Le texte, ci
dessous, de Jean Pierre Baton et Gilles CohenTannoudji, est extrait de L'Horizon
des particules. Ces deux physiciens du Département de physique des
particules élémentaires du Commissariat à l'énergie atomique de Saclay
s'attachent aux trois infinis : l'infiniment petit, objet de la physique
des particules élémentaires, l'infiniment grand et, enfin, l'infiniment
complexe, qui entrent en relation grâce aux notions de structures
emboîtées. Penser de manière complexe, c'est ainsi donner à voir
l'inextricable enchevêtrement du réel, résultant des interactions entre
tous les niveaux d'emboîtement, mais aussi des interdépendances à
l'intérieur de chaque niveau lui-même.
Le Réel Enchevêtré
[On doit]
associer aux deux infinis - le grand et le petit - un troisième,
l'infiniment complexe, où l'homme règne en maître sinon sans partage.
L'Univers peut être alors schématiquement représenté par trois chaînes se
rattachant au même point, la molécule.
À partir de
la molécule, point d'attache des trois chaînes, on va, pour l'infiniment
grand, vers les confins spatiaux et temporels de notre Univers en passant
par la Terre, le Soleil et les galaxies; c'est le domaine de l'astronomie,
de l'astrophysique et de la cosmologie. Pour les petites échelles, on
constate que la molécule est composée d'atomes, eux-mêmes constitués d'un
noyau central autour duquel gravitent les électrons. Le noyau est une
structure composite dont les constituants sont les protons et les
neutrons. Or, une des découvertes les plus importantes des années
soixante-dix est que ces particules elles-mêmes ne sont pas élémentaires,
mais qu'il existe un niveau d'élémentarité encore plus profond, celui des
quarks. C'est cette chaîne de l'infiniment petit, dans ses maillons les
plus extrêmes, qui est l'objet de la physique des particules élémentaires,
héritière contemporaine de la conception des philosophes atomistes de
l'antiquité.
Quant à la
troisième chaîne, elle mène, via la cellule, à la vie végétale,
animale et à l'homme dans toutes ses composantes biologiques et sociales,
en un mot dans toute sa complexité. Nous sommes ici dans le domaine des
sciences humaines et sociales, de la médecine et de la biologie. Mais la
physique s'intéresse aussi à l'infiniment complexe, et nous verrons
s'établir tout au long de notre parcours de fréquentes connexions entre la
physique de la complexité et celle de l'élémentarité.
Une représentation schématique des trois infinis ne fait figurer qu'un
certain nombre d'éléments le long de chaque chaîne. Quels que soient ces
éléments, l'essentiel est que chacun représente une structure, et chaque
nouvelle structure contient la structure qui la précède. Ainsi, le tissu
est composé de cellules et l'organisme animal ou végétal est composé de
tissus. Il en est de même si l'on parcourt l'infiniment grand : la Terre
est une planète du système solaire, et le Soleil est une des étoiles de
notre galaxie. L'image des poupées russes qui vient immédiatement à
l'esprit est particulièrement adaptée à la notion d'emboîtement des
structures, tout l'Univers n'est qu'un emboîtement de structures.
Mais
constater cet emboîtement des structures ne suffit pas;
encore faut-il comprendre la dynamique
qui détermine leur évolution. La physique des particules s'y
emploie, grâce à la
notion générale
d'interaction. Celle-ci recouvre la formation d'une structure, les
forces qui gouvernent son évolution, sa cohésion ou son instabilité,
l'ensemble des relations dynamiques entre ses constituants ou avec les
structures de même niveau ou de niveau inférieur ou supérieur.
Deux
personnes se rencontrent, elles échangent quelques propos puis se
séparent. C'est une interaction. Une élection est une interaction, au même
titre que le mouvement de la Lune autour de la Terre. Des joueurs de rugby
s'entraînent en se passant le ballon, c'est une interaction.
Si tout est emboîtement de structures,
on peut dire également que tout est interaction. Les
interactions peuvent être plus ou moins complexes.
La relation
Terre-Lune due à la force gravitationnelle est d'une grande simplicité par
rapport aux multiples relations humaines, sociales, économiques et
culturelles qui déterminent le vote des membres d'une collectivité lors
d'une élection. Plus l'on se dirige vers les limites du domaine de la
complexité, plus est difficile la simple analyse des interactions. En
réalité, ce qui caractérise ce domaine, c'est précisément la complexité
des interactions. Chacune peut être élémentaire, mais leur accumulation
débouche sur un inextricable enchevêtrement. »
Jean Pierre
BARON et Gilles COHENTANNOUDJI, L'Horizon des particules, Gallimard,
1989, pp. 14 sq.
03/03

Résonances....rs:
Cette vision d'une structure de l'univers
en poupées gigognes rejoint nettement celle de homocoques.
C'est grâce au groupe Iris que j'ai eu le grand plaisir de la
découvrir. Elle se limite toutefois à l'aspect matériel de l'univers
... alors que celle de homocoques extrapole cette structure à la
totalité matérielle et spirituelle .... là aussi la non-séparabilité s'impose.
La vision
"mécaniste", apparaît nettement dans des phrases, ci-dessus, telles que :
«...l'homme
règne en maître sinon sans partage... »« À partir de la molécule, point
d'attache des trois chaînes... »«....encore
faut-il comprendre la dynamique qui détermine leur évolution. La physique des particules s'y
emploie, grâce à la
notion générale
d'interaction.... » .
03/03
en décembre 2005 je découvre le
site
http://www.syti.net/index.php qui vous oblige au
détour ..y retrouve beaucoup des intuitions de l'homocoques
...dont le multiples uns et uns ...et la poupée gigogne ... voir
http://perso.wanadoo.fr/metasystems/UniverseDimensions.html