les forces des ténèbres ....

Dossiers : Elans des A(JENOUS)

 

Présentation :...Benoît XVI a conclu son voyage en Pologne par la visite des camps d'Auschwitz et de Birkenau. Il a tenu à Birkenau un discours en tout point  remarquable méritant d'autres fins que celles que l'on commence à voir fleurir dans la presse (ici, ici, ici ou ) : il est à intégrer dans nos esprits et nos bibliothèques.

Extraits :   je suis passé parmi les fours crématoire de Birkenau en ruine. Je ne pouvais pas venir ici comme pape." Le pape Jean Paul II est venu ici comme fils de ce peuple qui, à côté du peuple juif, a souffert le plus dans ce lieu et, en général, pendant la guerre. "Il y a six millions de Polonais qui ont péri pendant la dernière guerre : un cinquième de la population"

 je suis ici comme successeur de Jean Paul II et comme fils de la nation allemande, fils de ce peuple sur lequel un groupe de criminels a pris le pouvoir par de fausses promesses de grandeur, de restitution de l'honneur à la nation, en offrant des perspectives de bien-être, mais en utilisant la terreur et l'intimidation, en se servant de la nation comme d'un outil de sa volonté de destruction, de domination.

Nous sommes ici dans le lieu de la mémoire, qui est aussi le lieu de la Shoah

Notre cri à Dieu devrait en même temps traverser et changer nos cœurs pour réveiller la présence de Dieu cachée en nous, afin que sa force, qui a été déposée dans nos cœurs, ne soit pas étouffée et enterrée en nous par la boue de l'égoïsme, de la peur vis-à-vis des autres, par l'indifférence et l'opportunisme. Elevons ce cri vers Dieu, dirigeons-le aussi dans nos cœurs précisément aujourd'hui, alors que paraissent de nouvelles menaces, que dans le cœur des hommes, les forces des ténèbres semblent dominer de nouveau : d'un côté, l'abus du nom de Dieu pour justifier la violence aveugle vis-à-vis de personnes innocentes ; de l'autre, le cynisme qui n'estime pas Dieu et qui se moque de la foi en Lui.

 ....il fallait faire mourir ce Dieu pour que tout le pouvoir reste dans les mains des hommes

On a d'abord essayé d'éliminer l'intelligentsia, avant d'anéantir la nation comme sujet historique indépendant pour la mettre au niveau des esclaves. ... une idéologie qui ne retenait que le profit comptable et écartait toute vie indigne d'être vécue, considérée comme vie sans valeur lebensunwerten Leben  ....

 ....paroles mises par Sophocle dans la bouche d'Antigone : "Je ne suis pas ici pour haïr ensemble, mais pour aimer ensemble".

..... Nous pouvons donc avoir l'espoir que, dans ce lieu de l'horreur, va se créer, s'élever et mûrir une réflexion constructive et que la mémoire du passé va aider à la lutte contre le mal et faire que l'amour triomphe."

 

CE SONT LES ÉTATS QUI TUENT, PAS LES PEUPLES    Après analyse, ce sont ces journaux qui ont tort et c'est le pape qui a raison. .... . Dans un régime où règne la concurrence et où les droits de propriété sont protégés, ... cela ne serait pas le cas

en z relations .... 

Francis Richard: Un mauvais procès .... Benoît XVI implore la grâce de la réconciliation à Auschwitz, mais certains lui font un mauvais procès

d'ou par extension,  à propos de notre société essentiellement économique, l'importance du..."small is beautiful "  et du "bottom-up "... enfin de l'interrogation  : " the cost of low cost ? "... et de l'interrogation à propos des méfaits des structures de puissance....  du désir de force, de puissance, de dominer .. et de.... la soif de fausse grandeur

du dialogue des religions ou des cultures ...  Benoît XVI a estimé qu'un dialogue entre religions "au sens strict" est impossible tout en soulignant le caractère "particulièrement urgent" du dialogue entre les cultures.

 

 

"Je suis ici comme successeur de Jean Paul II et comme fils de la nation allemande"

 titre donné par le Monde

 

Auteur:   Traduction Le Monde

Source:  http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3214,36-777072@51-775514,0.html

Date : 29.05.06  

 

 

Parler dans ce lieu d'horreur et de crimes accumulés contre Dieu et contre l'homme, crimes sans équivalence dans l'Histoire, est une chose presque impossible et difficile – particulièrement difficile et oppressante pour un chrétien, pour un pape qui vient de l'Allemagne. Dans un lieu comme celui-ci, les mots manquent, et dans un silence effrayant, le cœur crie à Dieu : Seigneur, pourquoi es-Tu resté silencieux ? Pourquoi as-Tu permis cela ? Dans ce silence, nous nous inclinons devant la foule immense de ceux qui ont souffert dans cet endroit et ont été tués. Ce silence est néanmoins un cri fort pour le pardon et pour la réconciliation, un cri au Dieu vivant, pour qu'il ne permette plus jamais une telle chose.

Il y a vingt-sept ans, le 7 juin 1979, Jean Paul II était ici. Il avait alors dit : "Je viens ici en tant que pèlerin. On sait que je suis venu de très nombreuses fois ici. Plusieurs fois, je suis descendu dans la cellule de la mort de Maximilien Kolbe, maintes fois je m'agenouillais auprès du mur de l'extermination, et je suis passé parmi les fours crématoire de Birkenau en ruine. Je ne pouvais pas ne pas venir ici comme pape." Le pape Jean Paul II est venu ici comme fils de ce peuple qui, à côté du peuple juif, a souffert le plus dans ce lieu et, en général, pendant la guerre. "Il y a six millions de Polonais qui ont péri pendant la dernière guerre : un cinquième de la population", avait rappelé alors le pape. Ensuite il a adressé au monde entier un appel pour le respect des droits de l'homme et des nations, qu'avaient déjà lancé ses prédécesseurs, Jean XXIII et Paul VI. Il avait ajouté : "Ces mots sont prononcés par le fils du peuple qui a subi dans son histoire plus ou moins récente des souffrances de différentes sortes. Et je ne le dis pas pour accuser qui que ce soit. Je le dis pour rappeler que je parle au nom de toutes les nations dont les droits sont méconnus et violés."

Jean Paul II est venu ici en tant que fils du peuple polonais. Je viens ici en tant que fils du peuple allemand et, pour cela, je peux et je dois répéter : je ne pouvais pas ne pas venir ici. Je devais venir. C'était et c'est un devoir vis-à-vis de la vérité, vis-à-vis des droits de ceux qui ont souffert ici, un devoir vis-à-vis de Dieu : je suis ici comme successeur de Jean Paul II et comme fils de la nation allemande, fils de ce peuple sur lequel un groupe de criminels a pris le pouvoir par de fausses promesses de grandeur, de restitution de l'honneur à la nation, en offrant des perspectives de bien-être, mais en utilisant la terreur et l'intimidation, en se servant de la nation comme d'un outil de sa volonté de destruction, de domination. Oui, je ne pouvais pas ne pas venir ici.

Le 7 juin 1979, comme archevêque de Munich, j'étais aussi parmi beaucoup d'autres évêques qui avaient accompagné Jean Paul II, l'ont écouté et ont prié avec lui. En 1981, je suis revenu dans ce lieu du crime avec une délégation d'évêques allemands, bouleversé par la dimension du mal et reconnaissant que, au-dessus de toutes ces ténèbres, une étoile de la réconciliation s'est allumée. Et c'est pour cela aussi que je suis ici aujourd'hui : pour prier la grâce de la réconciliation – pour prier en premier lieu Dieu, parce que c'est Lui seulement qui peut ouvrir et purifier le cœur humain ; mais aussi pour tous les hommes qui ont souffert ici. Je prie pour le don de la réconciliation, pour tous ceux qui, dans cette heure de notre histoire, souffrent toujours sous la domination de la haine et de la violence née de la haine.

Que de questions naissent de ce lieu ! Toujours revient la question : où était Dieu en ces jours ? Pourquoi s'est-Il tu ? Comment a-t-Il pu permettre cette immense destruction, ce triomphe du mal ? [Ici le pape cite le Psaume 44 de la Bible : versets 20-23-27 - NDLR  voici le texte trouvé sur une autre traduction : "Il nous vient à l'esprit les paroles du psaume 44, la lamentation d'Israël souffrant : « Tu nous as écrasés au séjour des chacals, tu nous as enveloppés de ténèbres ... Pour toi nous avons mis à mort, traités comme des brebis pour l'abattoir. Réveille toi !pourquoi dors tu Seigneur ? Relève toi, ne nous repousses pas à jamais ! Pourquoi caches tu ton visage, oublies tu notre misère et notre oppression ? Car nous sommes prostrés dans la poussière, notre corps est étendu par terre. Relève toi, viens à notre secours, sauve nous par ta miséricorde ! »] Ce cri d'angoisse qu'Israël souffrant adresse à Dieu à l'heure de l'extrême détresse est en même temps un appel à l'aide de tous les hommes qui dans l'histoire, hier, aujourd'hui et demain, paient de leur souffrance l'amour de Dieu, de la vérité et du bien. Et ils sont nombreux aujourd'hui aussi. Nous ne pouvons pas vraiment comprendre le mystère de Dieu. Nous n'en voyons que des fragments et nous commettrions une erreur si nous nous faisions les juges de Dieu et de l'histoire. Ainsi, nous ne défendrions pas l'homme, au contraire nous contribuerions à sa destruction.

Non, en définitive, nous devrions rester avec l'humble et persévérant cri adressé à Dieu : réveille-Toi ! N'oublie pas l'homme que Tu as créé ! Notre cri à Dieu devrait en même temps traverser et changer nos cœurs pour réveiller la présence de Dieu cachée en nous, afin que sa force, qui a été déposée dans nos cœurs, ne soit pas étouffée et enterrée en nous par la boue de l'égoïsme, de la peur vis-à-vis des autres, par l'indifférence et l'opportunisme. Elevons ce cri vers Dieu, dirigeons-le aussi dans nos cœurs précisément aujourd'hui, alors que paraissent de nouvelles menaces, que dans le cœur des hommes, les forces des ténèbres semblent dominer de nouveau : d'un côté, l'abus du nom de Dieu pour justifier la violence aveugle vis-à-vis de personnes innocentes ; de l'autre, le cynisme qui n'estime pas Dieu et qui se moque de la foi en Lui.

Nous appelons Dieu pour qu'Il aide les hommes à comprendre que la violence ne bâtit pas la paix, mais ne fait naître que d'autres violences, que la destruction croissante qui fait qu'en fin de compte tout le monde est perdant. Dieu, en qui nous croyons, est un Dieu de la raison, mais d'une raison qui n'est sûrement pas une mathématique neutre de l'Univers, mais fait corps avec l'amour et le bien. Nous demandons à Dieu et nous crions aux hommes que cette raison – la raison de l'amour, de l'affirmation de la force de la réconciliation et de la paix – doit prévaloir sur l'irrationnel, sur la raison fausse, détachée de Dieu.

Nous sommes ici dans le lieu de la mémoire, qui est aussi le lieu de la Shoah. Le temps passé n'est pas seulement le passé. D'une certaine manière, il nous touche tous. Il montre le chemin qu'il ne faut pas prendre et la voie qu'il nous faut prendre. Comme Jean Paul II, je suis passé devant les stèles qui, dans plusieurs langues, font mémoire de tous ceux qui ont été tués : biélorusse, tchèque, allemande, français, grecque, hébreu, croate, italienne, yiddish, hongroise, néerlandaise, norvégienne, polonaise, russe, tzigane, roumaine, slovaque, serbe, ukrainienne, judéo-espagnole et anglaise. Toutes ces stèles commémoratives parlent de la souffrance humaine, montrent le cynisme d'un pouvoir qui traitait les gens comme des objets, ne distinguant jamais en elles l'image de Dieu.

Il faut se rappeler certaines de ces stèles d'une façon plus particulière. D'abord, l'inscription en hébreu. Les puissants du troisième Reich ont voulu écraser le peuple de Dieu dans sa totalité, l'éliminer du rang des nations de la terre. Les paroles du psaume : "Nous sommes mis à mort, traités comme des brebis conduites pour être égorgés" se sont accomplies d'une manière terrible. En réalité, ces criminels impitoyables, en anéantissant ce peuple, ont voulu tuer ce Dieu qui a appelé Abaham et qui, parlant à Moïse sur le mont Sinaï, a établi les commandements principaux de toute action humaine, valables pour l'éternité. Puisque ce peuple, par le simple fait de son existence, était un témoignage du Dieu qui parla à l'homme et le prit sous sa protection, alors il fallait faire mourir ce Dieu pour que tout le pouvoir reste dans les mains des hommes – de ceux qui se considéraient comme forts et voulaient dominer le monde. En détruisant Israël, ils ont en réalité voulu arracher les racines de la foi chrétienne et les remplacer par la foi créée par eux-mêmes, la foi dans la domination de l'homme fort. Il y a aussi une plaque gravée dans la langue polonaise. On a d'abord essayé d'éliminer l'intelligentsia, avant d'anéantir la nation comme sujet historique indépendant pour la mettre au niveau des esclaves.

Une réflexion particulière s'impose aussi pour la langue des Cintis et des Tziganes. Ce peuple errant parmi d'autres nations fut aussi condamné à l'anéantissement. Lui aussi était compté au nombre des éléments inutiles de l'histoire universelle selon une idéologie qui ne retenait que le profit comptable et écartait toute vie indigne d'être vécue, considérée comme vie sans valeur lebensunwerten Leben. Puis la langue russe de la stèle commémorant le grand nombre de soldats russes qui ont péri sous le régime nazi. Parallèlement, naît ici une réflexion sur le tragique de leur mission : en libérant leur nation de la dictature, ils devaient servir une nouvelle dictature – la dictature de Staline – et l idéologie communiste qui s'imposa à ces nations sans pouvoir.

Toutes les autres stèles disent la diversité des souffrances humaines sur l'ensemble du continent. Nos cœurs seraient encore plus bouleversés si on avait rappelé à notre mémoire non pas des victimes massivement rassemblés, mais les visages des personnes qui ont péri dans les ténèbres de cette terreur. J'ai ressenti surtout le besoin de m'arrêter devant la stèle de langue allemand. Ici s'offre à mes yeux le visage d'Edith Stein, soeur Thérèse Bénédicte de la Sainte Croix, juive et allemande, qui, avec sa sœur, a perdu la vie dans les ténèbres qui recouvaient ce camp de concentration. Comme chrétienne et comme juive, elle était d'accord pour mourir avec son peuple et pour lui. Les Allemands qui ont été déportés à Auschwitz-Birkenau et ont été assassinés étaient considérés comme le lie de l humanité (Abschaum der Nation).

Aujourd'hui, on se souvient d'eux avec gratitude comme témoins de la vérité et du bien qui a survécu dans notre nation. Nous les remercions parce qu'ils ne se sont pas soumis au pouvoir du mal et aujourd'hui, ils sont comme la lumière dans les ténèbres de la nuit. Avec un profond respect, nous nous inclinons devant tous ceux qui, comme ces trois jeunes sous la menace de la mort dans les crématoires, ont répondu : "Notre Dieu seul peut nous sauver. Mais même s'il nous avait sauvé, sache, Oh roi, que nous n'allons pas vénérer ton Dieu et nous incliner devant le veau d'or que tu as élevé ".

Oui, ces stèles commémorent la destinée d'une foule innombrable de personnes. Ces personnes bouleversent notre mémoire, notre cœur. Elles ne veulent pas provoquer la haine chez nous, mais montrer combien l'œuvre de la haine est atroce. Elles disent que la raison doit prendre le mal pour le mal et le rejeter. Elles veulent réveiller en nous le courage du bien et la résistance au mal. Elles veulent faire naître les sentiments qu'expriment les paroles mises par Sophocle dans la bouche d'Antigone : "Je ne suis pas ici pour haïr ensemble, mais pour aimer ensemble".

Que Dieu soit remercié ! La purification de le mémoire à laquelle nous appelle ce lieu fait naître aussi beaucoup d'initiatives qui ont pour but de s'opposer au mal et contribuer à la naissance du bien. Il y a un instant, j'ai pu bénir le centre de dialogue et de prières. Dans son voisinage, des soeurs carmélites mènent une vie cachée qui exprime, d'une façon particulière l'union au mystère de la Croix et rappellent que notre foi annonce un Dieu descendu dans l'enfer de la souffrance humaine et souffrant encore avec nous. A Auschwitz, se trouvent aussi le centre franciscain de Saint Maximilien Kolbe, le centre international d'éducation sur l'Holocauste, un centre de rencontre de jeunes, un centre juif. Nous pouvons donc avoir l'espoir que, dans ce lieu de l'horreur, va se créer, s'élever et mûrir une réflexion constructive et que la mémoire du passé va aider à la lutte contre le mal et faire que l'amour triomphe."

texte hébergé en mai 06  

 

Comparatif de deux traductions du

Discours de Benoît XVI au Camp de Concentration d'Auschwitz-Birkenau le 28/05/06

 

... publié par le Figaro ...internet

texte figurant ci-dessus

texte trouvé sur le site Xantrailles

Parler dans ce lieu d'horreur et de crimes accumulés contre Dieu et contre l'homme, crimes sans équivalence dans l'Histoire, est une chose presque impossible et difficile – particulièrement difficile et oppressante pour un chrétien, pour un pape qui vient de l'Allemagne. Dans un lieu comme celui-ci, les mots manquent, et dans un silence effrayant, le cœur crie à Dieu : Seigneur, pourquoi es-Tu resté silencieux ? Pourquoi as-Tu permis cela ? Dans ce silence, nous nous inclinons devant la foule immense de ceux qui ont souffert dans cet endroit et ont été tués. Ce silence est néanmoins un cri fort pour le pardon et pour la réconciliation, un cri au Dieu vivant, pour qu'il ne permette plus jamais une telle chose.

Prendre la parole dans ce lieu d'horreur, d'accumulation de crimes contre Dieu et contre l'homme sans égal dans l'histoire est presque impossible - et cela est particulièrement difficile et accablant pour un chrétien, pour un pape qui vient d'Allemagne. Dans un lieu comme celui-là, les mots font défaut, au fond, seul un silence tremblant peut régner, un silence qui est un cri intérieur vers Dieu : pourquoi n'as-tu rien dit Seigneur ? pourquoi as-tu pu tolérer tout cela ? C'est dans ce silence que nous nous inclinons profondément au fond de nous devant l'innombrable enfilade de ceux qui ont souffert ici et ont été mis à mort ; ce silence toutefois devient ensuite demande à haute voix de pardon de réconciliation, un cri vers le Dieu vivant de ne plus permettre une telle chose.

Il y a vingt-sept ans, le 7 juin 1979, Jean Paul II était ici. Il avait alors dit : "Je viens ici en tant que pèlerin. On sait que je suis venu de très nombreuses fois ici. Plusieurs fois, je suis descendu dans la cellule de la mort de Maximilien Kolbe, maintes fois je m'agenouillais auprès du mur de l'extermination, et je suis passé parmi les fours crématoire de Birkenau en ruine. Je ne pouvais pas venir ici comme pape." Le pape Jean Paul II est venu ici comme fils de ce peuple qui, à côté du peuple juif, a souffert le plus dans ce lieu et, en général, pendant la guerre. "Il y a six millions de Polonais qui ont péri pendant la dernière guerre : un cinquième de la population", avait rappelé alors le pape. Ensuite il a adressé au monde entier un appel pour le respect des droits de l'homme et des nations, qu'avaient déjà lancé ses prédécesseurs, Jean XXIII et Paul VI. Il avait ajouté : "Ces mots sont prononcés par le fils du peuple qui a subi dans son histoire plus ou moins récente des souffrances de différentes sortes. Et je ne le dis pas pour accuser qui que ce soit. Je le dis pour rappeler que je parle au nom de toutes les nations dont les droits sont méconnus et violés."

 

Il y a 27 ans, le 7 juin 1979 le pape Jean Paul II était ici et il dit alors : « je viens ici comme pèlerin. On sait que bien des fois je me suis trouvé ici... Tant de fois ! Bien des fois je suis descendu dans la cellule de la mort de Maximilien Kolbe et je me suis arrêté devant le mur de l'extermination et je suis passé entre les ruines des fours crématoires de Birkenau. Je ne pouvais pas ne pas venir ici comme Pape » Le pape Jean Paul II est venu ici comme fils du peuple qui, à côté du peuple hébraïque, devait souffrir le plus en ce lieu et, en général, au cours de la guerre : « il y a six millions de polonais qui ont perdu la vie pendant la seconde guerre mondiale : le cinquième de la nation » a alors rappelé le Pape. Ici il a ensuite fait monter l'avertissement solennel au respect des droits de l'homme et des nations qu'avant lui ses prédecesseurs Jean XXIII et Paul VI avaient élevé devant le monde, et il ajouta : « Je prononce ces paroles [...] fils de la nation qui dans son histoire lointaine et récent a subi tant de douleurs de la part des autres. Et je ne le dis pas pour accuser mais pour se souvenir. Je parle au nom de toutes les nations dont les droits sont violés et oubliés... »

 

Jean Paul II est venu ici en tant que fils du peuple polonais. Je viens ici en tant que fils du peuple allemand et, pour cela, je peux et je dois répéter : je ne pouvais pas ne pas venir ici. Je devais venir. C'était et c'est un devoir vis-à-vis de la vérité, vis-à-vis des droits de ceux qui ont souffert ici, un devoir vis-à-vis de Dieu : je suis ici comme successeur de Jean Paul II et comme fils de la nation allemande, fils de ce peuple sur lequel un groupe de criminels a pris le pouvoir par de fausses promesses de grandeur, de restitution de l'honneur à la nation, en offrant des perspectives de bien-être, mais en utilisant la terreur et l'intimidation, en se servant de la nation comme d'un outil de sa volonté de destruction, de domination.

Oui, je ne pouvais pas ne pas venir ici.

Le 7 juin 1979, comme archevêque de Munich, j'étais aussi parmi beaucoup d'autres évêques qui avaient accompagné Jean Paul II, l'ont écouté et ont prié avec lui. En 1981, je suis revenu dans ce lieu du crime avec une délégation d'évêques allemands, bouleversé par la dimension du mal et reconnaissant que, au-dessus de toutes ces ténèbres, une étoile de la réconciliation s'est allumée. Et c'est pour cela aussi que je suis ici aujourd'hui : pour prier la grâce de la réconciliation – pour prier en premier lieu Dieu, parce que c'est Lui seulement qui peut ouvrir et purifier le cœur humain ; mais aussi pour tous les hommes qui ont souffert ici. Je prie pour le don de la réconciliation, pour tous ceux qui, dans cette heure de notre histoire, souffrent toujours sous la domination de la haine et de la violence née de la haine.

 

Le pape Jean Paul II était ici comme fils du peuple polonais.Je suis aujourd'hui ici comme fils du peuple allemand et justement pour cela, je dois et peux dire comme lui : je ne pouvais pas ne pas venir ici. Je devais venir. C'était et c'est un devoir à l'égard de la vérité et du droit de ceux qui ont souffert, un devoir vis-à-vis de Dieu, d'être ici comme successeur de Jean-Paul II et comme fils du peuple allemand, fils de ce peuple sur lequel un groupe de criminels a pris le pouvoir au moyen de promesses mensongères, au nom de perspectives de grandeur, de recouvrance de l'honneur de la nation et  de son relèvement, avec des prévisions de bien-être, et aussi avec la force de la terreur et de l'intimidation de sorte que notre peuple a pu être utilisé et abusé comme instrument de leur frénésie de destruction et de pouvoir.

Oui, je ne pouvais pas ne pas venir ici.

Le 7 juin 1979, j'étais ici comme archevêque de Münich-Freisingen parmi tant d'évêques qui accompagnaient le Pape, l'écoutaient et priaient avec lui. Puis en 1980 je suis revenu une fois dans ce lieu d'horreur avec une délégation d'évêques allemands, bouleversé à cause du mal et reconnaissant du fait qu'au dessus de ces ténèbres s'était levé l'étoile de la réconciliation. Et c'est encore dans ce but que je me trouve aujourd'hui ici : pour implorer la grâce de la réconciliation – et tout d'abord de Dieu qui, seul, peut ouvrir et purifier nos coeurs ; puis des hommes qui ont souffert ici, et enfin la grâce de la réconciliation pour tous ceux qui, en ce moment de notre histoire, ont souffert de nouvelle manière sous le pouvoir de la haine et sous la violence fomentée par la haine.

 

Que de questions naissent de ce lieu ! Toujours revient la question : où était Dieu en ces jours ? Pourquoi s'est-Il tu ? Comment a-t-Il pu permettre cette immense destruction, ce triomphe du mal ?*

 

 

 [Ici le pape cite le Psaume 44 de la Bible : versets 20-23-27 - NDLR ]  Non cité

 

Ce cri d'angoisse qu'Israël souffrant adresse à Dieu à l'heure de l'extrême détresse est en même temps un appel à l'aide de tous les hommes qui dans l'histoire, hier, aujourd'hui et demain, paient de leur souffrance l'amour de Dieu, de la vérité et du bien. Et ils sont nombreux aujourd'hui aussi.

Tant de demandes s'imposent à nous dans ce lieu ! Et toujours à nouveau émerge la demande : Où était Dieu en ces jours-là ? Pourquoi s'est-il tu ? Comment a-t-il pu tolérer cet excès de destruction, ce triomphe du mal ?

Il nous vient à l'esprit les paroles du psaume 44, la lamentation d'Israël souffrant : « Tu nous as écrasés au séjour des chacals, tu nous as enveloppés de ténèbres ... Pour toi nous avons mis à mort, traités comme des brebis pour l'abattoir. Réveille toi !pourquoi dors tu Seigneur ? Relève toi, ne nous repousses pas à jamais ! Pourquoi caches tu ton visage, oublies tu notre misère et notre oppression ? Car nous sommes prostrés dans la poussière, notre corps est étendu par terre. Relève toi, viens à notre secours, sauve nous par ta miséricorde ! » (Ps 44, 20.23-27).

 Ce cri d'angoisse qu'Israël souffrant élevé vers Dieu au temps de détresse profonde est dans le même temps le cri d'appel à l'aide de tous ceux qui dans le cours de l'histoire (hier, aujourd'hui et demain- ont souffert pour l'amour de Dieu, pour l'amour de la vérité et du bien, et il y en a beaucoup encore aujourd'hui.

Nous ne pouvons pas vraiment comprendre le mystère de Dieu. Nous n'en voyons que des fragments et nous commettrions une erreur si nous nous faisions les juges de Dieu et de l'histoire. Ainsi, nous ne défendrions pas l'homme, au contraire nous contribuerions à sa destruction.

Non, en définitive, nous devrions rester avec l'humble et persévérant cri adressé à Dieu : réveille-Toi ! N'oublie pas l'homme que Tu as créé ! Notre cri à Dieu devrait en même temps traverser et changer nos cœurs pour réveiller la présence de Dieu cachée en nous, afin que sa force, qui a été déposée dans nos cœurs, ne soit pas étouffée et enterrée en nous par la boue de l'égoïsme, de la peur vis-à-vis des autres, par l'indifférence et l'opportunisme.

 

Nous ne pouvons pas pénétrer le secret de Dieu - nous ne voyons que des fragments et nous commettons une erreur si nous voulons nous faire juges de Dieu et de l'histoire. Dans ce cas nous ne défendrions pas l'homme mais contribuerions seulement à sa destruction.

Non – en définitive nous devons restés tournés vers Dieu avec le cri humble mais insistant : « réveille-toi ! N'oublie pas ta créature, l'homme ! Et notre cri vers Dieu doit être en même temps un cri qui pénètre notre propre coeur afin que s'éveille en nous la présence cachée de Dieu, afin que la puissance qu'Il a déposée dans nos cœurs ne soit pas recouverte et étouffée en nous par la boue de l'égoïsme, de la peur des hommes, de l'indifférence et de l'opportunisme.

 

Elevons ce cri vers Dieu, dirigeons-le aussi dans nos cœurs précisément aujourd'hui, alors que paraissent de nouvelles menaces, que dans le cœur des hommes, les forces des ténèbres semblent dominer de nouveau : d'un côté, l'abus du nom de Dieu pour justifier la violence aveugle vis-à-vis de personnes innocentes ; de l'autre, le cynisme qui n'estime pas Dieu et qui se moque de la foi en Lui.

Nous appelons Dieu pour qu'Il aide les hommes à comprendre que la violence ne bâtit pas la paix, mais ne fait naître que d'autres violences, que la destruction croissante qui fait qu'en fin de compte tout le monde est perdant. Dieu, en qui nous croyons, est un Dieu de la raison, mais d'une raison qui n'est sûrement pas une mathématique neutre de l'Univers, mais fait corps avec l'amour et le bien. Nous demandons à Dieu et nous crions aux hommes que cette raison – la raison de l'amour, de l'affirmation de la force de la réconciliation et de la paix – doit prévaloir sur l'irrationnel, sur la raison fausse, détachée de Dieu.

 

Nous émettons ce cri devant Dieu, nous le retournons vers notre cœur lui-même précisément à l'heure présente où surviennent de nouvelles mésaventures où semblent émerger à nouveau des cœurs des hommes toutes les forces obscures : d'une part l'abus du nom de Dieu pour justifier une violence aveugle contre des personnes innocentes; de l'autre, le cynisme qui ne connaît pas Dieu et qui méprise la foi en Lui.

Nous crions vers Dieu, afin qu'il incite les hommes à se repentir, et qu'ils reconnaissent ainsi que la violence n'engendre pas la paix mais seulement davantage de violence, une spirale de destructions, dans lequel tous ne peuvent en définitive qu'être perdants. Le Dieu dans lequel nous croyons est un Dieu de la raison – d'une raison cependant qui n'est certainement pas une mathématique neutre de l'univers mais qui n'est qu'une seule chose avec l'amour, avec le bien. Nous prions Dieu et nous crions vers les hommes afin que cette raison, la raison de l'amour et de la reconnaissance de la force de la réconciliation et de la paix prévale sur les menaces présentes de l'irrationalité ou d'une fausse raison coupée de Dieu.

 

Nous sommes ici dans le lieu de la mémoire, qui est aussi le lieu de la Shoah. Le temps passé n'est pas seulement le passé. D'une certaine manière, il nous touche tous. Il montre le chemin qu'il ne faut pas prendre et la voie qu'il nous faut prendre. Comme Jean Paul II, je suis passé devant les stèles qui, dans plusieurs langues, font mémoire de tous ceux qui ont été tués : biélorusse, tchèque, allemande, français, grecque, hébreu, croate, italienne, yiddish, hongroise, néerlandaise, norvégienne, polonaise, russe, tzigane, roumaine, slovaque, serbe, ukrainienne, judéo-espagnole et anglaise.

 Toutes ces stèles commémoratives parlent de la souffrance humaine, montrent le cynisme d'un pouvoir qui traitait les gens comme des objets, ne distinguant jamais en elles l'image de Dieu.

Il faut se rappeler certaines de ces stèles d'une façon plus particulière.

Le lieu où nous nous trouvons est un lieu de la mémoire, c'est le lieu de la Shoa. Le passé n'est jamais seulement du passé. Il nous regarde et nous indique les chemins à ne pas prendre et ceux à prendre. Comme Jean Paul II j'ai parcouru le chemin le long des pierre qui dans les différentes langues rappellent les victimes de ce lieu : il y a des pierres en biélorusse, tchèque, allemand, français, grec, hébreu, croate, italien, yiddish, hongrois, néerlandais, norvégien, polonais, russe, rom, roumain, slovaque, serbe, ukrainien, judéoéspagnol, anglais.

 

Toutes ces pierres commémoratives parlent de la douleur humaine, elles nous font deviner le cynisme de ce pouvoir qui traitait les hommes comme du matériau sans les reconnaître comme des personnes dans lesquelles resplendit l'image de Dieu.

Certaines pierres invitent à une commémoration particulière.

D'abord, l'inscription en hébreu. Les puissants du troisième Reich ont voulu écraser le peuple de Dieu dans sa totalité, l'éliminer du rang des nations de la terre. Les paroles du psaume : "Nous sommes mis à mort, traités comme des brebis conduites pour être égorgés" se sont accomplies d'une manière terrible. En réalité, ces criminels impitoyables, en anéantissant ce peuple, ont voulu tuer ce Dieu qui a appelé Abaham et qui, parlant à Moïse sur le mont Sinaï, a établi les commandements principaux de toute action humaine, valables pour l'éternité. Puisque ce peuple, par le simple fait de son existence, était un témoignage du Dieu qui parla à l'homme et le prit sous sa protection, alors il fallait faire mourir ce Dieu pour que tout le pouvoir reste dans les mains des hommes – de ceux qui se considéraient comme forts et voulaient dominer le monde. En détruisant Israël, ils ont en réalité voulu arracher les racines de la foi chrétienne et les remplacer par la foi créée par eux-mêmes, la foi dans la domination de l'homme fort.

Il y a aussi une plaque gravée dans la langue polonaise. On a d'abord essayé d'éliminer l'intelligentsia, avant d'anéantir la nation comme sujet historique indépendant pour la mettre au niveau des esclaves.

Une réflexion particulière s'impose aussi pour la langue des Cintis et des Tziganes. Ce peuple errant parmi d'autres nations fut aussi condamné à l'anéantissement. Lui aussi était compté au nombre des éléments inutiles de l'histoire universelle selon une idéologie qui ne retenait que le profit comptable et écartait toute vie indigne d'être vécue, considérée comme vie sans valeur lebensunwerten Leben.

Puis la langue russe de la stèle commémorant le grand nombre de soldats russes qui ont péri sous le régime nazi. Parallèlement, naît ici une réflexion sur le tragique de leur mission : en libérant leur nation de la dictature, ils devaient servir une nouvelle dictature – la dictature de Staline – et l idéologie communiste qui s'imposa à ces nations sans pouvoir.

Toutes les autres stèles disent la diversité des souffrances humaines sur l'ensemble du continent. Nos cœurs seraient encore plus bouleversés si on avait rappelé à notre mémoire non pas des victimes massivement rassemblés, mais les visages des personnes qui ont péri dans les ténèbres de cette terreur.

Il y a celle en langue hébraïque. Les potentats du Troisième Reich voulaient détruire le peuple hébraïque dans sa totalité, l'éliminer de la liste des peuples de la terre. Les paroles du psaume nous avons été mis à mort, traités comme des brebis pour l'abattoir se sont alors vérifiées de manière terrible. Au fond, ces criminels violents, par l'anéantissement de ce peuple, poursuivait l'intention de tuer ce Dieu qui appela Abraham, qui parlant sur le Sinaï a établi les critères d'orientation de l'humanité qui restent valides pour l'éternité. Si ce peuple, simplement par sa seule existence, constitue un témoignage de ce Dieu qui a parlé à l'homme et l'a pris en charge, alors ce Dieu devait finalement mourir et le pouvoir appartenir seulement à l'homme – à ceux là qui se considéraient comme forts d'avoir su s'emparer du monde. Par la destruction d'Israël, par la Shoah, ils voulaient en fin de compte arracher les racine sue lesquelles se fonde la foi chrétienne en lui substituant définitivement la foi tirée de soi, la foi dans le pouvoir de l'homme, du fort.

Puis il y a la pierre en langue polonaise. D'abord et avant tout on a voulu éliminer l'élite culturelle et ainsi effacer le peuple comme sujet historique autonome pour l'abaisser, dans la mesure où il continuait d'exister, à un peuple d'esclaves.

Une autre pierre qui invite particulièrement à réfléchir est celle écrite dans la langue des tziganes et des roms. Ici aussi on a voulu faire disparaître un peuple entier qui vivait en migrant au milieu des autres peuples. Il fut compté parmi les éléments inutiles de l'histoire universelle, dans une idéologie où ne devait compter désormais que l'utile mesurable, tout le reste selon leurs conceptions, devant se classer comme lebensunwertes Leben -vie indigne d'être vécue.

Puis c'est la pierre en russe qui évoque le nombre immense des vies sacrifiées parmi les soldats russes dans l'affrontement avec le régime de la terreur national-socialiste ; en même temps elle nous fait réfléchir sur le sens doublement tragique de leur mission : ils ont libéré les peuples d'une dictature mais en soumettant aussi les mêmes peuples à une nouvelle dictature, celle de Staline et de l'idéologie communiste.

Toutes les autres pierres aussi dans beaucoup de langues de l'Europe nous parle de la souffrance des hommes de tout le continent. Puissent-elles toucher profondément notre cœur si nous ne faisons pas seulement mémoire des victimes de manière générale mais si nous voyions au contraire les visages des personnes singulières qui ont fini ici dans l'abîme de la terreur.

J'ai ressenti surtout le besoin de m'arrêter devant la stèle de langue allemand. Ici s'offre à mes yeux le visage d'Edith Stein, soeur Thérèse Bénédicte de la Sainte Croix, juive et allemande, qui, avec sa sœur, a perdu la vie dans les ténèbres qui recouvraient ce camp de concentration. Comme chrétienne et comme juive, elle était d'accord pour mourir avec son peuple et pour lui. Les Allemands qui ont été déportés à Auschwitz-Birkenau et ont été assassinés étaient considérés comme le lie de l humanité (Abschaum der Nation).

Aujourd'hui, on se souvient d'eux avec gratitude comme témoins de la vérité et du bien qui a survécu dans notre nation. Nous les remercions parce qu'ils ne se sont pas soumis au pouvoir du mal et aujourd'hui, ils sont comme la lumière dans les ténèbres de la nuit. Avec un profond respect, nous nous inclinons devant tous ceux qui, comme ces trois jeunes sous la menace de la mort dans les crématoires, ont répondu : "Notre Dieu seul peut nous sauver. Mais même s'il nous avait sauvé, sache, Oh roi, que nous n'allons pas vénérer ton Dieu et nous incliner devant le veau d'or que tu as élevé ".

Oui, ces stèles commémorent la destinée d'une foule innombrable de personnes. Ces personnes bouleversent notre mémoire, notre cœur. Elles ne veulent pas provoquer la haine chez nous, mais montrer combien l'œuvre de la haine est atroce. Elles disent que la raison doit prendre le mal pour le mal et le rejeter. Elles veulent réveiller en nous le courage du bien et la résistance au mal. Elles veulent faire naître les sentiments qu'expriment les paroles mises par Sophocle dans la bouche d'Antigone : "Je ne suis pas ici pour haïr ensemble, mais pour aimer ensemble".

Que Dieu soit remercié ! La purification de le mémoire à laquelle nous appelle ce lieu fait naître aussi beaucoup d'initiatives qui ont pour but de s'opposer au mal et contribuer à la naissance du bien. Il y a un instant, j'ai pu bénir le centre de dialogue et de prières. Dans son voisinage, des soeurs carmélites mènent une vie cachée qui exprime, d'une façon particulière l'union au mystère de la Croix et rappellent que notre foi annonce un Dieu descendu dans l'enfer de la souffrance humaine et souffrant encore avec nous. A Auschwitz, se trouvent aussi le centre franciscain de Saint Maximilien Kolbe, le centre international d'éducation sur l'Holocauste, un centre de rencontre de jeunes, un centre juif. Nous pouvons donc avoir l'espoir que, dans ce lieu de l'horreur, va se créer, s'élever et mûrir une réflexion constructive et que la mémoire du passé va aider à la lutte contre le mal et faire que l'amour triomphe."

 

 

 

 

 

 

 

 

J'ai senti comme un devoir intime de m'arrêter de manière particulière devant la pierre en langue allemande. Là se présente à nous le visage de Edith Stein, Thérèsia-Benedicta a Cruce : juive et allemande disparue avec sa soeur dans l'horreur de la nuit du camp de concentration germano-nazi ; comme chrétienne et comme juive elle accepta de mourir à la fois avec son peuple et pour lui. Les allemands qui furent alors déportés à Auschwitz-Birkenau et qui sont mort étaient vus comme Abschaum der Nation -comme rebut de la nation.

Cependant aujourd'hui nous leur rendons grâce avec reconnaissance comme témoins de la vérité et du bien, qui même dans notre peuple n'a pas été perdu. Nous remercions ces personnes parce qu'elles ne se sont pas soumises au pouvoir du mal et se tiennent maintenant devant nous comme des lumières dans une nuit obscure. Avec un profond respect et gratitude nous nous inclinons devant tous ceux qui, comme les trois jeunes devant la menace de la fournaise à Babylone, ont su répondre : « Seul notre Dieu peut nous sauver. Et même s'il ne nous libérait pas, sache, ô roi, que nous ne servirons jamais tes dieux et n'adorerons pas la statue d'or que tu as érigée » (Dan 3, 17).

Oui, derrière ces pierres se cache le destin d'innombrables êtres humains. Ils secouent notre mémoire, ils secouent notre cœur. Ils ne veulent pas provoquer en nous la haine : ils nous démontrent même combien terrible peut être l'œuvre de la haine. Ils veulent amener la raison à reconnaître le mal comme mal et à le rejeter ; ils veulent susciter en nous le courage du bien, de la résistance au mal. Ils veulent nous amener à ces sentiments qui s'expriment dans les paroles que Sophocle met sur les lèvres d'Antigone face à l'horreur qui l'entoure : « je ne suis pas ici pour qu'on haïsse ensemble mais qu'on aime ensemble ».

Grâce à Dieu, par la purification de la mémoire à laquelle nous invite ce lieu d'horreur, croissent maintenant de multiples initiatives qui veulent imposer une limite au mal et donner force au bien. Il y a quelques instants j'ai pu bénir le Centre pour le Dialogue et la Prière. Tout proche la vie cachée des soeurs carmélites qui se savent particulièrement unies au mystère de la croix du Christ nous rappelle la foi des chrétiens qui affirme que Dieu lui même est descendu dans l'enfer de la souffrance et souffre ensemble avec nous. A Oswiecim existent le Centre Saint Maximilien Kolbe et le Centre International de Formation sur Auschwitz et l'Holocauste. Puis il y a la Maison Internationale pour les Rencontres de la Jeunesse. Près d'une ancienne maison de prière il y a le Centre Hébraïque. Enfin l'Académie pour les Droits de l'Homme est en train d'être établie. Ainsi pouvons nous espérer que de ce lieu d'horreur germe et croisse une réflexion constructive et que le souvenir aide à résister au mal et à faire triompher l'amour.

L'humanité a traversé à Auschwitz-Birkenau une « vallée obscure ». Aussi je voudrais justement en ce lieu conclure par une prière de confiance – par un Psaume d'Israël qui est en même temps une prière de la chrétienté :

« Le Seigneur est mon berger, je ne manque de rien, sur des prés d'herbe fraîche il me fait reposer, il me conduit vers les eaux tranquilles, il me restaure, il me guide par les justes chemins pour l'amour de son nom. Si je passe dans la vallée obscure je ne crains aucun mal car tu es avec moi, ton bâton et ta houlette me donnent sécurité ... j'habiterai la maison du Seigneur tout au long de mes années » (Ps 23, 1-4,6).

                  

 

 

Commentaires relevés :

Le Monde 28.05.06

Devant des journalistes, il a lui-même révélé le sens qu'il donnerait à cette visite : "Auschwitz a montré à quel point l'homme pouvait perdre toute dignité en piétinant les autres. D'un tel lieu, on attend que naissent un nouvel humanisme, une nouvelle vision de l'homme à l'image de Dieu pour que ne se répètent plus jamais de tels crimes."

titres du Monde sur Internet le 27.05.06

Le pape Benoît XVI dénonce la Shoah à Auschwitz mais provoque un léger malaise

Verbatim "Je suis ici comme successeur de Jean Paul II et comme fils de la nation allemande"

  LA  CROIX - Les propos du pape à Auschwitz "problématiques" (rabbin de Rome) ROME, 28 mai 2006 (AFP)
 

Les propos du pape Benoît XVI dimanche en Pologne, dans l'ancien camp nazi d'Auschwitz-Birkenau, attribuant la Shoah à "un groupe de criminels", sont "problématiques", a estimé le grand rabbin de Rome, Riccardo Di Segni, cité par l'agence Ansa.

"La visite a été un moment historique, avec un discours grand au début et à la fin, mais problématique dans son contenu", a dit le grand rabbin.

"Le problème est le suivant: une sorte d'accent est mise sur le problème de l'absence de Dieu et non pas sur le silence de l'homme et sur ses responsabilités", a dit M. Di Segni, selon la même source.

"Je ne suis nullement convaincu par l'interprétation concernant le peuple allemand, comme s'il était lui-même victime et non pas du côté des persécuteurs", a précisé le dirigeant de la communauté juive de la capitale italienne.

Le pape Benoît XVI a provoqué une certaine gêne quand il a semblé dédouaner au cours de son discours à Auschwitz le peuple allemand de toute responsabilité dans les crimes nazis. Il les a attribués à "un groupe de criminels" qui par la démagogie et la terreur ont "abusé" du peuple allemand pour s'en servir "comme instrument de leur soif de destruction et de domination".

"Nous sommes d'accords quand on dit qu'on ne peut pas juger Dieu, mais pas l'Histoire car l'Histoire est faite par les hommes et nous avons le devoir de juger", a conclu M. Di Segni.

Le grand rabbin de France attaque l'Eglise catholique

http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2006/06/le_rabbin_de_fr.html

Feignant de ne pas comprendre le discours de Benoît XVI à Auschwitz, c'est au tour du grand rabbin de France de s'en prendre à l'Eglise catholique toute entière :

"Il y a eu six millions de juifs assassinés parce qu'ils étaient juifs, on se doit de chercher les raisons de cette tragédie. Cela s'est passé au coeur d'une civilisation chrétienne. Il y a toute une responsabilité collective que, très dignement, l'Eglise aurait pu reconnaître".

Cette attaque est injuste, maladroite et ne dessert que celui qui la lance.
Injuste, parce que le nazisme condamné par l'Eglise dès 1937 fut l'oeuvre de personnes qui, justement, ne pouvaient plus se dire catholiques ou même chrétiens.

Maladroite : Pourquoi tant de juifs ou de rabbins, sans doute mieux formés que lui, ne tarissent-ils pas d'éloge sur l'attitude de l'Eglise et de Pie XII durant la seconde guerre mondiale?
Pourquoi omettre les paroles du Pape prononcées à Auschwitz sur la Shoah et le martyr du peuple juif?
Le rabbin Sitruk est géné par le fait que Benoît XVI n'ait pas centré son discours sur le peuple juif, mais sur le peuple polonais et qu'il batte en brêche le principe de la "responsabilité collective du peuple allemand".

Par ailleurs, le grand rabbin de France fait aussi rejaillir le mensonge historique du silence de l'Eglise :

"Quelque part, l'Eglise officielle ne se sent pas à l'aise avec cet épisode, il y a eu un silence coupable. Aujourd'hui, il ne faudrait pas qu'il y ait des paroles accablantes".

Silence coupable? Qui plus que l'Eglise, a condamné avec plus de clarté et de fermeté le nazisme dès 1937? Personne. Il suffit de retourner à ses chères études et de lire cette encyclique "Mit brennender Sorge" écrite spécialement en allemand pour qu'elle soit plus rapidement diffusée en Allemagne. L'Eglise allemande l'a payée dès 1937 avec le début des persécutions de prêtres et les premières déportations à Dachau. Toutes les victimes ont droit au même respect.

Comment le rabbin Sitruk a t-il pu oublier ou ne pas connaître ces mots de Golda Meir, ministre des affaires étrangères d'Israël,  de 1958 : "pendant la décennie de terreur nazie, quand notre peuple a subi un martyre terrible, la voix du pape s'est élevée pour condamner les persécuteurs et pour invoquer la pitié envers leurs victimes".

L'Eglise n'a aucune responsabilité dans la Shoah. Chacun le sait.
Pour revenir sur la responsabilité collective, que signifie donc ce concept jamais défini mais diablement accusateur? Rien! Du latin "respondere", répondre, la responsabilité est la capacité à répondre d'un acte, d'une pensée, d'une parole ou d'un fait commis sous son autorité.
Comment une collectivité peut répondre d'un seul de ces faits, alors qu'elle ne peut agir, penser ou parler à l'unisson?
Utiliser l'expression de "responsabilité collective", c'est promouvoir la négation de la valeur individuelle de la personne, la collectivisation des individus, un totalitarisme de masse.

Un nouveau professeur de morale

C'est une nouvelle : Monsieur Jacques Attali devient professeur de morale. Bien entendu son devoir et son droit est d'enseigner la morale à ses enfants et à sa famille. Mais l'élève qu'il a choisi n'a pas de rapport familial avec lui et n'est autre que Sa Sainteté Benoit XVI, la plus haute autorité spirituelle de la planète.

En effet, dans un grand hebdomadaire il s’étonne de la visite du Pape au camp d'Auschwitz en Pologne. Le Pape, selon lui, n'a pas dit les paroles qu'il fallait, de la façon qu'il fallait et avec les connotations qu'il fallait.

« Ce Pape, comme son prédécesseur, a osé, en violation de tout ce qu'enseigne l'histoire, affirmer que la moitié des victimes étaient mortes parce qu'elles étaient polonaises et non parce qu'elles étaient juives.

Ensuite, il a affirmé qu'en anéantissant le peuple juif le troisième reich voulait arracher les racines sur lesquelles se fonde le christianisme comme si le christianisme était la véritable cible de la folie nazie.

Ensuite encore il ne s'est interrogé que sur le silence de Dieu, sans rien dire des démocraties qui refusèrent en juillet 1938 à la conférence d'Évian, l'offre de Hitler de leur envoyer tous les juifs allemands, qui aurait été ainsi épargnés.

Enfin et surtout le premier Pape allemand a osé affirmer que le massacre était l'affaire d'un groupe de criminels qui avaient abusé le peuple allemand pour s'en servir comme instrument de leur soif de destruction et de domination. »

On connaîtra tout sur la morale du nouveau professeur lorsqu'on se rappellera un passage de l’un de ses nombreux livres, « l'Avenir de la vie », passage que voici : « Dans la logique même du système industriel dans lequel nous nous trouvons l'allongement de la vie n'est plus un objectif souhaité par la logique du pouvoir... Dès qu'on dépasse 60--65 ans, l'homme vit plus longtemps qu'il ne produit et coûte alors cher à la société... Il est bien préférable que la machine humaine s'arrête brutalement, plutôt qu’elle ne se détériore progressivement... On pourrait accepter l'idée d'allongement de l'espérance de vie, à condition de rendre les vieux solvables et de créer un marché... Je suis, pour ma part, en tant que socialiste contre l'allongement de la vie parce que c'est un leurre, un faux problème... L'euthanasie sera un des instruments essentiels de nos sociétés futures... »

Le plus extraordinaire dans tout cela est, qu’en reconnaissant que les démocraties n'ont pas fait le nécessaire, le nouveau professeur accuse clairement les hommes de gauche de l’époque ; ce sont bien ces hommes qui gouvernaient la France et qui ont laissé grandir le nazisme alors qu'ils avaient tous les moyens de l'arrêter quand il le fallait. Ils sont largement responsables des horreurs de la deuxième guerre mondiale qu’ils auraient pu éviter et qu’ils ont perdu.

La repentance pour des fautes que d’autres ont commis est fort à la mode. Attendons sans trop y croire que les gauchistes d’aujourd’hui fassent repentance pour leur ancêtres.

Michel de Poncins

sur Conscience Politique 06.06

CE SONT LES ÉTATS QUI TUENT, PAS LES PEUPLES  ...

par Jean-Luc Migué

http://www.quebecoislibre.org/06/060618-6.htm

Un certain nombre de journaux européens et canadiens ont reproché à Benoît XVI d'avoir imputé les horreurs des camps de concentration nazis aux criminels à la tête de l'État nazi et d'avoir ainsi exonéré le peuple allemand de la responsabilité de ces crimes. Après analyse, ce sont ces journaux qui ont tort et c'est le pape qui a raison.

Ces crimes étaient un phénomène d'État, c'est-à-dire de la force militaire et en général de la coercition qui lui sont associées. Même si la majorité des Allemands avait nourri des préjugés antisémites, ils n'auraient pu refiler le poids de leurs préjugés aux Juifs dans un régime de marché, c'est-à-dire sans la coercition d'État. Les dépravés qui ont perpétré ces crimes n'auraient pu donner suite à leurs instincts abjects sans l'initiative de l'État.

Le marché protecteur

L'une des grandes vertus du régime capitaliste est justement de protéger la société contre les torts découlant des tendances malicieuses de certains de ses membres. S'il est vrai que les participants du marché peuvent s'adonner à toutes sortes de comportements déplorables, il est aussi vrai que le régime de droits de propriété inhérent à la concurrence capitaliste interdit aux égoïstes et aux immoraux de refiler le poids de leurs faiblesses et de leur avilissement à leurs voisins. Dans un régime où règne la concurrence et où les droits de propriété sont protégés, et donc exclusifs, l'appât du gain, l'envie ou la malice, ne représentent aucun danger pour les autres. Ils s'avèrent anodins parce que les acteurs qui en sont animés n'ont pas le pouvoir de faire mal à leurs semblables.

On trouve l'illustration la plus convaincante de cette dynamique dans les phénomènes de sexisme et de racisme, si décriés de nos jours. L'employeur imbu de préjugés sexistes et racistes est impuissant à refiler le coût de ses préjugés à ses employés ou à ses clients. En se privant d'une main-d'oeuvre productive et peu chère pour des considérations sexistes ou racistes, il se pénalise lui-même, alourdit le coût de sa main-d'oeuvre, réduit ses profits et prête flanc à la concurrence éventuelle des employeurs libres de préjugés, qui ne tarderont pas à la supplanter sur le marché de la consommation et du capital. En régime de concurrence capitaliste, les préjugés sont sans importance, parce que les victimes potentielles peuvent toujours trouver à s'employer chez l'employeur voisin ou à se soustraire aux brimades que leurs voisins voudraient leur imposer.

En l'absence de droits de propriété par contre, c'est-à-dire là où le pouvoir de monopole et de coercition est conféré aux uns par l'État, l'appât du gain des uns retire par la force aux autres l'accès aux ressources rares et leur transfère ainsi le fardeau de leur égoïsme. Dans les secteurs monopolisés par l'État ou cartellisés par ses réglementations (cartels d'entreprises, comme le taxi, ou de travailleurs, comme les monopoles syndicaux coercitifs), les préjugés de l'employeur sont en quelque sorte récompensés, en ce que lui, l'employeur, n'en porte pas le fardeau, qui est plutôt refilé aux employés en salaires réduits et en occasions d'emploi rétrécies.

L'illustration extrême de cette logique s'observait de façon éclatante dans l'holocauste et au temps pas si lointain de l'apartheid sud-africain. En monopolisant l'activité, l'État confère à des groupes le pouvoir de transférer le coût de leurs préjugés à leurs victimes. Ils l'exploiteront allègrement. Le capitalisme sert donc d'instrument pour minimiser les conséquences de ce que les hommes ne soient pas des saints, et donc qu'ils ne poursuivent pas toujours des fins nobles.

« Le capitalisme est un régime éthiquement neutre; il favorise la réalisation efficace de finalités de toutes les couleurs éthiques, mais toujours il impute le fardeau ou le bénéfice de ses actes à son auteur. »

En réalité, cette logique confirme ce que l'analyse postule: la maximisation du profit n'est qu'un objectif instrumental. Et les saints et les pécheurs recherchent le profit; ils ne diffèrent que par l'usage qu'ils font du profit réalisé. Le mobile du profit repose, non pas sur un postulat matérialiste et égoïste, mais sur l'omniprésence de finalités, de buts de la part des agents. Le profit de l'entrepreneur n'est jamais la fin ultime de ses efforts, de ses accomplissements. Il ne fait que servir à ses yeux à la poursuite de ses objectifs ultimes de consommation et d'épanouissement.

Éthiquement neutre

La moralité ou l'immoralité de la recherche du profit dépend entièrement de la moralité ou de l'immoralité des objectifs recherchés. Le capitalisme est un régime éthiquement neutre; il favorise la réalisation efficace de finalités de toutes les couleurs éthiques, mais toujours il impute le fardeau ou le bénéfice de ses actes à son auteur. La prospérité capitaliste est indépendante des principes éthiques de ses participants. Sans un État tout-puissant qui les tyrannisait, même les Allemands antisémites de l'époque auraient été forcés d'assumer eux-mêmes le fardeau de leurs préjugés. En fait, les nombreux épisodes antisémitiques de l'histoire ont tous été l'oeuvre d'États prédateurs. Le pape Benoît XVI est un meilleur économiste que ses critiques.

On découvre ainsi que le reproche adressé au pape par ses critiques reprend la pensée reçue. La philosophie courante de l'État chez l'élite politique et intellectuelle repose sur une vision marxiste de la société. Celle-ci n'est pas le regroupement d'individus. Elle possède plutôt une âme distincte, une volonté abstraite, au-dessus des individus qui la composent et que seul l'État saura formuler. Dans les mots des représentants de cette vision, elle fait des « choix de société ».

L'État nazi aurait donc incarné la volonté de la société allemande. Donc le peuple allemand était raciste. En réalité, c'est l'État allemand, non les Allemands, qui a fait l'holocauste. Dans ses principes méthodologiques, la perspective conventionnelle découle d'une démarche discréditée en analyse, et troublante en morale. En sciences sociales on range cette approche dans la catégorie des pseudosciences au même titre que l'astrologie, la parapsychologie et les autres sciences occultes.

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Résonance : d'ou,  à propos d'une société essentiellement économique, la beauté du..."small is beautiful " ... et ...du "bottom-up "... et de l'interrogation  : " the price of low cost ? "... et des méfaits des structures de puissance.... de la fausse grandeur  ...

de l'homentranche face à l'homocoques

Genève - 40 ans de Nostra Aetate: “Le christianisme, une affaire juive”

http://www.bafweb.com/2006/06/30/7717#more-7717

le 29.06.06

"Nous les chrétiens, avons dû voir, en effet toujours plus clairement, que l’Holocauste avait été conçu aussi comme étape précédant l’extermination du christianisme. Les journaux de Goebbels, devenus accessibles d’une nouvelle manière, révèlent non seulement, sans aucune ambiguité, la haine hitlerienne face aux Juifs, mais aussi son aversion profonde contre le christianisme. Dans ces journaux, on peut et on doit lire: Le führer est profondément religieux mais totalement anti-chrétien. Il considère le christianisme comme symptôme de la décadence, comme rejeton de la race juive, comme absurdité dont il minera la position petit à petit, sur tous les plans. C’est surtout dans le catholicisme que Hitler voyait le cheval de Troie du judaïsme à l’intérieur du christianisme. C’est pourquoi il cherchait à détruire le christianisme dans ses racines abrahamiques.

La Tragédie de cette folle idéologie raciste, de conception néo-païenne, comme le pape Benoît XVI a appelé le national-socialisme lors de sa visite à la synagogue de Cologne, le 19 août, a eu toujours davantage pour effet qu d’anciens adversaires, les Catholiques et les Juifs sont devenus des compagnons d’infortune.

Même s’il faut juger insuffisante la résistance des chrétiens face aux atrocités commises envers les Juifs, même si l’on n’a pas combattu assez résolument l’antisémitisme, cette communion entre les Juifs et les chrétiens s’est révélée toujours plus clairement".

 

 

 

 

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