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Auteur:   Jean-Yves Boulin Chercheur

Source:  http://www.revue-projet.com/articles/2003-1-les-temps-de-la-ville/

Date de l'original: 01.02.2003

Date de création de cette page : 09.05.2016

 

Des « bureaux des temps » s’ouvrent dans des villes qui prennent conscience de la difficulté pour les habitants de combiner les horaires de travail et ceux des services, des transports, etc. Les exigences nouvelles de mobilité sont facteurs d’inégalités. Comment synchroniser, sous d’autres modes, les temps d’un territoire ?

 

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Les transformations des usages du temps et de l’espace

Ces différentes initiatives résultent, en France, de la prise de conscience des dynamiques et dysfonctionnements sociaux et culturels pour la plupart antérieurs aux lois Aubry, mais révélés et catalysés par la mise en œuvre des 35 heures : difficulté croissante à combiner les différentes activités quotidiennes, (travail rémunéré d’un côté et celles situées dans la sphère familiale et sociale, hors travail rémunéré de l’autre) ; multiplication et diversification des usages du temps et des mobilités ; sensibilité croissante au regard des questions temporelles appréhendées tant en termes quantitatif (réduction du temps de travail) que qualitatif (maîtrise par chacun de ses propres structures temporelles).

Au-delà des politiques sociales, notamment celles relatives à la protection sociale, deux voies complémentaires semblent devoir être mobilisées afin de répondre à ces défis. La flexibilité équilibrée au sein des espaces de travail, entre les contraintes économiques de l’entreprise d’un côté et les contraintes et aspirations des salariés de l’autre, ouvre une première voie. Il s’agit de savoir si les partenaires sociaux peuvent intégrer les contraintes qui s’exercent sur le hors travail des salariés dans la négociation des horaires et durées du temps de travail.

Les politiques des temps de la ville constituent la seconde voie. Comment les acteurs locaux peuvent-ils éviter le creusement des inégalités sociales, de genre et de génération, dans les usages du temps et de l’espace ?

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Des modalités de synchronisation devenues inopérantes

Les politiques qui s’intéressent à l’ensemble des temps sociaux sont perçues en Europe comme un processus démocratique transversal. Elles répondent aux difficultés nouvelles d’organisation de la vie quotidienne résultant de l’individualisation des modes de vie, de l’évolution des rapports entre hommes et femmes, des transformations du temps de travail et de l’importance croissante des temps hors travail

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Vers de nouvelles formes d’articulation temps/espace

Nées en Italie, au milieu des années 80 dans leurs principes théoriques et à partir des années 90 dans leurs développements concrets, les politiques des temps de la ville répondent à l’enjeu de maîtrise du temps, principalement à travers le concept d’accessibilité. L’accessibilité peut se décliner au plan temporel (horaires d’ouverture et articulation entre les différents systèmes d’horaires), spatial (localisation des services), conceptuel (guichets uniques, bouquets de services, offres nouvelles), économique (coût des services) et morphologique (une articulation temps/espace qui favorise une plus grande égalité des usages du temps pour l’ensemble des catégories sociales, qui soit porteuse de cohésion sociale et non plus d’exclusion).

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Des enjeux d’égalité, de cohésion sociale, de maîtrise du développement

Les politiques des temps urbains répondent ainsi à des enjeux d’égalité, de cohésion sociale et de qualité de vie. Le modèle italien des temps de la ville est, entre autres, l’expression d’une aspiration à élaborer de nouveaux équilibres entre les temps sociaux fondés sur une distribution plus égalitaire des différentes activités constitutives de la vie quotidienne. Partout où ce type de politique s’est développé, la question de la combinaison des multiples tâches de la vie quotidienne constitue un de ses enjeux centraux.

L’analyse des premières expérimentations qui se déploient depuis quelques années en France (à Saint-Denis, Poitiers, Belfort, ou en Gironde, puis à Paris, Rennes, Lille, Nancy, Créteil...) révèle que les enjeux sous-jacents à la mise en œuvre de ces politiques sont multiples. Ils résultent des transformations du temps de travail : flexibilité des horaires, évolutions organisationnelles des entreprises, catalysées par la mise en œuvre des 35 heures, évolutions des statuts d’emploi (Saint-Denis, Poitiers), ou mise en œuvre de la RTT dans les collectivités territoriales (Gironde, Belfort). Il s’agit de concilier des objectifs tant individuels (entre le temps professionnel et le temps hors travail, à Saint-Denis, mais aussi à Paris où l’accent est mis sur les horaires d’ouverture des structures d’accueil des enfants), que collectifs (la coordination des différents systèmes d’horaires à l’échelon d’un territoire, particulièrement à Poitiers), ou en termes de nécessité de reconstituer les liens sociaux et de s’opposer aux dynamiques d’exclusion sociale (Saint-Denis, Rennes). Pour cela, il faut réduire les inégalités d’accès aux différents services (marchands et non marchands) de la ville en articulant des politiques d’horaires des services avec des dynamiques spatiales (localisation et regroupement des services), sociales (développement des services de proximité, accessibilité favorisée aux personnes en situation fragile) ou culturelles (développement des infrastructures culturelles).

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Un nouveau type de gouvernance

La prise en compte des différentes dimensions du temps sur un territoire suscite une remise en question des modes de gestion et d’utilisation du temps de la part des différents acteurs, publics comme privés, qu’ils soient prestataires de services, employeurs, usagers, clients, salariés ou citoyens. L’échelle du pays ou de l’agglomération semble la plus adéquate, elle est lisible pour l’ensemble des usagers. Elle permet de penser les dynamiques consacrées par les différents textes de lois relatifs au temps de travail (lois Aubry) ou à l’aménagement du territoire (lois Voynet, Chevènement et Gayssot) dont les effets de recomposition des temps et de reconfiguration de l’espace sont potentiellement importants.

Les analyses comparées menées en Europe 6 révèlent que le temps est aujourd’hui au centre des réflexions, des discours, des processus de planification et des réponses aux questions urbaines. Une nouvelle forme de stratégie accompagne les politiques des temps urbains, qui reposent sur de nouvelles formes de participation, comme les forums de citoyens, ou des enquêtes publiques, et sur une coopération entre les divers services de l’administration locale. Les Italiens, imités par les Allemands, puis par les Français, ont inventé les « bureaux du temps 7 ». Il s’agit d’une structure, municipale ou fortement articulée à l’action de la collectivité territoriale, qui assure cette transversalité tout en étant à l’écoute des habitants, des utilisateurs du territoire, en même temps qu’elle les associe à la formulation des problèmes et des solutions. Dans le cadre de ce dialogue sociétal et avec l’aide des bureaux du temps, doivent se construire les compromis destinés à résoudre les conflits temporels inhérents à nos sociétés individualisées et diversifiées.

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L’émergence d’une dynamique européenne

Si les tendances d’évolution et les problématiques sous-jacentes aux politiques temporelles sont communes à la plupart des pays européens, ces politiques ne se sont développées, à ce jour, de façon claire, c’est-à-dire comme un processus transversal et articulé, que dans quatre pays : Allemagne, Italie, France et Pays-Bas. Elles y connaissent d’ailleurs des développements différents et ne font sens qu’en fonction des contextes socioculturel, économique et politique de chaque société. En Italie, en Allemagne et en France, on observe un ancrage territorial de ces politiques, qui tendent alors à se diffuser par connaissance mutuelle, à travers la mise en réseau des villes et territoires et la mutualisation des outils et méthodes d’analyse et de représentation (cartes chronotopiques ou chronographiques). On peut, à cet égard, parler de politiques temporelles locales.

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Les politiques des temps de la ville nous paraissent devoir être intégrées à la perspective d’une évolution du modèle social européen dont la dimension temporelle a jusqu’ici été largement ignorée. Au-delà de leur aspect fonctionnel (meilleure organisation des services publics, conditions de leur accessibilité, etc.), elles comportent, en effet, une dimension culturelle indéniable : elles visent un « bien-être temporel ou time welfare 8 ». Il s’agit de prendre la mesure des changements objectifs relatifs aux temps quotidiens (accélération, fragmentation, inégalités), mais également aux représentations et valeurs attachées aux différents temps sociaux. Si l’on retient la définition de la « prospérité temporelle », avancée par Garhammer, on y retrouve les notions de maîtrise et d’accessibilité. Elle suppose la disponibilité d’un temps de loisir approprié, une souveraineté temporelle individuelle et l’inclusion dans un ensemble d’institutions temporelles collectives (les services et leur accessibilité), qui confèrent un sentiment de sécurité et de prédictibilité de la vie quotidienne et du déroulement des temps de la vie.

Jean-Yves Boulin

 

 

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...L'amour s'est en effet "refroidi »  ... la charité fait face à l'empire aujourd'hui planétaire de la violence....

Cette montée vers l'apocalypse est la réalisation supérieure de l'humanité. Or plus cette fin devient probable, et moins on en parle.

Il faut donc réveiller les consciences endormies.

Vouloir rassurer, c'est toujours contribuer au pire.

René Girard.

  

 

  "L'esprit constitue un champ de relations tourné vers la totalité de ce qui existe "  Joseph Pieper

Loin que ce soit être qui illustre la relation , c'est la relation qui illumine l'être.     Gaston Bachelard

Les composantes de la société ne sont pas les êtres humains, mais les relations qui existent entre eux.   Toynbee

 

 

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