« Malade ». « Dément ». C'est en
ces termes que l'avocat Geir Lippestad a présenté mardi son client,
Anders Behring Breivik. Ce Norvégien de 32 ans a reconnu
être l'auteur de l'attentat à Oslo vendredi et de la fusillade sur
l'île d'Utoeya sans toutefois plaider coupable, lundi, lors
d'une première comparution.
Au cours d'une conférence de presse placée sous le
signe de l'émotion, l'avocat norvégien a précisé que son client «
devait subir des examens médicaux ». Et si ces derniers
diagnostiquent une maladie mentale, « il ne pourra pas être
condamné à une peine de prison », a-t-il fait valoir. Anders
Breivik, qui a reconnu les faits mais refuse de plaider coupable, «
déteste tous ceux qui croient en la démocratie ». Il n'a
montré « aucun signe de commisération » et « considère
qu'une guerre est en cours », selon son avocat.
"Chevalier templier"
Par ailleurs, le juriste a ajouté que l'inculpé
est « surpris d'être arrivé à ses fins ». « Il pensait
qu'il serait tué après l'explosion, après l'opération sur l'île, et
il pensait également être tué au tribunal », a expliqué Me
Lippestad.
Renfermé sur lui même et bloqué dans son
idéologie, ce grand blond aux yeux translucides faisait part sur
Internet de son goût prononcé pour les jeux vidéo de guerre tel que
« World of Warcraft ». Juste
avant les faits meurtriers qui ont fait de lui un massacreur
sanguinaire aux yeux du monde entier, Anders Breivik avait publié
une vidéo et un manifeste de plus de 1.500 pages où il expliquait
être un « chevalier templier » qui veut déclencher une
guerre contre l'islam et les idées marxistes en Europe, à l'issue de
laquelle il sortira vainqueur.
Le fait de vivre « dans une bulle »
comme le souligne son avocat, a sans doute accentué le phénomène de
radicalisation. L'homme se serait comme inventé une vie pour
justifier sa présence sur terre. Convaincu d'aider l'humanité à
travers des actes terroristes qu'ils jugent utiles, Anders Breivik
s'est durci, renforcé dans son mal-être. Son univers est devenu
inaccessible, puisqu'il a coupé tous les ponts, avant de se sentir
investi de cette funeste mission. Il
aurait ainsi pris des médicaments, selon Me Lippestad, « pour
être fort, pour être efficace, pour être réveillé ».
Sur la piste d'autres suspects ?
Le principal suspect a également affirmé à son
avocat qu'il est membre d'une organisation anti-musulmane qui aurait
« deux cellules » présentes en Norvège et « plusieurs
autres » implantées à l'étranger.
Dans son manifeste, le tueur évoque notamment un
Britannique nommé Richard, qui serait son « mentor ». Il
mentionne une réunion qui aurait eu lieu à Londres en 2002, où les
participants, loin de correspondre au « stéréotype » du skin-head venu
de milieu défavorisé, seraient des « entrepreneurs qui ont
réussi, des leaders politiques ou du monde du business, certains
avec une famille, la plupart conservateurs chrétiens, mais d'autres
agnostiques, voire athées ». Il y aurait un Français parmi les
personnes qu'ils citent.
« Nous pensons que l'accusé est très peu
crédible quand il affirme cela, mais on n'ose pas totalement écarter
l'hypothèse », a déclaré un enquêteur. Les experts voient
surtout de la forfanterie dans les propos de Breivik.
Par ailleurs, Europol, l'organisation européenne
de coopération policière, a annoncé mardi qu'elle allait dresser un
« portrait exact et actualisé de l'extrémisme de droite » en
Europe suite à ces évènements. Elle devrait être aidée par des
experts du terrorisme et du renseignement, originaires de tout le
continent.