Une citation,
empruntée à un chapitre d'Ainsi parlait Zarathoustra, semble clore le
débat : "Tu vas voir les femmes ? N'oublie pas ton fouet !" écrit
le philosophe. Un peu plus loin, il récidive dans un aphorisme consacré à
l'"homme véritable" : il "veut deux choses : le danger et le jeu. C'est
pourquoi il veut la femme, le jouet le plus dangereux".
Son comportement
avec les femmes a pourtant peu à voir avec ces déclarations brutales.
Ses amies, mais
aussi la femme qu'il a le plus aimée, Lou Andreas-Salomé, auteur de
Friedrich Nietzsche à travers ses oeuvres, soulignent toutes son exquise
gentillesse et la grâce de ses manières à leur égard.
La jeunesse du
philosophe a eu pour cadre un univers féminin, celui de sa mère Franziska
et de sa soeur cadette Elisabeth. Son père meurt en juillet 1849, alors
que lui-même n'a pas encore 5 ans. A mesure que l'homme et le penseur
s'affirment, les conflits se multiplient avec sa famille. La rencontre
avec "la jeune Russe", Lou Salomé, en avril 1882, est une occasion de
forte tension. Mère et soeur s'opposent à cet amour de toutes leurs forces
et Nietzsche finit par se fâcher avec cette "fiancée impossible". En 1885,
il est désespéré par sa soeur, qui épouse Bernhard Förster, antisémite
notoire, et part s'installer au Paraguay, où le couple fonde une colonie
aryenne, Nueva Germania. Elle revient après le suicide de son mari, en
1889, pour s'occuper de son frère, malade. Commence alors une action
nocive sur l'oeuvre. En 1894, Elisabeth fonde les Archives Nietzsche, à
Weimar, et s'occupe de la publication tronquée des fragments posthumes
rassemblés sous le titre La Volonté de puissance. Ses manipulations de
textes et son adhésion, en 1930, au parti d'Adolf Hitler alimenteront la
légende infondée d'un Nietzsche précurseur du nazisme.
Voici quelques
citations de Nietzsche sur la femme, glanées ça et là. Il y a de quoi se
régaler aussi bien pour ceux qui pensent qu'il est misogyne, que pour les
défenseurs d'un Nietzsche antiféministe mais adorateur de la femme, qu'il
aurait trop idéalisée.
"Le bonheur est une femme."
"La femme est une surface qui mime la profondeur"
"La femme est la seconde faute de Dieu"
"La femme apprend à haïr dans la mesure où elle désapprend de
charmer."
"Où n’entrent en jeu ni amour ni haine, la femme n’est qu’une
médiocre actrice."
"Tu vas chez les femmes ? N'oublie pas le fouet ! " (Zarathoustra)
« Si les époux ne vivaient pas ensemble, les bons mariages seraient
plus fréquents »
« Les jeunes filles qui ne veulent devoir qu'à l'attrait de leur
jeunesse le moyen de pourvoir à toute leur existence et dont l'adresse
est encore soufflée par des mères avisées ont juste le même but que les
courtisanes, sauf qu'elles sont plus malignes et plus malhonnêtes »
(Humain, trop humain)
« O Criton ! commande donc à quelqu'un de mener ces femmes dehors ! »
[l'aristocrate de l'esprit doit préférer, selon Nietsche, le célibat]
« Les femmes, dit-il, veulent servir et y mettent leur bonheur ; et
l'esprit libre veut n'être pas servi et y met son bonheur. »
« l'homme doit être élevé pour la guerre, la femme pour le
délassement du guerrier, tout le reste est folie »
>>>>>>>
Nietzsche
et la femme ...et l'homme ...
Arnaud
Villani, 22 mars 2011 ( CREAN : Centre de Recherche Espace
Analytique de Nice
http://af.bibliotherapie.free.fr/Article%20Arnaud%20Villani.htm
........
Se retrouve alors une métaphore
musicale. Par son intelligence de maîtrise et sa présence
d'esprit, la femme est mélodie, tandis que l'homme est harmonie, fond
obscur de la volonté. Les femmes représentent l'entendement (notre
cerveau gauche) et les hommes la sensibilité passionnelle (notre cerveau
droit). D'où
la possibilité d'un échange continu où il ne s'agit pas tant de chercher
dans l'autre un complément qu'un achèvement de nos possibilités propres.
Ainsi, précise Nietzsche, l'homme recherchera la femme sensible et
profonde qui le parachève, tandis que la femme voudra un homme sagace,
brillant, doté de présence d'esprit, bref chacun ses propres qualités
mais transposées et poussées à leur terme[36]. On comprendrait alors
mieux des formules sibyllines dans lesquelles la femme parfaite serait
plus parfaite que l'homme parfait[37] (un principe de potentialisation
superlative que nous avons rencontré dans la musique et que j'ai nommé
physis physeôs,(1)
créer de quoi créer)
ou encore que la femme soit une statue accomplie alors que l'homme
serait plus prometteu
......
Femme idéale, homme idéal,
nous avons compris que c'était non le complément d'un manque, mais la
mise en boucle des qualités propres, sans céder sur elles et précisément
parce qu'on ne cède pas sur elles.
>>>>>
(1) trouvé via Google livre intéressant " Au
delà du renversement copernicien "

>>>>>>>>
.... et 'hcq
...parlerait d'un cheminement ENtre-soi ....
à compléter par une visite
sur le site de Philippe Granrolo
... « la femme parfaite est un type d’humanité
supérieur à l’homme parfait » (Humain, trop humain,
chapitre VII, § 377). On aurait aimé sans doute qu’il franchisse un pas
supplémentaire et qu’il finisse par affirmer que le Surhomme serait
féminin. ....
.... La division masculin/féminin, que ce
soit sous la forme animale d’une beauté masculine et d’une laideur
plutôt féminine, ou sous la forme humaine et beaucoup plus récente dans
le temps d’une beauté féminine et d’une laideur masculine, perdra
insensiblement de sa pertinence. Une féminisation de l’homme,
c’est-à-dire un embellissement de son corps et un souci croissant pour
la parure, semblent alors inéluctable. Quant à la femme, si elle s’est,
dans les premiers temps de ses combats féministes, masculinisée, tout
nous porte à croire qu’elle ne voit plus aujourd’hui dans sa
préoccupation pour la beauté un signe de soumission. La beauté,
définitivement libérée des contraintes de la survie animale, pourrait
bien à l’avenir devenir androgyne. En ce cas Platon, dans le plus
somptueux de tous ses dialogues, Le Banquet, nous aurait livré
non pas un mythe d’origine mais un récit d’anticipation.
>>>?????>>>>
Nietzsche et l'amour
Remy de
Gourmont ...1904 ...
http://agora.qc.ca/documents/nietzsche--nietzsche_et_lamour_par_remy_de_gourmont
Nietzsche avait peu d'expérience de l'amour. On dit même qu'il n'eut
jamais avec aucune femme que des relations d'amitié. Il a cependant,
comme tout bon philosophe, écrit et sur l'amour et sur les femmes. Un
jour, à Sorrente, il confia à Malvina de Meysenburg, le cahier manuscrit
qui contenait les aphorismes sur les femmes, parus depuis dans la
première partie de Humain, trop humain. Malvida prit le cahier, le lut,
et le rendit à Nietzsche en souriant. Il demanda l'explication du
sourire. « Ne publiez pas cela, répondit Mlle de Meysenburg. » Nietzsche
sembla froissé. il joignit le cahier au reste du manuscrit et envoya le
tout à son éditeur.
Le conseil de Malvida était bon. Les aphorismes de Nietzsche sur les
femmes forment la partie la moins intéressante de son oeuvre. Je ne
parlerai ici que du chapitre qui les concerne, dans Humain, trop humain.
Il y a sur les femmes et l'amour d'autres pensées que l'on pourra
examiner plus tard, dans Par delà le bien et le mal.
Le chapitre VII de Humain trop humain, intitulé « La femme et
l'enfant », débute par une idée juste et neuve : « La femme parfaite est
un type plus élevé de l'humanité que l'homme parfait : c'est aussi
quelque chose de plus rare. L'histoire naturelle des animaux offre un
moyen de rendre cette proposition vraisemblable. » Ce qui frappe surtout
dans cette pensée, c'est la dernière phrase, où il y a une magnifique
intuition de la vérité scientifique. Dans la plupart des espèces
animales, en effet, comme je l'ai démontré moi-même dans un livre
spécial (1), la femme est le type supérieur. Chez les insectes en
particulier, et chez les plus intelligents, la femelle remplit seule
presque toutes les fonctions sociales qui, dans l'humanité et chez les
oiseaux, sont partagées entre les deux sexes. Elle est à la fois la
constructrice du nid, l'amazone qui le défend contre les ennemis, la
chasseresse qui pourvoit de gibier sa progéniture; elle est tout. Le
mâle n'est presque rien : il paraît un instant, remplit son office
naturel, puis disparaît.
Il est resté à la femelle, dans les espèces supérieures, quelque
chose de cette activité. Si elle n'est plus l'activité même, elle en est
le principe; si elle ne construit pas la maison, c'est pour elle qu'on
la construit. Mais à défaut d'un compagnon, elle le construirait
elle-même. L'homme a un rôle immense dans la vie de la femme, mais il
est passager; tandis que le rôle naturel de la femme est durable.
L'homme ne représente que lui-même; la femme représente toute la
postérité. Dans tous les cas où la femme n'est que femme, mais
pleinement femme, elle est infiniment supérieure à l'homme. La société
est bâtie sur la femme; elle en est la pierre angulaire. C'est pour cela
même qu'elle déchoit chaque fois qu'elle abandonne son métier de femme
pour imiter les hommes.
Je suis loin de l'avis de Nietzsche quand il dit que la femme
parfaite est plus rare que l'homme parfait. Il est difficile, il est
vrai, de savoir ce que c'est que l'homme parfait. Il y a pour l'homme
bien des sortes de perfections, ou plutôt de supériorités. Pour la
femme, la perfection est unique: elle est parfaite, quand elle est femme
profondément, de la tête aux pieds et jusqu'au fond du coeur et qu'elle
remplit avec joie tous ses devoirs de femme, depuis l'amour jusqu'à la
maternité.
Tout le reste est grimace.
Ce premier aphorisme de Nietzsche semblerait indiquer chez lui,
malgré tout, une certaine connaissance, au moins théorique, de la femme;
c'est une illusion. La femme, même dans l'extrême civilisation, est
toujours beaucoup plus naturelle que l'homme, beaucoup plus près de la
vie, plus physique, en un mot. On ne peut parler d'elle sérieusement que
si on est ému pour elle d'une sympathie physique. Ceux qui sont
incapables de cela devraient s'abstenir. Parler de la femme comme d'une
abstraction est absurde. L'homme, non plus, n'est pas une
abstraction; mais il peut vivre dans l'abstraction, et cela est
impossible à la femme. Nietzsche le reconnaît dans les aphorismes
416 et 419: « Les femmes peuvent-elles d'une façon générale être justes,
étant si accoutumées à aimer, à prendre d'abord des sentiments pour ou
contre? C'est d'abord pour cela qu'elles sont rarement éprises des
choses, plus souvent des personnes... » Il croit cependant que c'est une
infériorité. Sans doute, s'il s'agit de raisonnements métaphysiques, de
philosophie; mais non, s'il est question de la vie pratique. Car les
idées n'existent qu'autant qu'il y a des hommes pour les penser et les
vivifier; il faut qu'elles s'incarnent pour acquérir la vitalité et la
force. Les femmes ont raison. Mais n'est-ce pas Nietzsche lui-même
qui a dit qu'un système de philosophie n'est que l'expression d'une
physiologie particulière? Si une femme avait aimé la philosophie de
Nietzsche (il y en a aujourd'hui), elle eût bien vite délaissé les
livres pour aller vers le philosophe. Les hommes, d'ailleurs, font-ils
autrement? Ceux qui admirent un écrivain ne désirent-ils pas le voir,
entendre sa voix, serrer sa main? Les femmes sont plus franches et plus
naturelles, voilà tout. On a maudit leur fourberie. Elles ne sont
fourbes que lorsque l'homme les contraint à se défendre contre lui. Il y
a beaucoup d'hommes trompés; il y a encore plus de femmes. Elles le
savent et, moins bêtes que les hommes, se fâchent moins souvent qu'eux.
Nietzsche connaît si mal les femmes que lui, le grand créateur
d'idées, de rapports nouveaux, il se trouve réduit à rédiger, sous
une forme nietzschéenne, des lieux communs. Il nous dit : « Les jeunes
filles qui ne veulent devoir qu'à l'attrait de leur jeunesse le moyen de
pourvoir à, toute leur existence et dont l'adresse est encore soufflée
par des mères avisées, ont juste le même but que les courtisanes, sauf
qu'elles sont plus malignes et plus malhonnêtes. » Mais nous avons lu
tant de fois cette maxime de faux moralisme qu'elle nous fait sourire, à
moins qu'elle ne nous exaspère. D'autres fois, il résume tout bonnement
en quelques lignes les opinions de Schopenhauer (aphorismes 411 et 414).
Ceci est amusant, mais est-ce bien nouveau.
« Les jeunes filles inexpérimentées se flattent de l'idée qu'il est
en leur pouvoir de faire le bonheur d'un homme; plus tard, elles
apprennent que cela équivaut à : déprécier un homme en admettant qu'il
ne faut qu'une jeune fille pour faire leur bonheur. »
Quel homme de n'importe quelle caste et de n'importe quel pays peut
admettre cette affirmation : « Avec la beauté des femmes augmente en
général leur pudeur. » Cela, c'est une signature. Quand on a écrit cela
dans une série de pensées sur les femmes, c'est à peu près comme si on
avait dit : « Voici des réflexions sur un sujet qui m'est totalement
inconnu. » Si quelque chose, en dehors de l'éducation, peut augmenter la
pudeur qui est naturelle aux femmes (jusqu'à un certain point), n'est-ce
pas, évidemment, le sentiment d'une imperfection physique?
Nietzsche se fait du mariage non pas une idée, mais un idéal bien
personnel. Il y a là un aveu d'une sincérité presque excessive : « ...
Le mariage conçu dans son idée la plus haute, comme l'union des âmes de
deux êtres humains de sexe différent,... un tel mariage qui n'use de
l'élément sensuel que comme d'un moyen rare, occasionnel, pour une fin
supérieure... » Je ne puis citer tout : Nietzsche exprime à peu près
cette idée qu'on ne peut aimer physiquement une femme que l'on estime
intellectuellement. Cela, c'est l'immoralité parfaite, l'immoralité
naïve d'un homme dont les sens sont muets, dont la sensibilité est toute
cérébrale.
Par un dernier mot, il repousse même cette illusion d'un mariage
purement métaphysique et contemplatif; et c'est en songeant à lui-même,
sans aucun doute, qu'il écrit : « Ainsi j'arrive, moi aussi, à ce
principe dans ce qui touche aux hautes spéculations philosophiques: tous
les gens mariés sont suspects. »
Ce qui est suspect, à la vérité, c'est l'opinion sur les femmes et
sur l'amour d'un homme, fût-il un grand philosophe, qui ignore et
l'amour et les femmes.
1904
(1) La Physique de l'Amour (5e édition).