«
Nos corps cachent un mystère » :
le pape évoque la théologie du corps
Audience à
l’Institut pontifical Jean-Paul II pour les études sur le mariage et la
famille
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- « Nos corps cachent un mystère », a affirmé Benoît XVI en recevant
ce vendredi au Vatican les participants à la rencontre organisée par
l'Institut pontifical Jean-Paul II pour les études sur le mariage et la
famille. Le corps n'est pas une matière « inerte, lourde » mais il
parle « le langage de l'amour véritable », a-t-il ajouté en rappelant
que c'est dans la famille que le langage du corps est préservé.
L'Institut Jean-Paul II a été voulu par le nouveau bienheureux il y a
30 ans exactement, « persuadé de l'importance décisive de la famille
pour l'Eglise et la société ». « Il vous a confié, pour l'étude, la
recherche et la diffusion, ses ‘Catéchèses sur l'amour humain' qui
contiennent une profonde réflexion sur le corps humain », a rappelé
Benoît XVI.
Dans son discours, le pape a rappelé que l'esprit habitait le corps.
« Nos corps cachent un mystère. En eux, l'esprit se manifeste et
travaille. Loin de s'opposer à l'esprit, le corps est le lieu où
l'esprit peut habiter. A la lumière de cela, il est possible de
comprendre que nos corps ne sont pas une matière inerte, lourde, mais
parlent, si nous savons écouter, le langage de l'amour véritable ».
« Le corps, en nous révélant l'Origine, porte en soi une
signification filiale, parce qu'il nous rappelle notre génération qui, à
travers nos parents qui nous ont transmis la vie, tient de Dieu créateur
», a ajouté Benoît XVI. « Ce n'est que quand il reconnaît l'amour
originaire qui lui a donné la vie que l'homme peut s'accepter lui-même,
peut se réconcilier avec la nature et avec le monde ».
« La chair, reçue de Dieu, est appelée à rendre possible l'union
d'amour entre l'homme et la femme et à transmettre la vie », a
encore affirmé Benoît XVI qui explique qu'avant la Chute, les corps
d'Adam et Eve étaient « en parfaite harmonie ». « Il y a en eux un
langage qu'ils n'ont pas créé, un eros enraciné dans leur nature, qui
les invite à se recevoir mutuellement du Créateur, pour pouvoir ainsi se
donner. Nous comprenons alors que dans l'amour, l'homme est ‘recréé' ».
« La véritable fascination de la sexualité
naît de la grandeur de cet horizon qui s'épanouit : la beauté intégrale,
l'univers de l'autre personne et du ‘nous' qui naît dans l'union, la
promesse de communion qui s'y cache, la fécondité nouvelle, le chemin
que l'amour ouvre vers Dieu, source de l'amour », a poursuivi
Benoît XVI.
« L'union en une seule chair se
fait alors union de toute la vie, jusqu'à ce que l'homme et la femme
deviennent aussi un seul esprit. S'ouvre alors un chemin où le corps
nous enseigne la valeur du temps, de la lente maturation dans l'amour ».
C'est pourquoi, explique encore le pape, «
la vertu de la chasteté reçoit un sens nouveau ». « Elle n'est pas un
‘non' aux plaisirs et à la joie de la vie, mais un grand ‘oui' à l'amour
comme communication profonde entre les personnes, qui demande du temps
et du respect, comme un chemin ensemble vers la plénitude et comme un
amour qui devient capable d'engendrer la vie et d'accueillir
généreusement la vie nouvelle qui naît.
La famille : le lieu où s'entremêlent la
théologie du corps et celle de l'amour
Benoît XVI souligne aussi
le « langage négatif » que contient le corps, fruit du péché : « il nous
parle de l'oppression de l'autre, du désir de posséder et d'exploiter ».
« Toutefois, nous savons
que ce langage n'appartient pas au dessein originaire de Dieu mais qu'il
est le fruit du péché. Quand on le détache de son sens filial, de sa
connexion avec le créateur, le corps se rebelle contre l'homme, perd sa
capacité de faire transparaître la communion et devient un terrain
d'appropriation de l'autre ».
« N'est-ce pas
peut-être cela, le drame de la sexualité - s'est interrogé le pape -
qui reste aujourd'hui enfermée dans le cercle restreint du corps et de
l'émotivité,
mais qui ne peut en réalité que s'accomplir dans l'appel à quelque chose
de plus grand ? ».
Benoît XVI a enfin rappelé que le langage du corps était « préservé
dans la famille ». « La famille, voilà le lieu où la théologie du corps
et la théologie de l'amour s'entremêlent. C'est ici que l'on apprend la
bonté du corps, son témoignage d'une origine bonne, dans l'expérience de
l'amour que nous recevons des parents ».
« C'est ici que se vit le don de soi en une seule chair, dans la
charité conjugale qui relie les époux », a-t-il conclu.
« C'est dans la famille que
l'homme se découvre en relation, non comme un individu autonome qui
s'auto-réalise mais comme enfant, époux, parent dont l'identité se fonde
dans l'être appelé à l'amour, à se recevoir des autres et à se donner
aux autres ».
Marine Soreau
(13 mai 2011) © Innovative Media Inc.