Voeux à la Nation française ....de Benoît XVI

Dossiers :France Europe multiples et Un

Présentation :...ROME, Lundi 19 décembre 2005 (ZENIT.org) – Benoît XVI a reçu ce matin au Vatican le nouvel ambassadeur de France près le Saint-Siège, M. Bernard Kessedjian, qui lui présentait ses lettres de créance, .... voici les textes des discours.

Un message du pape,  très fort à la France,  à ses dirigeants, au peuple français  et à l'Europe.. Une adrtesse au multiculturalisme, au mondialisme, à laîcisme...la famille ... la bioéthique ....  une bonne approche pour l'évaluation d'un programme présidentiel ...

Un grand merci à Benoît XVI pour ces voeux ....  à homocoques  ....

La réponse de l'Ambassadeur  ne fait que souligner de manière éclatante la différence de vision entre le dirigeant actuel et la vision chrétienne du monde

Extraits :  Discours de Benoît XVI au nouvel ambassadeur de France près le Saint-Siège ...laïcité consiste en une saine distinction des pouvoirs, qui n’est nullement une opposition et qui n’exclut pas cependant pour l’Église «de prendre une part toujours plus active à la vie de la société, dans le respect des compétences de chacun» 

Le défi consiste aujourd’hui à vivre les valeurs d’égalité et de fraternité, qui font partie des valeurs mises en exergue par la devise de la France, prenant soin de faire en sorte que tous les citoyens puissent réaliser, dans le respect des différences légitimes, une véritable culture commune, porteuse des valeurs morales et spirituelles fondamentales.

C’est donc en définitive à faire un pas supplémentaire pour l’intégration de tous dans la société que votre pays est invité, de même que d’autres nations du Continent,

Il convient aussi de porter une attention toute spéciale à l’institution conjugale et familiale, à laquelle aucune autre forme d’organisation relationnelle ne peut être comparée.

.les décisions et les actions en matière de bioéthique,Il importe d’envisager les questions éthiques non pas d’abord du point de vue de la science, mais de celui l’être humain, qui doit impérativement être respecté.

Discours du nouvel ambassadeur de France près le Saint-Siège  ....cette histoire a été parfois, au cours des siècles, celle d\'un débat difficile sur les frontières entre Etat, société civile et religion, elle a surtout été celle d\'une convergence toujours renouvelée et féconde sur l\'essentiel, à savoir la dignité et la centralité de la personne humaine: «Dignitatis Humanae», c\'est sur ces mots que s\'ouvrait la déclaration solennelle du Concile Vatican II sur la liberté religieuse.

Nos vœux au personnel politique ....De quoi avoir crainte : ... La libanisation de notre chère patrie,.... système de terrorisme intellectuel impose une laïcisation totalitaire et radicale... La situation de guerre civile qui sourde dans nos banlieues inquiète mais n'angoisse guère ....la violence des jeunesses exaspérées rappelle clairement que l'élément d'ordre est l'islam. ....Culpabiliser la nation, à grand renfort de révisionnisme à contre-histoire suffit à leur conscience.

il reste le don de Dieu : l'espérance. " La France malgré les apparences reste la France de Charlemagne, de saint Louis, de Jeanne d'Arc. La vieille âme reste vivante ; les saints de France prient toujours pour elle ; les dons de Dieu sont sans repentance […]. Alors que tout le créé paraît avec tant d'évidence toucher au néant… avec vous je prie pour la France."

en z relations .... multiculturalisme, la laïcité, la république, l'immigration, la famille ... la nation, l'Europe ... bioethique ...

les idéologies ...les religions des temps modernes L’idéologie est pour une part la continuation des gnoses antiques et médiévales, qui prétendaient sauver l’humanité par le recours à un savoir occulte ....

http://jeanraspail.free.fr/divers18.htm article "Qu'est-ce qu'être français aujourd'hui ? »", par Jean Raspail
Patrimoine commun, identités plurielles ....Pour éviter la suprématie d'une culture sur les autres, les membres de l'Unesco ont adopté le 21 octobre dernier (2005) une convention sur la diversité culturelle. Sous titrée «Patrimoine commun, identités plurielles», elle réaffirme le droit souverain des États de conserver, d'adopter et de mettre en oeuvre les politiques et mesures culturelles qu'ils jugent appropriées ....

 

 

Discours de Benoît XVI au nouvel ambassadeur de France près le Saint-Siège

 

Source:  zenit.org

Date :  19.12.05      

Monsieur l’Ambassadeur,

C’est avec joie que je reçois de vos mains les Lettres qui vous accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de France près le Saint-Siège. En vous remerciant des paroles courtoises que vous avez bien voulu m’adresser, je vous souhaite une cordiale bienvenue à l’occasion de cette rencontre solennelle qui inaugure la mission qui vous a été confiée ici. Je suis sensible aux souhaits de Son Excellence Monsieur Jacques Chirac, Président de la République française, vous priant de lui exprimer en retour mes vœux les meilleurs pour lui-même et pour l’ensemble du peuple de France.

Vous savez l’attention particulière de l’Église catholique et du Saint-Siège envers la nation française. Vous connaissez aussi l’engagement de l’Église catholique dans la société, à tous les niveaux. Par votre intermédiaire, permettez-moi, Monsieur l’Ambassadeur, d’adresser mes salutations fraternelles aux Pasteurs et aux fidèles catholiques de votre pays, les encourageant à poursuivre leur mission apostolique et leurs actions de solidarité fraternelle dans les paroisses, les mouvements, les associations; ce sont des attitudes qui appartiennent à la tradition chrétienne et qui trouvent leur fondement dans l’amour du Christ pour chaque personne, digne d’être aimée pour elle-même.

Votre pays célèbre cette année le centenaire de la loi de séparation des Églises et de l’État. Comme l’a rappelé mon prédécesseur le Pape Jean-Paul II dans la lettre qu’il adressait le 11 février dernier aux Évêques de France, le principe de laïcité consiste en une saine distinction des pouvoirs, qui n’est nullement une opposition et qui n’exclut pas cependant pour l’Église «de prendre une part toujours plus active à la vie de la société, dans le respect des compétences de chacun» (n. 2). Une telle conception doit aussi permettre de promouvoir davantage l’autonomie de l’Église, que ce soit dans son organisation ou dans sa mission. À ce propos, je salue l’existence et les rencontres des instances de dialogue entre l’Église et les Autorités civiles, à tous les niveaux. Je suis sûr que cela permettra de faire concourir au bien des citoyens toutes les forces ainsi mises en œuvre et portera des fruits dans la vie sociale.

Comme vous l’avez rappelé, votre pays vient de vivre une période difficile sur le plan social, faisant apparaître la profonde insatisfaction d’une partie de la jeunesse; une telle situation semble avoir atteint non seulement les banlieues des grandes villes, mais plus profondément toutes les couches de la population. Les violences internes qui marquent les sociétés et que l’on ne peut que condamner constituent cependant un message, notamment de la part de la jeunesse, nous invitant à prendre en considération les requêtes des jeunes et à avoir, comme le rappelait Mgr Jean-Pierre Ricard, Archevêque de Bordeaux et Président de la Conférence des Évêques de France au terme de l’Assemblée de Lourdes au mois de novembre dernier, «une réponse à la hauteur de ces tensions dramatiques de notre société». Permettez-moi de saluer ici tous ceux qui se sont engagés, notamment par le dialogue et la proximité fraternelle avec les jeunes, pour que le climat social soit à nouveau pacifié, car il s’agit là d’une responsabilité de tous les citoyens.

Votre pays a accueilli de nombreux travailleurs étrangers et leurs familles, qui ont largement contribué au développement de la Nation depuis la fin de la deuxième Guerre mondiale. Il importe aujourd’hui de les remercier, eux et leurs descendants, de cette richesse économique, culturelle et sociale à laquelle ils ont participé. La plupart d’entre eux sont devenus ainsi des citoyens français à part entière. Le défi consiste aujourd’hui à vivre les valeurs d’égalité et de fraternité, qui font partie des valeurs mises en exergue par la devise de la France, prenant soin de faire en sorte que tous les citoyens puissent réaliser, dans le respect des différences légitimes, une véritable culture commune, porteuse des valeurs morales et spirituelles fondamentales Il importe aussi de proposer aux jeunes un idéal de société et un idéal personnel, pour qu’ils conservent des raisons de vivre et d’espérer, et qu’ils aient davantage confiance en un avenir meilleur leur permettant d’édifier leur existence, de trouver un travail pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille, pour avoir le bien-être auquel ils ont naturellement droit. C’est donc en définitive à faire un pas supplémentaire pour l’intégration de tous dans la société que votre pays est invité, de même que d’autres nations du Continent, au nom même de la dignité intrinsèque de toute personne et de son caractère central dans la société, que rappelait le Concile œcuménique Vatican II (Gaudium et spes, n. 9), comme vous l’évoquiez vous-même. La paix sociale est en grande partie à ce prix.

Il convient aussi de porter une attention toute spéciale à l’institution conjugale et familiale, à laquelle aucune autre forme d’organisation relationnelle ne peut être comparée. Elle est en effet le fondement de la vie sociale et elle a un rôle irremplaçable dans l’éducation de la jeunesse, associant autorité et soutien affectif, donnant à tous les jeunes les valeurs indispensables à leur maturation personnelle et le sens du bien commun, ainsi que les repères nécessaires à la vie en société. Pour ce faire, elle doit être aidée et soutenue, pour ne pas démissionner de sa mission éducative et laisser alors les jeunes livrés à eux-mêmes. Je veux saluer ici les éducateurs, le milieu scolaire et tous les mouvements qui s’attachent à soutenir les parents dans leur tâche éducative, les aidant à former la conscience des jeunes, pour que ces derniers puissent être demain des adultes responsables non seulement d’eux-mêmes mais aussi de leurs frères en humanité et de la bonne marche de la société. Que tous sachent que l’Église, qui s’attache partout à défendre la famille, veut les aider dans leur tâche.

D’autre part, il importe que les jeunes soient accompagnés, pour qu’ils puissent prendre leur vie en main et se sentir membres à part entière de la société. Tout cela contribuera grandement à la cohésion nationale entre les générations et à la création d’un tissu social plus fort. Dans ce même esprit, je souhaite attirer aussi l’attention de tous les hommes de bonne volonté sur les décisions et les actions en matière de bioéthique, qui montrent que l’on a de plus en plus tendance à considérer l’être humain, notamment dans les premiers instants de son existence, comme un simple objet de recherche. Il importe d’envisager les questions éthiques non pas d’abord du point de vue de la science, mais de celui l’être humain, qui doit impérativement être respecté. Sans acceptation de ce critère moral fondamental, il sera difficile de créer une société vraiment humaine, respectueuse de tous les êtres qui la composent, sans distinctions aucunes.

Pour de multiples raisons, votre pays est attentif aux pays émergents et à ceux qui peinent à engager un véritable développement économique et social. Le récent sommet Afrique-France, qui s’est tenu au Mali, en est une expression. Les pays riches ont une grande responsabilité dans la croissance des sociétés et dans l’épanouissement des citoyens des nations en difficulté, non seulement pour leur fournir des aides financières, mais aussi pour former techniquement les cadres et le personnel qui rendront ces nations de plus en plus autonomes et protagonistes dans l’économie mondiale. Ils sont appelés à participer notamment à l’établissement de structures locales autosuffisantes permettant aux habitants d’avoir les ressources nécessaires à leur subsistance. Il devient en effet plus que jamais urgent que se poursuivent et s’intensifient les actions les plus concrètes possibles, prenant appui sur les populations locales, en particulier les femmes et les jeunes, qui, notamment dans les sociétés africaines, ont une place primordiale et peuvent grandement donner un nouvel élan à l’économie et à la vie sociale.

Au terme de notre rencontre, je vous adresse, Excellence, mes vœux les plus cordiaux pour la mission que vous inaugurez aujourd’hui. Soyez assuré que vous trouverez toujours auprès de mes collaborateurs l’attention et l’aide dont vous pourrez avoir besoin.

En confiant le peuple de France et ses Autorités à la bienveillance de Notre-Dame de Lourdes et aux nombreux saints et saintes de votre terre, si chers au cœur de bon nombre de vos compatriotes, je demande au Seigneur de les soutenir tous, afin que, puisant dans le patrimoine et la longue tradition spirituels qui sont les leurs, ils puissent édifier une société de paix et de justice, et contribuer à une solidarité toujours plus grande entre les personnes et entre les peuples. Bien volontiers, je vous accorde, Excellence, la Bénédiction apostolique, ainsi qu’à vos collaborateurs et à vos proches.

[Texte original: Français]

ZF05121910

texte hébergé en  12/05

 

 

 

Discours du nouvel ambassadeur de France près le Saint-Siège

M. Kessedjian souligne la « convergence » de point de vue

ROME, Mardi 20 décembre 2005 (ZENIT.org) – M. Bernard Kessedjian souligne la « convergence toujours renouvelée et féconde sur l\'essentiel » entre le Saint-Siège et la France, « à savoir la dignité et la centralité de la personne humaine ».

L’ambassade de France près le Saint-Siège publie en effet sur son site Internet (http://www.france-vatican.org/actu.php) ce discours du nouvel ambassadeur, M. Kessedjian, qui a présenté hier, 19 décembre, ses lettres de créance à Benoît XVI.

Très Saint-Père,

Les relations entre le Saint-Siège et la France héritent d\'une longue histoire et je mesure l\'honneur qui m\'est fait de prendre la suite des quelques deux cents ambassadeurs qui ont contribué à leur vitalité. Car si cette histoire a été parfois, au cours des siècles, celle d\'un débat difficile sur les frontières entre Etat, société civile et religion, elle a surtout été celle d\'une convergence toujours renouvelée et féconde sur l\'essentiel, à savoir la dignité et la centralité de la personne humaine: «Dignitatis Humanae», c\'est sur ces mots que s\'ouvrait la déclaration solennelle du Concile Vatican II sur la liberté religieuse.

Vous savez quelle empreinte profonde a laissée en France la personnalité de votre prédécesseur. Le courage avec lequel il a assumé sa charge jusqu\'à la limite de ses forces, son action en faveur de la paix, du respect du droit international, de la solidarité entre les Nations et des droits de l\'homme, en ont fait pour nous tous à jamais, comme le soulignait le Président de la République, «un pasteur inspiré, défenseur inlassable de la dignité de l\'Homme».

C\'est aussi avec beaucoup d\'attention et, je crois pouvoir le dire, de bienveillance, que sont suivis en France les premiers actes de Votre pontificat. Je pense en particulier à Votre volonté de poursuivre sans relâche le dialogue avec les représentants des religions juives et musulmanes si clairement illustrée à Cologne lors des journées mondiales de la Jeunesse et qui donne tout leur sens aux célébrations du 40e anniversaire de la Déclaration conciliaire «Nostra Aetate». Je pense également au Synode des Evêques consacré à l\'Eucharistie au cours duquel nombre de questions importantes pour l\'avenir de l\'Eglise ont été débattues. Dans toutes ces occasions, c\'est Votre écoute attentive et Votre appel à l\'échange des idées qui ont marqué les esprits.

En ajoutant à ce trait de Votre personnalité, l\'intimité de Votre relation avec la pensée et la culture françaises qui Vous ont valu de devenir membre étranger de l\'Académie des Sciences morales et politiques, nous avons l\'assurance de pouvoir compter sur Votre intelligence des réalités françaises et de l\'action de mon pays dans le monde. Nous nous souvenons à cet égard de Vos nombreuses visites en France. En juin 2004, vous représentiez Jean-Paul II aux cérémonies du 60e anniversaire du débarquement et vous avez prononcé un discours resté dans les mémoires où vous abordiez, dans la perspective historique de l\'après-guerre, le thème, qui vous est cher, des relations entre raison, morale et religion.

Le 13 novembre dernier, de hautes personnalités représentant le gouvernement français et de très nombreux compatriotes ont participé aux cérémonies de béatification de Charles de Foucauld. Au-delà même la communauté de tous ceux qu\'il a inspirés à travers le monde, c\'est l\'invitation du «frère universel» à considérer l\'humanité dans son unité et à se soumettre à l\'exigence d\'une fraternité en acte qui, à un siècle de distance, fait de l\'ermite de Tamanrasset une figure éminemment actuelle. La présence, lors de ces cérémonies, des évêques d\'Algérie comme d\'une délégation algérienne officielle et des représentants des populations touaregs, montrent que les ferments de respect mutuel et d\'écoute de l\'autre sont toujours actifs.

L\'évocation de la fraternité universelle de Charles de Foucauld, nous remet en mémoire l\'invitation que Jean-Paul II lançait à la Nation française, lors d\'un voyage à Reims en 1996 à l\'occasion du 1500e anniversaire du baptême de Clovis: «Faire progresser les idéaux de liberté, d\'égalité, de fraternité qu\'elle a su présenter au monde». Cet appel retentit avec une vigueur particulière au moment où les manifestations de violence que mon pays a connues dans la périphérie de ses villes ont mis à l\'épreuve les principes sur lesquels s\'est construite notre collectivité nationale depuis plus de deux siècles. Au-delà du souci immédiat d\'assurer la sécurité des personnes et des biens, le Président de la République a voulu tirer les leçons de ces événements en rappelant que «l\'adhésion à la loi et aux valeurs de la République passe nécessairement par la justice, la fraternité, la générosité» et en réitérant la volonté des autorités françaises de lutter contre toutes les formes de discrimination.

Parmi les fondements du pacte national, qui doit être constamment actualisé, figure la loi de séparation des Eglises et de l\'Etat de 1905. Son centenaire a été l\'occasion pour mon pays d\'engager, dans un esprit d\'ouverture, une réflexion sur ce texte qui montre, après bien des interprétations erronées, combien la laïcité est aujourd\'hui une idée moderne. En assurant la neutralité de l\'espace public, la laïcité met en son centre les principes de liberté de conscience et de liberté religieuse. Loin de cantonner les convictions spirituelles et religieuses de chacun dans la sphère privée, elle est garante du rôle que celles-ci sont appelées à jouer dans le débat public, mais aussi du respect qui leur est dû, dans un esprit de dialogue et de tolérance. C\'est cet esprit qui préside au dialogue institutionnel mis en place par les autorités françaises depuis février 2002 et que le Pape Jean-Paul II avait bien voulu saluer dans sa lettre aux Evêques de France le 11 février dernier.

L\'Union européenne, qui met la dignité et la liberté de l\'homme mais aussi la paix au centre de son modèle de société, constitue pour la France et les Français un idéal qui continue d\'inspirer notre politique étrangère. Si l\'élargissement de cette Union aux Etats d\'Europe centrale et orientale reste un défi à relever pour les institutions communes, il a déjà permis un travail d\'intégration qui constitue un acquis irréversible. Le rejet, par les référendums français et néerlandais, du projet constitutionnel nous a tous invités à faire retour sur le demi-siècle au cours duquel s\'est peu à peu construite, sur le terrain de la réconciliation franco-allemande, cette Union d\'Etats et de peuples autour de valeurs partagées, dans le respect des traditions et identités nationales. Dans la fidélité à cet héritage, mon pays est déterminé à surmonter les interrogations actuelles. Nous savons pouvoir compter sur l\'attention que Vous portez au devenir du continent européen.

Les questions globales et les questions éthiques occupent une part croissante dans l\'agenda international: développement durable, lutte contre le réchauffement climatique, lutte contre la faim et contre les pandémies, bioéthique. Qu\'il s\'agisse du rôle joué par le Saint-Siège dans le tournant qu\'a constitué pour l\'approche internationale des droits de l\'Homme l\'adoption de l\'Acte final d\'Helsinki ou du rôle précurseur joué par Jean-Paul II dans la prise de conscience de la situation dramatique des pays du Sahel, la France est attentive à la voix du Saint-Siège sur ces questions qui s\'exprime au nom de l\'homme et de son universelle dignité. Nous nous réjouissons d\'autant plus de constater une grande convergence d\'analyse sur la plupart de ces sujets mais aussi une vision partagée d\'un système international pleinement multilatéral reposant sur des règles universellement acceptées et sur le caractère central des Nations unies.

La France plaide, Vous le savez, en faveur d\'une meilleure appréhension de ces défis globaux par la Communauté internationale et pour la mise en place des prémices d\'une gouvernance mondiale. C\'est le sens de ses propositions en faveur d\'une organisation mondiale de l\'environnement dans le cadre des Nations unies, de son action en faveur du Protocole de Kyoto, de l\'appel qu\'elle lance avec d\'autres pays pour la mise en place de mécanismes innovants de financement du développement, seuls à même de permettre à la Communauté internationale de tenir les engagements pris dans le cadre des objectifs du millénaire, en particulier concernant l\'Afrique. Sur tous ces sujets nous souhaitons une concertation encore plus étroite avec le Saint-Siège.

Il en va de même concernant la non-prolifération aujourd\'hui essentielle à la préservation de la sécurité internationale. C\'est dans cet esprit que nous demandons à l\'Iran de prendre les décisions nécessaires au rétablissement de la confiance de la Communauté internationale.

La situation au Moyen-Orient reste, pour le Saint-Siège comme pour la France, un sujet de préoccupation constant, qu\'il s\'agisse du conflit israélo-palestinien, de l\'Irak, où nous appelons de nos vœux la poursuite du processus politique engagé dans le respect de l\'unité du pays et des droits des différentes composantes de la population, y compris ceux de la minorité chrétienne. Le Liban traverse une période déterminante de son histoire. Il a plus que jamais besoin de la sollicitude du Saint-Siège dans les efforts qui sont les siens pour préserver son indépendance et sa souveraineté. Dans cette région comme ailleurs, la France et le Saint-Siège s\'accordent à refuser la fatalité d\'un «choc des civilisations» qui ne pourrait qu\'alimenter les manifestations de haine et la violence aveugle du terrorisme.

A l\'Ambassade de France auprès du Saint-Siège incombent plusieurs missions que j\'aurais à cœur de poursuivre: être attentif à la vie de l\'Eglise française et universelle, entretenir un dialogue régulier sur les grands enjeux internationaux ­ je pense en particulier aux consultations qui réunissent régulièrement nos experts sur l\'Afrique et sur le Moyen-Orient ­, assurer enfin le rayonnement de la présence française dans la Rome pontificale. Le Centre culturel Saint-Louis fondé il y a tout juste 60 ans par Jacques Maritain, y contribue par les liens étroits noués avec les Universités pontificales comme par la promotion du débat d\'idées et de la langue française, qui participe à la vocation universelle du Saint-Siège.

Ce rayonnement repose aussi sur la présence de congrégations françaises à Rome et sur un patrimoine artistique et culturel qui a fait l\'objet, ces dernières années, d\'un considérable effort de restauration.

L\'installation l\'été prochain des Fraternités monastiques de Jérusalem à la Trinité-des-Monts, où elles succéderont aux sœurs du Sacré-Cœur qui lui ont fait bénéficier de près de deux siècles de présence, est un symbole de continuité et de renouvellement qui mobilisera toute mon attention. La signature d\'un Avenant aux conventions diplomatiques de 1828 conclu le 12 juillet dernier entre la France et le Saint-Siège confirme la convergence de nos soutiens.

Très Saint-Père,

Soyez assuré que je ne ménagerai aucun effort pour mener à bien la haute mission que m\'a confiée le Président de la République, dont Vous connaissez l\'attachement au développement des relations entre la France et le Saint-Siège qui, disait-il en accueillant Jean-Paul II à Lourdes le 14 août 2004, «se rejoignent dans ce combat pour un monde qui place l\'homme au cœur de tout projet».

M. Bernard Kessedjian

Ambassadeur de France près le Saint-Siège

 

 
 

"Ayez crainte, mais soyez sans peur !" Nos vœux au personnel politique

http://www.libertepolitique.com/public/decryptage/article.php?id=1443

Yves Meaudre

le 28.12.05

Dans son message à la France, s'adressant au nouvel ambassadeur près le Saint-Siège, Benoît XVI évoque les émeutes qui ont frappé nos banlieues en novembre dernier, mais suggère nettement qu'il ne s'agit pas d'abord de la révolte de jeunes immigrés livrés à eux-mêmes. Il s'agit d'une crise qui affecte tout le pays. Un pays qui a perdu ses valeurs morales et spirituelles ne peut pas offrir d'idéal à sa jeunesse, ni le sens du bien commun. Comment intégrer une population déracinée quand notre modèle familial et conjugal vole en éclat ? Comment réaliser la paix sociale quand le petit d'homme lui-même est chosifié par la science ? Voici les grandes questions posées par un chef de l'Eglise qui se dit "depuis sa jeunesse grand admirateur de la Douce France" (Documentation catholique, I-2005).

Ces grandes questions, qui se les pose aujourd'hui ? Au seuil de cette année nouvelle, les hommes et les femmes politiques du pays tout entier vont nous souhaiter leurs meilleurs vœux de bonheur et de santé, avec les formules d'usage.

Adressons-leur les nôtres, les priant de prendre acte drames profonds que vit la France et de faire repentance de l'inaptitude tenace de notre classe politique à saisir les vrais enjeux. Et commençons par ce vœu : ayez crainte du réel avant qu'il ne vous rattrape. Pas trop, car la peur est mauvaise conseillère, mais suffisamment, de cette bonne crainte (qui est aussi un don du Saint-Esprit…) pour réveiller vos consciences, et trouver le courage de vous poser les bonnes questions, comme celle de Benoît XVI.

De quoi avoir crainte

Voici, par exemple, de quoi vous pourriez avoir crainte :

La libanisation de notre chère patrie, situation redoutable où l'on marginalise chaque jour un peu plus les catholiques, coupables d'être les héritiers de la source nationale. Sous peine d'excommunication sociale, on doit extirper de la mémoire de nos enfants, l'essence chrétienne de tout ce qui a construit notre pays, dans sa culture, son intelligence, ses arts, ses universités, ses sciences, son système politique, son droit, sa relation à l'homme, son identité, son état-civil, sa géographie rurale et urbaine.

J'ai trouvé pourtant, dans la seule ville de Paris, plus de 250 rues portant le nom d'un saint. Tous les mystères du rosaire, de l'annonciation au calvaire, d'innombrables noms de congrégations, des docteurs de l'Église, de cardinaux, d'évêques et même des archanges désignent des boulevards, des places ou des squares. Pour les quatre-cinquièmes des Français, nous invoquons un saint lorsque nous les apostrophons.

La surenchère que se livrent entre eux les lobbies homosexuels, les islamistes, les organisations souterraines paralysent ministres et parlementaires. Ce système de terrorisme intellectuel impose une laïcisation totalitaire et radicale. Nous devons même vivre la normalisation du désordre et de la provocation sous l'autorité de la loi. On l'a vu avec cette femme haut fonctionnaire, rappelée sévèrement à l'ordre et sous la menace par une institution d'État, pour avoir voulu interdire une affiche obscène dans un lieu public. Discrimination ! Le pouvoir politique est tétanisé, quand il n'est pas objectivement complice de la violence faite contre un prélat à l'intérieur même de sa propre cathédrale. Ponce Pilate, le ministre en charge du dossier a refusé de poursuivre.

On a l'impression de vivre les années trente de l'Allemagne pré-hitlérienne, quand le paganisme des mœurs, inspiré des mythologies les plus barbares, couvait sous la cendre de la lâcheté politique. C'est dire si la phrase de Vladimir Maximov reste d'actualité : "Je ne connais pas d'homme qui, confronté à l'attrait de l'argent ou du pouvoir n'ait pas été vidé de toute substance ! Celui qui y a résisté est un héros ou un saint."

La situation de guerre civile qui sourde dans nos banlieues inquiète mais n'angoisse guère : tandis qu'on débloque les millions d'euros que l'administration avait pourtant jugé inutiles après avoir constaté leur totale inefficacité (l'épicentre des émeutes, la ville de Clichy-sous-Bois, est la ville la plus subventionnée du pays), le mépris des révoltés s'enracine.

Les premières émeutes l'ont révélé : ceux qui affirment les convictions religieuses les plus simplistes auront à leur disposition une force brutale, héroïque et passionnée. Ils ont soufflé sur la braise et ont montré qu'ils étaient capables d'éteindre l'incendie, l'allumette dans une main et le tuyau d'incendie de l'autre (cf. Décryptage, 18 novembre 2005).

L'idéal non contesté, capable d'encadrer tour à tour dans le calme ou la violence des jeunesses exaspérées rappelle clairement que l'élément d'ordre est l'islam. Le christianisme est muselé, humilié par ceux-là mêmes qui craignent et flattent la sauvagerie des bandes. Car tuer de sang froid et sans regret un père de famille devant sa fille et sa femme, un vieil homme qui éteint un incendie, caillasser un bébé de treize mois ou incendier une personne infirme à l'âge où on passe son BEPC, sont des actes odieusement barbares.

La vérité, c'est que ceux qui n'ont que la laïcité à la bouche pour faire la paix sociale, vitupèrent le Dieu des chrétiens quand il prétend secouer le joug de la “sphère privée”, et tendent la joue à son contraire quand les apôtres du désordre attisent la haine de malheureux déboussolés ! Culpabiliser la nation, à grand renfort de révisionnisme à contre-histoire suffit à leur conscience.

Les donneurs de leçons du journal de 20h n'emporteront pas l'adhésion des jeunesses désireuses d'en découdre, et aspirées par les sectateurs les plus fous, libertaires exaltés et fanatiques pseudo-religieux. Qui sait la puissance de l'appel à l'héroïsme, au sacrifice, à l'honneur de caste, dans le mépris des satrapes et des débauchés qui se goinfrent sous leurs yeux ? Qui dira que ce discours se nourrit de la haine des faibles et le vertige de la violence et du sang ? Quand le bras du Dieu qui a donné sa vie pour le salut de tous n'est plus là pour élever l'homme et ses passions, seule la force est respectable, jusqu'à prendre le visage de Dieu lui-même.

Tout le monde le sait : les braves gens, les lâches, les bons chrétiens, les bons musulmans, les assassins… La haine appelle la haine. On se gargarise : "À la différence de tous ceux qui ont connu ça, dit le ministre de l'Intérieur, il n'y a eu ni morts, ni blessés grave" (Libération, 23 décembre). Mais si rien ne change, cela va se terminer tôt ou tard dans le sang !

Les carottes ne sont pas cuites

Ayez crainte, donc, Mme ou M. le parlementaire. Mais soyez sans peur ! N'en déplaise au cher Jean Raspail, "les carottes ne sont pas cuites", car il reste le don de Dieu : l'espérance.

Alors que les plus violents affrontements opposent forces de l'ordre et jeunes immigrés dans la nuit des banlieues françaises, l'Église béatifie Charles de Foucauld. Nous avons ici-même invoqué les leçons du “Frère universel” (Décryptage, 10 novembre), réécoutons-le : " La France malgré les apparences reste la France de Charlemagne, de saint Louis, de Jeanne d'Arc. La vieille âme reste vivante ; les saints de France prient toujours pour elle ; les dons de Dieu sont sans repentance […]. Alors que tout le créé paraît avec tant d'évidence toucher au néant… avec vous je prie pour la France."

Les dons de Dieu sont sans repentance.

Bonne année !

 

 

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