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Hannah Arendt  .....     

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Chronologie et Glossaire

et  Citations

Chronologie

Chronologie

Les dates de publication sont celles de l'édition américaine.

1906: Naissance de Hannah Arendt, le 14 octobre, à Linden près de Hanovre. Enfant unique de Martha Cohn et Paul Arendt. 1913: Mort du père.

1923 : À seize ans, elle estimera avoir lu « à peu près tout ». Elle s'intéresse plus particulièrement aux oeuvres de Kant, de Goethe, de Kierkegaard.

1924-1928 : Études universitaires de philosophie, de théologie et de grec auprès de Heidegger à Marburg, de Husserl à Fribourg, de Jaspers à Heidelberg. Elle soutient auprès de ce dernier sa thèse sur Le Concept d'amour chez saint Augustin.

1926 : Découvre le sionisme et devient militante grâce à Kurt Blumenfeld, alors dirigeant du mouvement sioniste en Allemagne.

1929 : Se marie à Berlin avec Günther Stern. Elle commence à tra­vailler à Rahel Varnhagen : la vie d'une juive allemande à l'époque du romantisme, publié en 1938.

1933-1943 : Membre de l'Organisation mondiale sioniste.

1933 : Arrestation par la Gestapo, alors qu'elle compile des textes antisémites pour dénoncer la politique nazie. Se réfugie à Paris et devient apatride.

1936: Fréquente Walter Benjamin à Paris.

1940 : Après avoir été internée au camp de Gurs dans le sud de la

France, elle part vivre aux États-Unis avec sa mère et Heinrich

Blücher, son second mari. Benjamin se suicide.

1944 : Publication de La Tradition cachée, qui interroge le statut

social, intellectuel et psychologique du juif à l'époque moderne.

1948 : Mort de sa mère.

1951 : Elle obtient la nationalité américaine. Publication de la première édition des Origines du totalitarisme. L'ouvrage rencontre un large écho, en partie polémique. Ce sera le destin d'une bonne part des publications d'Arendt, qui gênera la réception de son oeuvre.

1953-1956 : Chargée de cours à Princeton, à Harvard, à la New School for Social Research de New York, à Chicago.

1958 : Publication de La Condition de l homme moderne.

1961 : Envoyée spéciale du New Yorker à Jérusalem pour couvrir le procès Eichmann. Publication de La Crise de la culture.

1963 : Publication remarquée d'Eichmann à Jérusalem, qui est mal comprise et jugée diffamatoire par certaines organisations juives. La polémique retentit jusqu'en Europe et fausse la compréhension qu'on se fait du travail d'Arendt. Publication de Sur la révolution.

1963-1967: Professeur à l'université de Chicago.

1967: Publication de Du mensonge à la violence.

1967-1975 : Professeur à la New School for Social Research de New York.

1969 : Mort de Karl Jaspers, son professeur et ami.

1970 : Mort de Heinrich Blücher.

1971 : Publication des Considérations morales.

1973-1974 : Cours sur la pensée et le vouloir, qui occuperont la

dernière partie de son oeuvre, laissant inachevé le troisième volet (« Juger ») d'une trilogie consacrée à la vie de l'esprit. 1975 : Hannah Arendt meurt le 4 décembre d'un infarctus.

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Glossaire

Le vocabulaire et les formes de langage qu'utilise Arendt dans ses écrits sont souvent faussement proches de la langue commune. Si elle manifeste relativement peu cette propension à créer des concepts qui caractérise le philosophe, Arendt développe un usage très précis et spécifié de certains termes, qui constituent comme des éléments fondamentaux de sa pensée auxquels viennent s'accrocher les développements.

Droit positif   droit naturel    Espace d'apparence   Esseulement/désolation 

Événement    Fabrication    Fait/droit     Légalité/légitimité    Monde

Oeuvre    Penser/connaître    Pluralité    Polis    Public/privé    Social

Tradition     Travail   Vita activa     Vita contemplativa

 

Action : l'action représente le troisième et dernier niveau de l'activité humaine, celui par lequel elle parvient à son plus grand déploie­ment. L'action, qui est politique dans sa forme éminente, concerne les rapports des hommes entre eux en tant qu'ils construisent librement les conditions de leur existence dans la pluralité. (  rs :....et là encore ne faudrait-il pas placer en premier le rôle d'éducateur .... de formateur de tout parent-ensembles-homocoques vis à vis de leurs enfants  ? .... l'homistrate d'ailleurs délégue rapidement cette fonction....se limitant souvent à la fonction "travail "  .... "fabrication" biologique de la vie )

Droit positif/droit naturel : opposition majeure de la philosophie politique classique et moderne, qui recoupe celle entre légalité et légitimité. Le droit positif, c'est le droit (lois, règlements, etc.) qui existe en fait, à telle ou telle époque, dans telle ou telle société. Le droit naturel est un droit déclaré indépendant des conventions des hommes et donné à chaque homme en tant qu'homme (rs: ... par qui ?...au mieux il faudrait parler de lois naturelles celles de la création... exemple: celles relatives à la vie sur cette terre...aux conditions d'existence....v. Le droit des coques) Voir, non en tant que citoyen (c'est le cas des droits de l'homme). Le droit naturel est un outil efficace de critique du droit positif, même si l'analyse que fait Arendt du statut des apatrides conduit à une critique des droits de l'homme tels qu'ils se présentent au milieu du siècle, et qui ne parviennent pas, au contraire de leur ambition de principe, à protéger l'individu séparé d'une communauté nationale. (rs ....très significatif comme réserve... l'homme n'existe qu'en tant que membre d'une communauté... en tant que qu'ensembles-homocoques ...L'homme en tant que tel n'existe pas...il y a qu'une communauté qui puisse faire respecter ce droit )

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Espace d'apparence : hors de la sphère privée et intime, soustraite au regard, le politique ( RS : l'action ...la Vita activa )a besoin pour se déployer d'un espace où apparaître au vu et au su de tous, où gagner une « publicité », selon le sens classique du terme. Cet espace qui dans l'Antiquité prenait les formes physiques concrètes de l'agora ou du forum est nécessaire pour qu'émerge un sens du politique. En son sein se produit ce qui est jugé digne d'être su de tous et conservé ce qui intéresse chacun.... .... et tout un et chac-un  ..

( Rs : ...cet espace d'apparence est, me semble-t-il aujourd'hui,  devenu un espace de l'apparence... de la publicité commerciale et politique... d'ailleurs ce sont les mêmes conseillers pour l'un et l'autre... de la propagande. Ces "espaces d'apparence sont essentiels à la démocratie sinon nous virons vers la démocratie totalitaire. ''   ... fruit de l'esseulement.. de la désolation ...de la déréliction.......(http://fr.wiktionary.org/wiki/d%C3%A9r%C3%A9liction)

( Totalitarisme qu'a bien analysé Hannah Arrendt )

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Esseulement/désolation : situation sociale et affective de l'homme moderne, en proie à la disparition des rapports avec autrui au sein d'un monde commun, à la suite de la rupture avec la tradition, c'est­à-dire avec une signification instituée donnée à l'existence. Le totalitarisme apporte dans l'organisation des masses une réponse à cet esseulement.

Événement : surgissement dans l'histoire d'une nouveauté cohérente qui ne peut être pensée dans les termes de la tradition, sous peine d'être méconnue, mais nécessite un nouvel effort de la réflexion.

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Fabrication : procédé qui organise des moyens en vue d'une fin, selon la considération de l'utile et de l'efficace. La fabrication se rapporte à l'homme comme Homo faber (comme faiseur d'ceuvres). Elle menace la compréhension de l'action politique, devenue simple ajustement des moyens en vue de la fin, alors qu'elle devrait d'abord se soucier de la fin elle-même (du sens et non de l'utilité).

Fait/droit : opposition majeure de la philosophie politique classique et moderne, distinguant d'une part ce qui existe (le fait) et d'autre part ce qui doit exister (le droit). Cette distinction est importante dans la mesure où le fait ne vaut pas pour le droit, c'est-à-dire que la simple existence d'une chose ne la justifie pas et ne suffit pas à la fonder (à lui donner droit à être)....(r. s. :...sinon qu'aujourd'hui, on adapte en permanence le droit aux faits..)

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Légalité/légitimité : opposition majeure de la philosophie politique classique et moderne. La légalité renvoie à la loi telle qu'elle existe en fait (ainsi on peut suivre une loi injuste et être dans la légalité, comme Eichmann), la légitimité, elle, renvoie à la loi ou à la norme telle qu'on pense qu'elle devrait exister (je peux me révolter contre une loi que j'estime inique, par exemple au nom de la justice).(r. s.... ou au nom de son éthique... de sa foi... de la loi naturelle... si on admet celle-ci)

Monde : séjour des hommes en tant qu'il est construit et élaboré par eux, non en tant que donné naturel. Le monde est le fruit des conditions collectives de notre existence et du sens que nous y mettons.

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OEuvre : l'oeuvre représente le second niveau de l'activité humaine, par laquelle quelque chose de durable est créé, qui demeure et nous permet d'exister dans un monde stable qui est nôtre. Cette modification par l'homme du donné donne lieu à l'histoire et à la tradition en ce qu'elle permet une accumulation et une sédimentation des significations dans les oeuvres de l'esprit (art, science) tout comme dans les oeuvres de la matière (technique, artisanat). Elle fait de l'homme un Homo faber. ( rs: ne devrait-t-on pas y placer et en premier la maternité?....)

Penser/connaître : la pensée se distingue selon Arendt de la connaissance en ce qu'elle ne suppose pas un savoir positif mais d'abord la faculté de questionner tout ce qui est su ou jugé tel. Penser n'est pas gagner une certitude, même bien fondée, comme tend à le faire la connaissance objective, mais au contraire tenter d'ébranler les certitudes, au risque parfois d'égarer celui qui réalise cet effort. Cette distinction, inspirée de Kant, est surtout présente dans les derniers travaux d'Arendt et en particulier dans les Considérations morales.

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Pluralité : la pluralité est la condition fondamentale de toute politique. Elle désigne l'ordre complexe de l'interaction entre les hommes, la réalité dans laquelle ils vivent, jamais réductible à la simplicité d'une idée ou d'un principe, mais toujours portée par la contingence, par la différence et par la fragilité des formes et des résultats de l'action. La politique authentique est une action qui s'accommode de la pluralité et ne prétend pas la réduire, comme l'ont fait, selon des modalités diverses, le totalitarisme (unification des masses) et la philosophie politique (qui part de l'idée d'homme en général et non de la pluralité concrète des individus).

Polis : mot grec qui désigne la cité en tant qu'elle forme un État et s'organise autour d'une sphère de la liberté où les affaires publiques sont débattues. L'Athènes du Ve siècle av. J.-C. incarne le modèle de la  polis.

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Public/privé : opposition constitutive du politique selon Arendt, qui s'opère lors de la naissance de l'espace public à Athènes au ve siècle av. J.-C. : d'un côté les hommes libres, soucieux du public, c'est-à­dire des affaires communes, et qui en débattent librement, de l'autre la sphère obscure de la vie privée, où chaque homme libre règne en maître domestique sans rendre de compte à sa famille ni à ses esclaves.

Social : le social désigne pour Arendt un phénomène récent d'invasion de la sphère publique par la dimension privée de l'existence. Quand l'État moderne commence à prendre en considération des besoins issus de la sphère privée (bonheur individuel), et à organiser exclusivement selon ces besoins les choix politiques grâce au développement bureaucratique, il se présente un risque pour l'action politique, qui est dégradée dans une forme inférieure de l'activité (l'oeuvre) où priment l'intérêt utilitaire et le raisonnement fabricateur. Le social désigne donc en définitive cette corruption moderne du politique dans la simple administration des affaires publiques.

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Tradition : la tradition désigne la fidélité à un système de croyances et d'idées qui organisaient notre expérience du monde, et en particulier notre expérience politique, depuis les débuts de la civilisation européenne (Athènes et Rome). Elle s'est particulièrement constituée, depuis Platon jusqu'à Marx, en une philosophie politique qui paradoxalement mettait à l'écart le politique. Le totalitarisme et la sécularisation moderne ont cependant rompu le fil de la tradition, nous confrontant à des expériences à la limite du pensable. Mais cette rupture est aussi une chance en ce qu'elle permet de réinterroger cette tradition, devenue disponible puisqu'elle ne configure plus a priori notre expérience. C'est dans cette interrogation de la modernité à partir de la tradition qui la fonde que consiste une grande part dé l'oeuvre d'Arendt.

Travail : le travail est la dimension de notre activité qui vise à assurer la satisfaction de nos besoins, dans la production et la consommation de biens. Ce cycle, qui fait de l'homme un animal laborara, ne crée rien, n'amène rien de nouveau à l'être. Il est nécessaire seules ment comme condition de nos activités ultérieures. Arendt déplore que ce mode de notre activité tende à supplanter les deux autres (oeuvre et action) à l'âge moderne, pour nous livrer à la répétition dépourvue de sens du travail et du loisir comme pur divertissement.

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Vita activa: traduction médiévale du bios politikos d'Aristote, pouf désigner un genre de vie consacré aux affaires publiques et soucieux du monde.

Vita contemplativa : traduction médiévale du bios theôretikos d'Aristote, pour désigner un genre de vie consacré à la connaissance pure et dédaigneux du monde.

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Ceci est extrait de l'introduction à l'oeuvre d'Hannah Arrendt par M. Raynald Belay, paru dans l'un des tomes de la collection Philosophie contemporaine, publié par France-Loisirs.

30.11.02

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CITATIONS

«Le tiers monde n'est pas une réalité mais une idéologie.»

 Hannah Arendt  - Du mensonge à la violence

 

«Si tu réussis à paraître devant les autres ce que tu souhaiterais être, c'est tout ce que peuvent exiger de toi les juges de ce monde.»

[ Hannah Arendt ] - Extrait d’ Essai sur la révolution

 

«La société de masse ne veut pas la culture mais les loisirs.»

[ Hannah Arendt ]

 

«Le progrès et la catastrophe sont l'avers et le revers d'une même médaille.»

[ Hannah Arendt ]

 

«Aimer la vie est facile quand vous êtes à l’étranger. Là où personne ne vous connaît, vous tenez votre vie entre vos mains, vous êtes maître de vous-mêmes plus qu’à n’importe quel moment.»

[ Hannah Arendt ] - Rahel Varnhagen

 

«Les mouvements totalitaires sont des organisations massives d’individus atomisés et isolés.»

[ Hannah Arendt ] - Les origines du totalitarisme : le système totalitaire

 

«L’absence ou le mépris du programme n’est pas nécessairement un signe de totalitarisme.»

[ Hannah Arendt ] - Les origines du totalitarisme : le système totalitaire

 

«Sans les masses, le chef n’existe pas.»

[ Hannah Arendt ] - Les origines du totalitarisme : le système totalitaire

 

«Aucune philosophie, aucune analyse, aucun aphorisme, aussi profonds qu'ils soient ne peuvent se comparer en intensité, en plénitude de sens, avec une histoire bien racontée.»

[ Hannah Arendt ]

 

«La pensée naît d'événements de l'expérience vécue et elle doit leur demeurer liée comme aux seuls guides propres à l'orienter.»

[ Hannah Arendt ]

 

«Pour être confirmé dans mon identité, je dépends entièrement des autres.»

[ Hannah Arendt ]

 

«Les mots justes trouvés au bon moment sont de l'action.»

[ Hannah Arendt ]

 

«C'est justement pour préserver ce qui est neuf et révolutionnaire dans chaque enfant que l'éducation doit être conservatrice, c'est-à-dire assurer “la continuité du monde”.»

[ Hannah Arendt ] - La Responsabilité

 

«C'est dans le vide de la pensée que s'inscrit le mal.»

[ Hannah Arendt ]

 

«La principale caractéristique de l’homme de masse n’est pas la brutalité ou le retard mental, mais l’isolement et le manque de rapports sociaux normaux.»

[ Hannah Arendt ] - Les Origines du totalitarisme : le système totalitaire

 

«Il faudrait bien comprendre que le rôle de l'école est d'apprendre aux enfants ce qu'est le monde, et non pas leur inculquer l'art de vivre.»

[ Hannah Arendt ]

 

 

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