Le vocabulaire et
les formes de langage qu'utilise Arendt dans
ses écrits
sont souvent faussement proches de
la langue commune. Si elle
manifeste relativement peu cette propension
à créer des concepts qui
caractérise le philosophe, Arendt développe
un usage très précis et spécifié de certains
termes, qui
constituent comme des éléments
fondamentaux de sa pensée
auxquels viennent s'accrocher les développements.
Droit positif
droit naturel
Espace d'apparence
Esseulement/désolation
Événement Fabrication
Fait/droit
Légalité/légitimité
Monde
Oeuvre
Penser/connaître Pluralité
Polis
Public/privé Social
Tradition Travail
Vita activa
Vita contemplativa
Action
:
l'action
représente le troisième et dernier niveau de l'activité humaine, celui
par lequel elle parvient à son plus grand déploiement.
L'action, qui est politique dans sa forme éminente,
concerne les rapports
des hommes entre eux en tant qu'ils construisent librement
les conditions de leur existence dans la pluralité. ( rs
:....et là encore ne faudrait-il pas placer en premier le rôle
d'éducateur .... de formateur de tout parent-ensembles-homocoques vis à vis de
leurs enfants ? .... l'homistrate d'ailleurs délégue rapidement
cette fonction....se limitant souvent à la fonction "travail "
.... "fabrication" biologique de la vie
)
Droit positif/droit naturel
:
opposition majeure de la philosophie
politique classique et moderne,
qui recoupe celle entre légalité et légitimité.
Le droit positif, c'est le droit (lois, règlements, etc.)
qui existe en fait, à telle
ou telle époque, dans telle ou telle société.
Le droit
naturel est un droit déclaré
indépendant des conventions des hommes
et donné à chaque homme en tant
qu'homme (rs: ... par qui ?...au mieux il faudrait parler de lois
naturelles celles de la création... exemple: celles relatives à la vie
sur cette terre...aux conditions d'existence....v.
Le
droit des coques) Voir, non en tant que
citoyen (c'est le cas des droits de l'homme). Le droit naturel
est un
outil efficace de critique du
droit positif, même si l'analyse que
fait
Arendt du statut des apatrides
conduit à une critique des droits
de
l'homme tels qu'ils se présentent au milieu du siècle, et qui ne
parviennent pas, au contraire de leur ambition de principe, à
protéger
l'individu séparé d'une communauté nationale. (rs
....très significatif comme réserve... l'homme n'existe qu'en tant que
membre d'une communauté... en tant que qu'ensembles-homocoques ...L'homme en
tant que tel n'existe pas...il y a qu'une communauté qui puisse faire
respecter ce droit )
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Espace d'apparence
:
hors de la sphère privée et intime, soustraite au
regard, le politique ( RS : l'action ...la
Vita activa
)a besoin pour se déployer d'un espace où apparaître
au vu et au su de tous, où gagner une « publicité », selon le sens
classique du terme. Cet espace qui dans l'Antiquité prenait les formes
physiques concrètes de
l'agora
ou du
forum
est nécessaire pour
qu'émerge un sens du
politique. En son sein se produit ce qui est
jugé digne d'être
su de tous et conservé ce qui intéresse chacun....
.... et tout un et chac-un ..
( Rs : ...cet
espace d'apparence est, me semble-t-il aujourd'hui, devenu un espace de
l'apparence... de la publicité commerciale et politique... d'ailleurs
ce sont les mêmes conseillers pour l'un et l'autre... de la
propagande. Ces "espaces d'apparence
sont essentiels à la démocratie sinon nous virons vers la
démocratie totalitaire.
'' ... fruit de l'esseulement..
de la désolation ...de la déréliction.......(http://fr.wiktionary.org/wiki/d%C3%A9r%C3%A9liction)
(
Totalitarisme qu'a bien analysé Hannah Arrendt
)
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Esseulement/désolation
:
situation sociale
et affective de l'homme
moderne, en proie à
la disparition des rapports avec autrui au sein d'un monde commun, à
la suite de la rupture avec la tradition, c'està-dire
avec une signification instituée donnée à l'existence. Le totalitarisme
apporte dans l'organisation des masses une réponse à cet
esseulement.
Événement :
surgissement dans l'histoire d'une nouveauté cohérente
qui ne peut être pensée dans les termes de la tradition, sous
peine d'être
méconnue, mais nécessite un nouvel effort de la réflexion.
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Fabrication :
procédé qui organise des moyens en vue d'une fin,
selon la considération de l'utile
et de l'efficace. La fabrication se rapporte
à l'homme comme Homo faber
(comme faiseur
d'ceuvres). Elle
menace la compréhension de l'action politique, devenue
simple ajustement
des moyens en vue de la fin, alors qu'elle devrait d'abord se
soucier de la
fin elle-même (du sens et non de l'utilité).
Fait/droit :
opposition majeure de la philosophie
politique classique et moderne,
distinguant d'une part ce qui existe (le fait) et
d'autre part ce qui doit exister
(le droit). Cette distinction est importante
dans la mesure où le fait ne vaut pas pour le droit, c'est-à-dire
que la simple existence
d'une chose ne la justifie pas et ne suffit pas
à la fonder (à lui
donner droit à être)....(r.
s. :...sinon qu'aujourd'hui, on adapte en permanence le droit aux
faits..)
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Légalité/légitimité
: opposition majeure de la
philosophie politique classique
et moderne. La légalité renvoie à la loi telle qu'elle
existe en fait (ainsi on peut
suivre une loi injuste et être dans la
légalité, comme Eichmann), la
légitimité, elle, renvoie à la loi ou à la
norme telle qu'on pense qu'elle
devrait exister (je peux me révolter
contre une loi que
j'estime inique, par exemple au nom de la justice).(r. s.... ou au
nom de son éthique... de sa foi... de la loi naturelle... si on admet
celle-ci)
Monde :
séjour des hommes
en tant qu'il est construit et élaboré
par eux, non en
tant que donné naturel. Le monde est le fruit des conditions
collectives
de
notre
existence
et
du
sens
que nous y mettons.
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OEuvre :
l'oeuvre représente le second
niveau de l'activité humaine, par laquelle quelque chose de
durable est créé, qui demeure et nous
permet d'exister dans un monde
stable qui est nôtre. Cette modification
par l'homme du donné donne lieu à l'histoire et à la tradition
en ce qu'elle permet une
accumulation et une sédimentation des significations
dans les oeuvres de l'esprit (art, science) tout comme dans les
oeuvres de la matière (technique, artisanat). Elle fait de l'homme un
Homo
faber.
( rs: ne devrait-t-on pas y placer et en premier la maternité?....)
Penser/connaître :
la pensée se distingue selon Arendt de la
connaissance en ce qu'elle ne
suppose pas un savoir positif mais
d'abord la faculté de questionner
tout ce qui est su ou jugé tel. Penser n'est pas gagner une
certitude, même bien fondée, comme tend à le
faire la connaissance objective,
mais au contraire tenter d'ébranler les certitudes, au risque parfois
d'égarer celui qui réalise cet effort. Cette distinction,
inspirée de Kant, est surtout présente dans les derniers
travaux d'Arendt
et en particulier dans les
Considérations
morales.
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Pluralité :
la
pluralité est la condition fondamentale de toute politique.
Elle désigne l'ordre complexe de l'interaction entre les hommes,
la réalité dans laquelle ils
vivent, jamais réductible à la simplicité d'une
idée ou d'un principe, mais
toujours portée par la contingence, par la différence et par la
fragilité des formes et des résultats de l'action. La
politique authentique est une
action qui s'accommode de la pluralité et ne prétend pas la
réduire, comme l'ont fait, selon des modalités
diverses, le totalitarisme
(unification des masses) et la philosophie
politique (qui part de l'idée
d'homme en général et non de la pluralité
concrète des
individus).
Polis
:
mot grec qui
désigne la cité en tant qu'elle forme un État
et s'organise
autour d'une sphère de la liberté où les affaires publiques
sont
débattues. L'Athènes du Ve siècle av.
J.-C. incarne le modèle de
la
polis.
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Public/privé :
opposition
constitutive du politique selon Arendt,
qui s'opère lors
de la naissance de l'espace public à Athènes au ve siècle
av.
J.-C. : d'un
côté les hommes libres, soucieux du public, c'est-àdire
des affaires communes, et qui en débattent librement, de l'autre
la sphère obscure de la
vie privée, où chaque homme libre règne en
maître domestique
sans rendre de compte à sa famille ni à ses esclaves.
Social :
le social désigne
pour Arendt un phénomène récent d'invasion
de la sphère publique par la dimension privée de l'existence.
Quand l'État moderne commence à
prendre en considération des
besoins issus de la sphère privée
(bonheur individuel), et à organiser exclusivement selon ces
besoins les choix politiques grâce au développement
bureaucratique, il se présente un risque pour l'action politique,
qui est dégradée dans une forme inférieure de l'activité
(l'oeuvre) où priment l'intérêt
utilitaire et le raisonnement fabricateur.
Le social désigne donc en
définitive cette corruption moderne du
politique dans la
simple administration des affaires publiques.
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Tradition :
la tradition désigne la fidélité à un système de
croyances et d'idées qui
organisaient notre expérience du monde, et en particulier notre
expérience politique, depuis les débuts de la civilisation
européenne (Athènes et Rome). Elle s'est particulièrement
constituée, depuis Platon jusqu'à
Marx, en une philosophie politique qui paradoxalement mettait à
l'écart le politique. Le totalitarisme et
la sécularisation moderne ont
cependant rompu le fil de la tradition,
nous confrontant à des expériences
à la limite du pensable. Mais cette rupture est aussi une chance en ce
qu'elle permet de réinterroger cette
tradition, devenue
disponible puisqu'elle ne configure plus
a priori
notre
expérience. C'est dans cette interrogation de la modernité à partir de
la tradition qui la fonde que consiste une grande part dé
l'oeuvre
d'Arendt.
Travail
: le
travail est la dimension de notre activité qui vise à
assurer la satisfaction de nos
besoins, dans la production et la consommation
de biens. Ce cycle, qui fait de l'homme un
animal laborara,
ne
crée rien, n'amène rien de nouveau à l'être. Il est nécessaire seules
ment comme condition de nos activités
ultérieures. Arendt déplore que ce
mode de notre activité tende à supplanter les deux autres
(oeuvre et action) à l'âge
moderne, pour nous livrer à la répétition
dépourvue de sens
du travail et du loisir comme pur divertissement.
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Vita activa:
traduction médiévale du
bios
politikos
d'Aristote,
pouf
désigner un genre de vie consacré aux affaires
publiques et soucieux
du monde.
Vita contemplativa
:
traduction médiévale du
bios
theôretikos
d'Aristote, pour désigner un genre de vie consacré à la connaissance
pure et dédaigneux du monde.
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Ceci est extrait de l'introduction à l'oeuvre
d'Hannah Arrendt par M. Raynald Belay, paru dans l'un des
tomes de la collection Philosophie contemporaine, publié par
France-Loisirs. |