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les
forces des ténèbres .... |
Dossiers :
Elans des A(JENOUS) |
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Présentation :...Benoît
XVI a conclu son voyage en Pologne par la visite des camps d'Auschwitz
et de Birkenau. Il a tenu à Birkenau un discours en tout point
remarquable méritant d'autres fins que celles que l'on commence à voir
fleurir dans la presse (ici,
ici,
ici ou
là)
:
il est à intégrer dans nos esprits et nos bibliothèques.
Extraits : je suis
passé parmi les fours crématoire de Birkenau en ruine. Je ne
pouvais pas venir ici comme pape." Le pape Jean Paul II est venu
ici comme fils de ce peuple qui, à côté du peuple juif, a souffert le
plus dans ce lieu et, en général, pendant la guerre. "Il y a six
millions de Polonais qui ont péri pendant la dernière guerre : un
cinquième de la population"
je
suis ici comme successeur de Jean Paul II et comme fils de la nation
allemande, fils de ce peuple sur lequel un groupe de criminels a pris le
pouvoir par de fausses promesses de grandeur, de restitution de
l'honneur à la nation, en offrant des perspectives de bien-être, mais en
utilisant la terreur et l'intimidation, en se servant de la nation comme
d'un outil de sa volonté de destruction, de domination.
Nous
sommes ici dans le lieu de la mémoire, qui est aussi le lieu de la Shoah
Notre cri
à Dieu devrait en même temps traverser et changer nos cœurs pour
réveiller la présence de Dieu cachée en nous, afin que sa force, qui a
été déposée dans nos cœurs, ne soit pas étouffée et enterrée en nous par
la boue de l'égoïsme, de la peur vis-à-vis des autres, par
l'indifférence et l'opportunisme. Elevons ce cri vers Dieu, dirigeons-le
aussi dans nos cœurs précisément aujourd'hui, alors que paraissent de
nouvelles menaces, que dans le cœur des hommes, les forces des ténèbres
semblent dominer de nouveau : d'un côté, l'abus du nom de Dieu pour
justifier la violence aveugle vis-à-vis de personnes innocentes ; de
l'autre, le cynisme qui n'estime pas Dieu et qui se moque de la foi en
Lui.
....il fallait
faire mourir ce Dieu pour que tout le pouvoir reste dans les mains des
hommes
On a
d'abord essayé d'éliminer l'intelligentsia, avant d'anéantir la nation
comme sujet historique indépendant pour la mettre au niveau des
esclaves. ... une idéologie qui ne retenait que le profit comptable et
écartait toute vie indigne d'être vécue, considérée comme vie sans
valeur lebensunwerten Leben ....
....paroles
mises par Sophocle dans la bouche d'Antigone : "Je ne suis pas ici pour
haïr ensemble, mais pour aimer ensemble".
..... Nous
pouvons donc avoir l'espoir que, dans ce lieu de l'horreur, va se créer,
s'élever et mûrir une réflexion constructive et que la mémoire du passé
va aider à la lutte contre le mal et faire que l'amour triomphe."
CE SONT LES ÉTATS QUI TUENT, PAS LES
PEUPLES Après analyse, ce sont ces journaux qui ont
tort et c'est le pape qui a raison. .... . Dans un régime où
règne la concurrence et où les droits de propriété sont protégés,
... cela ne serait pas le cas
en
z
relations
....
Francis Richard: Un mauvais procès
.... Benoît XVI implore la grâce de la
réconciliation à Auschwitz, mais certains lui font un mauvais procès

d'ou par extension, à
propos de notre société essentiellement économique, l'importance du..."small
is beautiful " et du "bottom-up "... enfin de l'interrogation :
" the cost of low cost ? "... et de
l'interrogation à propos des méfaits des
structures de puissance....
du désir de force,
de puissance, de dominer ..
et de....
la soif de
fausse
grandeur
du dialogue des religions ou des
cultures ... Benoît XVI a estimé qu'un dialogue entre
religions "au sens strict" est impossible tout en soulignant le
caractère "particulièrement urgent" du dialogue entre les cultures.
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"Je suis ici comme successeur de Jean Paul II et comme fils de la
nation allemande"
titre donné par le Monde
Auteur:
Traduction Le Monde
Source: http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3214,36-777072@51-775514,0.html
Date :
29.05.06
Parler dans ce lieu d'horreur et
de crimes accumulés contre Dieu et contre l'homme, crimes sans
équivalence dans l'Histoire, est une chose presque impossible et
difficile – particulièrement difficile et oppressante pour un
chrétien, pour un pape qui vient de l'Allemagne. Dans un lieu comme
celui-ci, les mots manquent, et dans un silence effrayant, le cœur
crie à Dieu : Seigneur, pourquoi es-Tu resté silencieux ? Pourquoi
as-Tu permis cela ? Dans ce silence, nous nous inclinons devant la
foule immense de ceux qui ont souffert dans cet endroit et ont été
tués. Ce silence est néanmoins un cri fort pour le pardon et pour
la réconciliation, un cri au Dieu vivant, pour qu'il ne permette
plus jamais une telle chose.
Il y a vingt-sept ans, le 7 juin
1979, Jean Paul II était ici. Il avait alors dit : "Je viens ici en
tant que pèlerin. On sait que je suis venu de très nombreuses fois
ici. Plusieurs fois, je suis descendu dans la cellule de la mort de
Maximilien Kolbe, maintes fois je m'agenouillais auprès du mur de
l'extermination, et je suis passé parmi les fours crématoire
de Birkenau en ruine. Je ne pouvais pas ne pas venir ici comme pape." Le
pape Jean Paul II est venu ici comme fils de ce peuple qui, à côté
du peuple juif, a souffert le plus dans ce lieu et, en général,
pendant la guerre. "Il y a six millions de Polonais qui ont péri
pendant la dernière guerre : un cinquième de la population",
avait rappelé alors le pape. Ensuite il a adressé au monde entier un
appel pour le respect des droits de l'homme et des nations,
qu'avaient déjà lancé ses prédécesseurs, Jean XXIII et Paul VI. Il
avait ajouté : "Ces mots sont prononcés par le fils du peuple qui a
subi dans son histoire plus ou moins récente des souffrances de
différentes sortes. Et je ne le dis pas pour accuser qui que ce
soit. Je le dis pour rappeler que je parle au nom de toutes les
nations dont les droits sont méconnus et violés."
Jean Paul II est venu ici en tant
que fils du peuple polonais. Je viens ici en tant que fils du peuple
allemand et, pour cela, je peux et je dois répéter : je ne pouvais
pas ne pas venir ici. Je devais venir. C'était et c'est un devoir
vis-à-vis de la vérité, vis-à-vis des droits de ceux qui ont
souffert ici, un devoir vis-à-vis de Dieu : je suis ici comme
successeur de Jean Paul II et comme fils de la nation allemande,
fils de ce peuple sur lequel un groupe de criminels a pris le
pouvoir par de fausses promesses de grandeur, de restitution de
l'honneur à la nation, en offrant des perspectives de bien-être,
mais en utilisant la terreur et l'intimidation, en se servant de la
nation comme d'un outil de sa volonté de destruction, de domination.
Oui, je ne pouvais pas ne pas venir ici.
Le 7 juin 1979, comme archevêque
de Munich, j'étais aussi parmi beaucoup d'autres évêques qui avaient
accompagné Jean Paul II, l'ont écouté et ont prié avec lui. En 1981,
je suis revenu dans ce lieu du crime avec une délégation d'évêques
allemands, bouleversé par la dimension du mal et reconnaissant que,
au-dessus de toutes ces ténèbres, une étoile de la réconciliation
s'est allumée. Et c'est pour cela aussi que je suis ici aujourd'hui
: pour prier la grâce de la réconciliation – pour prier en premier
lieu Dieu, parce que c'est Lui seulement qui peut ouvrir et purifier
le cœur humain ; mais aussi pour tous les hommes qui ont souffert
ici. Je prie pour le don de la réconciliation, pour tous ceux
qui, dans cette heure de notre histoire, souffrent toujours sous la
domination de la haine et de la violence née de la haine.
Que de questions naissent de ce
lieu ! Toujours revient la question : où était Dieu en ces jours ?
Pourquoi s'est-Il tu ? Comment a-t-Il pu permettre cette immense
destruction, ce triomphe du mal ? [Ici le pape cite le Psaume 44 de
la Bible : versets 20-23-27 - NDLR voici le texte
trouvé sur une autre traduction : "Il nous vient à l'esprit les
paroles du psaume 44, la lamentation d'Israël souffrant : « Tu nous
as écrasés au séjour des chacals, tu nous as enveloppés de ténèbres
... Pour toi nous avons mis à mort, traités comme des brebis pour
l'abattoir. Réveille toi !pourquoi dors tu Seigneur ? Relève toi, ne
nous repousses pas à jamais ! Pourquoi caches tu ton visage, oublies
tu notre misère et notre oppression ? Car nous sommes prostrés dans
la poussière, notre corps est étendu par terre. Relève toi, viens à
notre secours, sauve nous par ta miséricorde ! »] Ce cri d'angoisse qu'Israël
souffrant adresse à Dieu à l'heure de l'extrême détresse est en même
temps un appel à l'aide de tous les hommes qui dans l'histoire,
hier, aujourd'hui et demain, paient de leur souffrance l'amour de
Dieu, de la vérité et du bien. Et ils sont nombreux aujourd'hui
aussi. Nous ne pouvons pas vraiment comprendre le mystère de
Dieu. Nous n'en voyons que des fragments et nous commettrions une
erreur si nous nous faisions les juges de Dieu et de l'histoire.
Ainsi, nous ne défendrions pas l'homme, au contraire nous
contribuerions à sa destruction.
Non, en définitive, nous devrions
rester avec l'humble et persévérant cri adressé à Dieu :
réveille-Toi ! N'oublie pas l'homme que Tu as créé ! Notre cri à
Dieu devrait en même temps traverser et changer nos cœurs pour
réveiller la présence de Dieu cachée en nous, afin que sa force, qui
a été déposée dans nos cœurs, ne soit pas étouffée et enterrée en
nous par la boue de l'égoïsme, de la peur vis-à-vis des autres, par
l'indifférence et l'opportunisme. Elevons ce cri vers Dieu,
dirigeons-le aussi dans nos cœurs précisément aujourd'hui, alors que
paraissent de nouvelles menaces, que dans le cœur des hommes, les
forces des ténèbres semblent dominer de nouveau : d'un côté, l'abus
du nom de Dieu pour justifier la violence aveugle vis-à-vis de
personnes innocentes ; de l'autre, le cynisme qui n'estime pas Dieu
et qui se moque de la foi en Lui.
Nous appelons Dieu pour qu'Il aide
les hommes à comprendre que la violence ne bâtit pas la paix, mais
ne fait naître que d'autres violences, que la destruction croissante
qui fait qu'en fin de compte tout le monde est perdant. Dieu, en
qui nous croyons, est un Dieu de la raison, mais d'une raison qui
n'est sûrement pas une mathématique neutre de l'Univers, mais fait
corps avec l'amour et le bien. Nous demandons à Dieu et nous crions
aux hommes que cette raison – la raison de l'amour, de l'affirmation
de la force de la réconciliation et de la paix – doit prévaloir sur
l'irrationnel, sur la raison fausse, détachée de Dieu.
Nous sommes ici dans le lieu de
la mémoire, qui est aussi le lieu de la Shoah. Le temps passé
n'est pas seulement le passé. D'une certaine manière, il nous touche
tous. Il montre le chemin qu'il ne faut pas prendre et la voie qu'il
nous faut prendre. Comme Jean Paul II, je suis passé devant les
stèles qui, dans plusieurs langues, font mémoire de tous ceux qui
ont été tués : biélorusse, tchèque, allemande, français, grecque,
hébreu, croate, italienne, yiddish, hongroise, néerlandaise,
norvégienne, polonaise, russe, tzigane, roumaine, slovaque, serbe,
ukrainienne, judéo-espagnole et anglaise. Toutes ces stèles
commémoratives parlent de la souffrance humaine, montrent le cynisme
d'un pouvoir qui traitait les gens comme des objets, ne distinguant
jamais en elles l'image de Dieu.
Il faut se rappeler certaines de
ces stèles d'une façon plus particulière. D'abord, l'inscription en
hébreu. Les puissants du troisième Reich ont voulu écraser le peuple
de Dieu dans sa totalité, l'éliminer du rang des nations de la
terre. Les paroles du psaume : "Nous sommes mis à mort, traités
comme des brebis conduites pour être égorgés" se sont accomplies
d'une manière terrible. En réalité, ces criminels impitoyables, en
anéantissant ce peuple, ont voulu tuer ce Dieu qui a appelé Abaham
et qui, parlant à Moïse sur le mont Sinaï, a établi les
commandements principaux de toute action humaine, valables pour
l'éternité. Puisque ce peuple, par le simple fait de son existence,
était un témoignage du Dieu qui parla à l'homme et le prit sous sa
protection, alors il fallait faire mourir ce Dieu pour que tout
le pouvoir reste dans les mains des hommes – de ceux qui se
considéraient comme forts et voulaient dominer le monde. En
détruisant Israël, ils ont en réalité voulu arracher les racines de
la foi chrétienne et les remplacer par la foi créée par eux-mêmes,
la foi dans la domination de l'homme fort. Il y a aussi une plaque
gravée dans la langue polonaise. On a d'abord essayé d'éliminer
l'intelligentsia, avant d'anéantir la nation comme sujet historique
indépendant pour la mettre au niveau des esclaves.
Une réflexion particulière
s'impose aussi pour la langue des Cintis et des Tziganes. Ce peuple
errant parmi d'autres nations fut aussi condamné à l'anéantissement.
Lui aussi était compté au nombre des éléments inutiles de l'histoire
universelle selon une idéologie qui ne retenait que le profit
comptable et écartait toute vie indigne d'être vécue, considérée
comme vie sans valeur lebensunwerten Leben. Puis la langue russe
de la stèle commémorant le grand nombre de soldats russes qui ont
péri sous le régime nazi. Parallèlement, naît ici une réflexion sur
le tragique de leur mission : en libérant leur nation de la
dictature, ils devaient servir une nouvelle dictature – la dictature
de Staline – et l idéologie communiste qui s'imposa à ces nations
sans pouvoir.
Toutes les autres stèles disent la
diversité des souffrances humaines sur l'ensemble du continent. Nos
cœurs seraient encore plus bouleversés si on avait rappelé à notre
mémoire non pas des victimes massivement rassemblés, mais les
visages des personnes qui ont péri dans les ténèbres de cette
terreur. J'ai ressenti surtout le besoin de m'arrêter devant la
stèle de langue allemand. Ici s'offre à mes yeux le visage d'Edith
Stein, soeur Thérèse Bénédicte de la Sainte Croix, juive et
allemande, qui, avec sa sœur, a perdu la vie dans les ténèbres qui
recouvaient ce camp de concentration. Comme chrétienne et comme
juive, elle était d'accord pour mourir avec son peuple et pour lui.
Les Allemands qui ont été déportés à Auschwitz-Birkenau et ont été
assassinés étaient considérés comme le lie de l humanité (Abschaum
der Nation).
Aujourd'hui, on se souvient d'eux
avec gratitude comme témoins de la vérité et du bien qui a survécu
dans notre nation. Nous les remercions parce qu'ils ne se sont pas
soumis au pouvoir du mal et aujourd'hui, ils sont comme la lumière
dans les ténèbres de la nuit. Avec un profond respect, nous nous
inclinons devant tous ceux qui, comme ces trois jeunes sous la
menace de la mort dans les crématoires, ont répondu : "Notre Dieu
seul peut nous sauver. Mais même s'il nous avait sauvé, sache, Oh
roi, que nous n'allons pas vénérer ton Dieu et nous incliner
devant le veau d'or que tu as élevé ".
Oui, ces stèles commémorent la
destinée d'une foule innombrable de personnes. Ces personnes
bouleversent notre mémoire, notre cœur. Elles ne veulent pas
provoquer la haine chez nous, mais montrer combien l'œuvre de la
haine est atroce. Elles disent que la raison doit prendre le mal
pour le mal et le rejeter. Elles veulent réveiller en nous le
courage du bien et la résistance au mal. Elles veulent faire naître
les sentiments qu'expriment les paroles mises par Sophocle dans
la bouche d'Antigone : "Je ne suis pas ici pour haïr ensemble, mais
pour aimer ensemble".
Que Dieu soit remercié ! La
purification de le mémoire à laquelle nous appelle ce lieu fait
naître aussi beaucoup d'initiatives qui ont pour but de s'opposer au
mal et contribuer à la naissance du bien. Il y a un instant, j'ai pu
bénir le centre de dialogue et de prières. Dans son voisinage, des
soeurs carmélites mènent une vie cachée qui exprime, d'une façon
particulière l'union au mystère de la Croix et rappellent que notre
foi annonce un Dieu descendu dans l'enfer de la souffrance humaine
et souffrant encore avec nous. A Auschwitz, se trouvent aussi le
centre franciscain de Saint Maximilien Kolbe, le centre
international d'éducation sur l'Holocauste, un centre de rencontre
de jeunes, un centre juif. Nous pouvons donc avoir l'espoir que,
dans ce lieu de l'horreur, va se créer, s'élever et mûrir une
réflexion constructive et que la mémoire du passé va aider à la
lutte contre le mal et faire que l'amour triomphe."
texte hébergé
en mai 06
Comparatif de deux traductions du
Discours de Benoît XVI au Camp de
Concentration d'Auschwitz-Birkenau le 28/05/06
...
publié par le Figaro ...internet
texte
figurant ci-dessus
|
texte trouvé sur le
site
Xantrailles |
Parler dans ce lieu d'horreur et
de crimes accumulés contre Dieu et contre l'homme, crimes sans
équivalence dans l'Histoire, est une chose presque impossible et
difficile – particulièrement difficile et oppressante pour un
chrétien, pour un pape qui vient de l'Allemagne. Dans un lieu comme
celui-ci, les mots manquent, et dans un silence effrayant, le cœur
crie à Dieu : Seigneur, pourquoi es-Tu resté silencieux ? Pourquoi
as-Tu permis cela ? Dans ce silence, nous nous inclinons devant la
foule immense de ceux qui ont souffert dans cet endroit et ont été
tués. Ce silence est néanmoins un cri fort pour le pardon et pour
la réconciliation, un cri au Dieu vivant, pour qu'il ne permette
plus jamais une telle chose.
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Prendre la parole dans ce lieu
d'horreur, d'accumulation de crimes contre Dieu et contre l'homme
sans égal dans l'histoire est presque impossible - et cela est
particulièrement difficile et accablant pour un chrétien, pour un
pape qui vient d'Allemagne. Dans un lieu comme celui-là, les mots
font défaut, au fond, seul un silence tremblant peut régner, un
silence qui est un cri intérieur vers Dieu : pourquoi n'as-tu rien
dit Seigneur ? pourquoi as-tu pu tolérer tout cela ? C'est dans ce
silence que nous nous inclinons profondément au fond de nous devant
l'innombrable enfilade de ceux qui ont souffert ici et ont été mis à
mort ; ce silence toutefois devient ensuite demande à haute voix de
pardon de réconciliation, un cri vers le Dieu vivant de ne plus
permettre une telle chose.
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Il y a vingt-sept ans, le 7 juin
1979, Jean Paul II était ici. Il avait alors dit : "Je viens ici en
tant que pèlerin. On sait que je suis venu de très nombreuses fois
ici. Plusieurs fois, je suis descendu dans la cellule de la mort de
Maximilien Kolbe, maintes fois je m'agenouillais auprès du mur de
l'extermination, et je suis passé parmi les fours crématoire
de Birkenau en ruine. Je ne pouvais pas venir ici comme pape." Le
pape Jean Paul II est venu ici comme fils de ce peuple qui, à côté
du peuple juif, a souffert le plus dans ce lieu et, en général,
pendant la guerre. "Il y a six millions de Polonais qui ont péri
pendant la dernière guerre : un cinquième de la population",
avait rappelé alors le pape. Ensuite il a adressé au monde entier un
appel pour le respect des droits de l'homme et des nations,
qu'avaient déjà lancé ses prédécesseurs, Jean XXIII et Paul VI. Il
avait ajouté : "Ces mots sont prononcés par le fils du peuple qui a
subi dans son histoire plus ou moins récente des souffrances de
différentes sortes. Et je ne le dis pas pour accuser qui que ce
soit. Je le dis pour rappeler que je parle au nom de toutes les
nations dont les droits sont méconnus et violés."
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Il y a 27 ans, le 7 juin 1979 le pape Jean Paul II
était ici et il dit alors : « je viens ici comme pèlerin. On sait
que bien des fois je me suis trouvé ici... Tant de fois ! Bien des
fois je suis descendu dans la cellule de la mort de Maximilien Kolbe
et je me suis arrêté devant le mur de l'extermination et je suis
passé entre les ruines des fours crématoires de Birkenau. Je ne
pouvais pas ne pas venir ici comme Pape » Le pape Jean Paul II est
venu ici comme fils du peuple qui, à côté du peuple hébraïque,
devait souffrir le plus en ce lieu et, en général, au cours de la
guerre : « il y a six millions de polonais qui ont perdu la vie
pendant la seconde guerre mondiale : le cinquième de la nation » a
alors rappelé le Pape. Ici il a ensuite fait monter l'avertissement
solennel au respect des droits de l'homme et des nations qu'avant
lui ses prédecesseurs Jean XXIII et Paul VI avaient élevé devant le
monde, et il ajouta : « Je prononce ces paroles [...] fils de la
nation qui dans son histoire lointaine et récent a subi tant de
douleurs de la part des autres. Et je ne le dis pas pour accuser
mais pour se souvenir. Je parle au nom de toutes les nations dont
les droits sont violés et oubliés... »
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Jean Paul II est venu ici en tant
que fils du peuple polonais. Je viens ici en tant que fils du peuple
allemand et, pour cela, je peux et je dois répéter : je ne pouvais
pas ne pas venir ici. Je devais venir. C'était et c'est un devoir
vis-à-vis de la vérité, vis-à-vis des droits de ceux qui ont
souffert ici, un devoir vis-à-vis de Dieu : je suis ici comme
successeur de Jean Paul II et comme fils de la nation allemande,
fils de ce peuple sur lequel un groupe de criminels a pris le
pouvoir par de fausses promesses de grandeur, de restitution de
l'honneur à la nation, en offrant des perspectives de bien-être,
mais en utilisant la terreur et l'intimidation, en se servant de la
nation comme d'un outil de sa volonté de destruction, de domination.
Oui, je ne pouvais pas ne pas venir ici.
Le 7 juin 1979, comme archevêque
de Munich, j'étais aussi parmi beaucoup d'autres évêques qui avaient
accompagné Jean Paul II, l'ont écouté et ont prié avec lui. En 1981,
je suis revenu dans ce lieu du crime avec une délégation d'évêques
allemands, bouleversé par la dimension du mal et reconnaissant que,
au-dessus de toutes ces ténèbres, une étoile de la réconciliation
s'est allumée. Et c'est pour cela aussi que je suis ici aujourd'hui
: pour prier la grâce de la réconciliation – pour prier en premier
lieu Dieu, parce que c'est Lui seulement qui peut ouvrir et purifier
le cœur humain ; mais aussi pour tous les hommes qui ont souffert
ici. Je prie pour le don de la réconciliation, pour tous ceux
qui, dans cette heure de notre histoire, souffrent toujours sous la
domination de la haine et de la violence née de la haine.
|
Le pape Jean Paul II était ici
comme fils du peuple polonais.Je suis aujourd'hui ici comme fils du
peuple allemand et justement pour cela, je dois et peux dire comme
lui : je ne pouvais pas ne pas venir ici. Je devais venir. C'était
et c'est un devoir à l'égard de la vérité et du droit de ceux qui
ont souffert, un devoir vis-à-vis de Dieu, d'être ici comme
successeur de Jean-Paul II et comme fils du peuple allemand, fils de
ce peuple sur lequel un groupe de criminels a pris le pouvoir au
moyen de promesses mensongères, au nom de perspectives de grandeur,
de recouvrance de l'honneur de la nation et de son relèvement,
avec des prévisions de bien-être, et aussi avec la force de la
terreur et de l'intimidation de sorte que notre peuple a pu être
utilisé et abusé comme instrument de leur frénésie de destruction et
de pouvoir.
Oui, je ne pouvais pas ne pas
venir ici.
Le 7 juin 1979, j'étais ici comme
archevêque de Münich-Freisingen parmi tant d'évêques qui
accompagnaient le Pape, l'écoutaient et priaient avec lui. Puis en
1980 je suis revenu une fois dans ce lieu d'horreur avec une
délégation d'évêques allemands, bouleversé à cause du mal et
reconnaissant du fait qu'au dessus de ces ténèbres s'était levé
l'étoile de la réconciliation. Et c'est encore dans ce but que je me
trouve aujourd'hui ici : pour implorer la grâce de la réconciliation
– et tout d'abord de Dieu qui, seul, peut ouvrir et purifier nos
coeurs ; puis des hommes qui ont souffert ici, et enfin la grâce de
la réconciliation pour tous ceux qui, en ce moment de notre
histoire, ont souffert de nouvelle manière sous le pouvoir de la
haine et sous la violence fomentée par la haine.
|
Que de questions naissent de ce
lieu ! Toujours revient la question : où était Dieu en ces jours ?
Pourquoi s'est-Il tu ? Comment a-t-Il pu permettre cette immense
destruction, ce triomphe du mal ?*
[Ici le pape cite le Psaume 44 de
la Bible : versets 20-23-27 - NDLR ] Non cité
Ce cri d'angoisse qu'Israël
souffrant adresse à Dieu à l'heure de l'extrême détresse est en même
temps un appel à l'aide de tous les hommes qui dans l'histoire,
hier, aujourd'hui et demain, paient de leur souffrance l'amour de
Dieu, de la vérité et du bien. Et ils sont nombreux aujourd'hui
aussi.
|
Tant de demandes s'imposent à nous
dans ce lieu ! Et toujours à nouveau émerge la demande : Où était
Dieu en ces jours-là ? Pourquoi s'est-il tu ? Comment a-t-il pu
tolérer cet excès de destruction, ce triomphe du mal ?
Il nous vient à l'esprit les
paroles du psaume 44, la lamentation d'Israël souffrant : « Tu nous
as écrasés au séjour des chacals, tu nous as enveloppés de ténèbres
... Pour toi nous avons mis à mort, traités comme des brebis pour
l'abattoir. Réveille toi !pourquoi dors tu Seigneur ? Relève toi, ne
nous repousses pas à jamais ! Pourquoi caches tu ton visage, oublies
tu notre misère et notre oppression ? Car nous sommes prostrés dans
la poussière, notre corps est étendu par terre. Relève toi, viens à
notre secours, sauve nous par ta miséricorde ! » (Ps 44,
20.23-27).
Ce cri d'angoisse qu'Israël
souffrant élevé vers Dieu au temps de détresse profonde est dans le
même temps le cri d'appel à l'aide de tous ceux qui dans le cours de
l'histoire (hier, aujourd'hui et demain- ont souffert pour l'amour
de Dieu, pour l'amour de la vérité et du bien, et il y en a beaucoup
encore aujourd'hui.
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Nous ne pouvons pas vraiment comprendre le mystère de
Dieu. Nous n'en voyons que des fragments et nous commettrions une
erreur si nous nous faisions les juges de Dieu et de l'histoire.
Ainsi, nous ne défendrions pas l'homme, au contraire nous
contribuerions à sa destruction.
Non, en définitive, nous devrions
rester avec l'humble et persévérant cri adressé à Dieu :
réveille-Toi ! N'oublie pas l'homme que Tu as créé ! Notre cri à
Dieu devrait en même temps traverser et changer nos cœurs pour
réveiller la présence de Dieu cachée en nous, afin que sa force, qui
a été déposée dans nos cœurs, ne soit pas étouffée et enterrée en
nous par la boue de l'égoïsme, de la peur vis-à-vis des autres, par
l'indifférence et l'opportunisme.
|
Nous ne pouvons pas pénétrer le
secret de Dieu - nous ne voyons que des fragments et nous commettons
une erreur si nous voulons nous faire juges de Dieu et de
l'histoire. Dans ce cas nous ne défendrions pas l'homme mais
contribuerions seulement à sa destruction.
Non – en définitive nous devons
restés tournés vers Dieu avec le cri humble mais insistant : «
réveille-toi ! N'oublie pas ta créature, l'homme ! Et notre cri vers
Dieu doit être en même temps un cri qui pénètre notre propre coeur
afin que s'éveille en nous la présence cachée de Dieu, afin que la
puissance qu'Il a déposée dans nos cœurs ne soit pas recouverte et
étouffée en nous par la boue de l'égoïsme, de la peur des hommes, de
l'indifférence et de l'opportunisme.
|
Elevons ce cri vers Dieu,
dirigeons-le aussi dans nos cœurs précisément aujourd'hui, alors que
paraissent de nouvelles menaces, que dans le cœur des hommes, les
forces des ténèbres semblent dominer de nouveau : d'un côté, l'abus
du nom de Dieu pour justifier la violence aveugle vis-à-vis de
personnes innocentes ; de l'autre, le cynisme qui n'estime pas Dieu
et qui se moque de la foi en Lui.
Nous appelons Dieu pour qu'Il aide
les hommes à comprendre que la violence ne bâtit pas la paix, mais
ne fait naître que d'autres violences, que la destruction croissante
qui fait qu'en fin de compte tout le monde est perdant. Dieu, en
qui nous croyons, est un Dieu de la raison, mais d'une raison qui
n'est sûrement pas une mathématique neutre de l'Univers, mais
fait
corps avec l'amour et le bien.
Nous demandons à Dieu et nous crions
aux hommes que cette raison – la raison de l'amour, de l'affirmation
de la force de la réconciliation et de la paix – doit prévaloir sur
l'irrationnel, sur la raison fausse, détachée de Dieu.
|
Nous émettons ce cri devant Dieu,
nous le retournons vers notre cœur lui-même précisément à l'heure
présente où surviennent de nouvelles mésaventures où semblent
émerger à nouveau des cœurs des hommes toutes les forces obscures :
d'une part l'abus du nom de Dieu pour justifier une violence aveugle
contre des personnes innocentes; de l'autre, le cynisme qui ne
connaît pas Dieu et qui méprise la foi en Lui.
Nous crions vers Dieu, afin qu'il
incite les hommes à se repentir, et qu'ils reconnaissent ainsi que
la violence n'engendre pas la paix mais seulement davantage de
violence, une spirale de destructions, dans lequel tous ne peuvent
en définitive qu'être perdants. Le Dieu dans lequel nous croyons est
un Dieu de la raison – d'une raison cependant qui n'est certainement
pas une mathématique neutre de l'univers mais qui n'est qu'une seule
chose avec l'amour, avec le bien. Nous prions Dieu et nous crions
vers les hommes afin que cette raison, la raison de l'amour et de la
reconnaissance de la force de la réconciliation et de la paix
prévale sur les menaces présentes de l'irrationalité ou d'une fausse
raison coupée de Dieu.
|
Nous sommes ici dans le lieu de
la mémoire, qui est aussi le lieu de la Shoah. Le temps passé
n'est pas seulement le passé. D'une certaine manière, il nous touche
tous. Il montre le chemin qu'il ne faut pas prendre et la voie qu'il
nous faut prendre. Comme Jean Paul II, je suis passé devant les
stèles qui, dans plusieurs langues, font mémoire de tous ceux qui
ont été tués : biélorusse, tchèque, allemande, français, grecque,
hébreu, croate, italienne, yiddish, hongroise, néerlandaise,
norvégienne, polonaise, russe, tzigane, roumaine, slovaque, serbe,
ukrainienne, judéo-espagnole et anglaise.
Toutes ces stèles
commémoratives parlent de la souffrance humaine, montrent le cynisme
d'un pouvoir qui traitait les gens comme des objets, ne distinguant
jamais en elles l'image de Dieu.
Il faut se rappeler certaines de
ces stèles d'une façon plus particulière.
|
Le lieu où nous nous trouvons est
un lieu de la mémoire, c'est le lieu de la Shoa. Le passé n'est
jamais seulement du passé. Il nous regarde et nous indique les
chemins à ne pas prendre et ceux à prendre. Comme Jean Paul II j'ai
parcouru le chemin le long des pierre qui dans les différentes
langues rappellent les victimes de ce lieu : il y a des pierres en
biélorusse, tchèque, allemand, français, grec, hébreu, croate,
italien, yiddish, hongrois, néerlandais, norvégien, polonais, russe,
rom, roumain, slovaque, serbe, ukrainien, judéoéspagnol, anglais.
Toutes ces pierres commémoratives
parlent de la douleur humaine, elles nous font deviner le cynisme
de
ce pouvoir qui traitait les hommes comme du matériau sans les
reconnaître comme des personnes dans lesquelles resplendit l'image
de Dieu.
Certaines pierres invitent à une
commémoration particulière.
|
D'abord, l'inscription en
hébreu. Les puissants du troisième Reich ont voulu écraser
le peuple
de Dieu dans sa totalité, l'éliminer du rang des nations de la
terre. Les paroles du psaume : "Nous sommes mis à mort, traités
comme des brebis conduites pour être égorgés" se sont accomplies
d'une manière terrible. En réalité, ces criminels impitoyables, en
anéantissant ce peuple, ont voulu tuer ce Dieu qui a appelé Abaham
et qui, parlant à Moïse sur le mont Sinaï, a établi les
commandements principaux de toute action humaine, valables pour
l'éternité. Puisque ce peuple, par le simple fait de son existence,
était un témoignage du Dieu qui parla à l'homme et le prit sous sa
protection, alors il fallait faire mourir ce Dieu pour que tout
le pouvoir reste dans les mains des hommes – de ceux qui se
considéraient comme forts et voulaient dominer le monde. En
détruisant Israël, ils ont en réalité voulu arracher les racines de
la foi chrétienne et les remplacer par la foi créée par eux-mêmes,
la foi dans la domination de l'homme fort.
Il y a aussi une plaque
gravée dans la langue polonaise. On a d'abord essayé d'éliminer
l'intelligentsia, avant d'anéantir la nation comme sujet historique
indépendant pour la mettre au niveau des esclaves.
Une réflexion particulière
s'impose aussi pour la langue des Cintis et des Tziganes.
Ce peuple
errant parmi d'autres nations fut aussi condamné à l'anéantissement.
Lui aussi était compté au nombre des éléments inutiles de l'histoire
universelle selon une idéologie qui ne retenait que le profit
comptable et écartait toute vie indigne d'être vécue, considérée
comme vie sans valeur lebensunwerten Leben.
Puis la langue russe
de la stèle commémorant le grand nombre de soldats russes qui ont
péri sous le régime nazi. Parallèlement, naît ici une réflexion sur
le tragique de leur mission : en libérant leur nation de la
dictature, ils devaient servir une nouvelle dictature – la dictature
de Staline – et l idéologie communiste qui s'imposa à ces nations
sans pouvoir.
Toutes les autres stèles disent la
diversité des souffrances humaines sur l'ensemble du continent. Nos
cœurs seraient encore plus bouleversés si on avait rappelé à notre
mémoire non pas des victimes massivement rassemblés, mais les
visages des personnes qui ont péri dans les ténèbres de cette
terreur.
|
Il y a celle en langue hébraïque.
Les potentats du Troisième Reich voulaient détruire
le peuple
hébraïque dans sa totalité, l'éliminer de la liste des peuples de la
terre. Les paroles du psaume nous avons été mis à mort, traités
comme des brebis pour l'abattoir se sont alors vérifiées de manière
terrible. Au fond, ces criminels violents, par l'anéantissement de
ce peuple, poursuivait l'intention de tuer ce Dieu qui appela
Abraham, qui parlant sur le Sinaï a établi les critères
d'orientation de l'humanité qui restent valides pour l'éternité.
Si
ce peuple, simplement par sa seule existence, constitue un
témoignage de ce Dieu qui a parlé à l'homme et l'a pris en charge,
alors ce Dieu devait finalement mourir et le pouvoir appartenir
seulement à l'homme – à ceux là qui se considéraient comme forts
d'avoir su s'emparer du monde. Par la destruction d'Israël, par la
Shoah, ils voulaient en fin de compte arracher les racine sue
lesquelles se fonde la foi chrétienne en lui substituant
définitivement la foi tirée de soi, la foi dans le pouvoir de
l'homme, du fort.
Puis il y a la pierre en langue
polonaise. D'abord et avant tout on a voulu éliminer l'élite
culturelle et ainsi effacer le peuple comme sujet historique
autonome pour l'abaisser, dans la mesure où il continuait d'exister,
à un peuple d'esclaves.
Une autre pierre qui invite
particulièrement à réfléchir est celle écrite dans la langue des
tziganes et des roms. Ici aussi on a voulu
faire disparaître un
peuple entier qui vivait en migrant au milieu des autres peuples. Il
fut compté parmi les éléments inutiles de l'histoire universelle,
dans une idéologie où ne devait compter désormais que
l'utile
mesurable, tout le reste selon leurs conceptions, devant se classer
comme lebensunwertes Leben -vie indigne d'être vécue.
Puis c'est la pierre en russe qui
évoque le nombre immense des vies sacrifiées parmi les soldats
russes dans l'affrontement avec le régime de la terreur
national-socialiste ; en même temps elle nous fait réfléchir sur le
sens doublement tragique de leur mission : ils ont libéré
les
peuples d'une dictature mais en soumettant aussi les mêmes peuples à
une nouvelle dictature, celle de Staline et de l'idéologie
communiste.
Toutes les autres pierres aussi
dans beaucoup de langues de l'Europe nous parle de
la souffrance des
hommes de tout le continent. Puissent-elles toucher profondément
notre cœur si nous ne faisons pas seulement mémoire des victimes de
manière générale mais si nous voyions au contraire les visages des
personnes singulières qui ont fini ici dans l'abîme de la terreur.
|
J'ai ressenti surtout le besoin de m'arrêter devant la
stèle de langue allemand. Ici s'offre à mes yeux le visage d'Edith
Stein, soeur Thérèse Bénédicte de la Sainte Croix, juive et
allemande, qui, avec sa sœur, a perdu la vie dans les ténèbres qui recouvraient
ce camp de concentration. Comme chrétienne et comme
juive, elle était d'accord pour mourir avec son peuple et pour lui.
Les Allemands qui ont été déportés à Auschwitz-Birkenau et ont été
assassinés étaient considérés comme le lie de l humanité
(Abschaum
der Nation).
Aujourd'hui, on se souvient d'eux
avec gratitude comme témoins de la vérité et du bien
qui a survécu
dans notre nation. Nous les remercions parce qu'ils ne se sont pas
soumis au pouvoir du mal et aujourd'hui, ils sont comme la lumière
dans les ténèbres de la nuit. Avec un profond respect, nous nous
inclinons devant tous ceux qui, comme ces trois jeunes sous la
menace de la mort dans les crématoires, ont répondu : "Notre Dieu
seul peut nous sauver. Mais même s'il nous avait sauvé, sache, Oh
roi, que nous n'allons pas vénérer ton Dieu et nous incliner
devant le veau d'or que tu as élevé ".
Oui, ces stèles commémorent la
destinée d'une foule innombrable de personnes. Ces personnes
bouleversent notre mémoire, notre cœur. Elles ne veulent pas
provoquer la haine chez nous, mais montrer
combien l'œuvre de la
haine est atroce. Elles disent que la raison doit prendre le mal
pour le mal et le rejeter. Elles veulent réveiller en nous le
courage du bien et la résistance au mal. Elles veulent faire naître
les sentiments qu'expriment les paroles mises par Sophocle dans
la bouche d'Antigone : "Je ne suis pas ici pour haïr ensemble, mais
pour aimer ensemble".
Que Dieu soit remercié
! La
purification de le mémoire à laquelle nous appelle ce lieu fait
naître aussi beaucoup d'initiatives qui ont pour but
de s'opposer au
mal et contribuer à la naissance du bien. Il y a un instant, j'ai pu
bénir le centre de dialogue et de prières. Dans son voisinage, des
soeurs carmélites mènent une vie cachée qui exprime, d'une façon
particulière l'union au mystère de la Croix et rappellent que notre
foi annonce un Dieu descendu dans l'enfer de la souffrance humaine
et souffrant encore avec nous. A Auschwitz, se trouvent aussi le
centre franciscain de Saint Maximilien Kolbe, le centre
international d'éducation sur l'Holocauste, un centre de rencontre
de jeunes, un centre juif. Nous pouvons donc avoir l'espoir que,
dans ce lieu de l'horreur, va se créer, s'élever et mûrir une
réflexion constructive et que la mémoire du passé va aider à la
lutte contre le mal et faire que l'amour triomphe."
|
J'ai senti comme un devoir intime
de m'arrêter de manière particulière devant la pierre en langue
allemande. Là se présente à nous le visage de Edith Stein,
Thérèsia-Benedicta a Cruce : juive et allemande disparue avec sa
soeur dans l'horreur de la nuit du camp de concentration germano-nazi
; comme chrétienne et comme juive elle accepta de
mourir à la fois avec son peuple et pour lui. Les allemands qui
furent alors déportés à Auschwitz-Birkenau et qui sont mort étaient
vus comme Abschaum der Nation -comme rebut de la nation.
Cependant aujourd'hui nous leur
rendons grâce avec reconnaissance comme témoins de la vérité et du
bien, qui même dans notre peuple n'a pas été perdu. Nous remercions
ces personnes parce qu'elles ne se sont pas soumises au pouvoir du
mal et se tiennent maintenant devant nous comme des lumières dans
une nuit obscure. Avec un profond respect et gratitude nous nous
inclinons devant tous ceux qui, comme les trois jeunes
devant la
menace de la fournaise à Babylone, ont su répondre : « Seul notre
Dieu peut nous sauver. Et même s'il ne nous libérait pas, sache, ô
roi, que nous ne servirons jamais tes dieux et n'adorerons pas la
statue d'or que tu as érigée » (Dan 3, 17).
Oui, derrière ces pierres se cache
le destin d'innombrables êtres humains. Ils secouent notre mémoire,
ils secouent notre cœur. Ils ne veulent pas provoquer en nous la
haine : ils nous démontrent même combien terrible peut être l'œuvre
de la haine. Ils veulent amener la raison à reconnaître le mal comme
mal et à le rejeter ; ils veulent susciter en nous le courage du
bien, de la résistance au mal. Ils veulent nous amener à ces
sentiments qui s'expriment dans les paroles que Sophocle met sur les
lèvres d'Antigone face à l'horreur qui l'entoure : « je ne suis pas
ici pour qu'on haïsse ensemble mais qu'on aime ensemble ».
Grâce à Dieu, par la purification
de la mémoire à laquelle nous invite ce lieu d'horreur, croissent
maintenant de multiples initiatives qui veulent imposer une limite
au mal et donner force au bien. Il y a quelques instants j'ai pu
bénir le Centre pour le Dialogue et la Prière. Tout proche la vie
cachée des soeurs carmélites qui se savent particulièrement unies au
mystère de la croix du Christ nous rappelle la foi des chrétiens qui
affirme que Dieu lui même est descendu dans l'enfer de la souffrance
et souffre ensemble avec nous. A Oswiecim existent le Centre Saint
Maximilien Kolbe et le Centre International de Formation sur
Auschwitz et l'Holocauste. Puis il y a la Maison Internationale pour
les Rencontres de la Jeunesse. Près d'une ancienne maison de prière
il y a le Centre Hébraïque. Enfin l'Académie pour les Droits de
l'Homme est en train d'être établie. Ainsi pouvons nous espérer que
de ce lieu d'horreur germe et croisse une réflexion constructive et
que le souvenir aide à résister au mal et à faire triompher l'amour.
L'humanité a traversé à
Auschwitz-Birkenau une « vallée obscure ». Aussi je voudrais
justement en ce lieu conclure par une prière de confiance – par un
Psaume d'Israël qui est en même temps une prière de la chrétienté :
« Le Seigneur est mon berger, je
ne manque de rien, sur des prés d'herbe fraîche il me fait reposer,
il me conduit vers les eaux tranquilles, il me restaure, il me guide
par les justes chemins pour l'amour de son nom. Si je passe dans la
vallée obscure je ne crains aucun mal car tu es avec moi, ton bâton
et ta houlette me donnent sécurité ... j'habiterai la maison du
Seigneur tout au long de mes années » (Ps 23, 1-4,6).
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Commentaires relevés :
Le Monde 28.05.06
Devant des journalistes, il a lui-même révélé le sens
qu'il donnerait à cette visite : "Auschwitz a
montré à quel point l'homme pouvait perdre toute dignité en piétinant
les autres. D'un tel lieu, on attend que naissent un nouvel humanisme,
une nouvelle vision de l'homme à l'image de Dieu pour que ne se répètent
plus jamais de tels crimes."

titres du Monde sur Internet le 27.05.06
Le pape Benoît XVI dénonce la Shoah à Auschwitz
mais provoque un léger malaise
Verbatim "Je suis ici comme successeur de Jean Paul II
et comme fils de la nation allemande"

LA CROIX -
Les propos du pape à Auschwitz "problématiques" (rabbin de Rome)
ROME, 28 mai 2006 (AFP)
Les propos du pape Benoît XVI dimanche
en Pologne, dans l'ancien camp nazi d'Auschwitz-Birkenau, attribuant la
Shoah à "un groupe de criminels", sont "problématiques", a estimé le
grand rabbin de Rome, Riccardo Di Segni, cité par l'agence Ansa.
"La visite a été un moment historique,
avec un discours grand au début et à la fin, mais problématique dans son
contenu", a dit le grand rabbin.
"Le problème est le suivant: une sorte
d'accent est mise sur le problème de l'absence de Dieu et non pas sur le
silence de l'homme et sur ses responsabilités", a dit M. Di Segni, selon
la même source.
"Je ne suis nullement convaincu par
l'interprétation concernant le peuple allemand, comme s'il était
lui-même victime et non pas du côté des persécuteurs", a précisé le
dirigeant de la communauté juive de la capitale italienne.
Le pape Benoît XVI a provoqué une
certaine gêne quand il a semblé dédouaner au cours de son discours à
Auschwitz le peuple allemand de toute responsabilité dans les crimes
nazis. Il les a attribués à "un groupe de criminels" qui par la
démagogie et la terreur ont "abusé" du peuple allemand pour s'en servir
"comme instrument de leur soif de destruction et de domination".
"Nous sommes d'accords quand on dit
qu'on ne peut pas juger Dieu, mais pas l'Histoire car l'Histoire est
faite par les hommes et nous avons le devoir de juger", a conclu M. Di
Segni.

Le grand rabbin de France attaque l'Eglise
catholique
http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2006/06/le_rabbin_de_fr.html
Feignant de ne pas comprendre le
discours de Benoît XVI à Auschwitz, c'est au
tour du grand rabbin de France de s'en
prendre à l'Eglise catholique toute entière :
"Il y a eu six millions de juifs
assassinés parce qu'ils étaient juifs, on se doit de chercher les
raisons de cette tragédie. Cela s'est passé au coeur d'une
civilisation chrétienne. Il y a toute une responsabilité collective
que, très dignement, l'Eglise aurait pu reconnaître".
Cette attaque est injuste, maladroite
et ne dessert que celui qui la lance.
Injuste, parce que le nazisme condamné par l'Eglise dès
1937 fut l'oeuvre de personnes qui, justement, ne pouvaient plus se dire
catholiques ou même chrétiens.
Maladroite : Pourquoi
tant de juifs ou de rabbins, sans doute mieux formés que lui, ne
tarissent-ils pas d'éloge sur l'attitude de l'Eglise et de Pie XII
durant la seconde guerre mondiale?
Pourquoi omettre les paroles du Pape prononcées à Auschwitz sur la Shoah
et le martyr du peuple juif?
Le rabbin Sitruk est géné par le fait que Benoît XVI n'ait pas centré
son discours sur le peuple juif, mais sur le peuple polonais et qu'il
batte en brêche le principe de la "responsabilité collective du peuple
allemand".
Par ailleurs, le grand rabbin de
France fait aussi rejaillir le
mensonge historique du silence de l'Eglise :
"Quelque part, l'Eglise officielle
ne se sent pas à l'aise avec cet épisode, il y a eu un silence
coupable. Aujourd'hui, il ne faudrait pas qu'il y ait des
paroles accablantes".
Silence coupable? Qui plus que
l'Eglise, a condamné avec plus de clarté et de fermeté le nazisme dès
1937? Personne. Il suffit de retourner à ses chères études et
de lire cette
encyclique "Mit brennender Sorge" écrite spécialement en allemand
pour qu'elle soit plus rapidement diffusée en Allemagne. L'Eglise
allemande l'a payée dès 1937 avec le début des
persécutions
de prêtres et les premières déportations à Dachau. Toutes les
victimes ont droit au même respect.
Comment le rabbin Sitruk a t-il pu
oublier ou ne pas connaître ces mots de Golda Meir,
ministre des affaires étrangères
d'Israël, de 1958 : "pendant
la décennie de terreur nazie, quand notre peuple a subi un martyre
terrible, la voix du pape s'est élevée pour condamner les persécuteurs
et pour invoquer la pitié envers leurs victimes".
L'Eglise n'a aucune
responsabilité dans la Shoah. Chacun le sait.
Pour revenir sur la responsabilité collective, que signifie donc ce
concept jamais défini mais diablement accusateur? Rien! Du latin "respondere",
répondre, la
responsabilité
est la capacité à répondre d'un acte, d'une pensée, d'une parole ou d'un
fait commis sous son autorité.
Comment une collectivité peut répondre d'un seul de ces faits, alors
qu'elle ne peut agir, penser ou parler à l'unisson?
Utiliser l'expression de "responsabilité collective", c'est promouvoir
la négation de la valeur individuelle de la personne, la
collectivisation des individus, un totalitarisme de masse.

Un nouveau professeur de morale
C'est une nouvelle : Monsieur
Jacques Attali devient professeur de morale. Bien entendu son devoir
et son droit est d'enseigner la morale à ses enfants et à sa famille.
Mais l'élève qu'il a choisi n'a pas de rapport familial avec lui et
n'est autre que Sa Sainteté Benoit XVI, la plus haute autorité
spirituelle de la planète.
En effet, dans un grand hebdomadaire
il s’étonne de la visite du Pape au camp d'Auschwitz en Pologne. Le
Pape, selon lui, n'a pas dit les paroles qu'il fallait, de la façon
qu'il fallait et avec les connotations qu'il fallait.
« Ce Pape, comme son prédécesseur, a
osé, en violation de tout ce qu'enseigne l'histoire, affirmer que la
moitié des victimes étaient mortes parce qu'elles étaient polonaises
et non parce qu'elles étaient juives.
Ensuite, il a affirmé qu'en
anéantissant le peuple juif le troisième reich voulait arracher les
racines sur lesquelles se fonde le christianisme comme si le
christianisme était la véritable cible de la folie nazie.
Ensuite encore il ne s'est interrogé
que sur le silence de Dieu, sans rien dire des démocraties qui
refusèrent en juillet 1938 à la conférence d'Évian, l'offre de Hitler
de leur envoyer tous les juifs allemands, qui aurait été ainsi
épargnés.
Enfin et surtout le premier Pape
allemand a osé affirmer que le massacre était l'affaire d'un groupe de
criminels qui avaient abusé le peuple allemand pour s'en servir comme
instrument de leur soif de destruction et de domination. »
On connaîtra tout sur la morale du
nouveau professeur lorsqu'on se rappellera un passage de l’un de ses
nombreux livres, « l'Avenir de la vie », passage que voici : « Dans la
logique même du système industriel dans lequel nous nous trouvons
l'allongement de la vie n'est plus un objectif souhaité par la logique
du pouvoir... Dès qu'on dépasse 60--65 ans, l'homme vit plus longtemps
qu'il ne produit et coûte alors cher à la société... Il est bien
préférable que la machine humaine s'arrête brutalement, plutôt qu’elle
ne se détériore progressivement... On pourrait accepter l'idée
d'allongement de l'espérance de vie, à condition de rendre les vieux
solvables et de créer un marché... Je suis, pour ma part, en tant que
socialiste contre l'allongement de la vie parce que c'est un leurre,
un faux problème... L'euthanasie sera un des instruments essentiels de
nos sociétés futures... »
Le plus extraordinaire dans tout
cela est, qu’en reconnaissant que les démocraties n'ont pas fait le
nécessaire, le nouveau professeur accuse clairement les hommes de
gauche de l’époque ; ce sont bien ces hommes qui gouvernaient la
France et qui ont laissé grandir le nazisme alors qu'ils avaient tous
les moyens de l'arrêter quand il le fallait. Ils sont largement
responsables des horreurs de la deuxième guerre mondiale qu’ils
auraient pu éviter et qu’ils ont perdu.
La repentance pour des fautes que
d’autres ont commis est fort à la mode. Attendons sans trop y croire
que les gauchistes d’aujourd’hui fassent repentance pour leur
ancêtres.
Michel de Poncins
sur Conscience Politique 06.06

CE SONT LES ÉTATS QUI TUENT, PAS
LES PEUPLES ...
par Jean-Luc Migué
http://www.quebecoislibre.org/06/060618-6.htm
Un certain nombre de journaux
européens et canadiens ont reproché à Benoît XVI d'avoir imputé les
horreurs des camps de concentration nazis aux criminels à la tête de
l'État nazi et d'avoir ainsi exonéré le peuple allemand de la
responsabilité de ces crimes. Après analyse, ce sont ces journaux
qui ont tort et c'est le pape qui a raison.
Ces crimes étaient un phénomène
d'État, c'est-à-dire de la force militaire et en général de la
coercition qui lui sont associées. Même si la majorité des
Allemands avait nourri des préjugés antisémites, ils n'auraient pu
refiler le poids de leurs préjugés aux Juifs dans un régime de marché,
c'est-à-dire sans la coercition d'État. Les dépravés qui ont perpétré
ces crimes n'auraient pu donner suite à leurs instincts abjects sans
l'initiative de l'État.
Le marché protecteur
L'une des grandes vertus du régime
capitaliste est justement de protéger la société contre les torts
découlant des tendances malicieuses de certains de ses membres. S'il
est vrai que les participants du marché peuvent s'adonner à toutes
sortes de comportements déplorables, il est aussi vrai que le régime
de droits de propriété inhérent à la concurrence capitaliste interdit
aux égoïstes et aux immoraux de refiler le poids de leurs faiblesses
et de leur avilissement à leurs voisins. Dans un régime où règne
la concurrence et où les droits de propriété sont protégés, et
donc exclusifs, l'appât du gain, l'envie ou la malice, ne représentent
aucun danger pour les autres. Ils s'avèrent anodins parce que les
acteurs qui en sont animés n'ont pas le pouvoir de faire mal à leurs
semblables.
On trouve l'illustration la plus
convaincante de cette dynamique dans les phénomènes de sexisme et de
racisme, si décriés de nos jours. L'employeur imbu de préjugés
sexistes et racistes est impuissant à refiler le coût de ses préjugés
à ses employés ou à ses clients. En se privant d'une main-d'oeuvre
productive et peu chère pour des considérations sexistes ou racistes,
il se pénalise lui-même, alourdit le coût de sa main-d'oeuvre, réduit
ses profits et prête flanc à la concurrence éventuelle des employeurs
libres de préjugés, qui ne tarderont pas à la supplanter sur le marché
de la consommation et du capital. En régime de concurrence
capitaliste, les préjugés sont sans importance, parce que les victimes
potentielles peuvent toujours trouver à s'employer chez l'employeur
voisin ou à se soustraire aux brimades que leurs voisins voudraient
leur imposer.
En l'absence de droits de propriété
par contre, c'est-à-dire là où le pouvoir de monopole et de coercition
est conféré aux uns par l'État, l'appât du gain des uns retire par la
force aux autres l'accès aux ressources rares et leur transfère ainsi
le fardeau de leur égoïsme. Dans les secteurs monopolisés par l'État
ou cartellisés par ses réglementations (cartels d'entreprises, comme
le taxi, ou de travailleurs, comme les monopoles syndicaux
coercitifs), les préjugés de l'employeur sont en quelque sorte
récompensés, en ce que lui, l'employeur, n'en porte pas le fardeau,
qui est plutôt refilé aux employés en salaires réduits et en occasions
d'emploi rétrécies.
L'illustration extrême de cette
logique s'observait de façon éclatante dans l'holocauste et au temps
pas si lointain de l'apartheid sud-africain. En monopolisant
l'activité, l'État confère à des groupes le pouvoir de transférer le
coût de leurs préjugés à leurs victimes. Ils l'exploiteront
allègrement. Le capitalisme sert donc d'instrument pour minimiser les
conséquences de ce que les hommes ne soient pas des saints, et donc
qu'ils ne poursuivent pas toujours des fins nobles.
« Le capitalisme est un régime
éthiquement neutre; il favorise la réalisation efficace de finalités
de toutes les couleurs éthiques, mais toujours il impute le fardeau ou
le bénéfice de ses actes à son auteur. »
En réalité, cette logique confirme
ce que l'analyse postule: la maximisation du profit n'est qu'un
objectif instrumental. Et les saints et les pécheurs recherchent le
profit; ils ne diffèrent que par l'usage qu'ils font du profit
réalisé. Le mobile du profit repose, non pas sur un postulat
matérialiste et égoïste, mais sur l'omniprésence de finalités, de buts
de la part des agents. Le profit de l'entrepreneur n'est jamais la fin
ultime de ses efforts, de ses accomplissements. Il ne fait que servir
à ses yeux à la poursuite de ses objectifs ultimes de consommation et
d'épanouissement.
Éthiquement neutre
La moralité ou l'immoralité de la
recherche du profit dépend entièrement de la moralité ou de
l'immoralité des objectifs recherchés. Le capitalisme est un régime
éthiquement neutre; il favorise la réalisation efficace de finalités
de toutes les couleurs éthiques, mais toujours il impute le fardeau ou
le bénéfice de ses actes à son auteur. La prospérité capitaliste est
indépendante des principes éthiques de ses participants. Sans un État
tout-puissant qui les tyrannisait, même les Allemands antisémites de
l'époque auraient été forcés d'assumer eux-mêmes le fardeau de leurs
préjugés. En fait, les nombreux épisodes antisémitiques de l'histoire
ont tous été l'oeuvre d'États prédateurs. Le pape Benoît XVI est un
meilleur économiste que ses critiques.
On découvre ainsi que le reproche
adressé au pape par ses critiques reprend la pensée reçue. La
philosophie courante de l'État chez l'élite politique et
intellectuelle repose sur une vision marxiste de la société. Celle-ci
n'est pas le regroupement d'individus. Elle possède plutôt une âme
distincte, une volonté abstraite, au-dessus des individus qui la
composent et que seul l'État saura formuler. Dans les mots des
représentants de cette vision, elle fait des « choix de société ».
L'État nazi aurait donc incarné la
volonté de la société allemande. Donc le peuple allemand était
raciste. En réalité, c'est l'État allemand, non les Allemands, qui a
fait l'holocauste. Dans ses principes méthodologiques, la perspective
conventionnelle découle d'une démarche discréditée en analyse, et
troublante en morale. En sciences sociales on range cette approche
dans la catégorie des pseudosciences au même titre que l'astrologie,
la parapsychologie et les autres sciences occultes.
_______________________________________________
Résonance : d'ou, à propos d'une
société essentiellement économique, la beauté du..."small
is beautiful " ... et ...du "bottom-up "... et de l'interrogation
: " the price of low cost ? "... et des
méfaits des structures de puissance.... de la
fausse grandeur
...
de l'homentranche face
à l'homocoques

Genève - 40 ans de Nostra Aetate:
“Le christianisme, une affaire juive”
http://www.bafweb.com/2006/06/30/7717#more-7717
le 29.06.06
"Nous
les chrétiens, avons dû voir, en effet toujours plus clairement, que
l’Holocauste avait été conçu aussi comme étape précédant
l’extermination du christianisme. Les journaux de Goebbels, devenus
accessibles d’une nouvelle manière, révèlent non seulement, sans
aucune ambiguité, la haine hitlerienne face aux Juifs, mais aussi
son aversion profonde contre le christianisme. Dans ces journaux, on
peut et on doit lire: Le führer est profondément religieux
mais totalement anti-chrétien. Il considère le christianisme comme
symptôme de la décadence, comme rejeton de la race juive, comme
absurdité dont il minera la position petit à petit, sur tous les
plans. C’est surtout dans le catholicisme que Hitler voyait le
cheval de Troie du judaïsme à l’intérieur du christianisme. C’est
pourquoi il cherchait à détruire le christianisme dans ses racines
abrahamiques.
La Tragédie de cette folle idéologie raciste, de conception
néo-païenne, comme le pape Benoît XVI a appelé le
national-socialisme lors de sa visite à la synagogue de Cologne, le
19 août, a eu toujours davantage pour effet qu d’anciens
adversaires, les Catholiques et les Juifs sont devenus des
compagnons d’infortune.
Même s’il faut juger insuffisante la résistance des chrétiens face
aux atrocités commises envers les Juifs, même si l’on n’a pas
combattu assez résolument l’antisémitisme, cette communion entre les
Juifs et les chrétiens s’est révélée toujours plus clairement".
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