Et alors ?

....la vie et la mort  ....

... Maurice Zundel....

                              

Dossiers :  la Mort

...

Auteur:  Maurice ZUNDEL

Source:  http://www.mort-thanatologie-france.com/resources/Index+Revue+E$CC$81tudes+sur+la+mort+2013.pdf

Date : reconstitué le 1.02.2014

....

L'AU-DELA, ICI ET MAINTENANT.
ESSAI SUR LA MORT DANS LA PENSEE DE MAURICE
ZUNDEL

« Le vrai problème n'est pas de savoir

si nous vivrons après la mort,

mais si nous serons vivant avant la mort"

 M. Zundel, A l'écoute du silence, Paris,

 

Etude pour la revue de la Société de Thanatologie :
Juin 2005

 

L'anthropologie de Maurice Zundel est celle des premiers temps du christianisme. Et sa Vision de la mort aussi. Que sa conception de l'homme soit purement ternaire, les quelques lignes que voici le disent clairement : « L'homme est un être à trois étages. Le premier étage est physiologique, le deuxième étage psychologique, le troisième est une simple possibilité : une aimantation, une Vocation. Les deux premiers sont préfabriqués : les étages physiologique et psychologique. C'est au troisième étage que se situe tout l'humain et tout le divin. Notre Vrai moi nous attend au troisième étage, car c'est là que la connaissance (le Dieu est inséparable de la connaissance de l'homme » (cf.' R.Hahachi, Panorama de la pensée de Maurice Zundel, 2003, p. 159).

 

« On n'a pas le temps, la vie passe si vite, on est occupé par les soucis matériels, ou par les divertissements ... et finalement la mort arrive et c'est devant la mort que l'on prend conscience que la vie aurait pu être quelque chose d'immense, de prodigieux, de créateur... Mais c'est trop tard... Et la vie ne prend tout son relief que dans l'immense regret d'une chose inaccomplie. Et les survivants sont là, à pleurer ceux qui ne sont plus, qui n'ont rien fait jaillir de leur existence et a la réalisation desquels les vivants ont si peu collaboré. C'est alors que la mort, justement parce que la vie a été inaccomplie, apparaît comme un gouffre... »1

Ainsi Maurice Zundel introduit-il son essai sur l'expérience de la mort. Ce texte comporte seulement une dizaine de pages, mais, comme en témoignent les lignes ci-dessus l'art de M. Zundel est de savoir, en quelques mots à peine, dire l'essentiel. Car il tiens que, concernant l'expérience possible de la mort, l'essentiel ici est dit. Mais quel est donc cet « essentiel » qui, sans doute, tient à cette « chose inaccomplie » ? Que signifie précisément cet « inaccomplissement de la vie » qui toujours est à la clé de la peur de la mort ? Telle est la question que je désire examiner plus particulièrement dans ce bref essai. Sachant qu'il y a là l'un des moyens les plus excellents de pénétrer au coeur de la pensée de Maurice Zundel sur la mort et l'au-delà. Sachant aussi que de faire connaître la manière dont Zundel concevait la condition humaine, ainsi que l'homme qui doit la subir, est l'une des fins les plus excellentes a laquelle une anthropologie, libérée de tout présupposé, puisse se consacrer aujourd'hui.

Maurice Zundel (1897-1975) naquit en Suisse. Prêtre sans paroisse, devenu prédicateur itinérant, il donna en France comme à l'étranger, en Angleterre, en Egypte et au Liban notamment, plusieurs centaines d'enseignements, conférences, homélies, retraites, causeries, discours... Auteur d'une vingtaine d'ouvrages, il resta néanmoins pratiquement inconnu de son vivant. Orateur hors du commun, penseur d'une profondeur exceptionnelle, qui toujours déjoue le piège des apparences pour aller droit aux essences qu'il éclaire d'une lumière incomparable, M. Zundel est aussi un esprit d'une rare culture, possédant des connaissances étendues dans de multiples disciplines et langues - il maîtrisait parfaitement le latin, le grec ancien, l'hébreu, l'arabe, ceci sans parler des langues courantes. Il est encore un esprit d'une tournure fondamentalement réaliste et qui sait, et qui ose, qualité inappréciable, appeler un chat un chat quelles que soient les circonstances. Mais tout ceci peut faire figure d'accessoire comparé à l'essentiel qui reste à dire, et qui tient au fait que Maurice Zundel est un mystique immense. Certainement l'un des plus importants des temps modernes. Ses intuitions, ses illuminations sont fulgurantes. A certains égards, et jusque dans leur formulation même, elles rappellent celles de Maître Eckhart. Ainsi que l'avait bien compris le pape Paul VI, qui le connut très tôt, Zundel est un véritable génie spirituel. Là est sans doute la raison, paradoxale, pour laquelle M. Zundel fut totalement incompris par ses supérieurs et demeure encore aujourd'hui si peu connu du monde. Car, l'histoire nous l'apprend, il faut aux hommes ordinaires souvent des dizaines d'années, voire plusieurs siècles, pour se familiariser avec de tels génies et commencer à en prendre la vraie mesure.

A la réflexion, le courage de ce prêtre étonne grandement. Car sa vision de l'homme et de Dieu ne fait rien moins que pulvériser l'anthropologie et la théologie officielles, celles léguées par le Concile de Trente et adoptées par l'Eglise moderne. En plein XXe siècle, Zundel se fait l'apôtre d'une anthropologie, d'une théologie et d'une thanatologie radicalement nouvelles. Radicalement nouvelles, certes, mais aussi extrêmement anciennes, puisqu'elles ne sont autres - mais sous une forme différente et approfondie - que celles l'Évangile et du christianisme originel, ainsi que je le montrerai dans ces lignes.

La manière dont tout homme conçoit et éprouve la mort est le strict reflet de celle dont il a conçu et vécu son humanité, de celle dont il a conçu et conduit sa vie. Le rapport de la conception de la mort à la conception de Dieu est lui aussi étroit, mais moins immédiat. C'est pourquoi cette étude ne considérera pas la théologie de M. Zundel. Cependant, afin que le lecteur en possède malgré tout une première idée, pour que celle-ci soit juste et pour ensuite ne plus y revenir, je rapporterai de la théologie zundelienne seulement quelques traits parmi les plus décisifs. Au vrai, la théologie de Maurice Zundel nous débarrasse d'un véritable cauchemar, cauchemar qui aurait dû être évacué depuis deux mille ans, mais qui hante encore les nefs des cathédrales, les sermons des prêtres, les pages des catéchismes et la foi des fidèles. A ce propos, Zundel dit magnifiquement, et il fallait pouvoir le dire : « Jésus, en nous révélant la Trinité, nous a délivré de Dieu » 2. Il nous a délivré de Dieu ! En effet, la révélation évangélique délivre de l'image imparfaite et grossière de Dieu laissée par l'Ancien Testament. Elle nous libère de ce Dieu qui est celui des Nations et qui ne se soucie guère des personnes, de ce Dieu menaçant, solitaire et impassible, de ce Dieu-empereur assis sur un trône et qui se déplace dans un char, de ce Dieu Tout-Puissant et faiseur de prodiges auquel l'univers tout entier est soumis, de ce «Dieu des armées », de ce Dieu Seigneur et Roi, guerrier et vengeur, qui n'hésite pas à tuer et massacrer, de ce Dieu magistrat et croquemitaine qui menace, juge et châtie impitoyablement ceux qui transgressent les interdits qu'il a lui-même édictés, de ce Dieu « plein de tendresse et de pitié » mais qui ne pardonne qu'à ceux qui lui obéissent, de ce Dieu capable d'envoyer ses propres créatures a la mort, de ce Dieu extérieur au monde et étranger aux souffrances de l'homme, de ce Dieu illusion dont aucun argument rationnel ne prouve l'existence et dont la simple éventualité, pour un homme conscient de son humanité et fier de sa liberté, constitue une injure insupportable puisque de .facto elle l'infantilise et le réduit à n'être qu'un simple faire valoir, ou un vulgaire domestique. Oui, Nietzsche eut cent fois raison de proclamer la mort de ce Dieu-là et le faisant il fit oeuvre très chrétienne. Car, dans l'ordre de l'essentiel, le Dieu de Jésus-Christ - le Vrai Dieu, dit Zundel -, avec le précédent, n'a strictement rien à voir. Il en est même l'antithèse. Et pour l'expliquer le prêtre suisse a des phrases et des expressions admirables. Pour lui la « Bonne Nouvelle » apportée par l' Evangile est justement : la fragilité, l'humilité, la pauvreté, la souffrance, l éternelle innocence de Dieu. Il écrit ainsi « Dieu ne peut que ce que peut l'amour » ; « Dieu est Dieu parce qu'il n'a rien »'3; « Dieu justement est amour rien qu'amour. Sa toute puissance est dans l'ordre de l'amour et elle devient toute impuissance, lorsqu'elle ne rencontre pas l'amour 4; « Dieu est Dieu parce qu'il n'a rien et ne peut rien avoir. Dieu est Dieu parce qu'il est incapable de rien dominer, parce qu'il ne peut que se donner "5

Le Dieu de Zundel est celui de Jésus-Christ. Il est celui de saint Jean : il est esprit, lumière et amour. Il est, dit-il, un « pur dedans ». Un Etre purement intérieur qui ne peut s'exprimer au-dehors, dans le monde, que grâce au consentement d'hommes qui, l'ayant accueilli au plus intime d'eux-mêmes, l'aiment d'un tel amour qu'ils parviennent à se dessaisir, à se désapproprier suffisamment d'eux-mêmes pour qu'Il puisse, en eux, et à travers eux, comme par transparence, rayonner et manifester ici-bas sa Présence. Ce Dieu si dépendant de l'homme que ce dernier, suivant son bon vouloir, peut lui interdire ici-bas toute existence, n'a, on le voit, plus rien d'impérial. Il est même si peu « romain » qu'on comprend que Rome peine encore à accepter la théologie zundelienne.

......

      

*

*    * 

*

 

 

..en proche relation ... Coqs ET Coqs ....EN coque EN... 

 

 

 

haut de page

nombre de consultation de cette page depuis sa création : Pages trouvées

 

... en France ..en Europe ...

...L'amour s'est en effet "refroidi »  ... la charité fait face à l'empire aujourd'hui planétaire de la violence....

Cette montée vers l'apocalypse est la réalisation supérieure de l'humanité. Or plus cette fin devient probable, et moins on en parle.

Il faut donc réveiller les consciences endormies.

Vouloir rassurer, c'est toujours contribuer au pire.

René Girard.

  

 

  "L'esprit constitue un champ de relations tourné vers la totalité de ce qui existe "  Joseph Pieper

Loin que ce soit être qui illustre la relation , c'est la relation qui illumine l'être.     Gaston Bachelard

Les composantes de la société ne sont pas les êtres humains, mais les relations qui existent entre eux.   Toynbee

 

 

  Â JE NOUS  

 

ÔùVrÔir