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Ce peuple qui enseigne des préceptes humains ....  Le livre des signes

Panorama - Esprit - Religions

 

Présentation:  Ce texte tiré des Evangiles ( textes de base de la vision du christianisme ..à mon avis )....me parait,  plus que jamais, d'actualité  pour comprendre notre civilisation occidentale ... et qui me semble montrer combien le christianisme n'est pas une religion ... mais d'abord une philosophie de l'humain. ... une science de l'humain  ...une anthropologie ...de la Voie,Vérité et Vie  ... aspect qui est systématiquement évité ... Ce texte est lié au Sommaire du mois de mars 2003.... autour du thème du "Réel voilé"...

30.05.05 ... vient d'y ajouter  ..."Il n'y a q'un seul maître" ... et  l'abbé Pierre avec son « Mon Dieu... pourquoi ? »  parfaite illustration des rabbi de l'évangile ..." n'agissez pas d'après leurs actes, car ils disent et ne font pas. ...Ils agissent toujours pour être remarqués des hommes : ils portent sur eux des phylactères très larges et des franges très longues ; ....ils aiment les places d'honneur dans les repas, les premiers rangs dans les synagogues,....les salutations sur les places publiques, ils aiment recevoir des gens le titre de Rabbi.

 

Extraits:

  Ce peuple qui enseigne des préceptes humains .... « Ce peuple m'honore des lèvres, mais leur coeur est loin de moi. En vain ils me rendent un culte, et enseignent des préceptes humains » (Is 29, 13).

« Il n’y a qu’un seul maître » ...Ne donnez à personne sur terre le nom de père, car vous n'avez qu'un seul Père, celui qui est aux cieux.

Ne vous faites pas non plus appeler maîtres, car vous n'avez qu'un seul maître, le Christ.

Le plus grand parmi vous sera votre serviteur.

Qui s'élèvera sera abaissé, qui s'abaissera sera élevé.

 

l'Abbé Pierre ....« Mon Dieu... pourquoi ? »    ...la préoccupation dominante des cardinaux était la sécurité : pas de vagues, pas d'aventures. En élisant Joseph Ratzinger, ils assuraient une continuité avec le pontificat de Jean-Paul II tout en sachant, compte tenu de son âge, qu'il ne régnerait pas trop longtemps. Cela leur permettra de mieux se connaître et de réfléchir sereinement au meilleur candidat pour le prochain pontificat. C'est vraiment là que nous verrons quelle orientation majeure est prise.

 

 

 

EN Relations: la Création --- les créations humaines, La Loi naturelle  ---les lois des hommes,  religions du livre,  nature, immanence, panthéisme, Nouvel Âge, incarnation, Marcel de Corte, civilisation, liberté, libre-arbitre, démocratie... idéologies, rationalité, terrorisme intellectuel, violence ... totalitarisme

« Veritatis splendor »

le déclin d'une civilisation ..... par Marcel de Corte  «C'est sur cette opposition entre l'abstrait et le concret, l'idée et le réel, qu'il importe de faire pivoter le diagnostic de la crise de la civilisation.» 

« Les besoins de l'âme » ...« Le déracinement » ...« L'enracinement »...par Simone Weil vu par l'Hcqs

l'être humain chrétien .... L'homme saint, au sens le plus strict du mot est l'homme qui réalise sa propre personnalité, ce qu'il doit être, le plus intégralement possible....interview

 

"Vas vers toi"    YHWH est celui qui appelle l'homme vers l'homme : ceci m'apparaît comme un événement d'une portée incalculable pour le devenir conscient de l'humanité..... Cela ne pouvait faire l'affaire ni des religieux qui enseignaient un dieu qui appelle vers lui, pour lui, ni des philosophes qui enseignaient l'homme directement conscient de lui-même.

 

 

Source: Le Nouveau Diatessaron ... les  4 Evangiles en un seul p 181

 

Ce peuple qui enseigne des préceptes humains ....

 

Alors s'approchent de Jésus

des pharisiens* et scribes de Jérusalem.

Et que voient-ils ?

Certains de ses disciples prennent leur repas

avec des mains impures, c'est-à-dire non lavées,

or les pharisiens et tous les Juifs ne mangent pas

sans s'être lavé les mains jusqu'au coude,

selon la tradition des anciens,

et s'ils viennent de la place publique,

ils ne mangent pas sans s'être aspergés d'eau.

Et ils ont reçu bien d'autres [traditions]

qu'ils tiennent ferme lavage de coupes,

cruches et plats d'airain (*Mc 7, 2-4).
 

Pharisiens et scribes le questionnent donc :

- Pourquoi tes disciples transgressent-ils

la tradition des anciens,

en prenant leur repas avec des mains impures?

(Mc 7, 5 ; Mt 15, 2 § 154)

 Il leur répond:

- Vous aussi, vous transgressez bel et bien

le commandement de Dieu par votre tradition même.

Car Dieu a dit:

 « Honore ton père et ta mère » (Ex 20, 12; Dt 5, 16)

et : « Quiconque maudit son père et sa mère,

qu'il soit mis à mort » (Ex 21, 17; Lv 20, 9).

Mais vous dites!

« Quiconque dira à son père ou à sa mère:

l'aide que j'aurais pu te donner est corban,

c'est-à-dire offrande [au Seigneur],

est dispensé d'honorer son père et sa mère. »

Vous annulez ainsi la parole de Dieu,

par la tradition que vous propagez,

et vous faites bien d'autres choses dans ce genre-là !

Hypocrites ! Isaïe a bien prophétisé de vous,

comme il est écrit:

« Ce peuple m'honore des lèvres,

mais leur coeur est loin de moi.

En vain ils me rendent un culte,

et enseignent des préceptes humains » (Is 29, 13).
 

Vous laissez les commandements de Dieu,

pour tenir la tradition des hommes.

(Mc 7, 1-13; Mt 15, 1-9 § 154)
 

Il appelle de nouveau la foule et dit:

 - Écoutez-moi tous et comprenez !

Rien de ce qui est extérieur à l'homme

et entre en lui ne peut le rendre impur,

mais ce qui sort de l'homme,

c'est cela qui le rend impur !
 

Alors les disciples s'approchent

et lui disent:

- Sais-tu que les pharisiens sont très choqués par cette parole?

Il répond:

- Toute plante non plantée par mon Père céleste

sera déracinée.

Laissez-les, car ils sont aveugles

et guides d'aveugles !

Or si un aveugle guide un aveugle,

tous deux tomberont dans le trou (Mt 15, 10-14).

 

Quand il fut entré au logis, hors de la foule,

Pierre prend la parole et lui demande:

 - Explique-nous la parabole.
 

 Il leur dit:

- Ainsi, vous êtes, vous aussi, sans discernement.

Ne réalisez-vous pas?

Tout ce qui entre dans la bouche,

de l'extérieur de l'homme,

ne peut le rendre impur,

parce que cela n'entre pas dans son coeur,

mais dans son ventre et est rejeté aux lieux.

Ainsi faisait-il purs tous les aliments !
 

 Il ajoutait:

- Mais ce qui sort de la bouche, procède du coeur,

et c'est cela qui rend l'homme impur.

Car c'est du coeur des hommes

qui viennent mauvais desseins,

débauches, vols, meurtres, adultères,

cupidités, méchancetés, ruses, impudicités, envies,

faux témoignages, diffamations, orgueil, déraison.

Toute cette méchanceté sort du dedans,

et c'est cela qui rend l'homme impur.  

Mais manger avec des mains non lavées ne rend pas l'homme impur.

(Mt 15, 10-20; Mc 7, 14-23 § 155. Synthèse)

 

 

*pharisiens:  membres d'une secte puritaine d'Israël apparue au IIe siècle avant J.-C. ( 2. littéraire péjoratif : personne hypocrite est sûre d'elle-même.) (Le Robert) ...  ou aujourd'hui : tous les bigots au sens anglais de terme ... a person who thinks strongly and unreasonably that his own opinion or belief is correct, esp about matters of religion, race, or politics....  tout universaliste ... tout «...iste» ..

scribe :1.(antique juive) docteur de la Loi  ... antique : celui qui écrivait les textes officiels... anciennement : celui qui faisait profession d'écrire à la main... Ou aujourd'hui : les juges... les experts... les comités d'éthique...les parlementaires... les intellectuels...les journalistes... les clercs ... les prêtres ... les rabbi ...les imans ...

03/03

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Résonances:

Ce texte tiré des Evangiles me parait être un des textes de base de la vision du christianisme.....

 Il permet de mesurer au combien cette vision était  révolutionnaire ..et l'est encore aujourd'hui. ... en opposition avec le pouvoir des religieux ..des idéologues ..de toute autorité ... de toute pensée non "incarnée" ...

« Pour commander à la nature, il faut lui obéir» Bacon

Ce texte nous montre combien la Bible et les évangiles ne constituent pas la parole de Dieu ... mais ll'évolution de la pensée hébraïque quant à la Parole de Dieu.... l'ESPRIT

Il permet également de comprendre la différence fondamentale  avec l'islam.... religions d'un Livre ...

Ce texte permet aussi de mesurer la dérive actuelle de notre civilisation ....et de sa fin  telle que décrite par Marcel de Corte. ( voir le déclin d'une civilisation«C'est sur cette opposition entre l'abstrait et le concret, l'idée et le réel, qu'il importe de faire pivoter le diagnostic de la crise de la civilisation.»  )

Enfin il permet également de comprendre un des aspects de la guerre actuelle... comme des guerre de religions ... ou des civilisations

03/03

 

 
 

« Il n’y a qu’un seul maître » : Méditation du prédicateur de la Maison pontificale

Commentaire de l’Evangile du dimanche 30 octobre

ROME, Vendredi 28 octobre 2005 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le commentaire de l’Evangile de ce dimanche (Mt 23, 1-12) que proposait cette semaine le père Raniero Cantalamessa OFM Cap, prédicateur de la Maison pontificale, dans l’hebdomadaire catholique italien « Famiglia cristiana ».

XXXI Dimanche du temps ordinaire (Année A) – 30 octobre 2005

Evangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 23, 1-12.

Alors Jésus déclara à la foule et à ses disciples :

« Les scribes et les pharisiens enseignent dans la chaire de Moïse.

Pratiquez donc et observez tout ce qu'ils peuvent vous dire. Mais n'agissez pas d'après leurs actes, car ils disent et ne font pas.

Ils lient de pesants fardeaux et en chargent les épaules des gens ; mais eux-mêmes ne veulent pas les remuer du doigt.

Ils agissent toujours pour être remarqués des hommes : ils portent sur eux des phylactères très larges et des franges très longues ;

ils aiment les places d'honneur dans les repas, les premiers rangs dans les synagogues,

les salutations sur les places publiques, ils aiment recevoir des gens le titre de Rabbi.

Pour vous, ne vous faites pas donner le titre de Rabbi, car vous n'avez qu'un seul enseignant, et vous êtes tous frères.

Ne donnez à personne sur terre le nom de père, car vous n'avez qu'un seul Père, celui qui est aux cieux.

Ne vous faites pas non plus appeler maîtres, car vous n'avez qu'un seul maître, le Christ.

Le plus grand parmi vous sera votre serviteur.

Qui s'élèvera sera abaissé, qui s'abaissera sera élevé.

© AELF

Dans l’Evangile, les titres du Christ sont comme les facettes d’un même prisme, chacune reflétant une « couleur » particulière, c’est-à-dire un aspect de sa réalité profonde. Ce dimanche nous retrouvons le titre important de Maître : « vous n'avez qu'un seul maître, le Christ ». Chez les artistes et dans certaines professions ce dont on est le plus fier c’est d’indiquer avant ses propres titres le nom du maître à l’école duquel on a été formé. Mais le rapport maître-disciple était encore plus important à l’époque de Jésus, lorsque les livres n’existaient pas et que toute la sagesse se transmettait oralement.

Jésus se différencie toutefois sur un point de ce qui se passait à son époque entre le maître et ses disciples. Ceux-ci payaient d’une certaine manière leurs études, en servant le maître, en faisant pour lui de petites courses et en lui rendant les services qu’un jeune peut rendre à une personne âgée, et parmi ces services figurait le lavement des pieds. Avec Jésus, c’est l’inverse : c’est lui qui sert les disciples et qui leur lave les pieds. Jésus ne fait vraiment pas partie de la catégorie des maîtres qui « disent et ne font pas ». Il n’a pas dit à ses disciples de faire autre chose que ce qu’il avait fait lui-même. C’est le contraire des maîtres réprimandés dans le passage de l’Evangile d’aujourd’hui, qui « lient de pesants fardeaux et en chargent les épaules des gens ; mais eux-mêmes ne veulent pas les remuer du doigt ». Il n’est pas comme un panneau de signalisation routière qui indique la direction qu’il faut prendre sans se déplacer d’un centimètre. Jésus peut donc dire en toute vérité : « Mettez-vous à mon école ».

Mais que signifie le fait que Jésus soit le seul maître ? Cela ne veut pas dire que ce titre à partir de maintenant ne doit plus être utilisé pour personne d’autre, que personne n’a le droit de se faire appelé maître. Cela veut dire que personne n’a le droit de se faire appeler Maître avec une majuscule, comme s’il était le détenteur ultime de la vérité et enseignait en son propre nom la vérité sur Dieu. Jésus est la révélation suprême et définitive de Dieu aux hommes, qui contient toutes les révélations partielles qui ont eu lieu avant ou après lui. Il ne s’est pas limité à nous révéler qui est Dieu. Il nous a également dit ce que Dieu veut, quelle est sa volonté sur nous. Il faut rappeler cela à l’homme d’aujourd’hui tenté par le relativisme éthique. Jean-Paul II l’a fait avec l’encyclique « Veritatis splendor » et son successeur Benoît XVI ne se lasse pas d’y insister. Il ne s’agit pas d’exclure un sain pluralisme de points de vue sur des questions encore ouvertes ou sur les problèmes nouveaux qui se présentent à l’humanité, mais de combattre cette forme de relativisme absolu qui nie la possibilité de vérités certaines et définitives.

Pour répondre à ce relativisme le magistère de l’Eglise réaffirme qu’il existe une vérité absolue car Dieu, qui est celui qui mesure la vérité, existe. Cette vérité essentielle, qui est certes à déterminer avec toujours plus de précision, est imprimée dans la conscience. Mais puisque la conscience s’est laissée troubler par le péché, par les habitudes et les exemples contraires, le Christ, est venu révéler de façon claire cette vérité de Dieu ; et l’Eglise et le magistère ont le rôle d’expliquer cette vérité du Christ et de l’appliquer aux situations changeantes de la vie.

Un fruit personnel de la réflexion d’aujourd’hui sur l’Evangile serait de redécouvrir l’honneur, le privilège inédit, le « titre de recommandation » que constitue, auprès de Dieu, le fait d’être disciples de Jésus de Nazareth ; de placer nous aussi cela avant tous nos « titres » ; que l’on puisse dire de nous en nous voyant ou en nous entendant, ce que la femme dit à Pierre dans l’atrium du sanhédrin : « Toi aussi tu étais avec Jésus (…) Et d’ailleurs ton langage [mieux encore si l’on peut ajouter : tes actes] te trahit ». (Mt 26, 69 ss.)

ZF05102807

« Mon Dieu... pourquoi ? »

La dernière bombe de l'Abbé Pierre ....

 

http://www.lepoint.fr/societe/document.html?did=169577

le 30.10.05

 

Recueil de méditations, le dernier livre de l'abbé Pierre, « Mon Dieu... pourquoi ? » (Plon), rédigé avec Frédéric Lenoir, est son ouvrage récent le plus politique et le plus polémique. Extraits exclusifs.

Jérôme Cordelier

ll sera le héros d'un documentaire-fiction du cinéaste Claude Pinoteau, prévu sur France 2 à Noël. En attendant, ce prêtre hors norme, qui - depuis un demi-siècle - est l'une des personnalités préférées des Français, revient sur le devant de la scène à travers un livre à la forme sobre et au fond explosif.

Cet opuscule est le fruit de plusieurs conversations (une cinquantaine sur un an) de l'abbé Pierre avec Frédéric Lenoir, écrivain et directeur du magazine Le Monde des religions. C'est sans doute là l'ouvrage le plus intime qu'il ait publié ces dernières années. A 93 ans, le fondateur d'Emmaüs revient, en effet, aux sources de son engagement : le mystère de la foi.

Méditant sur le bonheur, l'amour, le péché ou l'enfer, l'ancien capucin frère Philippe, en une petite centaine de pages, entraîne ses lecteurs vers les mystères de l'Eucharistie ou de la Sainte Trinité, sur les traces de Jésus, Bouddha ou du jésuite Teilhard de Chardin. Au passage, il bouscule le dogme catholique sur des questions qui agitent la société et - mezza voce - les rangs des chrétiens.

Fort de sa popularité, l'abbé Pierre lance un pavé dans la mare. Ses prises de position en soulageront certains et en choqueront d'autres. Cet « insurgé de Dieu » n'est pas qu'une icône

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« A 93 ans, ma foi se fait de plus en plus interrogation. »

« Mon Dieu, jusqu'à quand va durer cette tragédie ? On nous dit dans les catéchismes de toutes les religions que la vie a un sens. Mais combien d'hommes et de femmes, sur ces dizaines de milliards, ont pu découvrir ce sens ? Combien ont pu accéder à la conscience d'une vie spirituelle, d'une espérance ? Combien d'autres, au contraire, ont-ils vécu presque comme des bêtes, dans la peur, le besoin de survivre, la précarité, la douleur de la maladie ? Combien ont eu la chance de méditer sur le sens de l'existence ?

J'ai quatre-vingt-treize ans, et ma foi, qui me tient au corps depuis plus de quatre-vingts ans, se fait de plus en plus interrogation. Mon Dieu, pourquoi ? Pourquoi le monde ? Pourquoi la vie ? Pourquoi l'existence humaine ? »

« J'ai connu le désir sexuel et sa très rare satisfaction. »

« A titre personnel, j'ai fait très jeune le choix de la vie consacrée à Dieu et aux autres, et j'ai donc fait voeu de chasteté. D'une certaine manière, j'ai eu la vie d'un captif. Lorsqu'on sait que quelque chose de désirable est irréalisable - puisque ma vie de moine, ensuite totalement absorbée par l'aide aux plus démunis, ne pouvait permettre une relation amoureuse -, il faut l'écarter. Ne pas laisser le désir prendre racine. Je parlerai de servitude consentie.

Cela n'enlève en rien la force du désir, et il m'est arrivé d'y céder de manière passagère. Mais je n'ai jamais eu de liaison régulière car je n'ai pas laissé le désir sexuel prendre racine. Cela m'aurait conduit à vivre une relation durable avec une femme, ce qui était contraire à mon choix de vie. J'ai donc connu l'expérience du désir sexuel et de sa très rare satisfaction, mais cette satisfaction fut une vraie source d'insatisfaction, car je sentais que je n'étais pas vrai.

J'ai senti que pour être pleinement satisfait le désir sexuel a besoin de s'exprimer dans une relation amoureuse, tendre, confiante. Or une telle relation m'était fermée par mon choix de vie. Je ne pouvais dès lors que rendre des femmes malheureuses et être moi-même tiraillé entre deux choix de vie inconciliables. »

« Pourquoi refuser à des femmes l'accès aux ministères ordonnés ? »

« Je n'ai jamais compris pourquoi Jean-Paul II et le cardinal Ratzinger avaient affirmé que jamais l'Eglise n'ordonnerait des femmes. Une telle affirmation suppose que cette pratique serait non conforme à la substance même de la foi chrétienne. Or ceux qui prennent de telles positions, quelles que soient leurs éminentes fonctions, n'ont jamais avancé un seul argument théologique décisif qui démontre que l'accès des femmes au sacerdoce serait contraire à la foi.

Le principal argument avancé, c'est que Jésus n'a choisi aucune femme parmi ses apôtres, alors même qu'il était entouré de nombreuses femmes. Pour moi, cet argument n'a rien de théologique mais relève davantage de la sociologie. Dans les coutumes de l'époque, en effet, que ce soit chez les Juifs, les Grecs ou les Romains, les femmes n'exercent aucune fonction officielle. Or ces coutumes, on le sait bien, relèvent d'une mentalité machiste liée à la domination du modèle patriarcal. L'homme est considéré comme supérieur à la femme, plus rationnel et seul capable de gouverner ou d'enseigner.

Dans un tel contexte, on voit mal Jésus, aussi libre soit-il, aller à contre-courant d'une coutume qui imprégnait tous les peuples du Bassin méditerranéen. Cela aurait créé beaucoup trop d'incompréhension. Mais on voit mal pourquoi aujourd'hui, alors que les mentalités ont profondément évolué sur cette question, l'Eglise devrait rester fidèle à ce préjugé.

Qui peut en effet encore soutenir que la femme est inférieure à l'homme ou bien incapable d'enseigner et de gouverner ? [...] On voit mal pourquoi refuser à ces femmes qui s'en sentent la vocation et les capacités l'accès aux ministères ordonnés.

Reste un ultime argument pour les défenseurs du sacerdoce uniquement masculin : Jésus était un homme, et puisque le prêtre agit in persona Christi, il ne peut qu'être du même sexe que le Christ. Cet argument me semble être du même ordre que le précédent. Le Christ, en tant que seconde personne de la Trinité, n'a ni sexe masculin ni sexe féminin. Jésus, en tant qu'incarnation de cette personne divine, ne pouvait avoir qu'un seul sexe. Compte tenu, encore une fois, des mentalités de l'époque, on voit mal comment une femme aurait pu être crédible et susciter l'adhésion d'une foule de disciples (y compris des femmes) imprégnés de préjugés antiféminins. Il m'apparaît donc évident que le choix du sexe de Jésus est contingent et ne ressort d'aucune nécessité théologique.

Ainsi, la question de l'ordination des femmes me paraît seulement un problème d'évolution des mentalités. Il est très probable, et pour moi souhaitable, que l'Eglise évolue sur ce point dans les décennies à venir. »

« Oui à l'alliance de couples homosexuels. »

« Je comprends le désir sincère de nombreux couples homosexuels, qui ont souvent vécu leur amour dans l'exclusion et la clandestinité, de faire reconnaître celui-ci par la société. Jusqu'à son décès, j'ai eu comme secrétaire le père Peretti, qui ne faisait pas mystère de son homosexualité et qui est l'un des fondateurs d'une association chrétienne pour la reconnaissance de l'homosexualité : David et Jonathan. J'ai récemment rencontré les membres de cette association. Je leur ai dit que le mot "mariage" était trop profondément enraciné dans la conscience collective comme l'union d'un homme et d'une femme pour qu'on puisse comme cela, du jour au lendemain, utiliser le même mot pour un couple de même sexe. Cela créerait un traumatisme et une déstabilisation sociale forte. Pourquoi ne pas utiliser le mot d'"alliance", tout aussi beau et moins étroitement marqué dans l'usage social ?

La question de l'adoption d'enfants est d'une grande complexité ; on ne peut la traiter légèrement. Elle relève, entre autres, et de mon point de vue peut-être surtout, d'un discernement psychologique. Prenons le temps d'écouter les psychologues et de voir dans la durée, là où l'expérience a été menée, si véritablement le fait de ne pas avoir des parents de sexe différent ne porte pas un préjudice psychologique ou social à l'enfant. Ce serait à mes yeux la meilleure des raisons qui pourrait interdire l'homoparentalité. Car, pour le reste, on sait tous qu'un modèle parental classique n'est pas nécessairement gage de bonheur et d'équilibre pour l'enfant. Il faudrait s'assurer que cette particularité ne constitue pas un handicap insurmontable, ou trop lourd à porter pour l'enfant. »

« Il est nécessaire qu'existent dans l'Eglise des prêtres mariés et des prêtres célibataires. »

« Je connais des prêtres qui vivent en concubinage avec une femme qu'ils aiment depuis des années et qui acceptent bien cette situation. Ils continuent d'être de bons prêtres. Cela pose la question cruciale pour l'Eglise du mariage des prêtres et de l'ordination d'hommes mariés. [...]

Je suis convaincu qu'il est nécessaire qu'existent dans l'Eglise des prêtres mariés et des prêtres célibataires qui puissent se consacrer totalement à la prière et aux autres.

Jésus a choisi des apôtres mariés - comme Pierre - et des apôtres célibataires qui le sont sans doute restés - comme Jean. L'Eglise a maintenu cette double vocation pendant des siècles avant d'imposer le célibat aux prêtres, comme cela était déjà le cas pour les évêques. Aujourd'hui on ordonne des hommes mariés non seulement dans l'Eglise orthodoxe, mais aussi dans l'Eglise catholique, chez les maronites ou les coptes, qui ont le choix du mariage ou du célibat.

Puisque l'Eglise catholique permet depuis des siècles à ces communautés orientales d'ordonner des prêtres mariés, je vois mal pour quelle raison Jean-Paul II a pu affirmer récemment qu'il était hors de question de revenir sur le célibat des prêtres pour le reste de l'Eglise catholique. »

« Pas de vagues, pas d'aventures. »

« Je n'ai pas du tout été surpris par l'élection [de Benoît XVI], malgré son âge [soixante-dix-huit ans], qui ne plaidait pas en sa faveur. Rappelons que très peu de cardinaux se connaissaient. Tous, par contre, connaissaient bien le cardinal Ratzinger. Et puis, la préoccupation dominante des cardinaux était la sécurité : pas de vagues, pas d'aventures. En élisant Joseph Ratzinger, ils assuraient une continuité avec le pontificat de Jean-Paul II tout en sachant, compte tenu de son âge, qu'il ne régnerait pas trop longtemps. Cela leur permettra de mieux se connaître et de réfléchir sereinement au meilleur candidat pour le prochain pontificat. C'est vraiment là que nous verrons quelle orientation majeure est prise.

Je ne serais pas étonné qu'au cours de son pontificat Benoît XVI prenne deux mesures jugées libérales : permettre aux divorcés remariés de communier et ordonner prêtre des "anciens", des hommes mariés qui ont déjà élevé leurs enfants, les fameux "presbytes" dont parle saint Paul. En revanche, il ne changera certainement pas sa position sur la question de l'accès des femmes aux ministères ordonnés ou sur sa condamnation de l'homosexualité. »

Jésus marié à Marie Madeleine ? « Cette hypothèse ne trouble nullement ma foi. »

« Le succès planétaire du roman "Da Vinci Code" a remis à la mode la thèse du mariage de Jésus et de Marie Madeleine. A ce qu'on m'a dit, cette thèse scandaliserait de nombreux chrétiens et en troublerait d'autres. J'avoue à titre personnel qu'une telle hypothèse - qui ne repose sur rien de concret, mais qu'on est en droit de formuler - ne trouble nullement ma foi. Ma foi se nourrit de la prière et des Evangiles, et rien ne m'incite à croire que Jésus ait été marié ou ait entretenu une relation charnelle avec une femme.

Cela étant, je ne vois aucun argument théologique qui interdirait à Jésus, le Verbe incarné, de connaître une expérience sexuelle. Je suis même convaincu que, ayant voulu épouser pleinement la nature humaine, il a vécu l'expérience du désir sexuel que connaît tout homme. A-t-il voulu satisfaire ce désir ? Si oui, il l'a nécessairement vécu dans un amour partagé, et Marie de Magdala semble avoir été la femme la plus proche de lui hormis sa mère. Mais il a très bien pu aussi ne pas satisfaire ce désir, ce qui ne l'a pas empêché d'être pleinement homme. Autrement dit, je m'élève contre ceux qui affirment qu'il est impossible que Jésus ait eu des relations sexuelles au nom de sa divinité. Mais je m'élève tout autant contre ceux qui affirment qu'il a nécessairement eu un rapport charnel avec une femme de par son humanité. Il me semble que Dieu incarné peut connaître le plaisir charnel, comme en éprouver le désir sans y céder. Et, dans les deux cas de figure, je crois que cela ne change rien à l'essentiel de la foi chrétienne. »

« Le vrai péché, c'est le vice, c'est-à-dire l'installation dans un comportement destructeur. »

« Une question théologique capitale doit être reprise par l'Eglise : celle du péché. Le péché ne doit pas être nié. C'est ce qui aliène la liberté humaine et coupe l'homme du plus profond de lui-même, de la vérité de la relation à l'autre et à Dieu. Mais on a beaucoup trop insisté sur le péché comme acte. "J'ai commis tel péché", a-t-on l'habitude de dire à confesse en renvoyant à un acte précis. Or, ce qui est beaucoup plus important à mes yeux, ce n'est pas l'acte mais l'habitus, c'est-à-dire la répétition de l'acte.

L'acte isolé - le crime passionnel, l'adultère d'un soir, etc. - n'est pas de même nature que la répétition d'un acte que l'on sait négatif pour nous-même ou pour les autres. On a franchi une limite et on s'y habitue. Cette situation est beaucoup plus grave et engage bien davantage notre liberté et notre responsabilité. Un homme qui cède à une pulsion pédophile en caressant un jour un enfant, qui le regrette amèrement et ne recommence plus, n'a rien à voir - même si cet acte est d'une extrême gravité - avec un homme qui commet une fois une transgression, puis qui y revient et banalise son action par toutes sortes d'alibis pour la rendre supportable à ses yeux. Ce qu'on appelle en théologie l'habitus, c'est-à-dire le "pli" du péché, est infiniment plus grave que l'acte.

C'est important à rappeler pour déculpabiliser ceux qui commettent une transgression sous le coup d'une douleur ou d'une pulsion, mais qui s'appuient ensuite sur leur liberté afin de tout mettre en oeuvre pour ne pas recommencer. Mais aussi pour montrer à ceux qui "s'installent" dans la répétition d'un acte destructeur la gravité de cette habitude qui engage leur responsabilité morale.

Au sens strict, on pourra alors parler de "vice". De même que la vertu naît de la répétition d'un acte bon (on est vertueux à force de poser des actes positifs), le vice naît de la répétition d'un acte mauvais. Le vrai péché, c'est le vice, c'est-à-dire l'installation dans un comportement destructeur pour nous-mêmes ou pour les autres. »

fin janvier 2012 ....

 Couverture de Journal aperçu chez le Coiffeur

2 septembre 2012 ...ai retrouvé la revue ... voici le texte accompagnant la photo

Huguette Surleau, qui accompagne les malades en fin de vie, révèle l'ultime et bouleversante CONFESSION que l'abbé a laissé échapper de son coeur

Qui pouvait se douter que derrière son image d'homme austère, d'éternel révolté contre les injustices, de religieux menant une vie monacale se cachait un homme troublé par les femmes? Déjà, en 2005, l'abbé Pierre avait avoué, dans son livre Mon Dieu... Pourquoi? qu'adolescent, avant d'entrer dans les ordres, il était très attiré par les jeunes filles.

Aujourd'hui, les révélations d'Huguette Sureau, dans son livre Cour à coeur avec l'abbé Pierre (aux Éditions Labussière) nous éclairent davantage sur les relations ambiguës que le célèbre ecclésiastique entretenait avec la gent féminine. Directrice de l'École de sophrologie caycédienne d'Occitane, consultante dans les hôpitaux, l'auteur est l'une des rares femmes en France à avoir le courage d'accompagner les patients en fin de vie. C'est donc à elle que les grands malades, lorsqu'ils passent de vie à trépas, se confient dans leur dernier souffle. Très touché par le délicat travail de cette dame au grand coeur, l'abbé Pierre décide, en janvier 2003, de la rencontrer.

« Il me téléphona un week-end pour me signaler que mon livre L'amour d'une mère, sorti six mois plus tôt, l'avait bouleversé. Il avait ressenti une émotion profonde sans pouvoir en trouver la raison, écrit-elle. Il souhaitait mieux me connaître et avait des questions à me poser. » À l'époque, l'abbé est une star médiatique et la personnalité préférée des Français.

Fragilité

La perspective de s'entretenir avec une telle figure émeut profondément Fuguée « Que répondre à cet homme qui m'impressionnait tant? Des larmes d'émotion, mais aussi de désarroi perlaient sur mes joues », poursuit-elle. Surmontant sa timidité, elle décide de se rendre seule dans la résidence d'Henri Grouès, à Alfortville. La perspective de cette visite ne laisse pas le prêtre indifférent : il appellera Huguette cinq fois dans la journée pour convenir d'un rendez-vous.

Alors qu'elle se présente avec humilité face à son hôte, un événement extraordinaire va avoir lieu : submergé par l'authenticité de son invitée, l'abbé laisse, sans doute pour la première fois de sa vie, percer sa fragilité « AL-delà de toute la force qui se dégageait de ce personnage, je percevais comme un vide, comme un désert affectif... », témoigne Huguette Surleau. Contre toute attente, l'homme lui ouvre son coeur et lui livre ses interrogations existentielles avec une rare sincérité. Ils évoquent alors très librement le mariage des prêtres, la place de l'homosexualité et autres sujets tabous de l'Église catholique... Ils tombent d'accord sur à peu près tout, excepté sur le célibat des prêtres, que l'ancien député remet en cause. Il était lui-même très partagé sur ce sujet. « Il reconnaissait souffrir d'un manque de tendresse [...] Je sentais sourdre en lui un conflit intérieur. Un combat de longue haleine, et qui l'avait probablement usé, opposait d'un côté son inflexible assurance de prêtre missionnaire, et, d'un autre côté, sa grande sensibilité qui s'exprimait à visage découvert en cet instant. »

Supplique

 À ce moment, leur complicité est telle que l'homme de foi aurait craqué et fait à Huguette une incroyable déclaration, en forme de supplique : « Avec une infinie douceur, il me prit les mains, comme à une enfant, et me dit : "Puis-je vous demander quelque chose, Huguette? Voilà, je voudrais mourir dans les bras d'une femme, dans l'amour, dans la tendresse d'une femme. Il n'y a qu'une femme qui soit capable de procurer cette sorte de tendresse dont j'ai cruellement manqué, toute ma vie ! Le voulez-vous?"» Ravalant une immense bouffée d'émotion, l'abbé poursuit, la gorge serrée « Cela devra se faire avec discrétion, car l'Église est opposée à la présence d'une femme auprès d'un prêtre. » En larmes, Huguette Surleau accepte spontanément cette requête, bouleversée d'être la seule au monde dans les bras de laquelle le saint homme désire s'éteindre... Hélas, les dogmes de l'Église ont été les plus forts: à l'heure de ses derniers instants, le 22 janvier 2007, à l'hôpital du Val-de-Grâce, l'abbé Pierre n'a pu la serrer dans ses bras...

 ∎ Christian NARBRIERE

 

 

  ..le 2.09.2012 ...

en cherchant des citations sur " forme fond " ...

« La forme, c'est le fond qui remonte à la surface. » de Victor Hugo

« Il y a deux sortes d'écrivains. Ceux qui le sont, et ceux qui ne le sont pas. Chez les premiers, le fond et la forme sont ensemble comme l'âme et le corps ; chez les seconds, le fond et la forme vont ensemble comme le corps et l'habit. » de Karl Kraus

« Plus on manifeste un désaccord sur le fond, plus on doit être attentif à la forme. » de Nicolas Sarkozy

« Le bout du monde et le fond du jardin contiennent la même quantité de merveilles. » de Christian Bobin

noté lors de la journée  " INSTITUT DE PRATIQUES PHILOSOPHIQUES Oscar Brenifier : " La forme a du fond" Schiller ?

 

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