de la terre, et cela depuis des siècles. Toutes ces œuvres, en substance, ne sont autre chose que des descriptions variées, brèves ou étendues, de la passion dont il s'agit. Les peintures les plus réussies qu'on en a faites, par exemple Roméo et Juliette, La Nouvelle Héloïse, Werther, ont conquis une gloire impérissable. La Rochefoucauld cependant estime qu'il en est d'un amour passionné comme des revenants, dont tous parlent, mais que personne n'a vus 1; de même Lichtenberg, dans son traité Sur la puissance de l'atnour2, conteste et nie la réalité et la vérité de cette passion. C'est là une grande erreur. En effet, il est impossible qu'un sentiment

1. Cf. Réflexions ou sentences et maximes morales, n° 76 : « Il est du véritable amour comme de l'apparition des esprits : tout le monde en parle, mais peu de gens en ont vu. » Schopenhauer appréciait beau coup les moralistes français.

2. Ûber die Macht der Liche (1777) de Georg Christoph Lichtenberg (1742-1799), écrivain allemand connu pour ses aphorismes.

étranger et contradictoire à la nature humaine, fiction puérile imaginée à plaisir, ait pu, en tout temps, être décrit sans relâche par le génie des poètes et exciter chez tous les hommes une inaltérable sympathie ; sans vérité, pas de chef-d'oeuvre :

 

Rien n'est beau que le vrai, le vrai seul est aimable.

BOILEAU

 

En réalité, l'expérience nous prouve, sans se répéter tous les jours, que ce qui ne nous paraît d'ordinaire qu'un penchant assez vif, mais encore facile à maîtriser, peut, dans certaines circonstances, prendre les proportions d'une passion supérieure en violence à toutes les autres et qui, écartant toute considération, surmonte tous les obstacles avec une force et une ténacité incroyables : alors, pour l'assouvir, on n'hésite pas à risquer sa vie, et, en cas d'échec, à la sacrifier. Les Werther et les Jacopo Ortis 2 n'existent pas seulement dans les romans : chaque année n'en produit pas moins d'une demi-douzaine en Europe; sed ignotis perierunt mortibus illi 3, car ils n'ont d'autres historiens de leurs souffrances qu'un rédacteur de procès-verbaux officiels ou un

1. Epîtres IX, s. 23, en français dans le texte.

2. Cf. Ugo Foscolo, Les Derniéres Lettres de Jacopo Ortis (1802), roman épistolaire à succès sur les malheurs en amour qui s'inspire justement des Sou1franres du jeune Werther (1774) de Goethe.

3. « Matis ils ont péri d'une mort ignorée» (Horace, Satires, 1, 3, s. 108).

correspondant de journal'. Cependant, il suffit de lire les rapports de police dans les feuilles anglaises ou françaises pour constater la vérité de mon assertion. Plus grand encore est le nombre de ceux que cette même passion conduit aux maisons d'aliénés. Enfin, chaque année nous présente quelque cas de suicide simultané de deux amants, dont la passion s'est vue contrariée par les circonstances extérieures. Mais il y a là une chose que je ne puis m'expliquer : comment deux êtres qui, sûrs de leur amour mutuel, s'attendent à trouver dans la jouissance de cet amour la suprême félicité, ne préfèrent-ils pas se soustraire à toutes les relations sociales en bravant tous les préjugés et supporter n'importe quelle souffrance plutôt que de renoncer, en même temps qu'à la vie, à un bonheur au-dessus duquel ils n'en imaginent pas de plus grand,- Quant aux degrés inférieurs et aux premiers symptômes de cette passion, chaque homme les a journellement devant les yeux et aussi, tant qu'il reste jeune, presque toujours dans le coeur. On ne peut donc douter, d'après les faits que je viens de rappeler, ni de la réalité ni de l'importance de l'amour; aussi, au lieu de s'étonner qu'un philosophe n'ait pas craint, pour une fois, de faire sien ce thème éternel des poètes, devrait-on s'étonner plutôt qu'une passion qui joue dans toute la vie humaine un rôle de

1 Schopenhauer était un grand lecteur de journaux, du Tisses de Londres notamment.

 premier ordre n'ait pas encore été prise en considération par les philosophes et soit restée jusqu'ici comme une terre inexplorée. Celui qui s'est le plus occupé de la question, c'est Platon, surtout dans le Banquet et le Phèdre : mais tout ce qu'il avance à ce sujet reste dans le domaine des mythes, des fables et de la fantaisie, et ne se rapporte guère qu'à la pédérastie grecque'. Le peu que dit Rousseau sur ce point dans le Discours sur l'inégalité (p. 96, édition Bip) 2 est faux et insuffisant. Kant traite la question, dans la troisième section de son écrit Sur le sentiment du beau et du sublime (p. 435 et suivantes, édition Rosenkranz)3  mais son analyse est super-

1. Soucieux d'affirmer la nouveauté absolue de sa théorie de l'amour sexuel, Schopenhauer refuse de reconnaître sa dette envers matou, pourtant bien réelle, comme nous le verrons par la suite.

 2. Il s'agit du passage suivant de la première partie du Discours sui l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes; «Parmi les passions qui agitent le cœur de l'homme, il en est une ardente, impétueuse, qui rend un sexe nécessaire à l'autre, passion terrible qui brave tous les dangers, renverse tous les obstacles, et qui dans ses fureurs semble propre à détruire le genre humain qu'elle est destinée à conserver. Que deviendront les hommes en proie à cette rage effrénée et brutale, sans pudeur. sans retenue, et se disputant chaque jour leurs amours au prix de leur sang? » Schopenhauer reproche surtout à Rousseau cette affirmation que « l'amour même, ainsi que toutes les autres passions, n'a acquis que dans la société cette ardeur impétueuse qui le rend si souvent funeste aux hommes», alors qu'il s'agit pour lui de l'élan le plus naturel qui soit.

3. Gf. Observations sur le sentiment du beau et du sublime (1764), troisième section, « De la différence du beau et du sublime dans le rap port (les sexes ». Les louanges naïves que liant y° adresse au « beau sexe » ont dû particulièrement agacer Schopenhauer

- ficielle, faute de connaissance du sujet 1, et se trouve ainsi en partie inexacte. Quant à l'examen qu'en fait Platner 2 dans son Anthropologie (§ 1347 et suivants), chacun le trouvera faible et sans profondeur. La définition de Spinoza mérite d'être rapportée pour son extrême naïveté, ne serait-ce que par plaisir : « Amor est titillatio, concomitante idea causse externes 3 » (Éthique, IV, proposition XLIV, démonstration). On voit que je n'ai ni à me servir de mes prédécesseurs, ni à les combattre. Le sujet s'est de lui-même imposé à moi et est venu prendre place dans l'ensemble de ma conception du monde 4. Je ne peux guère compter d'ailleurs sur l'approbation de ceux mêmes que cette passion domine et qui cherchent à exprimer la violence de leurs sentiments par les images les plus sublimes et les plus éthérées : ma conception de l'amour leur paraîtra trop physique, trop matérielle, si métaphysique et si transcendante qu'elle soit au fond. Qu'ils veulent bien considérer au préalable que l'objet chéri qui leur inspire aujourd'hui

1. Les interprètes s'accordent à dire que Kart n'avait pas de vie sexuelle.

2. Ernst Platner (1744-1818), professeur de médecine puis de philosophie à Leipzig, auteur de l'Anthropologie fûr Ârzte und Weltweise (Anthropologie à l'usage des médecins et des philosophes), Leipzig, Dvck, 1772.

3. «L'amour est chatouillement, accompagné de l'idée d'une cause extérieure. ,,

4. Il s'agit de son « unique pensée », qui explique tous les phénomè nes par l'action sous-jacente d'une obscure Volonté de vivre ( Wille zum Leben).

des madrigaux et des sonnets, s'il était né dix-huit ans plus tôt, aurait à peine obtenu d'eux un regard. Toute passion, en effet, quelque apparence éthérée qu'elle se donne, a sa racine dans l'instinct sexuel, ou même n'est pas autre chose qu'un instinct sexuel plus nettement déterminé, plus spécialisé ou, au sens exact du mot, plus individualisé. Considérons maintenant, sans perdre de vite ce principe, le rôle important que joue l'amour sexuel, à tous ses degrés et à toutes ses nuances, non seulement au théâtre et dans les romans, mais aussi dans le monde réel. Avec l'amour de la vie, il nous apparaît comme le plus puissant et le plus énergique de tous les ressorts; il accapare sans cesse la moitié des forces et des pensées de la partie la plus jeune de l'humanité; but final de presque tous les efforts des hommes, il exerce dans toutes les affaires importantes une déplorable influence : à toute heure il vient interrompre les occupations les plus sérieuses; parfois il dérange pour quelque temps les têtes les plus hautes; il ne craint pas d'intervenir en perturbateur, avec tout son bagage, dans les délibérations des hommes d'État et dans les recherches des savants; il s'entend à glisser ses billets doux et ses boucles de cheveux dans le portefeuille d'un ministre, ou dans un manuscrit philosophique; il fait naître tous les jours les querelles les plus inextricables et les plus funestes, brise les relations les plus précieuses, rompt les liens les plus solides; il enlève à ses victimes parfois la vie ou la santé, parfois la richesse, le rang et le bonheur; d'un homme honnête il peut faire un coquin sans conscience; d'un homme jusqu'alors fidèle, un traître ; partout, en un mot, il nous apparaît comme un démon ennemi qui s'efforce de tout intervertir, de tout troubler, de tout bouleverser. Comment alors ne pas s'écrier : «A quoi bon tout ce bruit? Pourquoi cette agitation et cette fureur, ces angoisses et ces misères?» Il s'agit simplement, en somme, pour chacun de trouver chaussure à son pied' : pourquoi une chose si simple doit-elle tenir une place de cette importance et venir sans cesse déranger et brouiller la bonne ordonnance de la vie humaine? - Mais l'esprit de vérité découvre peu à peu la réponse à l'observateur attentif. Non, ce n'est pas d'une bagatelle qu'il s'agit ici; au contraire, l'importance de la chose en question est en raison directe de la gravité et de l'ardeur des efforts qu'on y consacre. Le but dernier de toute intrigue d'amour, qu'elle se joue en brodequins

1. Je n'ai pas osé m'exprimer ici d'une façon plus précise; libre à un lecteur de traduire cette phrase en langage aristophanesque (Note (le l'auteur). Schopenhauer écrit littéralement «que chaque Hans trouve sa Grethe » (Dass jeder Hans seine Grethe finde). Il s'exprime en termes plus crus dans cette note manuscrite : «Si l'on pense à toutes ces relations amoureuses troublées et compliquées et à tout ce qui s'v apparente, matière inépuisable de tous les romans et de toutes les oeuvres théâtrales, on a envie de s'écrier : "Eh bon Dieu que d'embarras et de difficulté, afin que chaque vit trouve son con!" (Der handschrifliche Nachlass, Munich, DTV, 1985, vol. 1, p. 106: l'exclamation en italique est en français dans le texte).

ou en cothurnes, est, en réalité, supérieur à tous les autres buts de la vie humaine et mérite bien le sérieux profond avec lequel on le poursuit. C'est que ce n'est rien moins que la composition de la génération future qui se décide là. Ces intrigues d'amour si frivoles servent à déterminer l'existence et la nature des dramatis personee' destinés à paraître sur la scène, quand nous l'aurons quittée. De même que l'existence, existentia, de ces personnages futurs a pour condition générale l'instinct sexuel, de même leur essence, essentia, est fixée par le choix que fait chacun en vue de sa satisfaction personnelle, c'est-à-dire par l'amour sexuel, et se trouve ainsi, à tous égards, irrévocablement établie. Voilà la clef du problème : l'application nous apprendra à la mieux connaître : si nous passons en revue les divers degrés de l'amour, depuis l'inclination la plus fugitive jusqu'à la passion la plus violente, nous constaterons que la différence qui les sépare provient du degré d'individualisation apportée dans le choix. Ainsi donc, pris dans son ensemble, tout le commerce amoureux de la génération actuelle est, de la part de toute la race humaine, une grave meditatio compositionis generationis futurre, et qua iterum, pendent innumerce generationes. Dans cette opération, il ne s'agit pas, comme partout ailleurs, du bonheur et du malheur individuels,

1. « Personnages du drame.

2. «Méditation sur la composition de la génération future, de laquelle dépendent à leur tour d'innombrables générations

 

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mais de l'existence et de la nature spéciale de la race humaine dans les siècles à venir, et par suite la volonté de l'individu s'y exerce à sa plus haute puissance, en tant que volonté de l'espèce. La haute importance du but à atteindre est ce qui fait le pathétique et le sublime des affaires d'amour, le caractère transcendant des transports et des souffrances qu'elles provoquent. Depuis des milliers d'années, les poètes nous en mettent sous les veux d'innombrables exemples, parce que aucun thème ne peut égaler celui-ci en intérêt : traitant du bonheur et du malheur de l'espèce, il est à tous les autres qui ne touchent que le bien de l'individu comme le corps est à la surface plane. Voilà pourquoi il est si difficile de donner de la vie à une pièce sans amour; voilà pourquoi aussi ce thème n'est jamais épuisé, quelque constant usage qu'on en fasse.

 

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L'honneur, qui jusqu'alors l'avait emporté sur tout autre intérêt, est vaincu ici, dès que l'amour sexuel, c'est-à-dire l'intérêt de l'espèce, entre enjeu et a en vue un avantage assuré, car l'intérêt de l'espèce surpasse infiniment l'intérêt de l'individu, si important qu'il soit. Honneur, devoir, fidélité, ne peuvent tenir devant lui, après avoir résisté à toutes les autres tentations, même aux menaces de mort. - Nous vouons encore dans la vie privée que, sur aucun point, la délicatesse de conscience n'est aussi rare; des gens d'ailleurs loyaux et droits la laissent parfois de côté cri pareil cas, et commettent sans scrupule un adultère, dès qu'ils sont dominés par un amour passionné, c'est-à-dire par l'intérêt de l'espèce. Ils semblent alors avoir conscience d'un droit supérieur à celui que peuvent conférer les intérêts individuels; car ils agissent dans l'intérêt de l'espèce. Chamfort fait à ce sujet une déclaration remarquable « Quand un homme et une femme ont l'un pont- l'autre une passion violente, il me semble toujours que, quels que soient les obstacles qui les séparent, un mari, des parents, etc., les deux amants sont l'un à l'autre, dejpar la Nature, qu'ils s'appartiennent de droit divin, malgré les lois et les conventions humaines'. >= Et si quelqu'un s'en indignait, je n'aurais qu'à lui rappeler l'éclatante indulgence avec laquelle le Sauveur, dans l'Évangile, traite la femme adultère, en supposant tous les spec

1. Maximes, pensées, caractères et anecdotes, chap. VI p 357.

tateurs coupables de la même faute'. - À ce point de vue, la plus grande partie du Déecnnéron9 semble comme une ironie insultante du génie de l'espèce foulant aux pieds les droits et les intérêts des individus. - Le génie de l'espèce écarte avec la même facilité les différences de condition et toutes les circonstances analogues, quand elles s'opposent à l'union de deux amants passionnés; il n'en tient nul compte, et, poursuivant ses vues sur d'innombrables générations, il emporte d'un souffle, comme un fétu de paille, toutes ces institutions humaines et ces scrupules. S'agit-il de satisfaire une passion très vive, ce même motif si profond fait braver résolument tout péril, et l'homme le plus pusillanime devient courageux. - Aussi c'est avec joie et avec intérêt que nous voyons, au théâtre et dans les romans, les jeunes gens défendre leur amour, c'est-à-dire la cause de l'espèce, et triompher de leurs vieux parents qui ne songent qu'au bien (les individus. Cette attraction réciproque de deux amants paraît bien plus puissante, plus élevée et par suite plus juste que tout ce qui petit la contrarier, de même que l'espèce est plus digne de considération que l'individu. Voilà pourquoi le thème principal de presque toutes les comédies est cette intervention du génie de l'espèce avec ses vues contraires aux intérêts individuels (les personnages en scène et

1. C. Évangile selon saint Jean, VIII. 1-11.

2. Recueil d'histoires licencieuses réparties sur dix journées de Giocanni Boccacio (1313-1375)

grosses de menaces pour leur bonheur. Il réussit d'ordinaire dans ses plans, et ce dénouement, conforme à la justice poétique, satisfait le spectateur, qui sent bien que les fins de l'espèce doivent passer avant celles des individus. Aussi, la pièce finie, quitte-t-il avec confiance les amants victorieux, plein avec eux de cette illusion qu'ils ont fondé leur propre bonheur, quand ils n'ont fait que le sacrifier au bien de l'espèce contre la volonté de parents prévoyants. Quelques comédies, peu nombreuses, échappent à cette règle : l'auteur y a cherché à renverser les choses et à établir le bonheur des individus aux dépens des desseins de l'espèce; mais alors le spectateur ressent la douleur qu'éprouve le génie de l'espèce et n'est nullement consolé par les avantages ainsi assurés aux individus. Je trouve des exemples de ce genre de comédie dans cieux petites pièces très connues : La Reine de seize ans et Le Mariage de raison'. Dans les tragédies dont le fond est une intrigue d'amour, d'ordinaire les intentions clé l'espèce sont déçues, et les amants, qui en étaient les instruments, périssent tous deux, par exemple dans Roméo et Juliette, Tancrède2, Don Carlos, Wallenstein, La Fiancée de Messines, etc.

1. Ces pièces d'Eugène Scribe (1791-1861), auteur comique à succès, datent (le 1820 et 1826.

2. Cette tragédie de voltaire a été représentée pour la première fois en 1760.

3. Ces trois dernières pièces sont de Friedrich Schiller.

La passion d'un homme bien épris produit des effets souvent comiques, parfois aussi tragiques : c'est que, dans les deux cas, pénétré de l'esprit de l'espèce et dès lors dominé par lui, il ne s'appartient plus, et sa conduite n'est plus vraiment celle d'un individu. Ce qui donne aux pensées d'un homme parvenu au dernier degré de la passion une couleur si poétique et si élevée, et même une direction transcendante et surnaturelle [hyperphysisch], qui semble lui faire perdre de vue son but réel, tout matériel [sehr physisch], c'est ce fait que cet homme est animé de l'esprit de l'espèce, dont les intérêts sont infiniment plus puissants que ceux des simples individus : il a mission spéciale d'assurer l'existence d'une postérité indéfinie, dont les individus seront d'une constitution exactement déterminée et telle qu'ils ne puissent recevoir l'être que de lui comme père et de sa bien-aimée comme mère; sans eux il serait impossible à cette postérité de parvenir à l'existence, et cependant la volonté de vivre, pour s'objectiver, le réclame instamment. Nous avons conscience d'exercer une action dans cette question d'une importance si transcendante'. Ce sentiment élève les hommes amoureux si fort au-dessus des choses terrestres, et au dessus d'eux-mêmes, il donne à leurs désirs matériels

1. Si Schopenhauer raille volontiers la « transcendance » supposée de l'amour, qui ne fait en réalité que travestir l'impérieuse nécessité du désir sexuel, il ne nie pas pour autant la force supérieure, supraindividuelle, de l'élan amoureux

une forme si surnaturelle, que l'amour devient un épisode poétique dans la vie même du plus prosaïque des hommes; en ce dernier cas, il peut prendre parfois une tournure assez comique. - Cette mission de la volonté, qui cherche à s'objectiver dans l'espèce, ne se présente à la conscience de l'homme amoureux que sous le masque d'une jouissance anticipée de cette félicité infinie, qu'il croit devoir trouver dans son union avec cette femme unique.

 

 

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I ask not, I care not,

If guilt's in thy heart;

I knozu that, I love thee,

Whatever thou art'.

 

C'est qu'au fond il ne cherche pas son intérêt, mais celui d'un tiers, encore à naître, tout enveloppé qu'il est de l'illusion que ce qu'il cherche est son intérêt. Mais ce désintéressement, toujours et partout marque de la grandeur, est ce qui donne à l'amour passionné une couleur sublime et en fait un digne sujet de poésie.

 - Enfin, l'amour sexuel est même compatible avec la haine la plus extrême contre son objet, aussi Platon l'a-t-il comparé à l'amour des loups pour les brebis". Ce cas est celui de l'amant passionné qui, malgré tous ses efforts et toutes ses supplications, ne peut à aucun prix obtenir que ses vœux soient exaucés :

1. «Je ne demande pas, je ne m'inquiète pas de savoir si ton coeur est coupable; je t'aime, je le sais, quelle que tu sois. » Strophe tirée des Irish Melodies (VI, Come, rest in this bossom, vv. 7-8) du poète irlandais Thomas Moore (1779-1852).

2. Cf Phèdre. 241 d. C'est de la pédérastie qu'il est question dans ce passage.

 

I love and hate lier'.

(Shakespeare, Cymbelinde, 111. 5.)

 

 La haine de la femme aimée, qui s'enflamme alors, va parfois assez loin pour déterminer l'homme à l'assassiner et à se tuer lui-même ensuite. Chaque année nous apporte quelques exemples de ce genre : on les trouvera dans les journaux'. Aussi sont-ils bien justes, les vers de Goethe :

 

 Par tout amour méprisé! par l'élément infernal!

puissé-je connaître quelque chose de plus affreux encore

[pour en faire une imprécation 3!

 

Ce n'est vraiment pas une hyperbole dans la bouche d'un amant que le mot de cruauté appliqué à la froideur de la femme aimée et au plaisir de cette coquetterie qui se repaît de ses douleurs. Car il est placé sous l'influence d'une pulsion qui, analogue à l'instinct des insectes, le force, en dépit de tous les arguments de la raison, à poursuivre son but sans réserve, et à dédaigner tout le reste : il ne peut s'y soustraire. Il y a déjà eu plus d'un Pétrarque qui a dû, sa vie durant, traîner

1. «Je l'aime et je la hais. »

2. Schopenhauer était particulièrement friand de faits divers; il en cite souvent dans ses écrits.

3. Faust, 1. vv. 2805-2806. C'est l'ange déchu Méphistophélès qui s'exclame ainsi.

comme une chaîne, comme un boulet au pied, le poids d'une passion inassouvie et exhaler ses soupirs dans des forêts solitaires; mais un seul Pétrarque a possédé en même temps le don poétique, si bien qu'à lui s'appliquent ces beaux vers de Goethe :

 

El si la douleur ôte la parole à l'homme,

un dieu m'a donné de dire combien je souffre1.

 

En fait, le génie de l'espèce est partout en guerre avec les génies protecteurs des individus ( hcq: le malin ?); il est leur persécuteur et leur ennemi, toujours prêt à détruire sans merci le bonheur personnel, pour assurer l'accomplissement de ses desseins; de fait, le bonheur de nations entières a été parfois sacrifié à ses caprices : Shakespeare nous en donne un exemple dans Henri VI, 111' partie, acte 111, scènes 2 et 3. La raison en est que l'espèce, dans laquelle plongent les racines de notre être, a sur nous un droit plus intime et plus immédiat que l'individu : de là cette préférence donnée à ses intérêts. Le sentiment de cette vérité a fait personnifier aux Anciens le génie de l'espèce dans Cupidon, qui, malgré son apparence enfantine, est un dieu hostile, cruel et

 

1. lorqunto Ïasso, `'. 5. Tragédie de Goethe consacrée au grand poète Le Tasse. 2. Notre ctic phénoménal, qui résulte du principe d'individuation.

 

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par suite décrié, un démon capricieux et despotique, et, malgré tout, maître des dieux et des hommes

"Toi, tyran des dieux et des hommes, Éros",

Des flèches meurtrières, la cécité et des ailes, voilà ses attributs. Les dernières indiquent l'inconstance, inconstance qui, en règle générale, ne commence qu'avec la désillusion, suite elle-même de la jouissance.

1. <Toi, tyran des dieux et des hommes, Éros"  ( hcq : en grec ancien dans le texte ) Ce vers, rapporté par Lucien, est tiré de la tragédie perdue d*Euripide, Andromède.

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Ajoutons cependant, pour consoler les âmes tendres et aimantes, qu'à l'amour passionné s'associe parfois lui sentiment sorti d'une tout autre source, c'est-à-dire une amitié réelle, fondée sur l'accord des esprits, et qui ne commence pourtant presque jamais à paraître que lorsque l'amour sexuel proprement dit s'est éteint après satisfaction.

 

1. Le mariage arrangé permettant à l'individu de s'épanouir, au contraire du mariage d'amour (hcq :  amour sentiments ) , il fallait oser ce renversement !!! ( hcq : ...démontre la compréhension du texte par l' traducteur..!

 

Le principe le plus ordinaire de cette amitié se trouvera dans cette aptitude à se compléter l'un l'autre, dans cette correspondance mutuelle des qualités physiques, morales et intellectuelles (les deux individus, d'où est sorti, en vue de l'être à créer, l'amour sexuel, et qui, par rapport aux individus eux-mêmes, apparaissent encore comme des qualités de tempérament opposées et des avantages intellectuels susceptibles de se compléter l'un l'autre, et de servir ainsi de base à une harmonie des cœurs.

 

Toute cette métaphysique de l'amour tient étroitement à ma métaphysique générale, et le jour qu'elle répand sur celle-ci peut se résumer comme il suit. Nous l'avons reconnu, le choix minutieux et capable de s'élever, par d'innombrables degrés, jusqu'à l'amour passionné, ce choix apporté par l'homme à la satisfaction de l'instinct sexuel, repose sur l'intérêt des plus sérieux que l'homme  ( ...et la femme...) prend à la constitution spéciale et individuelle de la génération future.

Or cet intérêt si digne de remarque confirme deux vérités exposées dans les chapitres précédents :

 

I. - L'indestructibilité de l'essence propre de l'homme (... de l'humain ...), qui continue à exister dans cette génération future'. Car cet intérêt si vif et si ardent, sorti, sans réflexion et sans dessein prémédité, de l'instinct et de l'impulsion la plus intime de notre ( ...de nos..)  être, ne pourrait pas exister si indélébile, et exercer une si grande influence sur

1. voir le chap. XI I... "De la mort et de son rapport avec l'indestructibilité de notre essence ( hcq : ..et non son être)  en soi », souvent associé à celui-ci.

l'homme, si l'homme ( -...et la femme...)   était une créature absolument éphémère et s'il devait être suivi, dans le seul ordre des temps, par une génération réellement et radicalement différente de lui-même.

II. - Que l'essence propre  de l'homme ( ..de l'hcq ... et non l''être en soi )réside plus dans l'espèce que dans l'individu ( ...le Monocoq...)'. Car cet intérêt attaché à la constitution spéciale de l'espèce ...( en couple ..femme-homme ...INter-sexué ... en base deux ternaire ...), qui est la base de toute intrigue amoureuse, depuis la plus fugitive jusqu'à la passion la plus grave, est, à vrai dire, pour chacun l'affaire la plus importante, celle dont la réussite ou l'échec émeut le plus notre sensibilité; c'est pourquoi on aime lui donner de préférence le nom d'affaire de cœur. Quand cet intérêt s'est exprimé avec résolution et avec force, on lui subordonne, on lui sacrifie celui qui ne concerne que la seule personne. C'est un témoignage donné par l'homme que l'espèce le touche de plus près que l'individu, et qu'il vit plus immédiatement dans la première que dans le second. - Pourquoi alors l'amant est-il suspendu, tout dévoué, aux regards de celle qu'il a choisie, et est-il prêt à tout lui sacrifier? - Parce que c'est la partie immortelle de son être qui désire posséder cette femme; tous ses autres appétits procèdent toujours et seulement de la partie mortelle. - Cette convoitise si vive, ou même ardente, dirigée sur une femme déterminée, est un gage immédiat de l'indestructibilité du noyau de notre être et de sa persistance dans l'espèce.

1. Cf. chap. XLII sur la <. Vie de l'espèce ».

 Tenir cette persistance pour chose futile et insuffisante, c'est une erreur sortie de ce fait que, par perpétuation de l'espèce, on ne conçoit rien de plus que l'existence future d'êtres semblables, mais non pas identiques à nous sous le moindre rapport, et cela parce que, partant de la connaissance dirigée vers le dehors, on ne considère que la forme extérieure de l'espèce, telle que nous la saisissons par l'intuition, et non son essence intime. Or cette essence intime est justement ce qui se trouve au fondement de notre propre conscience, et en constitue le noyau; elle est par là plus immédiate pour nous que cette conscience même, et, libre du principium. individuationis en tant que chose en soi, elle est proprement une et identique dans tous les individus, qu'ils coexistent ou se succèdent les uns aux autres. Cette essence, c'est la volonté de vivre, c'est ce qui recherche d'un désir si pressant la vie et la persistance. Par conséquent, elle demeure à l'abri des coups et des atteintes de la mort. Mais, en même temps, elle ne peut parvenir à un état meilleur que n'est sa condition présente; qu'elle soit certaine de vivre implique aussi que sont certaines les souffrances et la mort sans cesse attachées à l'individu. L'affranchir de cette condition est la tâche réservée à la négation de la volonté de vivre, par laquelle la volonté individuelle s'arrache à la souche de l'espèce et renonce à l'existence qu'elle

1. « Principe d'individuation. »

y possédait.

Sur son existence postérieure, nous manquons de notions précises, nous manquons même de données pour nous en faire une idée'. Nous ne pouvons que la désigner comme ce qui a la liberté d'être ( hcq :  sans doute.. dans le temps et de l'espèce ... ?) ou de ne pas être volonté de vivre  (...Monocoq ...par soi-même  ..?). Dans le dernier cas, le bouddhisme la caractérise du nom de Nirvana, dont j'ai donné l'étymologie dans la remarque de la fin du chapitre XLI 2. C'est le point qui restera à jamais inaccessible à toute connaissance humaine, justement parce qu'elle est humaine.

Si maintenant, du point de vue où nous ont placé ces dernières considérations, nous abaissons nos regards sur la mêlée de la vie, que voyons-nous ? Tous les hommes, pressés par la misère et les souffrances, emploient toutes leurs forces à satisfaire ces besoins infinis, à se défendre contre les formes multiples de la douleur sans pouvoir cependant espérer rien d'autre que la conservation de cette vie individuelle, si tourmentée, pendant un court espace de temps. Cependant, au milieu de ce tumulte, nous apercevons les regards de deux amants qui se rencontrent, ardents de désir : pourquoi cependant tant de mystère, de dissimulation et de crainte  ?

1. Notre être en soi est immortel. on le sait, mais il est impossible pour l'esprit humain de concevoir la forme que prendra cette immortalité impersonnelle après l'autosuppression de la Volonté.

2. Ce mot sanskrit signifie „extinction (de soi) », comme le rappelle Schopenhauer dans la note qui clôt ce chapitre.

- Parce que ces amants sont des traîtres, dont les aspirations secrètes tendent à perpétuer toute celte misère et tous ces tracas, sans eux bientôt finis 1, et dont ils rendront le terne impossible, comme leurs semblables l'ont fait avant eux. - Mais cette considération anticipe déjà sur le chapitre suivant-.

I . Il faut lire ce passage à la lumière de la remarque finale du .Monde comme Volonté...: "Pour ceux que, la Volonté anime encore. ce qui reste après la suppression totale de la Volonté, c'est effectivement le néant. Mais, à l'inverse, pour ceux qui ont converti et aboli la Volonté. c'est notre monde actuel, ce monde si réel avec tous ses soleils et toutes ses voies lactées, qui est le néant.

 2. Le chapitre XLV a pour titre .< De l'affirmation de la volonté de vivre ».

 

 

..la methaphysique de l'amour sexuel lu par l'homocoques :  " de la métaphysique de l'"espèce "

 

considérations en coques ...et dont la coque de base est le couple H&F époux-parents ...de l'enfant-parents

Le principe le plus ordinaire de cette amitié se trouvera dans cette aptitude à se compléter l'un l'autre, dans cette correspondance mutuelle des qualités physiques, morales et intellectuelles des deux individus, d'où est sorti, en vue de l'être à créer, l'amour sexuel, et qui, par rapport aux individus eux-mêmes, apparaissent encore comme des qualités de tempérament opposées et des avantages intellectuels susceptibles de se compléter l'un l'autre, et de servir ainsi de base à une harmonie des cœurs.

 

Toute cette métaphysique de l'amour tient étroitement à ma métaphysique générale, et le jour qu'elle répand sur celle-ci peut se résumer comme il suit. Nous l'avons reconnu, le choix minutieux et capable de s'élever, par d'innombrables degrés, jusqu'à l'amour passionné ( hcq : l'amour comm-union), ce choix apporté par l'homme à la satisfaction de l'instinct sexuel, repose sur l'intérêt des plus sérieux que l'homme prend à la constitution spéciale et individuelle de la génération future. ( .... l'enfant -parents)

considérations  en coqs ...et dont le coq de base est l' Être  ... amants  ...et pour lesquels l'enfant est une catastrophe ... pour le genre humain ...

Parce que ces amants sont des traîtres, dont les aspirations secrètes tendent à perpétuer toute celte misère et tous ces tracas, sans eux bientôt finis (1 ci-dessus), et dont ils rendront le terme impossible, comme leurs semblables l'ont fait avant eux. -

....ce qui est moins vrai aujour'd hui avec les "pillules"  ... la  disparition d'une espèce de l'humain     le "blanc" de la vieille europe est assurée ... garantie avec le planning familial .. le droit à mon corps .. la métaphysique du genre ... le mariage pour tous  ...et la suppression  de la filiation organique ...

 

Evolution su-portée, me semble-t-il brillamment, par ces deux revues

 

philosophie magazine juillet/août 2013

 

avec l'encart du milieu

 

          

suivent les premières et les dernières pages  ci-dessus

 

 ....et...

 ? Sciences Humaines ?

 

 

message reçu ce .. le 15 août 2013.. par l'homocoques

( revue à laquelle je me suis abonné cette année pour voir)

( m'avait été donnée lors de la remise du prix à Pierre Pica )

 

 

..en proche relation .et relevé par ailleurs ...

Il y aurait en nous deux créatures distinctes. Selon Swedenborg, l'ange serait l'individu chez lequel l'être intérieur réussit à triompher de l'être extérieur. Un homme veut-il obéir à sa vocation d'ange, dès que la pensée lui démontre sa double existence, il doit tendre à nourrir la frêle et exquise nature de l'ange qui est en lui. Si, faute d'avoir une vue translucide de sa destinée, il fait prédominer l'action corporelle au lieu de corroborer sa vie intellectuelle, toutes ses forces passent dans le jeu de ses sens extérieurs, et l'ange périt lentement par cette matérialisation des deux natures. Dans le cas contraire, s'il substante son intérieur des essences qui lui sont propres, l'âme l'emporte sur la matière et tâche de s'en séparer. Quand leur séparation arrive sous cette forme que nous appelons la mort ( hcq ...la mort à soi ...du coq en soi ..), l'ange, assez puissant pour se dégager de son enveloppe, demeure et commence sa vraie vie.  .... Balzac, Louis Lambert,1832, pp. 68-69.

 

 

écologie humaine .....Quand le citoyen écologiste prétend poser la question la plus dérangeante en demandant : quel monde allons-nous laisser à nos enfants, il évite de poser cette autre question réellement inquiétante : à quels enfants allons-nous laisser le monde ? » Jorge Semprun

 

25.08.2013

Kant - Schopenhauer ...fondement de la morale ...

http://fr.wikipedia.org/wiki/Fondement_de_la_morale_%28Schopenhauer%29

Essai d'Arthur Schopenhauer, Le Fondement de la morale - en allemand, Über die Grundlage der Moral- a été publié en 1840, en réponse à la question d'une société savante. Schopenhauer y critique considérablement l'approche kantienne des Fondements de la métaphysique des mœurs et il insiste sur la racine "sensible" et "affective" du comportement moral humain : la pitié "Mitleid", que l'on appellerait aujourd'hui, plutôt, empathie.

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dans ligne lire également :

http://bibliodroitsanimaux.voila.net/schopenhauerfondementdelamorale.html

Il faut vraiment être bouché, avoir été endormi comme au chloroforme par le foetor judaïcus[1], pour méconnaître celte vérité: que dans l'homme et la bête, c'est le principal, l'essentiel qui est identique, que ce qui les distingue, ce n'est pas l'élément premier en eux, le principe, l'archée, l'essence intime, le fond même des deux réalités phénoménales, car ce fond, c'est en l'un comme en l'autre la volonté de l'individu; mais qu'au contraire, cette distinction, c'est dans l'élément secondaire qu'il faut la chercher, dans l'intelligence, dans le degré de la faculté de connaître: chez l'homme, accrue qu'elle est du pouvoir d'abstraire, qu'on nomme Raison, elle s'élève incomparablement plus haut; et pourtant, cette supériorité ne tient qu'à un plus ample développement du cerveau, à une différence dans une seule partie du corps, et encore, cette différence n'est que de quantité. Oui, l'homme et l'animal sont, et pour le moral et pour le physique, identiques en espèce; sans parler des autres points de comparaison. Ainsi on pourrait bien leur rappeler, à ces occidentaux judaïsants, à ces gardiens de ménagerie, à ces adorateurs de la Raison, que si leur mère les a allaités, les chiens aussi ont la leur pour les nourrir. Kant est tombé dans cette faute, qui est celle de son temps et de son pays : je lui en ai déjà fait le reproche. La morale du christianisme n'a nul égard pour les bêtes: c'est en elle un vice, et il vaut mieux l'avouer que l’éterniser (…). Entre la pitié envers les bêtes et la bonté d'âme il y a, un lien bien étroit: on peut dire sans hésiter, quand un individu est méchant pour les bêtes, qu'il ne saurait être homme de bien. On peut d'ailleurs montrer que cette pitié et les vertus sociales ont la même source. On voit par exemple les personnes d'une sensibilité délicate, au seul souvenir d'un moment où par mauvaise humeur, par colère, échauffés peut-être par le vin, elles ont maltraité leur chien, ou leur cheval, ou leur singe, sans justice ou sans nécessité, ou plus que de raison, être saisies d'un regret aussi vif, se trouver aussi mécontentes d’elles-mêmes, qu'elles pourraient l'être au souvenir d'une injustice exercée contre un de leurs semblables et que leur conscience vengeresse leur rappelle.

[1]. [la puanteur juive] la question de l'antisémitisme de Schopenhauer est plus complexe qu'il n'y paraît. Il convient en effet de le distinguer de son hostilité philosophique au judaïsme, entaché, à ses yeux, de trois défauts rédhibitoires : le réalisme, le monothéisme et l'optimisme, auxquels Schopenhauer oppose son idéalisme, son athéisme et son pessimisme. Quant à l'antisémitisme proprement dit, il est incontestable, mais limité. Schopenhauer soupçonne que « les défauts connus des juifs, inhérents à leur caractère national, sont peut-être surtout imputables à la longue et injuste oppression qu'ils ont subie ». (Parerga..., trad. fr. in Ethique, droit et politique, pp. 110-111). « Qu'ils jouissent des mêmes droits civils que les autres, l'équité le réclame » (ib.). Mais Schopenhauer leur refuse les droits politiques, parce qu'ils « sont et restent un peuple étranger » (ib., p.112).

 

 

 

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... en France ..en Europe ...

...L'amour s'est en effet "refroidi »  ... la charité fait face à l'empire aujourd'hui planétaire de la violence....

Cette montée vers l'apocalypse est la réalisation supérieure de l'humanité. Or plus cette fin devient probable, et moins on en parle.

Il faut donc réveiller les consciences endormies.

Vouloir rassurer, c'est toujours contribuer au pire.

René Girard.

  

 

  "L'esprit constitue un champ de relations tourné vers la totalité de ce qui existe "  Joseph Pieper

Loin que ce soit être qui illustre la relation , c'est la relation qui illumine l'être.     Gaston Bachelard

Les composantes de la société ne sont pas les êtres humains, mais les relations qui existent entre eux.   Toynbee

 

 

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