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Sciences et religion.... par Simone Weil
Ceci un extrait tiré de  L'Enracinement Plaidoyer pour une Civilisation nouvelle ....de Simone Weil.  

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1191

L'esprit de vérité est aujourd'hui presque absent et de la religion et de la science et de toute la pensée. Les maux atroces au milieu desquels nous nous débattons, sans parvenir même à en éprouver tout le tragique, viennent entièrement de là. «Cet esprit de mensonge et d'erreur, - De la chute des rois funeste avant-coureur», dont parlait Racine, n'est plus aujourd'hui le monopole des souverains. Il s'étend à toutes les classes de la population ; il saisit des nations entières et les met dans la frénésie.

Le remède est de faire redescendre l'esprit de vérité parmi nous ; et d'abord dans la religion et la science; ce qui implique qu'elles se réconcilient.

1180/81

Les Grecs possédaient une science qui est le fondement de la nôtre. Elle comprenait l'arithmétique, la géométrie, l'algèbre sous une forme qui leur était propre, l'astronomie, la mécanique, la physique, la biologie. La quantité des connaissances accumulées était naturellement beaucoup moindre. Mais par le caractère scientifique, dans la signification que ce mot a pour nous, d'après les critères valables à nos yeux, cette science égalait et dépas­sait la nôtre. Elle était plus exacte, plus précise, plus rigoureuse. L'usage de la démonstration et celui de la méthode expérimentale étaient conçus l'un et l'autre dans une clarté parfaite.....

Quant aux applications techniques, si la science grecque n'en a pas beau­coup produit, ce n'est pas qu'elle n'en fût pas susceptible, c'est que les savants grecs ne le voulaient pas. Ces gens, visiblement très arriérés relativement à nous, comme il convient à des hommes d'il y a vingt-cinq siècles, redoutaient l'effet d'inventions techniques susceptibles d'être mises en usage par les tyrans et les conquérants. Ainsi, au lieu de livrer au public le plus grand nombre possible de découvertes techniques et de les vendre au plus offrant, ils conservaient rigoureusement secrètes celles qu'il leur arrivait de faire pour s'amuser; et vraisemblablement ils restaient pauvres. Mais Archimède mit une fois en uvre son savoir technique pour défendre sa patrie. Il le mit en oeuvre lui-même, sans révéler aucun secret à personne. Le récit des merveilles qu'il sut accomplir est encore aujourd'hui en grande partie incompréhensible pour nous..... Or cette science, aussi scientifique que la nôtre ou davantage, n'était absolument pas matérialiste. Bien plus, ce n'était pas une étude profane. Les Grecs la regardaient comme une étude religieuse.

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Cela est vrai plus particulièrement des intellectuels, même s'ils ne sont pas ce qu'on nomme des « scientifiques », et bien plus vrai encore des ouvriers, qui passent toute leur vie dans un univers artificiel constitué par les appli­cations de la science.

Mais, comme dans certains contes, cette science réveillée après presque deux millénaires de léthargie n'était plus la même. On l'avait changée. C'en était une autre, absolument incompatible avec tout esprit religieux.

C'est pour cela qu'aujourd'hui la religion est une chose du dimanche matin. Le reste de la semaine est dominé par l'esprit de la science.

p 1177

Dans toutes les polémiques où la religion et la science semblent être en conflit, il y a du côté de l'Église une infériorité intellectuelle presque comique, car elle est due, non à la force des arguments adverses, généralement très médiocres, mais uniquement à un complexe d'infériorité.

1215

Si les sciences de l'homme étaient ainsi fondées par des méthodes d'une rigueur mathématique, et maintenues en même temps en liaison avec la foi; si dans les sciences de la nature et la mathématique l'interprétation symbolique reprenait la place qu'elle avait jadis; l'unité de l'ordre établi dans cet univers apparaîtrait dans sa souveraine clarté. L'ordre du monde, c'est la beauté du monde. Seul diffère le régime de l'attention*, selon qu'on essaie de concevoir les relations nécessaires qui le composent ou d'en contempler l'éclat. C'est une seule et même chose qui relativement à Dieu est Sagesse éternelle, relativement à l'univers parfaite obéissance, relativement à notre amour beauté, relativement à notre intelligence équilibre de relations nécessaires, relativement à notre chair force brutale. Aujourd'hui, la science, l'histoire, la politique, l'organisation du travail, la religion même pour autant qu'elle est marquée de la souillure romaine, n'offrent à la pensée des hommes que la force brutale. Telle est notre civilisation. Cet arbre porte les fruits qu'il mérite

1023 (préambule à l'Enracinement de Florence de Lussy)

Ce «grand oeuvre» abandonné fait apparaître dans les dernières pages un ultime face à face de la force et de l'amour: «[l'homme] n'est certes pas le seigneur et maître de la nature, et Hitler avait raison de dire qu'en croyant l'être il se trompe; mais il est le fils du maître, l'enfant de la maison. La science en est la preuve. Un enfant tout jeune dans une riche maison est en bien des choses soumis aux domestiques; mais quand il est sur les genoux de son père et s'identifie à lui par amour, il a part à l'autorité. » Cette intuition d'un rapport filial s'énonce au même moment, en termes plus philosophiques, dans le « carnet de Londres » avec une référence implicite à Platon: « Quelque chose de mystérieux dans cet univers est complice de ceux qui n'aiment que le bien". »

31.01.03

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résonances ....rs

Simone Weil visionnaire 60 ans avant O. WiLson...consilience.

Cela renvoie naturellement à la lettre écrite à l'occasion de Noël.....Et alors..oeuvrons à la corésiliance..  avec tous les autres documents qui y sont rattachés.

31.01.03

Si la science sans la religion était estimable, rien ne serait plus estimable que le démon

 Proverbe oriental trouvé sur le site: Citations du Monde.com

10.02.03

 

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