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Le lavage de
cerveaux en liberté
« There is no
alternative » TINA
Plus efficace
encore que les dictatures
Rachats de grands journaux – le « Wall Street Journal » aux
Etats-Unis, « Les Echos » en France – par des hommes fortunés habitués à
plier la vérité au gré de leurs intérêts (lire aussi « Prédateurs de presse
et marchands d’influence », par Marie Bénilde), médiatisation outrancière de
M. Nicolas Sarkozy, cannibalisation de l’information par les sports, la
météo et les faits divers, le tout dans une débauche de publicités : la «
communication » constitue l’instrument de gouvernement permanent des régimes
démocratiques. Elle est, pour eux, ce que la propagande est aux dictatures.
Dans un entretien accordé au journaliste de France Inter Daniel Mermet,
l’intellectuel américain Noam Chomsky analyse ces mécanismes de domination
et les replace dans leur contexte historique. Il rappelle, par exemple, que
les régimes totalitaires se sont appuyés sur les ressorts de la
communication publicitaire perfectionnés aux Etats-Unis au lendemain de la
première guerre mondiale. Au-delà, il évoque les perspectives de
transformation sociale dans le monde actuel, et ce à quoi pourrait
ressembler l’utopie pour ceux qui, malgré la pédagogie de l’impuissance
martelée par les médias, n’ont pas renoncé à changer le monde.
Commençons par la question des médias. En France, en mai 2005, lors du
référendum sur le traité de Constitution européenne, la plupart des organes
de presse étaient partisans du « oui », et cependant 55 % des Français ont
voté « non ». La puissance de manipulation des médias ne semble donc pas
absolue. Ce vote des citoyens représentait-il aussi un « non » aux médias ?
Le travail sur la manipulation médiatique ou la fabrique du consentement
fait par Edward Herman et moi n’aborde pas la question des effets des médias
sur le public (1). C’est un sujet compliqué, mais les quelques recherches en
profondeur menées sur ce thème suggèrent que, en réalité, l’influence des
médias est plus importante sur la fraction de la population la plus éduquée.
La masse de l’opinion publique paraît, elle, moins tributaire du discours
des médias.
Prenons, par exemple, l’éventualité d’une guerre contre l’Iran : 75 % des
Américains estiment que les Etats-Unis devraient mettre un terme à leurs
menaces militaires et privilégier la recherche d’un accord par voie
diplomatique. Des enquêtes conduites par des instituts occidentaux suggèrent
que l’opinion publique iranienne et celle des Etats-Unis convergent aussi
sur certains aspects de la question nucléaire : l’écrasante majorité de la
population des deux pays estime que la zone s’étendant d’Israël à l’Iran
devrait être entièrement débarrassée des engins de guerre nucléaires, y
compris ceux que détiennent les troupes américaines de la région. Or, pour
trouver ce genre d’information dans les médias, il faut chercher longtemps.
Quant aux principaux partis politiques des deux pays, aucun ne défend ce
point de vue. Si l’Iran et les Etats-Unis étaient d’authentiques démocraties
à l’intérieur desquelles la majorité détermine réellement les politiques
publiques, le différend actuel sur le nucléaire serait sans doute déjà
résolu. Il y a d’autres cas de ce genre.
Concernant, par exemple, le budget fédéral des Etats-Unis, la plupart des
Américains souhaitent une réduction des dépenses militaires et une
augmentation, en revanche, des dépenses sociales, des crédits versés aux
Nations unies, de l’aide économique et humanitaire internationale, et enfin
l’annulation des baisses d’impôts décidées par le président George W. Bush
en faveur des contribuables les plus riches.
Sur tous ces sujets-là, la politique de la Maison Blanche est totalement
contraire aux réclamations de l’opinion publique. Mais les enquêtes qui
relèvent cette opposition publique persistante sont rarement publiées dans
les médias. Si bien que les citoyens sont non seulement écartés des centres
de décision politique, mais également tenus dans l’ignorance de l’état réel
de cette même opinion publique.
Il existe une inquiétude internationale relative à l’abyssal « double
déficit » des Etats-Unis : le déficit commercial et le déficit budgétaire.
Or ceux-ci n’existent qu’en relation étroite avec un troisième déficit : le
déficit démocratique, qui ne cesse de se creuser, non seulement aux
Etats-Unis, mais plus généralement dans l’ensemble du monde occidental.
Chaque fois qu’on demande à un journaliste vedette ou à un
présentateur d’un grand journal télévisé s’il subit des pressions, s’il lui
arrive d’être censuré, il réplique qu’il est entièrement libre, qu’il
exprime ses propres convictions. Comment fonctionne le contrôle de la pensée
dans une société démocratique ? En ce qui concerne les dictatures, nous le
savons.
Quand des journalistes sont mis en cause, ils répondent aussitôt : « Nul
n’a fait pression sur moi, j’écris ce que je veux. » C’est vrai. Seulement,
s’ils prenaient des positions contraires à la norme dominante, ils
n’écriraient plus leurs éditoriaux. La règle n’est pas absolue, bien sûr ;
il m’arrive moi-même d’être publié dans la presse américaine, les Etats-Unis
ne sont pas un pays totalitaire non plus. Mais quiconque ne satisfait pas
certaines exigences minimales n’a aucune chance d’être pressenti pour
accéder au rang de commentateur ayant pignon sur rue.
C’est d’ailleurs l’une des grandes différences entre le système de
propagande d’un Etat totalitaire et la manière de procéder dans des sociétés
démocratiques. En exagérant un peu, dans les pays totalitaires, l’Etat
décide de la ligne à suivre et chacun doit ensuite s’y conformer. Les
sociétés démocratiques opèrent autrement. La « ligne » n’est jamais énoncée
comme telle, elle est sous-entendue. On procède, en quelque sorte, au «
lavage de cerveaux en liberté ». Et même les débats « passionnés » dans les
grands médias se situent dans le cadre des paramètres implicites consentis,
lesquels tiennent en lisière nombre de points de vue contraires.
Le système de contrôle des sociétés démocratiques est fort efficace ; il
instille la ligne directrice comme l’air qu’on respire. On ne s’en aperçoit
pas, et on s’imagine parfois être en présence d’un débat particulièrement
vigoureux. Au fond, c’est infiniment plus performant que les systèmes
totalitaires.
Prenons, par exemple, le cas de l’Allemagne au début des années 1930. On
a eu tendance à l’oublier, mais c’était alors le pays le plus avancé
d’Europe, à la pointe en matière d’art, de sciences, de techniques, de
littérature, de philosophie. Puis, en très peu de temps, un retournement
complet est intervenu, et l’Allemagne est devenue l’Etat le plus meurtrier,
le plus barbare de l’histoire humaine.
Tout cela s’est accompli en distillant de la peur : celle des bolcheviks,
des Juifs, des Américains, des Tziganes, bref, de tous ceux qui, selon les
nazis, menaçaient le cœur de la civilisation européenne, c’est-à-dire les «
héritiers directs de la civilisation grecque ». En tout cas, c’est ce
qu’écrivait le philosophe Martin Heidegger en 1935. Or la plupart des médias
allemands qui ont bombardé la population avec des messages de ce genre ont
repris les techniques de marketing mises au point... par des publicitaires
américains.
N’oublions pas comment s’impose toujours une idéologie. Pour dominer, la
violence ne suffit pas, il faut une justification d’une autre nature. Ainsi,
lorsqu’une personne exerce son pouvoir sur une autre – que ce soit un
dictateur, un colon, un bureaucrate, un mari ou un patron –, elle a besoin
d’une idéologie justificatrice, toujours la même : cette domination est
faite « pour le bien » du dominé. En d’autres termes, le pouvoir se présente
toujours comme altruiste, désintéressé, généreux.
Quand la violence d’Etat ne suffit plus
Dans les années 1930, les règles de la propagande nazie consistaient, par
exemple, à choisir des mots simples, à les répéter sans relâche, et à les
associer à des émotions, des sentiments, des craintes. Quand Hitler a envahi
les Sudètes [en 1938], ce fut en invoquant les objectifs les plus nobles et
charitables, la nécessité d’une « intervention humanitaire » pour empêcher
le « nettoyage ethnique » subi par les germanophones, et pour permettre que
chacun puisse vivre sous l’« aile protectrice » de l’Allemagne, avec le
soutien de la puissance la plus en avance du monde dans le domaine des arts
et de la culture.
En matière de propagande, si d’une certaine manière rien n’a changé
depuis Athènes, il y a quand même eu aussi nombre de perfectionnements. Les
instruments se sont beaucoup affinés, en particulier et paradoxalement dans
les pays les plus libres du monde : le Royaume-Uni et les Etats-Unis. C’est
là, et pas ailleurs, que l’industrie moderne des relations publiques, autant
dire la fabrique de l’opinion, ou la propagande, est née dans les années
1920.
Ces deux pays avaient en effet progressé en matière de droits
démocratiques (vote des femmes, liberté d’expression, etc.) à tel point que
l’aspiration à la liberté ne pouvait plus être contenue par la seule
violence d’Etat. On s’est donc tourné vers les technologies de la « fabrique
du consentement ». L’industrie des relations publiques produit, au sens
propre du terme, du consentement, de l’acceptation, de la soumission. Elle
contrôle les idées, les pensées, les esprits. Par rapport au totalitarisme,
c’est un grand progrès : il est beaucoup plus agréable de subir une
publicité que de se retrouver dans une salle de torture.
Aux Etats-Unis, la liberté d’expression est protégée à un degré que je
crois inconnu dans tout autre pays du monde. C’est assez récent. Dans les
années 1960, la Cour suprême a placé la barre très haut en matière de
respect de la liberté de parole, ce qui exprimait, à mon avis, un principe
fondamental établi dès le XVIIIe siècle par les valeurs des Lumières. La
position de la Cour fut que la parole était libre, avec pour seule limite la
participation à un acte criminel. Si, par exemple, quand je rentre dans un
magasin pour le dévaliser, un de mes complices tient une arme et que je lui
dis : « Tire ! », ce propos n’est pas protégé par la Constitution. Pour le
reste, le motif doit être particulièrement grave avant que la liberté
d’expression soit mise en cause. La Cour suprême a même réaffirmé ce
principe en faveur de membres du Ku Klux Klan.
En France, au Royaume-Uni et, me semble-t-il, dans le reste de l’Europe,
la liberté d’expression est définie de manière très restrictive. A mes yeux,
la question essentielle est : l’Etat a-t-il le droit de déterminer ce qu’est
la vérité historique, et celui de punir qui s’en écarte ? Le penser revient
à s’accommoder d’une pratique proprement stalinienne.
Des intellectuels français ont du mal à admettre que c’est bien là leur
inclination. Pourtant, le refus d’une telle approche ne doit pas souffrir
d’exception. L’Etat ne devrait avoir aucun moyen de punir quiconque
prétendrait que le Soleil tourne autour de la Terre. Le principe de la
liberté d’expression a quelque chose de très élémentaire : ou on le défend
dans le cas d’opinions qu’on déteste, ou on ne le défend pas du tout. Même
Hitler et Staline admettaient la liberté d’expression de ceux qui
partagaient leur point de vue...
J’ajoute qu’il y a quelque chose d’affligeant et même de scandaleux à
devoir débattre de ces questions deux siècles après Voltaire, qui, comme on
le sait, déclarait : « Je défendrai mes opinions jusqu’à ma mort, mais je
donnerai ma vie pour que vous puissiez défendre les vôtres. » Et c’est
rendre un bien triste service à la mémoire des victimes de l’Holocauste que
d’adopter une des doctrines fondamentales de leurs bourreaux.
Dans un de vos livres, vous commentez la phrase de Milton Friedman : «
Faire des profits est l’essence même de la démocratie »...
A vrai dire, les deux choses sont tellement contraires qu’il n’y a même
pas de commentaire possible... La finalité de la démocratie, c’est que les
gens puissent décider de leur propre vie et des choix politiques qui les
concernent. La réalisation de profits est une pathologie de nos sociétés,
adossée à des structures particulières. Dans une société décente, éthique,
ce souci du profit serait marginal. Prenez mon département universitaire [au
Massachusetts Institute of Technology] : quelques scientifiques travaillent
dur pour gagner beaucoup d’argent, mais on les considère un peu comme des
marginaux, des gens perturbés, presque des cas pathologiques. L’esprit qui
anime la communauté académique, c’est plutôt d’essayer de faire des
découvertes, à la fois par intérêt intellectuel et pour le bien de tous.
Dans l’ouvrage qui vous est consacré aux éditions de L’Herne, Jean
Ziegler écrit : « Il y a eu trois totalitarismes : le totalitarisme
stalinien, nazi et maintenant c’est Tina (2). » Compareriez-vous ces trois
totalitarismes ?
Je ne les mettrais pas sur le même plan. Se battre contre « Tina », c’est
affronter une emprise intellectuelle qu’on ne peut pas assimiler aux camps
de concentration ni au goulag. Et, de fait, la politique des Etats-Unis
suscite une opposition massive à l’échelle de la planète. L’Argentine et le
Venezuela ont jeté le Fonds monétaire international (FMI) dehors. Les
Etats-Unis ont dû renoncer à ce qui était encore la norme il y a vingt ou
trente ans : le coup d’Etat militaire en Amérique latine. Le programme
économique néolibéral, qui a été imposé de force à toute l’Amérique latine
dans les années 1980 et 1990, est aujourd’hui rejeté dans l’ensemble du
continent. Et on retrouve cette même opposition contre la globalisation
économique à l’échelle mondiale.
Le mouvement pour la justice, qui est sous les feux des projecteurs
médiatiques lors de chaque Forum social mondial, travaille en réalité toute
l’année. C’est un phénomène très nouveau dans l’histoire, qui marque
peut-être le début d’une vraie Internationale. Or son principal cheval de
bataille porte sur l’existence d’une solution de rechange. D’ailleurs, quel
meilleur exemple de globalisation différente que le Forum social mondial ?
Les médias hostiles appellent ceux qui s’opposent à la globalisation
néolibérale les « antimondialistes », alors qu’ils se battent pour une autre
mondialisation, la mondialisation des peuples.
On peut observer le contraste entre les uns et les autres, parce que, au
même moment, a lieu, à Davos, le Forum économique mondial, qui travaille à
l’intégration économique planétaire, mais dans le seul intérêt des
financiers, des banques et des fonds de pension. Puissances qui contrôlent
aussi les médias. C’est leur conception de l’intégration globale, mais au
service des investisseurs. Les médias dominants considèrent que cette
intégration est la seule qui mérite, en quelque sorte, l’appellation
officielle de mondialisation.
Voilà un bel exemple du fonctionnement de la propagande idéologique dans
les sociétés démocratiques. A ce point efficace que même des participants au
Forum social mondial acceptent parfois le qualificatif malintentionné d’«
antimondialistes ». A Porto Alegre, je suis intervenu dans le cadre du
Forum, et j’ai participé à la Conférence mondiale des paysans. Ils
représentent à eux seuls la majorité de la population de la planète...
On vous range dans la catégorie des anarchistes ou des socialistes
libertaires. Dans la démocratie telle que vous la concevez, quelle serait la
place de l’Etat ?
On vit dans ce monde, pas dans un univers imaginaire. Dans ce monde, il
existe des institutions tyranniques, ce sont les grandes entreprises. C’est
ce qu’il y a de plus proche des institutions totalitaires. Elles n’ont, pour
ainsi dire, aucun compte à rendre au public, à la société ; elles agissent à
la manière de prédateurs dont d’autres entreprises seraient les proies. Pour
s’en défendre, les populations ne disposent que d’un seul instrument :
l’Etat. Or ce n’est pas un bouclier très efficace, car il est, en général,
étroitement lié aux prédateurs. A une différence, non négligeable, près :
alors que, par exemple, General Electric n’a aucun compte à rendre, l’Etat
doit parfois s’expliquer auprès de la population.
Quand la démocratie se sera élargie au point que les citoyens
contrôleront les moyens de production et d’échange, qu’ils participeront au
fonctionnement et à la direction du cadre général dans lequel ils vivent,
alors l’Etat pourra disparaître petit à petit. Il sera remplacé par des
associations volontaires situées sur les lieux de travail et là où les gens
vivent.
Est-ce les soviets ?
C’étaient les soviets. Mais la première chose que Lénine et Trotski ont
détruit, sitôt après la révolution d’Octobre, ce sont les soviets, les
conseils ouvriers et toutes les institutions démocratiques. Lénine et
Trotski ont été à cet égard les pires ennemis du socialisme au XXe siècle.
En tant que marxistes orthodoxes, ils ont estimé qu’une société retardataire
comme la Russie de leur époque ne pouvait pas passer directement au
socialisme avant d’être précipitée de force dans l’industrialisation.
En 1989, au moment de l’effondrement du système communiste, j’ai pensé
que cet effondrement représentait, paradoxalement, une victoire pour le
socialisme. Car le socialisme tel que je le conçois implique, au minimum, je
le répète, le contrôle démocratique de la production, des échanges et des
autres dimensions de l’existence humaine.
Toutefois, les deux principaux systèmes de propagande se sont accordés
pour dire que le système tyrannique institué par Lénine et Trotski, puis
transformé en monstruosité politique par Staline, était le « socialisme ».
Les dirigeants occidentaux ne pouvaient qu’être enchantés par cet usage
absurde et scandaleux du terme, qui leur a permis pendant des décennies de
diffamer le socialisme authentique.
Avec un enthousiasme identique, mais de sens contraire, le système de
propagande soviétique a tenté d’exploiter à son profit la sympathie et
l’engagement que suscitaient pour beaucoup de travailleurs les idéaux
socialistes authentiques.
N’est-il pas vrai que toutes les formes d’auto-organisation selon les
principes anarchistes se sont finalement effondrées ?
Il n’y a pas de « principes anarchistes » fixes, une sorte de catéchisme
libertaire auquel il faudrait prêter allégeance. L’anarchisme, du moins tel
que je le comprends, est un mouvement de la pensée et de l’action humaines
qui cherche à identifier les structures d’autorité et de domination, à leur
demander de se justifier et, dès qu’elles en sont incapables, ce qui arrive
fréquemment, à tenter de les dépasser.
Loin de s’être « effondré », l’anarchisme, la pensée libertaire, se porte
très bien. Il est à la source de nombreux progrès réels. Des formes
d’oppression et d’injustice qui étaient à peine reconnues, et encore moins
combattues, ne sont plus admises. C’est une réussite, une avancée pour
l’ensemble du genre humain, pas un échec.
(Propos recueillis par Daniel Mermet, revus et corrigés par l’auteur.)
Noam Chomsky
Professeur au Massachusetts Institute of Technology (MIT),
Boston, Etats-Unis. Auteur notamment de Les Etats manqués. Abus de puissance
et déficit démocratique, Fayard, Paris, 2007. La plupart des textes de Noam
Chomsky sont disponibles sur son site Internet.
(1) Edward Herman et Noam Chomsky, Manufacturing Consent,
Pantheon, New York, 2002. La « fabrique du consentement » est une expression
de l’essayiste américain Walter Lippmann, qui, à partir des années 1920,
mettant en doute la capacité de l’homme ordinaire à se déterminer avec
sagesse, a proposé que les élites savantes « assainissent » l’information
avant qu’elle n’atteigne la masse.
(2) Tina, initiales de « There is no alternative
» (« il n’y a pas de solution de rechange »), propos de
Mme Margaret Thatcher posant le caractère inéluctable du capitalisme
néolibéral, qui n’est qu’une forme possible de « mondialisation ».

Auteur:
CHOMSKY
Source: http://www.toupie.org/Citations/Chomsky.htm
Date de
l'original: ...
Date de création de
cette page :
...
"Un exemple de révolution
anarchiste sur une grande échelle, le meilleur à mon sens, c'est l'Espagne
de 1936.
On ne peut pas dire ce qui serait
arrivé.
On l'a tuée, mais tant qu'elle a
duré elle fut un témoignage éloquent de la capacité des pauvres gens de
s'organiser, de s'administrer sans coercition, ni contrôle."
Noam Chomsky - né en 1928 -
Angleterre, 1974
"Cette société durera, avec ses
souffrances et ses injustices, tant et aussi longtemps qu'on prétendra que
les engins de mort créés par les hommes sont limités, que la Terre est
inépuisable et que le monde est une poubelle sans fond. A ce stade de
l'histoire, il n'y a plus qu'une alternative. Ou bien la population prend sa
destinée en main et se préoccupe de l'intérêt général guidée en cela par des
valeurs de solidarité ou bien c'en sera fait de sa destinée tout court."
Noam Chomsky - né en 1928 -
Angleterre, 1974
"En fait, si on observe assez
globalement ce qui se passe dans le monde, je pense que l'on pourrait
décrire la situation comme suit : plus un Etat dispose de la capacité d'user
de la violence, plus grand est son mépris de la souveraineté - des autres,
cela s'entend. Les Etats-Unis sont - et de loin - les plus à même d'user de
la violence et c'est sans doute pourquoi l'enthousiasme atteint chez nous
son paroxysme."
Noam Chomsky - né en 1928 - De la
guerre comme politique étrangère des Etats-Unis - 2001
"En fait, le mépris américain de
la souveraineté des autres est aussi vieux que l'Amérique elle-même.
Donc la souveraineté des autres
n'est rien s'ils se placent au travers de notre route - c'est-à-dire si ce
sont des "Etats scélérats" qui n'obéissent pas aux ordres. D'un autre côté,
notre propre souveraineté, celle de nos clients et de ceux qui nous
obéissent doivent être défendues."
Noam Chomsky - né en 1928 - De la
guerre comme politique étrangère des Etats-Unis - 2001
"L'endoctrinement n'est nullement
incompatible avec la démocratie. Il est plutôt, comme certains l'ont
remarqué, son essence même. C'est que, dans un Etat militaire, ce que les
gens pensent importe peu. Une matraque est là pour les contrôler. Si l'Etat
perd son bâton et si la force n'opère plus et si le peuple lève la voix,
alors apparaît ce problème. Les gens deviennent si arrogants qu'ils refusent
l'autorité civile. Il faut alors contrôler leurs pensées. Pour se faire, on
a recours à la propagande, à la fabrication du consensus d'illusions
nécessaires."
Noam Chomsky - né en 1928 -
Interview à la radio étudiante American Focus
"La propagande est aux
démocraties ce que la violence est aux dictatures."
Noam Chomsky - né en 1928
"Si l'on ne croit pas à la
liberté d'expression pour les gens qu'on méprise, on n'y croit pas du tout."
Noam Chomsky - né en 1928
"Je crois, juridiquement parlant,
qu'il y aurait des motifs sérieux pour inculper chaque président des
Etats-Unis depuis la seconde guerre mondiale. Ils ont tous été soit de
véritables criminels de guerre, soit impliqués dans de graves crimes de
guerre."
Noam Chomsky - né en 1928
"Il me semble que, au moins dans
les sociétés occidentales riches, la démocratie et le marché libre déclinent
à mesure que le pouvoir se concentre, chaque jour davantage, dans les mains
d'une élite privilégiée."
Noam Chomsky - né en 1928
"C'est la responsabilité des
intellectuels de dire la vérité et de dévoiler les mensonges."
Noam Chomsky - né en 1928
"Si nous avions un vrai système
d'éducation, on y donnerait des cours d'autodéfense intellectuelle."
Noam Chomsky - né en 1928
>>> Citations :
"L'An 501, la conquête continue", Noam Chomsky, Ed. l'Herne, 2006 (écrit
en 1993)
>>>
Biographie de Noam Chomsky
G
Publicité : "Ses messages quotidiens formatent, mieux que toute propagande,
l'énergie du désir des hommes. Elle leur désapprend la révolte, le goût de la
connaissance, le sens critique et la gratuité."
Michel Piquemal
>>>>>>
Quant aux « documentaires », lors-
qu’ils nous parlent des drames de
l’Histoire, c’est toujours au passé
avec d’affreux nazis torturant des
juifs au grand cœur, avec un mani-
chéisme simpliste. Pas question d’é-
voquer les guerres d’Algérie ou du
Vietnam, les massacres en Irak ou
en Palestine ! L’Histoire y est une
Histoire en conserve pleine de certi-
tudes et jamais en interrogation.
L’Histoire officielle en quelque
sorte, celle des vainqueurs. La
Grande Guerre y a été déclarée,
comme on le sait tous, suite à l’as-
sassinat de l’archiduc François
Ferdinand à Sarajevo... et non par
un capitalisme qui voulait résoudre
le problème de l’inquiétante montée
des mouvements ouvriers et liqui-
der ses excédents d’armements. Mai
68 n’a jamais existé, ni la Commune,
ni la Guerre d’Espagne...
Je caricature bien sûr... car il existe
d’excellents « documentaires » qui
ne prennent pas les enfants pour des
billes, mais ils ne sont pas légion.
Q
CENSURE ET SUJETS
TABOUS...
Je reste toujours abasourdi par le
nombre de sujets que la littérature
jeunesse occulte. Il y a certes une
censure éditoriale, et je m’en suis
rendu compte lorsque j’ai proposé
mon projet d’album
La Grève
à des
éditeurs... Mais il y a surtout une
part énorme d’autocensure. Il n’y a
guère de livres sur le monde du tra-
vail, sur le chômage, sur les men-
songes publicitaires (j’ai écrit le seul
qui existe, «
Nul en pub
», il y a de
cela 10 ans et il reste toujours bien
seul !), sur l’emprise de la télé, le
pouvoir de l’argent, les religions
assassines...
Et je crains hélas que parler de ces
sujets ne vient même pas à l’esprit
de la plupart des auteurs.
Être engagé pour moi, c’est donc
écrire sur ce dont on parle trop peu
aux enfants : la marginalité (
Le Jobard
),
le handicap (
Gros Louis
,
Petit Nuage
,
Le
manège de Petit Pierre
), les enfants des
rues (
Les orphelins d’Amérique
), le
social (
La Grève
), le deuil (
On s’aimera
toujours
,
Mon miel ma douceur
), l’in-
ceste (
Le Cœur de Violette
), la philoso-
phie (
Les philo-fables
)... J’ai écrit aussi
Michel Piquemal,
auteur jeunesse
ou la revendication d’un engagement
..en
proche ENtre-relations ...
Monocoq(s)
.......homocoqueS...
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