Xavier Dor, mon ami ! Les défenseurs de la vie, veilleurs de
notre conscience.
Le docteur Dor (qui a reçu le 5 octobre le prix de l’Agrif)
vient d’être condamné pour avoir montré des petits chaussons à
une femme venant avorter, espérant qu’elle écoute sa conscience
et renonce à la mort programmée pour son enfant. D’innombrables
témoignages nous le prouvent, la vie a souvent tenu au fil ténu
de la conscience.
Les juges ont parlé de « pression morale et
psychologique », « d’intimidation », la femme « d’avoir
culpabilisé » après cette rencontre « d’une violence inouïe ».
Pourtant, la science est sans appel là-dessus, l’avortement est
réellement la mise à mort d’un enfant conçu et s’y opposer est
un acte légitime pour toute personne dotée d’une conscience
droite. Les avorteurs et leurs complices s’en tirent par une
pirouette dialectique, « l’enfant n’existe que s’il est
l’objet d’un désir de projet parental ». Nier la science et
bafouer la raison, c’est une immense violence faite aux femmes
pour les rendre complices d’un acte de mort. Xavier Dor est dans
son droit de s’y opposer, en témoignant de la réalité que le
pouvoir et la culture de mort prétendent cacher.
Il ne sera jamais légitime de tuer une vie
humaine innocente. Et même si on le nie, de la détresse des
mères aux conséquences souvent dramatiques aux pères dépossédés
de leur responsabilité ou incapable de l’assumer, la violence
contre les enfants nés ne cesse de croître. L’enfant est trop
souvent devenu otage des désirs des parents à cause de ce droit
de lui refuser la vie. Le drame de la petite Fiona nous
bouleverse alors que tous les jours, on trouve normal de tuer
des milliers d’enfants dans le ventre de leur mère.
Les petits chaussons rappellent la fragilité
de l’enfance et la douceur de l’amour maternel. C’est
insupportable pour ceux qui ont anesthésié leur conscience. Les
premiers chrétiens témoignaient pacifiquement, comme le docteur
Dor, dans un monde aussi brutal et hédoniste que le nôtre,
refusant d’adorer les idoles et de mépriser la dignité humaine.
Leur foi et leur charité ont sauvé l’Antiquité païenne de sa
perte.
Adolescent, je croyais que la liberté sans
règle pouvait rendre heureux par la satisfaction de tous ses
désirs. J’ai vite compris que beaucoup de ceux avec qui je
militais dans l’anarchisme justifiaient leurs choix égoïstes ou
désespérés par des idées généreuses.
Quittant ce milieu où je ne trouvais plus ma
place, j’ai opéré un retour à la foi et une cohérence entre mes
actes et ce que je pensais. C’est dans ces dispositions que j’ai
eu l’occasion de défendre le respect de la vie, après l’avoir
combattu. J’ai compris que tous nos discours sur la dignité
humaine étaient du verbiage hypocrite si ceux qui ne peuvent se
défendre et risquent la mort à chaque instant ne bénéficiaient
pas de notre protection. J’ai rejoint ceux qui n’avaient pas
renoncé à défendre les plus faibles, dont un petit groupe pour
des opérations pacifiques destinées à marquer les esprits en
attirant les risques et les coups sur nous. Nous avons ainsi
empêché concrètement des avortements en bloquant les avortoirs
très tôt le matin par notre simple présence.
J’ai pu toucher du doigt le dévoiement du
corps médical dans une œuvre de mort qui dévore ses victimes,
préparant le terrain à l’euthanasie et l’eugénisme. Nous étions
au cœur de la machine de mort dans un endroit pourtant voué à
protéger et sauver la vie. Condamnés lourdement pour nous être
« opposés à l’application de la loi Veil », nous avons
rencontré parfois de la haine, mais aussi du soutien chez le
corps médical forcé d’assister impuissant à l’offense faite à sa
vocation. Depuis, les lois se sont encore durcies, les
consciences se taisent toujours autant, notre épiscopat est
singulièrement silencieux (1), seul résiste une petite frange
fidèle et très généreuse qui fait ce qu’elle peut pour résister
au Moloch assassin déguisé en « humanisme » et en « droits des
femmes ».
Un vieux monsieur de 84 ans, presque aveugle,
que j’ai toujours vu doux et attentif à son prochain, menacerait
l’édifice de la culture de mort (2) ? Soyons sérieux, la
compromission des élites et la lâcheté des gens de bien ne
suffisent plus et il faut empêcher par tous les moyens qu’on
dise la vérité aux femmes sur le terrible scandale de cet acte
si contraire à leur nature. Si un seul témoin gênant peut
perturber cet engrenage de mensonge, cela prouve que la vérité
peut être contagieuse.
Alors, Xavier Dor mon ami, vous êtes malgré
votre âge le veilleur imperturbable qu’on veut faire taire.
Antigone, il y a plus de deux mille ans, était un témoin
indésirable de ce terrible juge de nos actes, la conscience qui
ne connaît pas, comme Dieu, la miséricorde.
Nous leur faisons peur car, croyant dans
l’amour de notre créateur pour nous ses enfants, nous resterons
éternellement jeunes, contre les modes, le « vent de
l’histoire » (3), le lâche confort du renoncement et de
l’ignorance volontaire.
Pour demeurer digne du nom d’homme et de
femme, ne renonçons jamais à défendre le plus faible de notre
espèce, celui que nous avons tous été, que Notre-Seigneur
lui-même a voulu être. Pour défendre la cité, protégeons tous
ses enfants, quitte à passer aux yeux de certains pour de
mauvais citoyens.
Dominique Morin
dominique.morin.over-blog.com
(1) A l’exception de certains évêques et de
prêtres toujours plus nombreux.
(2) Avec d’autres, parmi lesquels le site
ivg.net qui ose informer sur la réalité de l’avortement et
« enmarchepourlavie.fr » qui nous donne rendez-vous le
19 janvier 2014.
(3) Si ce mythe idéologique était une énergie
renouvelable, la reconversion énergétique serait assurée !