Philippe Isnard a été révoqué de son poste de
professeur titulaire pour avoir organisé, en classe de seconde, un
débat sur la loi Veil, et montré des images de « produits »
d’avortement. La décision est tombée jeudi. Elle marque un pas
terrible dans la progression de la dictature de la culture de mort.
Sachez-le donc : l’avortement est un droit ;
l’avortement est un « dogme » laïc. Sa contestation, même dans le
cadre d’un débat, est interdite dans le cadre du service public
français. Celui de l’Education nationale, en particulier.
Philippe Isnard enseignait donc l’histoire au
lycée des Iscles à Manosque. Et il était chargé d’organiser les
rituels « débats citoyens » en classe de seconde où – débat oblige –
les élèves sont censés argumenter le pour et le contre autour d’un
thème « de société ». Comme il l’avait déjà fait il y a plusieurs
années, il a voulu les faire réfléchir sur la loi autorisant l’IVG,
le discours de Simone Veil à l’Assemblée pour promouvoir son texte
en 1974. Et il a apporté, parce que ses élèves n’avaient pas de
matériel allant en sens inverse, un film montrant une jeune fille
décidant de garder son enfant, un tract pro-vie, et une autre vidéo
comportant des images – très dures – de fœtus avortés. Les élèves
étaient prévenus et avaient été invités à ne pas assister au débat
s’ils craignaient d’en être incommodés.
On sait que la cabale contre Philippe Isnard est
partie de parents d’élèves proches du Planning familial et soutenus
par Prochoix.
Lorsque l’information est tombée, tous les gros
médias ont participé à la curée contre le professeur – 15 ans
d’expérience, apprécié de ses élèves – qui a été immédiatement
soumis à une suspension provisoire. Luc Chatel s’était exprimé. Le
ministre avait même fini par lui écrire qu’il était interdit – même
et surtout dans le cadre d’un débat citoyen ? – de contester une loi
de la République comme celle autorisant l’avortement.
Contacté au téléphone, Philippe Isnard m’a raconté
la manière dont il a appris sa sanction. Il s’était présenté au
lycée dès la fin de sa suspension provisoire, arrivée à son terme le
25 mars, pour reprendre son poste. Il en a été empêché.
Mieux : à l’entrée du lycée, jeudi, il a été
accueilli par quatre ou cinq personnes qui l’ont « accompagné »
jusqu’au bureau du proviseur, surveillant chacun de ses gestes,
l’empêchant de communiquer avec quiconque. Et c’est le proviseur qui
lui a signifié la sanction, sèchement, sans un mot pour l’homme dont
la carrière professionnelle a été brisée d’un trait de plume.
Philippe Isnard a donc été révoqué. Purement et
simplement. Sans indemnités, sans droits, sans rien. Jeté à la rue.
C’est la pire sanction qui puisse frapper un enseignant ou un
fonctionnaire.
S’il avait volé dans la caisse, frappé un élève,
manqué des cours sans raison, il n’aurait pas été puni plus
durement. Et même beaucoup, beaucoup moins.
S’il avait imposé la lecture d’un livre comportant
des scènes pornographiques, il ne se serait absolument rien passé et
les parents qui auraient osé s’en plaindre se seraient vu renvoyer
comme des ringards et des esprits étroits.
D’ailleurs ses collègues du collège qui enseignent
les « sciences de la vie et de la terre » à leurs élèves doivent
leur expliquer le comment et le pourquoi de la contraception, le
comment et le pourquoi du « droit » à l’avortement. C’est au
programme. C’est obligatoire. O combien. Pas question, même, pour
les établissements catholiques sous contrat, de refuser les manuels
qui diffusent cette pourriture.
La sanction prise contre Philippe Isnard, la plus
lourde qui existe dans l’Education nationale, est une sanction de
« niveau 4 ». Seul le ministre est habilité à la prendre. C’est donc
Luc Chatel en personne qui a décidé que l’avortement est, dans les
classes des écoles de la République, un tabou.
A titre de comparaison : Philippe Isnard lui-même
a fait partie il y a quelque temps d’une commission paritaire
chargée de juger deux enseignants poursuivis et condamnés pour des
faits de pédophilie. L’homme, convaincu de viols sur plusieurs
collégiens devant la justice pénale, avait été révoqué par le fait
même de sa peine de prison ferme. Mais la femme, condamnée à une
peine avec sursis pour complicité pour avoir photographié ces actes
immondes, a été simplement suspendue pour trois mois, et elle a
depuis réintégré son poste.
Il y a, et il y aura beaucoup à dire sur l’affaire
Isnard. Des irrégularités dans la procédure. De la manière dont ses
deux témoins devant la commission disciplinaire au rectorat
d’Aix-en-Provence ont été harcelés au cours de l’audience : on
demandait à Grégor Puppinck, directeur du Centre européen pour la
justice et le droit, et à Florence Allard, médecin à Marseille qui
connaît bien le traumatisme post-avortement, d’avouer qu’ils étaient
catholiques. Cela les aurait-il disqualifiés ? Poser la question,
c’est montrer jusqu’où va la discrimination. Déjà.
Philippe Isnard fera appel devant le tribunal
administratif.
La mobilisation est urgente. Il y va de la vérité
et de la justice.
• On peut suivre l’affaire Isnard et les actions
du mouvement pro-vie qu’il a créé à titre privé sur
proviefrance.blogvie.com.