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Présentation :...ROME, Lundi 19
décembre 2005 (ZENIT.org) – Benoît XVI a reçu ce matin au Vatican le
nouvel ambassadeur de France près le Saint-Siège, M. Bernard Kessedjian,
qui lui présentait ses lettres de créance, ....
voici les textes des discours.
Un message du pape, très fort à la France, à ses dirigeants,
au peuple français et à l'Europe.. Une adrtesse au multiculturalisme, au
mondialisme, à laîcisme...la famille ... la
bioéthique .... une bonne approche pour l'évaluation d'un programme
présidentiel ...
Un grand
merci à Benoît XVI pour ces voeux .... à homocoques ....
La réponse de
l'Ambassadeur ne fait que souligner de manière éclatante la
différence de vision entre le dirigeant actuel et la vision chrétienne
du monde
Extraits : Discours de Benoît XVI au nouvel ambassadeur de France près le
Saint-Siège
...laïcité
consiste en une saine distinction des pouvoirs, qui n’est nullement une
opposition et qui n’exclut pas cependant pour l’Église «de prendre une
part toujours plus active à la vie de la société, dans le respect des
compétences de chacun»
Le défi consiste aujourd’hui à vivre les valeurs
d’égalité et de fraternité, qui font partie des valeurs mises en exergue
par la devise de la France, prenant soin de faire en sorte que tous les
citoyens puissent réaliser, dans le respect des différences légitimes,
une véritable culture commune, porteuse des valeurs morales et
spirituelles fondamentales.
C’est donc en définitive à faire un pas supplémentaire
pour l’intégration de tous dans la société que votre pays est invité,
de
même que d’autres nations du Continent,
Il convient aussi de porter une attention toute
spéciale à l’institution conjugale et familiale, à laquelle aucune autre
forme d’organisation relationnelle ne peut être comparée.
.les décisions et les actions en matière de
bioéthique,Il importe d’envisager les questions éthiques non pas d’abord
du point de vue de la science, mais de celui l’être humain, qui doit
impérativement être respecté.
Discours du nouvel ambassadeur de France près le Saint-Siège
....cette histoire a été parfois, au cours
des siècles, celle d\'un débat difficile sur les frontières entre Etat,
société civile et religion, elle a surtout été celle d\'une convergence
toujours renouvelée et féconde sur l\'essentiel, à savoir la dignité et
la centralité de la personne humaine: «Dignitatis Humanae»,
c\'est sur ces mots que s\'ouvrait la déclaration solennelle du Concile
Vatican II sur la liberté religieuse.
Nos vœux
au personnel politique ....De quoi avoir crainte : ...
La libanisation de notre chère patrie,.... système de
terrorisme intellectuel impose une laïcisation totalitaire et
radicale... La situation de guerre civile qui sourde dans nos banlieues
inquiète mais n'angoisse guère ....la violence des jeunesses exaspérées
rappelle clairement que l'élément d'ordre est l'islam. ....Culpabiliser
la nation, à grand renfort de révisionnisme à contre-histoire suffit à
leur conscience.
il reste le don de Dieu :
l'espérance. " La France malgré les apparences reste la France de
Charlemagne, de saint Louis, de Jeanne d'Arc. La vieille âme reste
vivante ; les saints de France prient toujours pour elle ; les dons de
Dieu sont sans repentance […]. Alors que tout le créé paraît avec tant
d'évidence toucher au néant… avec vous je prie pour la France."
en
z
relations
.... multiculturalisme, la
laïcité, la république, l'immigration, la famille ... la nation,
l'Europe ... bioethique ...
les
idéologies ...les religions des temps modernes
L’idéologie est pour une part la continuation des gnoses
antiques et médiévales, qui prétendaient sauver l’humanité par le
recours à un savoir occulte ....
http://jeanraspail.free.fr/divers18.htm article "Qu'est-ce qu'être français aujourd'hui ?
»", par Jean Raspail
Patrimoine commun, identités
plurielles ....Pour éviter la suprématie d'une
culture sur les autres, les membres de l'Unesco ont adopté le 21
octobre dernier (2005) une convention sur la diversité culturelle. Sous
titrée «Patrimoine commun, identités plurielles», elle
réaffirme le droit souverain des États de conserver, d'adopter et de
mettre en oeuvre les politiques et mesures culturelles qu'ils jugent
appropriées ....
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Discours de Benoît XVI au nouvel ambassadeur de France près le
Saint-Siège
Source: zenit.org
Date :
19.12.05
Monsieur l’Ambassadeur,
C’est avec joie que je reçois de vos mains les Lettres qui vous
accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de
France près le Saint-Siège. En vous remerciant des paroles courtoises
que vous avez bien voulu m’adresser, je vous souhaite une cordiale
bienvenue à l’occasion de cette rencontre solennelle qui inaugure la
mission qui vous a été confiée ici. Je suis sensible aux souhaits de Son
Excellence Monsieur Jacques Chirac, Président de la République
française, vous priant de lui exprimer en retour mes vœux les meilleurs
pour lui-même et pour l’ensemble du peuple de France.
Vous savez l’attention particulière de l’Église catholique et du
Saint-Siège envers la nation française. Vous connaissez aussi
l’engagement de l’Église catholique dans la société, à tous les niveaux.
Par votre intermédiaire, permettez-moi, Monsieur l’Ambassadeur,
d’adresser mes salutations fraternelles aux Pasteurs et aux fidèles
catholiques de votre pays, les encourageant à poursuivre leur mission
apostolique et leurs actions de solidarité fraternelle dans les
paroisses, les mouvements, les associations; ce sont des attitudes qui
appartiennent à la tradition chrétienne et qui trouvent leur
fondement dans l’amour du Christ pour chaque personne, digne d’être
aimée pour elle-même.
Votre pays célèbre cette année le centenaire de la loi de séparation
des Églises et de l’État. Comme l’a rappelé mon prédécesseur le Pape
Jean-Paul II dans la lettre qu’il adressait le 11 février dernier aux
Évêques de France, le principe de laïcité consiste en une saine
distinction des pouvoirs, qui n’est nullement une opposition et qui
n’exclut pas cependant pour l’Église «de prendre une part toujours plus
active à la vie de la société, dans le respect des compétences de
chacun» (n. 2). Une telle conception doit aussi permettre de promouvoir
davantage l’autonomie de l’Église, que ce soit dans son organisation ou
dans sa mission. À ce propos, je salue l’existence et les rencontres des
instances de dialogue entre l’Église et les Autorités civiles, à tous
les niveaux. Je suis sûr que cela permettra de faire concourir au bien
des citoyens toutes les forces ainsi mises en œuvre et portera des
fruits dans la vie sociale.
Comme vous l’avez rappelé, votre pays vient de vivre une période
difficile sur le plan social, faisant apparaître la profonde
insatisfaction d’une partie de la jeunesse; une telle situation semble
avoir atteint non seulement les banlieues des grandes villes, mais plus
profondément toutes les couches de la population. Les violences internes
qui marquent les sociétés et que l’on ne peut que condamner constituent
cependant un message, notamment de la part de la jeunesse, nous invitant
à prendre en considération les requêtes des jeunes et à avoir, comme le
rappelait Mgr Jean-Pierre Ricard, Archevêque de Bordeaux et Président de
la Conférence des Évêques de France au terme de l’Assemblée de Lourdes
au mois de novembre dernier, «une réponse à la hauteur de ces tensions
dramatiques de notre société». Permettez-moi de saluer ici tous ceux qui
se sont engagés, notamment par le dialogue et la proximité fraternelle
avec les jeunes, pour que le climat social soit à nouveau pacifié, car
il s’agit là d’une responsabilité de tous les citoyens.
Votre pays a accueilli de nombreux travailleurs étrangers et leurs
familles, qui ont largement contribué au développement de la Nation
depuis la fin de la deuxième Guerre mondiale. Il importe aujourd’hui de
les remercier, eux et leurs descendants, de cette richesse économique,
culturelle et sociale à laquelle ils ont participé. La plupart d’entre
eux sont devenus ainsi des citoyens français à part entière. Le défi
consiste aujourd’hui à vivre les valeurs d’égalité et de fraternité, qui
font partie des valeurs mises en exergue par la devise de la France,
prenant soin de faire en sorte que tous les citoyens puissent réaliser,
dans le respect des différences légitimes, une véritable culture
commune, porteuse des valeurs morales et spirituelles fondamentales Il
importe aussi de proposer aux jeunes un idéal de société et un idéal
personnel, pour qu’ils conservent des raisons de vivre et d’espérer, et
qu’ils aient davantage confiance en un avenir meilleur leur permettant
d’édifier leur existence, de trouver un travail pour subvenir à leurs
besoins et à ceux de leur famille, pour avoir le bien-être auquel ils
ont naturellement droit. C’est donc en définitive à faire un pas
supplémentaire pour l’intégration de tous dans la société que votre pays
est invité, de même que d’autres nations du Continent, au nom même de la
dignité intrinsèque de toute personne et de son caractère central dans
la société, que rappelait le Concile œcuménique Vatican II (Gaudium et
spes, n. 9), comme vous l’évoquiez vous-même. La paix sociale est en
grande partie à ce prix.
Il convient aussi de porter une attention toute spéciale à
l’institution conjugale et familiale, à laquelle aucune autre forme
d’organisation relationnelle ne peut être comparée. Elle est en effet le
fondement de la vie sociale et elle a un rôle irremplaçable dans
l’éducation de la jeunesse, associant autorité et soutien affectif,
donnant à tous les jeunes les valeurs indispensables à leur maturation
personnelle et le sens du bien commun, ainsi que les repères nécessaires
à la vie en société. Pour ce faire, elle doit être aidée et soutenue,
pour ne pas démissionner de sa mission éducative et laisser alors les
jeunes livrés à eux-mêmes. Je veux saluer ici les éducateurs, le milieu
scolaire et tous les mouvements qui s’attachent à soutenir les parents
dans leur tâche éducative, les aidant à former la conscience des jeunes,
pour que ces derniers puissent être demain des adultes responsables non
seulement d’eux-mêmes mais aussi de leurs frères en humanité et de la
bonne marche de la société. Que tous sachent que l’Église, qui s’attache
partout à défendre la famille, veut les aider dans leur tâche.
D’autre part, il importe que les jeunes soient accompagnés, pour
qu’ils puissent prendre leur vie en main et se sentir membres à part
entière de la société. Tout cela contribuera grandement à la cohésion
nationale entre les générations et à la création d’un tissu social plus
fort. Dans ce même esprit, je souhaite attirer aussi l’attention de tous
les hommes de bonne volonté sur les décisions et les actions en matière
de bioéthique, qui montrent que l’on a de plus en plus tendance à
considérer l’être humain, notamment dans les premiers instants de son
existence, comme un simple objet de recherche. Il importe d’envisager
les questions éthiques non pas d’abord du point de vue de la science,
mais de celui l’être humain, qui doit impérativement être respecté. Sans
acceptation de ce critère moral fondamental, il sera difficile de créer
une société vraiment humaine, respectueuse de tous les êtres qui la
composent, sans distinctions aucunes.
Pour de multiples raisons, votre pays est attentif aux pays émergents
et à ceux qui peinent à engager un véritable développement économique et
social. Le récent sommet Afrique-France, qui s’est tenu au Mali, en est
une expression. Les pays riches ont une grande responsabilité dans la
croissance des sociétés et dans l’épanouissement des citoyens des
nations en difficulté, non seulement pour leur fournir des aides
financières, mais aussi pour former techniquement les cadres et le
personnel qui rendront ces nations de plus en plus autonomes et
protagonistes dans l’économie mondiale. Ils sont appelés à participer
notamment à l’établissement de structures locales autosuffisantes
permettant aux habitants d’avoir les ressources nécessaires à leur
subsistance. Il devient en effet plus que jamais urgent que se
poursuivent et s’intensifient les actions les plus concrètes possibles,
prenant appui sur les populations locales, en particulier les femmes et
les jeunes, qui, notamment dans les sociétés africaines, ont une place
primordiale et peuvent grandement donner un nouvel élan à l’économie et
à la vie sociale.
Au terme de notre rencontre, je vous adresse, Excellence, mes vœux
les plus cordiaux pour la mission que vous inaugurez aujourd’hui. Soyez
assuré que vous trouverez toujours auprès de mes collaborateurs
l’attention et l’aide dont vous pourrez avoir besoin.
En confiant le peuple de France et ses Autorités à la bienveillance
de Notre-Dame de Lourdes et aux nombreux saints et saintes de votre
terre, si chers au cœur de bon nombre de vos compatriotes, je demande au
Seigneur de les soutenir tous, afin que, puisant dans le patrimoine et
la longue tradition spirituels qui sont les leurs, ils puissent édifier
une société de paix et de justice, et contribuer à une solidarité
toujours plus grande entre les personnes et entre les peuples. Bien
volontiers, je vous accorde, Excellence, la Bénédiction apostolique,
ainsi qu’à vos collaborateurs et à vos proches.
[Texte original: Français]
ZF05121910
texte hébergé
en 12/05
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Discours du nouvel
ambassadeur de France près le Saint-Siège
M. Kessedjian souligne la «
convergence » de point de vue
ROME, Mardi 20 décembre 2005 (ZENIT.org)
– M. Bernard Kessedjian souligne la « convergence toujours renouvelée et
féconde sur l\'essentiel » entre le Saint-Siège et la France, « à savoir
la dignité et la centralité de la personne humaine ».
L’ambassade de France près le
Saint-Siège publie en effet sur son site Internet (http://www.france-vatican.org/actu.php)
ce discours du nouvel ambassadeur, M. Kessedjian, qui a présenté hier,
19 décembre, ses lettres de créance à Benoît XVI.
Très Saint-Père,
Les relations entre le Saint-Siège et
la France héritent d\'une longue histoire et je mesure l\'honneur qui
m\'est fait de prendre la suite des quelques deux cents ambassadeurs qui
ont contribué à leur vitalité. Car si cette histoire a été parfois,
au cours des siècles, celle d\'un débat difficile sur les frontières
entre Etat, société civile et religion, elle a surtout été celle d\'une
convergence toujours renouvelée et féconde sur l\'essentiel, à savoir la
dignité et la centralité de la personne humaine: «Dignitatis Humanae»,
c\'est sur ces mots que s\'ouvrait la déclaration solennelle du Concile
Vatican II sur la liberté religieuse.
Vous savez quelle empreinte profonde a
laissée en France la personnalité de votre prédécesseur. Le courage avec
lequel il a assumé sa charge jusqu\'à la limite de ses forces, son
action en faveur de la paix, du respect du droit international, de la
solidarité entre les Nations et des droits de l\'homme, en ont fait pour
nous tous à jamais, comme le soulignait le Président de la République,
«un pasteur inspiré, défenseur inlassable de la dignité de l\'Homme».
C\'est aussi avec beaucoup
d\'attention et, je crois pouvoir le dire, de bienveillance, que sont
suivis en France les premiers actes de Votre pontificat. Je pense en
particulier à Votre volonté de poursuivre sans relâche le dialogue avec
les représentants des religions juives et musulmanes si clairement
illustrée à Cologne lors des journées mondiales de la Jeunesse et qui
donne tout leur sens aux célébrations du 40e anniversaire de la
Déclaration conciliaire «Nostra Aetate». Je pense également au Synode
des Evêques consacré à l\'Eucharistie au cours duquel nombre de
questions importantes pour l\'avenir de l\'Eglise ont été débattues.
Dans toutes ces occasions, c\'est Votre écoute attentive et Votre appel
à l\'échange des idées qui ont marqué les esprits.
En ajoutant à ce trait de Votre
personnalité, l\'intimité de Votre relation avec la pensée et la culture
françaises qui Vous ont valu de devenir membre étranger de l\'Académie
des Sciences morales et politiques, nous avons l\'assurance de pouvoir
compter sur Votre intelligence des réalités françaises et de l\'action
de mon pays dans le monde. Nous nous souvenons à cet égard de Vos
nombreuses visites en France. En juin 2004, vous représentiez Jean-Paul
II aux cérémonies du 60e anniversaire du débarquement et vous avez
prononcé un discours resté dans les mémoires où vous abordiez, dans la
perspective historique de l\'après-guerre, le thème, qui vous est cher,
des relations entre raison, morale et religion.
Le 13 novembre dernier, de hautes
personnalités représentant le gouvernement français et de très nombreux
compatriotes ont participé aux cérémonies de béatification de Charles de
Foucauld. Au-delà même la communauté de tous ceux qu\'il a inspirés à
travers le monde, c\'est l\'invitation du «frère universel» à considérer
l\'humanité dans son unité et à se soumettre à l\'exigence d\'une
fraternité en acte qui, à un siècle de distance, fait de l\'ermite de
Tamanrasset une figure éminemment actuelle. La présence, lors de ces
cérémonies, des évêques d\'Algérie comme d\'une délégation algérienne
officielle et des représentants des populations touaregs, montrent que
les ferments de respect mutuel et d\'écoute de l\'autre sont toujours
actifs.
L\'évocation de la fraternité
universelle de Charles de Foucauld, nous remet en mémoire l\'invitation
que Jean-Paul II lançait à la Nation française, lors d\'un voyage à
Reims en 1996 à l\'occasion du 1500e anniversaire du baptême de Clovis:
«Faire progresser les idéaux de liberté, d\'égalité, de fraternité
qu\'elle a su présenter au monde». Cet appel retentit avec une vigueur
particulière au moment où les manifestations de violence que mon pays a
connues dans la périphérie de ses villes ont mis à l\'épreuve les
principes sur lesquels s\'est construite notre collectivité nationale
depuis plus de deux siècles. Au-delà du souci immédiat d\'assurer la
sécurité des personnes et des biens, le Président de la République a
voulu tirer les leçons de ces événements en rappelant que «l\'adhésion à
la loi et aux valeurs de la République passe nécessairement par la
justice, la fraternité, la générosité» et en réitérant la volonté des
autorités françaises de lutter contre toutes les formes de
discrimination.
Parmi les fondements du pacte
national, qui doit être constamment actualisé, figure la loi de
séparation des Eglises et de l\'Etat de 1905. Son centenaire a été
l\'occasion pour mon pays d\'engager, dans un esprit d\'ouverture, une
réflexion sur ce texte qui montre, après bien des interprétations
erronées, combien la laïcité est aujourd\'hui une idée moderne. En
assurant la neutralité de l\'espace public, la laïcité met en son centre
les principes de liberté de conscience et de liberté religieuse. Loin de
cantonner les convictions spirituelles et religieuses de chacun dans la
sphère privée, elle est garante du rôle que celles-ci sont appelées à
jouer dans le débat public, mais aussi du respect qui leur est dû, dans
un esprit de dialogue et de tolérance. C\'est cet esprit qui préside au
dialogue institutionnel mis en place par les autorités françaises depuis
février 2002 et que le Pape Jean-Paul II avait bien voulu saluer dans sa
lettre aux Evêques de France le 11 février dernier.
L\'Union européenne, qui met la
dignité et la liberté de l\'homme mais aussi la paix au centre de son
modèle de société, constitue pour la France et les Français un idéal qui
continue d\'inspirer notre politique étrangère. Si l\'élargissement de
cette Union aux Etats d\'Europe centrale et orientale reste un défi à
relever pour les institutions communes, il a déjà permis un travail
d\'intégration qui constitue un acquis irréversible. Le rejet, par les
référendums français et néerlandais, du projet constitutionnel nous a
tous invités à faire retour sur le demi-siècle au cours duquel s\'est
peu à peu construite, sur le terrain de la réconciliation
franco-allemande, cette Union d\'Etats et de peuples autour de valeurs
partagées, dans le respect des traditions et identités nationales. Dans
la fidélité à cet héritage, mon pays est déterminé à surmonter les
interrogations actuelles. Nous savons pouvoir compter sur l\'attention
que Vous portez au devenir du continent européen.
Les questions globales et les
questions éthiques occupent une part croissante dans l\'agenda
international: développement durable, lutte contre le réchauffement
climatique, lutte contre la faim et contre les pandémies, bioéthique.
Qu\'il s\'agisse du rôle joué par le Saint-Siège dans le tournant qu\'a
constitué pour l\'approche internationale des droits de l\'Homme
l\'adoption de l\'Acte final d\'Helsinki ou du rôle précurseur joué par
Jean-Paul II dans la prise de conscience de la situation dramatique des
pays du Sahel, la France est attentive à la voix du Saint-Siège sur ces
questions qui s\'exprime au nom de l\'homme et de son universelle
dignité. Nous nous réjouissons d\'autant plus de constater une grande
convergence d\'analyse sur la plupart de ces sujets mais aussi une
vision partagée d\'un système international pleinement multilatéral
reposant sur des règles universellement acceptées et sur le caractère
central des Nations unies.
La France plaide, Vous le savez, en
faveur d\'une meilleure appréhension de ces défis globaux par la
Communauté internationale et pour la mise en place des prémices d\'une
gouvernance mondiale. C\'est le sens de ses propositions en faveur
d\'une organisation mondiale de l\'environnement dans le cadre des
Nations unies, de son action en faveur du Protocole de Kyoto, de
l\'appel qu\'elle lance avec d\'autres pays pour la mise en place de
mécanismes innovants de financement du développement, seuls à même de
permettre à la Communauté internationale de tenir les engagements pris
dans le cadre des objectifs du millénaire, en particulier concernant
l\'Afrique. Sur tous ces sujets nous souhaitons une concertation encore
plus étroite avec le Saint-Siège.
Il en va de même concernant la
non-prolifération aujourd\'hui essentielle à la préservation de la
sécurité internationale. C\'est dans cet esprit que nous demandons à
l\'Iran de prendre les décisions nécessaires au rétablissement de la
confiance de la Communauté internationale.
La situation au Moyen-Orient reste,
pour le Saint-Siège comme pour la France, un sujet de préoccupation
constant, qu\'il s\'agisse du conflit israélo-palestinien, de l\'Irak,
où nous appelons de nos vœux la poursuite du processus politique engagé
dans le respect de l\'unité du pays et des droits des différentes
composantes de la population, y compris ceux de la minorité chrétienne.
Le Liban traverse une période déterminante de son histoire. Il a plus
que jamais besoin de la sollicitude du Saint-Siège dans les efforts qui
sont les siens pour préserver son indépendance et sa souveraineté. Dans
cette région comme ailleurs, la France et le Saint-Siège s\'accordent à
refuser la fatalité d\'un «choc des civilisations» qui ne pourrait
qu\'alimenter les manifestations de haine et la violence aveugle du
terrorisme.
A l\'Ambassade de France auprès du
Saint-Siège incombent plusieurs missions que j\'aurais à cœur de
poursuivre: être attentif à la vie de l\'Eglise française et
universelle, entretenir un dialogue régulier sur les grands enjeux
internationaux je pense en particulier aux consultations qui
réunissent régulièrement nos experts sur l\'Afrique et sur le
Moyen-Orient , assurer enfin le rayonnement de la présence française
dans la Rome pontificale. Le Centre culturel Saint-Louis fondé il y a
tout juste 60 ans par Jacques Maritain, y contribue par les liens
étroits noués avec les Universités pontificales comme par la promotion
du débat d\'idées et de la langue française, qui participe à la vocation
universelle du Saint-Siège.
Ce rayonnement repose aussi sur la
présence de congrégations françaises à Rome et sur un patrimoine
artistique et culturel qui a fait l\'objet, ces dernières années, d\'un
considérable effort de restauration.
L\'installation l\'été prochain des
Fraternités monastiques de Jérusalem à la Trinité-des-Monts, où elles
succéderont aux sœurs du Sacré-Cœur qui lui ont fait bénéficier de près
de deux siècles de présence, est un symbole de continuité et de
renouvellement qui mobilisera toute mon attention. La signature d\'un
Avenant aux conventions diplomatiques de 1828 conclu le 12 juillet
dernier entre la France et le Saint-Siège confirme la convergence de nos
soutiens.
Très Saint-Père,
Soyez assuré que je ne ménagerai aucun
effort pour mener à bien la haute mission que m\'a confiée le Président
de la République, dont Vous connaissez l\'attachement au développement
des relations entre la France et le Saint-Siège qui, disait-il en
accueillant Jean-Paul II à Lourdes le 14 août 2004, «se rejoignent dans
ce combat pour un monde qui place l\'homme au cœur de tout projet».
M. Bernard Kessedjian
Ambassadeur de France près le
Saint-Siège
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"Ayez crainte,
mais soyez sans peur !" Nos vœux au personnel
politique
http://www.libertepolitique.com/public/decryptage/article.php?id=1443
Yves Meaudre
le 28.12.05
Dans son message à la France,
s'adressant au nouvel ambassadeur près le Saint-Siège, Benoît XVI évoque
les émeutes qui ont frappé nos banlieues en novembre dernier, mais
suggère nettement qu'il ne s'agit pas d'abord de la révolte de jeunes
immigrés livrés à eux-mêmes. Il s'agit d'une crise qui affecte tout le
pays. Un pays qui a perdu ses valeurs morales et spirituelles ne peut
pas offrir d'idéal à sa jeunesse, ni le sens du bien commun. Comment
intégrer une population déracinée quand notre modèle familial et
conjugal vole en éclat ? Comment réaliser la paix sociale quand le petit
d'homme lui-même est chosifié par la science ? Voici les grandes
questions posées par un chef de l'Eglise qui se dit "depuis sa jeunesse
grand admirateur de la Douce France" (Documentation catholique, I-2005).
Ces grandes questions, qui se les pose
aujourd'hui ? Au seuil de cette année nouvelle, les hommes et les femmes
politiques du pays tout entier vont nous souhaiter leurs meilleurs vœux
de bonheur et de santé, avec les formules d'usage.
Adressons-leur les nôtres, les priant
de prendre acte drames profonds que vit la France et de faire repentance
de l'inaptitude tenace de notre classe politique à saisir les vrais
enjeux. Et commençons par ce vœu : ayez crainte du réel avant qu'il ne
vous rattrape. Pas trop, car la peur est mauvaise conseillère, mais
suffisamment, de cette bonne crainte (qui est aussi un don du
Saint-Esprit…) pour réveiller vos consciences, et trouver le courage de
vous poser les bonnes questions, comme celle de Benoît XVI.
De quoi avoir crainte
Voici, par exemple, de quoi vous
pourriez avoir crainte :
La libanisation de notre chère
patrie, situation redoutable où l'on marginalise chaque jour un peu
plus les catholiques, coupables d'être les héritiers de la source
nationale. Sous peine d'excommunication sociale, on doit extirper de la
mémoire de nos enfants, l'essence chrétienne de tout ce qui a construit
notre pays, dans sa culture, son intelligence, ses arts, ses
universités, ses sciences, son système politique, son droit, sa relation
à l'homme, son identité, son état-civil, sa géographie rurale et
urbaine.
J'ai trouvé pourtant, dans la seule
ville de Paris, plus de 250 rues portant le nom d'un saint. Tous les
mystères du rosaire, de l'annonciation au calvaire, d'innombrables noms
de congrégations, des docteurs de l'Église, de cardinaux, d'évêques et
même des archanges désignent des boulevards, des places ou des squares.
Pour les quatre-cinquièmes des Français, nous invoquons un saint lorsque
nous les apostrophons.
La surenchère que se livrent entre eux
les lobbies homosexuels, les islamistes, les organisations souterraines
paralysent ministres et parlementaires. Ce système de terrorisme
intellectuel impose une laïcisation totalitaire et radicale. Nous
devons même vivre la normalisation du désordre et de la provocation sous
l'autorité de la loi. On l'a vu avec cette femme haut fonctionnaire,
rappelée sévèrement à l'ordre et sous la menace par une institution
d'État, pour avoir voulu interdire une affiche obscène dans un lieu
public. Discrimination ! Le pouvoir politique est tétanisé, quand il
n'est pas objectivement complice de la violence faite contre un prélat à
l'intérieur même de sa propre cathédrale. Ponce Pilate, le ministre en
charge du dossier a refusé de poursuivre.
On a l'impression de vivre les années
trente de l'Allemagne pré-hitlérienne, quand le paganisme des mœurs,
inspiré des mythologies les plus barbares, couvait sous la cendre de la
lâcheté politique. C'est dire si la phrase de Vladimir Maximov reste
d'actualité : "Je ne connais pas d'homme qui, confronté à l'attrait
de l'argent ou du pouvoir n'ait pas été vidé de toute substance ! Celui
qui y a résisté est un héros ou un saint."
La situation de guerre civile qui
sourde dans nos banlieues inquiète mais n'angoisse guère : tandis
qu'on débloque les millions d'euros que l'administration avait pourtant
jugé inutiles après avoir constaté leur totale inefficacité (l'épicentre
des émeutes, la ville de Clichy-sous-Bois, est la ville la plus
subventionnée du pays), le mépris des révoltés s'enracine.
Les premières émeutes l'ont révélé :
ceux qui affirment les convictions religieuses les plus simplistes
auront à leur disposition une force brutale, héroïque et passionnée. Ils
ont soufflé sur la braise et ont montré qu'ils étaient capables
d'éteindre l'incendie, l'allumette dans une main et le tuyau d'incendie
de l'autre (cf. Décryptage, 18 novembre 2005).
L'idéal non contesté, capable
d'encadrer tour à tour dans le calme ou la violence des jeunesses
exaspérées rappelle clairement que l'élément d'ordre est l'islam. Le
christianisme est muselé, humilié par ceux-là mêmes qui craignent et
flattent la sauvagerie des bandes. Car tuer de sang froid et sans regret
un père de famille devant sa fille et sa femme, un vieil homme qui
éteint un incendie, caillasser un bébé de treize mois ou incendier une
personne infirme à l'âge où on passe son BEPC, sont des actes
odieusement barbares.
La vérité, c'est que ceux qui n'ont
que la laïcité à la bouche pour faire la paix sociale, vitupèrent le
Dieu des chrétiens quand il prétend secouer le joug de la “sphère
privée”, et tendent la joue à son contraire quand les apôtres du
désordre attisent la haine de malheureux déboussolés ! Culpabiliser
la nation, à grand renfort de révisionnisme à contre-histoire suffit à
leur conscience.
Les donneurs de leçons du journal de
20h n'emporteront pas l'adhésion des jeunesses désireuses d'en découdre,
et aspirées par les sectateurs les plus fous, libertaires exaltés et
fanatiques pseudo-religieux. Qui sait la puissance de l'appel à
l'héroïsme, au sacrifice, à l'honneur de caste, dans le mépris des
satrapes et des débauchés qui se goinfrent sous leurs yeux ? Qui dira
que ce discours se nourrit de la haine des faibles et le vertige de la
violence et du sang ? Quand le bras du Dieu qui a donné sa vie pour le
salut de tous n'est plus là pour élever l'homme et ses passions, seule
la force est respectable, jusqu'à prendre le visage de Dieu lui-même.
Tout le monde le sait : les braves
gens, les lâches, les bons chrétiens, les bons musulmans, les assassins…
La haine appelle la haine. On se gargarise : "À la différence
de tous ceux qui ont connu ça, dit le ministre de l'Intérieur, il n'y a
eu ni morts, ni blessés grave" (Libération, 23 décembre). Mais si
rien ne change, cela va se terminer tôt ou tard dans le sang !
Les carottes ne sont pas cuites
Ayez crainte, donc, Mme ou M. le
parlementaire. Mais soyez sans peur ! N'en déplaise au cher Jean
Raspail, "les carottes ne sont pas cuites", car il reste le don de
Dieu : l'espérance.
Alors que les plus violents
affrontements opposent forces de l'ordre et jeunes immigrés dans la nuit
des banlieues françaises, l'Église béatifie Charles de Foucauld. Nous
avons ici-même invoqué les leçons du “Frère universel” (Décryptage, 10
novembre), réécoutons-le : " La France malgré les apparences reste
la France de Charlemagne, de saint Louis, de Jeanne d'Arc. La vieille
âme reste vivante ; les saints de France prient toujours pour elle ; les
dons de Dieu sont sans repentance […]. Alors que tout le créé paraît
avec tant d'évidence toucher au néant… avec vous je prie pour la
France."
Les dons de Dieu sont sans repentance.
Bonne année !
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