|  | 
   
    
      | 
      
        
      l' art 
      d'aimer  
      .....d'Eric Fromm | 
     
    
      | 
       
      Dossiers : 
l'amour  | 
     
    
      | 
       <<< précédent                                                    suivant >>>  | 
         
    
      |   | 
     
    
      
      
        
        
        Présentation :...  cette page est 
        en cours de constitution ... elle se complétera, tout au long de l'été 
        2006, d' extraits du livre " l'art d'aimer 
        "d'Erich Fromm ( que je viens de 
        découvrir, et qui en première approche, m'incite fortement à  
        découvrir ce penseur )... alors bonnes vacances aux homocoques, 
        éternels découvreurs en 
        cet art .... 
        
          
      
      Auteur:   
      Erich Fromm 
      
      Source: 
      le livre publié chez DESCLEE de BROUWER 14 euros  
      
      Date : 
      1.07.06      
        
          
        
        
      
      
      La quatrième page de couverture 
      
        
          
            
              
              
              L'art d'aimer 
              
              
              « L'amour n'est possible que si deux personnes 
              
              communiquent entre elles à partir du centre de leur 
              
              existence... Qu'il y ait harmonie ou conflit, joie ou tristesse,
              
              
              c'est secondaire par rapport au fait fondamental que deux 
              
              personnes se rejoignent à partir des profondeurs de leur 
              
              existence, qu'elles ne font qu'un l'une avec l'autre en ne 
              
              faisant qu'un avec elles-mêmes, sans fuir leur propre réalité.
              
              
              Il n'y a qu'une seule preuve de la présence de l'amour 
              :
              la 
              profondeur de la relation, la 
              rivalité et la force de chaque 
              personne. » 
              
              
              Erich Fromm 
              
              
              La révolution de l'amour est, pour Erich Fromm (19001980)
              -
              une des grandes figures de 
              l'École de Francfort et 
              lecteur averti de Freud et 
              Marx -,  l'unique 
              alternative à la 
              destruction de l'humanité. Une psychanalyse adaptée au 
              social, un socialisme 
              humanitaire, une grande confiance dans l'homme qui peut 
              construire une société différente, fondée
              sur le respect de la vie et 
              sur l'amour, telles sont les idées 
              maîtresses de cet humaniste. 
              C'est le propos de son 
              
              Art 
              
              d'aimer 
              
              : 
              
              un art, l'art même qui fait l'homme libre. 
             
           
             
       
        
          
        
        
        Extraits : 
        
        
        AVANT-PROPOS  11   
          
        L'AMOUR EST-IL UN ART ? 
          
         
            
            L'amour 
            accompli, pouvoir actif de participation 37   
            
            Signification du don 39  
             
            
            Sollicitude de l'amour 43  
             
        
        
        Pratique de l'amour dans la société actuelle
        : Même si l'on reconnaît que le principe du capitalisme 
        est incompatible avec le principe de l'amour, on doit admettre que le 
        capitalisme est en lui-même une structure complexe et sans cesse 
        mouvante, qui s'accommode encore d'une bonne part de non-conformisme et 
        de latitude personnelle. 
        
           
        
        Erich Fromm 
        
        CITATIONS   
          
         
        
        en 
        z 
        relations
        ....  l'homocoques ...Multetun ... la civilisation de 
        l'amour ... 
        
        
          
          
          Babel ou Pentecôte 
        
      
      
          
          
          «Deus caritas est» 
        
      
      
      Pourquoi ne pas offrir à votre ado un abonnement à Éducation sensuelle.com 
      ?    l’équipe
      d’Éducation 
      sensuelle.com et
      d’Éducation 
      sexuelle.com a tenté de combler le vide.???? 
        
      
      Eloge de l'amour d' Alain Badiou 
        
      15.11.2014 : Johann Soulas 
      ...
      
      L'ABSOLU ET LE MANIFESTé  ..l'Incarnation de l'ordre fusionnel dans 
      l'homme    
         
       
       | 
     
    
      |   | 
     
    
      | 
       L' ART D'AIMER 
      
      SOMMAIRE  
      
        AVANT-PROPOS  11  
        I. L'AMOUR EST-IL UN ART ?  
        13  
        II. LA THÉORIE DE L'AMOUR 21  
        
          L'amour, 
          réponse au problème de l'existence humaine 23  
          
            Angoisse 
            de la séparation et besoin de la surmonter 24  
            Première 
            solution partielle : les états orgiaques 27  
            Deuxième 
            solution partielle : le conformisme 29  
            Troisième 
            solution partielle : le travail créateur 33  
            L'amour, 
            seule solution humaine 34  
            Les formes 
            imparfaites de l'amour par union symbiotique 35  
            
            L'amour 
            accompli, pouvoir actif de participation 37   
            
            Signification du don 39   
            
            Sollicitude de l'amour 43   
            Amour et 
            responsabilité 45  
            Amour et 
            respect 45  
            Amour et 
            connaissance • 46 Amour, réunion de l'homme total : polarité 
            masculine et féminine. 50  
            Erreur de 
            Freud 53  
           
          2. 
          L'amour entre parents et enfants 57  
            
          3. Les 
          objets d'amour 65  
          
            a. L'amour 
            fraternel 66  
            b. L'amour 
            maternel 68  
            c. L'amour 
            érotique 72  
            d. L'amour 
            de soi 77  
            e. L'amour 
            de Dieu 83  
            Passage 
            des religions matriarcales aux religions patriarcales 84 Passage du 
            principe anthropomorphique au principe monothéiste .. 87  
            Logique 
            aristotélicienne et logique paradoxale 92  
            
            Implications sur le plan religieux et éthique 96  
            Amour de 
            Dieu et amour des parents 99  
           
         
        III. L'AMOUR ET SA 
        DÉSINTÉGRATION  
        DANS LA SOCIÉTÉ 
        OCCIDENTALE CONTEMPORAINE 103  
        
          
            La 
            structure du capitalisme 103  
            
            Conséquences : l'homme-marchandise 106  
            L'amour 
            comme relation d'équipe 107  
            Primat de 
            la technique sexuelle 108  
            Réduction 
            de l'amour à la sexualité chez Freud 109  
            Sullivan 
            et l'égôisme à deux 113  
            Formes 
            d'amour névrotiques d'origine familiale 115  
            Autres 
            formes pathologiques de l'amour 119  
            
            Désintégration de l'amour de Dieu 124  
           
         
        IV. LA PRATIQUE DE L'AMOUR 
        127  
        
          
            Ce que 
            requiert la pratique de tout art 128  
            Pratique 
            de la discipline 131  
            Pratique 
            de la concentration 132  
            
            Sensibilisation à soi-même 135 Exigences propres à l'amour 
             
            
            l'objectivité, remède au narcissisme 138  
            Foi 
            rationnelle et foi irrationnelle 141  
            
            Orientation active et productive 148  
            
            Distinction entre amour et équité 149  
            
            Pratique de l'amour dans la société 
            actuelle 150  
           
         
          
          
       
        
        EXTRAITS  
        ...... 
      
          
        
          
            
              
                
                  
                    Celui qui ne sait 
                    rien, n'aime rien. Celui qui n'est capable de rien ne 
                    comprend rien. Celui qui ne comprend rien est sans valeur. 
                    Mais celui qui comprend, celui-là aime, observe, voit... 
                    Plus on en sait sur une chose, plus grand est l'amour... Qui 
                    imagine que tous les fruits mûrissent en même temps que les 
                    fraises ne sait rien des raisins.  
                    Paracelse  
                   
                 
               
             
           
         
          
        Avant propos 
         
        
          On s'exposerait à la déception en 
          n'attendant de ce livre que de faciles recettes sur l'art d'aimer. Ce 
          que nous voulons montrer en effet, c'est que l'amour n'est pas un 
          sentiment à la portée de n'importe qui : il dépend de notre niveau de 
          maturité. Que le lecteur soit bien persuadé que tous ses efforts en ce 
          domaine sont voués à l'échec s'il ne s'essaie pas assidûment à 
          épanouir sa personnalité en vue d'une orientation productive ; que 
          l'amour individuel ne peut être source de satisfactions si l'on n'est 
          pas capable d'aimer ses semblables ( hcq : ...ses proches ..et de 
          proche en proche l'humanité passée ..présente .. EN venir-de-venir ... 
          et ceci vi-à à la base ENtre-deux f-h ENfant-PAIR-ENts...epoux ...>>>
          ), si l'on manque d'humilité, de 
          courage, de foi, de discipline vraie. Dans une culture où ces qualités 
          sont rares, un amour accompli doit être exceptionnel : demandons nous 
          seulement combien nous avons connu de personnes réellement aimantes.
           
          Que la tâche soit ardue n'est pas 
          une raison pour s'abstenir d'en explorer les difficultés et les 
          conditions de réalisation. Pour ne pas compliquer inutilement les 
          choses, nous nous sommes efforcé de traiter le problème dans une 
          langue aussi peu technique que possible et nous nous en sommes tenu à 
          un minimum de références à la littérature sur l'amour.  
         
          
          
          
        
        L'amour est-il un art ? 
          
        
          L'amour est-il un art ? En ce cas, 
          il requiert connaissance et effort. Ou bien l'amour est-il une 
          sensation agréable, dont l'expérience est affaire de hasard, ce dans 
          quoi l'on «tombe » si la chance vous sourit ? Ce petit livre se fonde 
          sur la première prémisse, bien que sans nul doute la plupart des gens 
          croient aujourd'hui en la seconde.  
          Non point que les gens s'imaginent 
          que l'amour soit sans importance. Ils en sont affamés, ils vont voir 
          d'innombrables films sur des histoires d'amour heureuses et 
          malheureuses, ils écoutent des centaines de chansons d'amour des plus 
          médiocres - et, cependant, presque personne ne pense avoir tant soit 
          peu à apprendre sur l'amour.  
          Cette attitude singulière relève de 
          plusieurs prémisses qui, séparément ou conjointement, tendent à la 
          soutenir. Pour la plupart, le problème essentiel de l'amour est d'être 
          aimé plutôt que d'aimer, d'être capable d'amour. Dès lors„ leur 
          problème est de savoir comment être aimé, comment être aimable. En 
          quête de ce but, ils suivent différentes voies. L'une d'elles, plus 
          masculine, est de remporter des succès, de s'affirmer en puissance et 
          richesse dans les limites de sa position sociale. Une autre, plus 
          féminine, est de chercher à plaire, en cultivant son corps, sa 
          toilette, etc. D'autres moyens de séduire sont communs aux deux sexes 
          : développer des manières avenantes, une conversation agréable, se 
          montrer attentionné, modeste, inoffensif. Bien des façons de se rendre 
          aimable sont identiques à celles qui sont utilisées pour remporter des 
          succès, pour « se faire des amis et agir sur autrui ». A vrai dire, ce 
          que la plupart des gens dans notre culture entendent par être aimable, 
          consiste essentiellement en un mélange de popularité et de sex-appeal.
           
          Une seconde prémisse sous-jacente à 
          l'attitude selon laquelle il n'y a rien à apprendre sur l'amour 
          revient à supposer que le problème de l'amour est un problème d'objet, 
          et non un problème de faculté. Les gens pensent qu'il est simple 
          d'aimer, mais qu'il est difficile de découvrir le « bon objet » à 
          aimer - ou qui les aimera. Cette attitude découle de plusieurs raisons 
          enracinées dans le développement de la société moderne. Mentionnons, 
          entre autres, le changement important qui se produisit au vingtième 
          siècle quant au choix d'un « objet d'amour ». A la période 
          victorienne, l'amour n'était que rarement une expérience personnelle 
          spontanée pouvant ensuite mener au mariage. Au contraire, le mariage 
          était contracté par convention - soit par les familles respectives, 
          soit par un médiateur, soit sans l'aide de tels intermédiaires ; il 
          était conclu sur la base de considérations sociales, et l'on supposait 
          que, le mariage conclu, l'amour s'épanouirait. Au cours des quelques 
          dernières générations, le concept d'amour romantique est devenu 
          presque universel dans le monde occidental. Aux Etats-Unis, bien que 
          des considérations de nature conventionnelle n'aient pas complètement 
          disparu, c'est surtout l'« amour romantique » que l'on recherche, 
          l'expérience personnelle de l'amour qui, ensuite, conduira au mariage. 
          Ce nouveau concept de liberté dans l'amour doit avoir fortement 
          rehaussé l'importance de l'objet au détriment de l'importance de la 
          fonction.  
          Un autre trait caractéristique de la 
          culture contemporaine est étroitement lié à ce facteur. Toute notre 
          culture se fonde sur un appétit d'achat, sur l'idée d'un échange 
          mutuellement profitable. L'homme moderne trouve son bonheur à regarder 
          avec frénésie les vitrines des magasins et à acheter tout ce que ses 
          moyens lui permettent d'acquérir, en argent comptant ou à tempérament. 
          Il (ou elle) regarde les gens de la même façon. Pour l'homme, une 
          fille attrayante - et pour la femme, un homme séduisant - sont les 
          prix qu'ils convoitent. « Attrayant » signifie d'habitude un joli 
          paquet de qualités qui jouissent de popularité et sont recherchées sur 
          le marché de la personnalité. Ce qui spécifiquement rend une personne 
          attrayante dépend de la vogue du temps, au physique comme au moral. 
          Durant les années vingt, une femme qui buvait et fumait, rude et 
          sensuelle, était attrayante ;aujourd'hui, la mode exige plus de 
          réserve et d'attachement au foyer. A la fin du dix-neuvième et au 
          début de ce siècle, on attendait d'un homme qu'il soit agressif et 
          ambitieux - aujourd'hui, il doit être sociable et tolérant - afin 
          d'être un « paquet » séduisant. En tout cas, la sensation de tomber 
          amoureux ne se développe d'habitude qu'en regard de ces denrées 
          humaines qui sont à la portée des possibilités d'échange propres à 
          chacun. J'entreprends une affaire ; l'objet doit être désirable quant à sa valeur sociale et en même 
          temps doit me désirer, considération faite à la fois de mes biens et 
          de mes virtualités manifestes et latentes. Ainsi deux personnes 
          tombent-elles amoureuses lorsqu'elles ont le sentiment d'avoir 
          découvert le meilleur objet disponible sur le marché, compte tenu des 
          limitations de leur propre valeur d'échange. Souvent, comme lors de 
          l'achat d'une propriété immobilière, les potentialités cachées qui 
          peuvent être développées jouent un rôle considérable dans cette 
          transaction. 
           
          Dans une culture où prévaut 
          l'orientation commerciale et dans laquelle le succès matériel 
          constitue la valeur éminente, il n'y a guère de quoi s'étonner que les 
          relations amoureuses suivent le même modèle d'échange que celui qui 
          gouverne le marché des affaires et du travail.  
          La troisième erreur amenant à 
          supposer qu'il n'y a rien à apprendre sur l'amour réside dans la 
          confusion entre l'expérience initiale de « tomber » amoureux et l'état 
          permanent d'être amoureux, ou mieux encore, de « se tenir » dans 
          l'amour. Si deux personnes qui sont étrangères, comme nous le sommes 
          tous, laissent soudainement s'abattre le mur qui les séparait, et se 
          sentent proches, se sentent une, ce moment d'unicité est une des 
          expériences les plus vivifiantes et les plus émouvantes de la vie. Il 
          est d'autant plus merveilleux et miraculeux pour les personnes qui ont 
          vécu séparées, isolées, sans amour. Ce miracle de soudaine intimité 
          est souvent facilité s'il s'associe à, ou est suscité par, 
          l'attraction et la consommation sexuelles. Cependant, de par sa nature 
          même, ce type d'amour n'est pas durable. Les deux personnes 
          s'accoutument l'une à l'autre, leur intimité perd de plus en plus son 
          caractère miraculeux, jusqu'à ce que leur antagonisme, leurs 
          déceptions, leur ennui mutuel, tuent ce qui a pu subsister de l'émoi 
          initial. Mais voilà, au début elles ne se doutent de rien : elles 
          prennent, en effet, l'intensité de l'engouement, cet état d'être « fou 
          » l'un de l'autre, pour une preuve de l'intensité de leur amour, alors 
          que cela ne fait que révéler le degré de leur solitude antérieure. 
  
          Cette attitude - selon laquelle rien 
          n'est plus facile que d'aimer- est restée l'idée dominante sur l'amour 
          malgré les témoignages accablants du contraire. Il n'y a guère 
          d'activité, d'entreprise, dans laquelle on s'engage avec des espoirs 
          et attentes aussi démesurés, et qui pourtant échoue aussi 
          régulièrement que l'amour. Si tel était le cas pour toute autre 
          activité, les gens seraient avides de connaître les raisons de cet 
          échec et d'apprendre comment y remédier - ou bien ils renonceraient à 
          cette activité. Puisque le second terme de cette alternative est 
          impossible dans le cas de l'amour, il semble qu'il n'y ait qu'une 
          seule façon efficace de surmonter l'échec de l'amour - c'est 
          d'examiner les raisons de cet échec et d'étudier la signification de 
          l'amour.  
          La première démarche qui s'impose 
          est de prendre conscience que l'amour est un art, tout comme vivre est 
          un art ;si nous voulons apprendre comment aimer, nous devons procéder 
          de la même manière que pour apprendre n'importe quel autre art, à 
          savoir la musique, la peinture, la charpenterie, ou l'art de la 
          médecine ou de la mécanique.  
          Quelles sont les étapes 
          nécessaires à l'apprentissage de tout art ?  
          On peut par commodité distinguer 
          deux parties dans le processus d'apprentissage d'un art : la maîtrise 
          de la théorie et la maîtrise de la pratique. Si je désire apprendre 
          l'art de la médecine, il me faut d'abord connaître les faits touchant 
          au corps humain et aux diverses maladies. Lorsque j'ai acquis cet 
          ensemble de connaissances théoriques, je ne suis encore compétent en 
          aucune façon dans l'art de la médecine. Je ne deviendrai un maître 
          dans cet art qu'après une longue pratique, jusqu'à ce que finalement 
          les résultats de ma connaissance théorique et les résultats de ma 
          pratique fusionnent en un tout - mon intuition, essence de la maîtrise 
          de tout art. Mais, outre l'apprentissage de la théorie et de la 
          pratique, il y a un  troisième facteur nécessaire pour devenir un 
          maître dans quelque art que ce soit - la maîtrise de l'art doit être 
          l'objet d'une préoccupation ultime ; il importe  que rien au 
          monde n'ait plus d'importance que l'art. Ceci vaut pour la musique, la 
          médecine, la charpenterie - et pour l'amour. Et, peut-être, 
          trouvons-nous ici la réponse à la question de savoir pourquoi les 
          membres de notre culture essaient si rarement d'apprendre cet art, en 
          dépit de leurs échecs manifestes : c'est que, malgré un insatiable 
          appétit d'amour, profondément enraciné, presque tout le reste passe 
          pour plus important : le succès, le prestige, l'argent, le pouvoir - 
          nous consacrons la presque totalité de notre énergie à apprendre 
          comment atteindre ces objectifs, et nous n'en réservons quasi pas à 
          apprendre l'art d'aimer.  
          Serait-ce que les seules choses 
          considérées comme valant la peine d'être apprises sont celles qui 
          permettent de gagner de l'argent ou du prestige, tandis que l'amour, 
          qui profite « seulement » à l'âme, mais n'est d'aucun profit au sens 
          moderne, serait un luxe auquel nous n'avons pas le droit de consacrer 
          beaucoup d'énergie ? Quoi qu'il en soit, la discussion qui suit 
          traitera de l'art d'aimer en se référant aux distinctions déjà 
          mentionnées : d'abord, je discuterai de la théorie de l'amour - et 
          ceci occupera la majeure partie de ce livre ; après quoi, je 
          discuterai de la pratique de l'amour - du peu qui puisse être dit sur 
          la pratique en cette matière, comme d'ailleurs en toute autre. 
           
            
         
        Quelques autres extraits ....  à 
        partir de fin août   .... en attendant bonnes vacances et ... 
        que vive l'amour de l' Amour .... un éternel apprentis 
        apport du 15.09.06 
        
        L'amour 
        accompli,  
        
        pouvoir actif de participation 
         
        
        pages 37 à 43 
        
          En contraste avec l'union 
          symbiotique, l'amour accompli est une union qui implique la 
          préservation de l'intégrité, de l'individualité. L'amour est chez 
          l'homme un pouvoir actif ; un pouvoir qui démantèle les murs séparant 
          l'homme de ses semblables, qui l'unit à autrui ; l'amour lui fait 
          surmonter la sensation d'isolement et de séparation, tout en lui 
          permettant d'être lui-même, de maintenir son intégrité. Le paradoxe de 
          l'amour réside en ce que deux êtres deviennent un et cependant restent 
          deux.  
          Si nous disons de l'amour qu'il est 
          « activité », nous nous heurtons à une difficulté qui tient à la 
          signification ambiguë de ce terme. Par « activité », selon l'acception 
          moderne de ce mot, on entend d'habitude une action qui, par une 
          dépense d'énergie, opère un changement dans une situation existante. 
          Ainsi considère-t-on un homme comme actif s'il fait des affaires, 
          étudie la médecine, travaille à la chaîne, construit une table, ou se 
          livre aux sports. Toutes ces activités ont ceci en commun qu'elles 
          visent un but extérieur à atteindre. Ce dont il n'est pas tenu compte, 
          c'est de la motivation de l'activité. Considérons, par exemple, un 
          homme poussé à un travail incessant par un sentiment d'insécurité et 
          de solitude profondes -,ou un autre poussé par l'ambition ou la soif 
          de l'argent. Dans tous ces cas, l'individu est esclave d'une passion, 
          et son activité est en fait une « passivité » parce qu'il est poussé ; 
          il est victime, non « acteur ». D'autre part, un homme qui se tient 
          tranquille et qui contemple, sans autre intention ou objectif que de 
          faire l'expérience de lui-même et de son unicité avec le monde, on le 
          considère comme « passif » parce qu'il n'est pas « en train de faire » 
          quelque chose. En réalité, cette attitude de méditation concentrée 
          représente la plus haute activité qui soit, une activité de l'âme, qui 
          n'est rendue possible que par la liberté intérieure et l'autonomie. 
          Ainsi donc, au sens moderne, le concept d'activité se réfère à une 
          dépense d'énergie en vue de la réalisation d'objectifs externes, 
          tandis qu'en un autre sens, il se réfère à la mise en oeuvre de 
          pouvoirs inhérents à l'homme, sans se soucier qu'ait lieu un 
          changement extérieur. Ce second sens du concept d'activité, Spinoza 
          l'a formulé très clairement. Il distingue parmi les affects ceux qui 
          sont actifs et passifs, les « actions » et les « passions ». Dans l'exercice 
          d'un affect actif, l'homme est libre, il est maître de son affect 
          ;dans l'exercice d'un affect passif, l'homme est poussé, objet d'une 
          motivation dont il n'est pas lui-même conscient. Ainsi Spinoza en 
          vient-il à affirmer que la vertu et le pouvoir sont une seule et même 
          chose 2. L'envie, la jalousie, l'ambition, toute espèce de cupidité, 
          sont des passions ; l'amour est une action, la pratique d'un pouvoir 
          humain qui ne peut s'exercer que dans la liberté et jamais sous 
          l'effet d'une contrainte.  
          L'amour est une activité, non un 
          affect passif ; il est un « prendre part à », et non un « se laisser 
          prendre ». De manière très générale, on peut en expliciter le 
          caractère actif en disant ceci : l'amour consiste essentiellement à 
          donner, non à recevoir.  
          
          Signification du don 
           
          Qu'est-ce que donner ? Si simple 
          qu'elle paraisse, la réponse à cette question s'avère en fait grosse 
          d'ambiguïtés et de complexités. Le malentendu le plus courant est de 
          croire que donner, c'est « abandonner » quelque chose, se priver de, 
          renoncer. La personne dont le développement caractériel n'a pas 
          dépassé le stade où prévaut la tendance à recevoir, exploiter ou 
          amasser, éprouve le don de cette manière. Quant au caractère 
          mercantile, il est prêt à donner, mais à la condition qu'en échange il 
          reçoive ; donner sans recevoir équivaut pour lui à être mystifié3. Les 
          gens à orientation non-productive ressentent le don comme un 
          appauvrissement. La plupart des individus de ce type se refusent par 
          conséquent à donner. Certains, il est vrai, érigent le don en vertu, 
          mais en le concevant comme un sacrifice. Ils ont l'impression que, 
          précisément dans la mesure où il est pénible de donner, on devrait 
          donner ; la vertu du don réside pour eux dans l'acceptation même du 
          sacrifice. De leur point de vue, la norme selon laquelle il vaut mieux 
          donner que recevoir signifie qu'il vaut mieux endurer la privation que 
          faire l'expérience de la joie.  
          Pour un caractère productif, le don 
          revêt une signification entièrement différente. Il constitue la plus 
          haute expression de puissance. Dans l'acte même de donner, je fais 
          l'épreuve de ma force, de ma richesse, de mon pouvoir. Cette 
          expérience de vitalité et de puissance accrues me remplit de joie. Je 
          m'éprouve comme surabondant, dépensant, vivant, dès lors comme joyeux. 
          Donner est source de plus de joie que recevoir, non parce qu'il s'agit 
          d'une privation, mais parce que dans le don s'exprime ma vitalité. 
           
          Il n'est pas difficile de 
          reconnaître la validité de ce principe en l'appliquant à divers 
          phénomènes spécifiques. L'exemple le plus simple se trouve dans la 
          sphère sexuelle. La sexualité masculine atteint son point culminant 
          dans l'acte de donner ; l'homme fait don de lui-même, de son organe 
          sexuel, à la femme. Au moment de l'orgasme, il lui donne sa semence. 
          Il ne peut éviter de donner s'il est puissant. S'il ne peut donner, 
          c'est qu'il est impuissant. Pour la femme, le processus n'est pas 
          différent, encore qu'un peu plus complexe. Elle aussi fait don 
          d'elle-même, elle laisse accéder au centre de sa féminité ; dans 
          l'acte de recevoir, elle donne. Si elle est incapable de donner, si 
          elle ne peut que recevoir, c'est qu'elle est frigide. Chez elle, le 
          don se manifeste encore, non en tant qu'amante, mais en tant que mère. 
          Elle donne d'elle-même à l'enfant qui grandit en son sein, elle donne 
          son lait au nourrisson, elle donne la chaleur de son corps. Ne pas 
          donner serait douloureux.  
          Dans la sphère des réalités 
          matérielles, donner signifie être riche. Non que soit riche celui qui 
          a beaucoup, mais celui qui donne beaucoup. Le thésauriseur qui, 
          anxieusement, se tracasse à la pensée de perdre quelque chose, voilà 
          bien, psychologiquement parlant, l'homme pauvre, appauvri, si fortuné 
          soit-il. Quiconque est capable de donner de lui-même est riche. Il 
          s'éprouve comme pouvant conférer de lui-même aux autres. Seul celui 
          qui ne disposerait que du strict nécessaire à sa subsistance, sans 
          aucun surplus, serait incapable de prendre plaisir à donner des biens 
          matériels. Mais l'expérience journalière nous apprend que ce qu'une 
          personne considère comme le strict nécessaire dépend autant de son 
          caractère que de ce qu'elle possède effectivement. Il est bien connu 
          que les pauvres acceptent plus volontiers de donner que les riches. 
          Au-delà d'un certain point, il est vrai, la pauvreté peut rendre le 
          don impossible, et dès lors elle est avilissante, non seulement en 
          vertu de la souffrance qu'elle occasionne directement, mais aussi 
          parce qu'elle prive le pauvre de la joie de donner.  
          Cependant, ce n'est pas dans les 
          choses matérielles que se situe la sphère la plus importante du don, 
          mais dans le royaume spécifiquement humain. Que donne un être à un 
          autre ? Il donne de lui-même, de ce qu'il a de plus précieux, il 
          donne de sa vie. Ceci ne signifie pas nécessairement qu'il 
          sacrifie sa vie pour autrui - mais qu'il donne de ce qui est vivant 
          en lui ; il donne de sa joie, de son intérêt, de sa compréhension, de 
          son savoir, de son humeur, de sa tristesse - bref, de tout ce qui 
          exprime et manifeste ce qui vit en lui. En donnant ainsi de sa 
          vie, il enrichit l'autre, il en rehausse le sens de la vitalité en 
          même temps qu'il rehausse le sien propre. Il ne donne pas dans 
          l'intention de recevoir, car le don constitue comme tel une joie 
          exquise. Mais en donnant, il ne peut empêcher que rejaillisse sur lui 
          ce qu'il engendre à la vie chez l'autre -,en donnant véritablement, il 
          ne peut éviter de recevoir ce qui lui est donné en retour. Dès lors 
          que l'un donne, l'autre devient également un donneur, et tous deux 
          participent à la joie de ce qu'ils ont engendré à la vie. Dans le don, 
          quelque chose prend corps, et les deux personnes impliquées sont 
          reconnaissantes de la vie qui naît pour elles deux. Spécifiquement, en 
          ce qui concerne l'amour, ceci signifie : l'amour est un pouvoir qui 
          produit l'amour ; l'impuissance est l'incapacité de produire l'amour.
          Cette pensée se trouve admirablement exprimée par Marx : « Supposez », 
          dit-il, « l'homme comme homme et sa relation au monde comme humaine, 
          alors vous ne pouvez échanger l'amour que contre l'amour, la confiance 
          que contre la confiance, etc. Si vous souhaitez jouir de l'art, il 
          faut que vous vous entraîniez sur le plan artistique ; si vous 
          souhaitez exercer une influence sur les autres, il faut que votre 
          influence soit pour eux stimulante et génératrice de progrès. Chacune 
          de vos relations à l'homme et à la nature doit être une expression 
          définie de votre vie réelle, individuelle, correspondant à l'objet de 
          votre volonté. Si vous aimez sans susciter l'amour, c'est-à-dire si 
          votre amour comme tel ne produit pas l'amour, si par l'expression de 
          votre vie comme personne aimante vous ne faites pas de vous-même une 
          personne aimée, alors votre amour est impuissant, malheureux »s. Mais 
          ce n'est pas seulement dans l'amour que donner signifie recevoir. Le 
          professeur est instruit par ses élèves, l'acteur est stimulé par son 
          public, le psychanalyste est guéri par son patient - pour autant 
          qu'ils ne se traitent pas mutuellement en objets, mais qu'ils soient 
          en relation réciproque d'une manière authentique et productive. 
           
          Il est à peine besoin de souligner 
          que la capacité d'amour en tant que don dépend du développement 
          caractériel. Elle présuppose que la personne ait atteint une 
          orientation foncièrement productive ; il en est ainsi lorsqu'elle a 
          surmonté la dépendance, l'omnipotence narcissique, le désir 
          d'exploiter les autres ou d'amasser, lorsqu'elle a acquis la foi en 
          ses propres possibilités humaines, le courage de compter sur ses 
          forces pour parvenir à ses buts. Dans la mesure où manquent ces 
          qualités, elle a peur de se donner - par conséquent, d'aimer. 
           
          Au juste, ce n'est pas uniquement 
          dans le don que l'amour manifeste son caractère actif, mais aussi dans 
          le fait qu'il implique toujours, quelles que soient les formes qu'il 
          prenne, certains éléments fondamentaux. En l'occurrence, la 
          sollicitude, la responsabilité, le respect et la connaissance.  
           
          
          Sollicitude de l'amour 
           
          Que l'amour implique la sollicitude 
          apparaît avec le plus d'évidence dans l'amour d'une mère pour son 
          enfant. Aucune assurance de son amour ne nous ferait l'effet d'être 
          sincère si nous la voyions manquer de soin pour son bébé, si elle 
          négligeait de le nourrir, de le baigner, de lui procurer du bien-être 
          ;par contre, nous sommes impressionnés par son amour si nous la voyons 
          avoir souci de son enfant. Il n'en va d'ailleurs pas différemment en 
          ce qui concerne l'amour pour les animaux ou les fleurs. Si une femme 
          nous disait qu'elle aime les fleurs alors que nous constatons qu'elle 
          oublie de les arroser, nous ne croirions pas en son « amour » pour les 
          fleurs. L'amour est une sollicitude active pour la vie et la 
          croissance de ce que nous aimons. Là où manque ce souci actif, il n'y 
          a pas d'amour. Cette dimension de l'amour a été admirablement 
          décrite dans le livre de Jonas. Dieu dit à Jonas de se rendre à Ninive 
          et d'avertir ses habitants qu'ils seront châtiés s'ils ne renoncent 
          pas à leur conduite perverse. Mais Jonas, craignant que le peuple de 
          Ninive ne se repente et que Dieu ne lui pardonne, se dérobe à sa 
          mission. C'est un homme qui possède au plus haut point le sens de 
          l'ordre et de la loi, mais sans amour. Cependant, dans sa tentative de 
          fuite, il se retrouve dans le ventre d'une baleine, symbole de l'état 
          d'isolement et d'emprisonnement auquel l'a conduit son manque d'amour 
          et de solidarité. Dieu le sauve, et Jonas se rend à Ninive. Il prêche 
          aux habitants comme Dieu le lui avait prescrit, et voilà qu'arrive 
          cela même qu'il craignait. Les hommes de Ninive se repentent de leurs 
          péchés, rectifient leur conduite, et Dieu leur pardonne et décide de 
          ne pas détruire la ville. Jonas en conçoit un profond dépit et une 
          vive irritation, il voulait que « justice » fût faite, non 
          miséricorde. Finalement, il puise quelque réconfort à l'ombre d'un 
          arbre que Dieu avait fait croître pour lui afin de le protéger du 
          soleil. Mais quand Dieu fait en sorte que l'arbre se dessèche, Jonas 
          déprimé se plaint avec colère. Dieu lui répond : « Tu te prends de 
          pitié au sujet d'un ricin pour lequel tu n'as pas travaillé, que tu 
          n'as pas fait croître, qu'une nuit a vu naître et qu'une nuit a vu 
          périr. Et moi, je, n'épargnerais pas Ninive, cette ville florissante, 
          dans laquelle il y a plus de cent vingt mille personnes qui ne savent 
          distinguer leur main droite de leur main gauche, et aussi beaucoup de 
          bétail ? ». La réponse de Dieu à Jonas est à comprendre 
          symboliquement. Dieu explique à Jonas que l'essence de l'amour est de 
          « se donner de la peine » pour quelque chose et de « faire croître » 
          quelque chose, que l'amour et le travail sont inséparables. On aime ce 
          pour quoi l'on peine et l'on peine pour ce qu'on aime. 
         
        
        2 Spinoza, 
        Ethique IV, Def. 8.  
        3 Cf. une 
        discussion approfondie de ces orientations du caractère dans E. Fromm, 
        Man,Jor HimseI ; Rinehart & Company, New York, 1947, Chap. III, pp. 
        54-117.  
        5 « 
        Nationalôkonornie und Philosophie », 1844. publié dans Karl Marx, 
        DieFrühschriften, Ed. Alfred Krdner, Stuttgart, 1953, pp. 300-301 
        (Traduction anglaise de E.F.).  
        
          
       
        Pratique de l'amour 
        dans la société actuelle  
      
         pages 151 à 153  ..les 
        3 dernières pages du livre 
        
          Ici, cependant, se pose une question 
          importante. Si toute notre organisation sociale et économique se fonde 
          sur la recherche, par chacun, de son propre intérêt, sur un égotisme 
          tempéré seulement par l'équité, comment encore entreprendre des 
          affaires, comment agir dans le cadre de la société existante et en 
          même temps pratiquer l'amour ? Celui-ci n'implique-t-il pas que l'on 
          abandonne toutes les préoccupations de ce siècle et que l'on partage 
          la vie du plus pauvre ? Cette question a été posée et a reçu des 
          moines chrétiens, et de personnalités comme Tolstoï, Albert Schweitzer 
          et Simone Weil, une réponse radicale. D'autres 4 soutiennent la thèse 
          d'une incompatibilité foncière entre l'amour et la vie normale dans 
          notre société. Ils en arrivent à conclure que parler d'amour 
          aujourd'hui, c'est en fin de compte participer à la mystification 
          générale : dans le monde actuel, prétendent-ils, seul un martyr ou un 
          fou peuvent aimer, de sorte que toute discussion sur l'amour n'est 
          autre chose qu'un sermon. Ce point de vue très respectable conduit 
          facilement à une rationalisation du cynisme. Actuellement, il est 
          partagé de façon implicite par l'individu moyen qui raisonne comme 
          suit : « J'aimerais être un bon chrétien, mais j'en serais réduit à 
          mourir de faim si je prenais mon aspiration au sérieux ». Ce « 
          radicalisme » s'achève dans le nihilisme. Tant les « penseurs radicaux 
          » que l'individu moyen sont des automates sans amour, et la seule 
          différence entre eux est que ce dernier n'en est pas conscient, tandis 
          que les premiers le savent et reconnaissent la « nécessité historique 
          » de ce fait.  
         
        
          J'ai la conviction que soutenir la 
          thèse d'une incompatibilité absolue entre l'amour et la vie « normale 
          » n'est correct qu'en un sens abstrait. Sans doute le principe 
          sous-tendant la société capitaliste et le principe de l'amour sont-ils 
          incompatibles. Mais perçue concrètement, la société moderne est un 
          phénomène complexe. Celui qui est préposé à la vente d'un produit 
          inutile, par exemple, ne peut pas fonctionner économiquement sans 
          mentir ; par contre, un travailleur qualifié, un chimiste ou un 
          médecin le peuvent. De même, un cultivateur, un professeur, et bien 
          des hommes d'affaires peuvent s'efforcer de pratiquer l'amour sans 
          cesser pour autant de fonctionner économiquement. Même si l'on 
          reconnaît que le principe du capitalisme est incompatible avec le 
          principe de l'amour, on doit admettre que le capitalisme est en 
          lui-même une structure complexe et sans cesse mouvante, qui 
          s'accommode encore d'une bonne part de non-conformisme et de latitude 
          personnelle.  
          Est-ce à dire que, si le système 
          social actuel se maintient indéfiniment, on puisse malgré tout 
          espérer la réalisation de l'idéal d'amour fraternel ? Certainement 
          pas. Dans le système actuel, ceux qui sont capables d'amour sont 
          forcément des exceptions : l'amour est par nécessité un phénomène 
          marginal dans la société occidentale contemporaine. Non tellement 
          parce que des occupations nombreuses ne permettent pas une attitude 
          aimante, mais parce que l'esprit d'une société centrée sur la 
          production, avide de richesses, est tel que le nonconformiste est le 
          seul à pouvoir se défendre contre lui avec succès. Dès lors, si on 
          prend l'amour au sérieux en le considérant comme la seule réponse 
          rationnelle au problème de l'existence, on est forcé de conclure que 
          des changements importants et radicaux dans la structure de notre 
          société sont indispensables pour que l'amour devienne un phénomène 
          social, et non plus marginal, hautement individuel. Dans le cadre 
          modeste de cet ouvrage, nous ne pouvons que suggérer l'orientation de 
          ces changements. Notre société est dirigée par une bureaucratie 
          administrative, par des politiciens professionnels ;les individus 
          sont mus par la propagande, leur but est de produire et de consommer 
          plus, comme fins en soi. Toutes les activités sont subordonnées à des 
          objectifs économiques, les moyens sont devenus des fins ; l'homme est 
          un automate - bien nourri, bien vêtu, mais sans préoccupation majeure 
          pour sa qualité et sa fonction spécifiquement humaines. Pour que 
          l'homme soit en mesure d'aimer, il faut qu'il réintègre la place 
          suprême qui lui revient. Plutôt que de servir la machine, il doit être 
          servi par elle. Il doit être habilité à partager l'expérience, à 
          partager le travail, plutôt que, dans le meilleur des cas, à partager 
          les profits. La société doit être organisée de telle façon que la 
          nature sociale, la nature aimante de l'homme, ne soit pas disjointe de 
          son existence sociale, mais ne fasse qu'un avec elle. S'il est vrai, 
          comme j'ai tenté de le montrer, que l'amour est la seule réponse saine 
          et satisfaisante au problème de l'existence humaine, alors toute 
          société qui contrecarre le développement de l'amour doit à la longue 
          périr de sa propre contradiction avec les exigences fondamentales de 
          la nature humaine. Non, parler de l'amour, ce n'est pas « prêcher », 
          car c'est parler d'un besoin ultime et réel en chaque être humain. Que 
          ce besoin ait été obscurci n'implique nullement qu'il n'existe pas. 
          Analyser la nature de l'amour, c'est découvrir son absence générale 
          aujourd'hui et critiquer les conditions sociales qui en sont 
          responsables. La foi dans la possibilité de l'amour comme phénomène 
          social, et non comme phénomène individuel d'exception, est une foi 
          rationnelle qui se fonde sur l'intuition de la véritable nature de 
          l'homme  
            
         
        4 Cf. l'article de Herbert Marcuse, The Social 
        Implications of Psychoanalytic revisonism, Dissent, New York, summer, 
        1955.  
       
      
      texte hébergé 
      en juin 06                     
       
       | 
     
    
      | 
      
         
        sur wikipedia 
      
      http://fr.wikipedia.org/wiki/Erich_Fromm 
      et sur 
      
      http://www.chez.com/patder/fromm.htm 
      
        du freudo-marxisme à la psychologie humaniste
        Né à Francfort s/Main, en 1900, Erich 
        Fromm fut profondément imprégné de mystique juive. Lié au cercle de 
        Rabbi Nobel, il participa à la création du Freies Jüdisches Lehrhaus, 
        fréquenté par M. Buber. Il se forma à la psychalyse auprès de Hanns 
        Sachs et Th. Reik. Il fut un des premiers psychanalystes non médicaux, 
        et écrivit dans les revues psychanalytiques: Zeitschrift fur 
        psychoanalytische Pädagogik et Imago. 
        En 1931, il s'intègre à l' Institute 
        für Sozialforschung et collabore à la Zeitschrift. note 1 
        Ses recherches portent sur une approche psychanalytique du marxisme, il 
        tente de "marier" Freud et Marx en développant une intégration de la 
        psychanalyse dans la pensée sociale. Il s'éloigne progressivement du 
        freudisme orthodoxe dès 1935. Ses critiques susciteront l'animosité des 
        psychanalystes classiques. Pourtant, malgré la critique de 
        l'universalité des concepts freudiens ( celui du complexe d'Oedipe par 
        exemple) et le parallèle qu'il établit entre les rapports oedipiens et 
        les rapports sociaux propres au monde capitaliste, il s'écarte de 
        l'école de Francfort. 
        Ses dernières recherches dans le cadre de l'Institut de la Recherche 
        sociale ont trait à la formation de la personnalité autoritaire. Mais le 
        concept de personnalité autoritaire développé par Fromm désigne une 
        attitude spirituelle autonome dégagée de tout réseau pulsionnel: sa 
        personnalité ne s'enracine pas dans le corps. La psychanalyse redevient 
        ainsi, chez Fromm, une psychologie de l'âme autonome. 
        On comprendra les dissensions 
        profondes qui séparent Fromm d'un Marcuse. Pourtant Fromm considère, que 
        les traits qui constituent la personnalité sont, plus que la résultante 
        de pulsions refoulées, le produit de processus sociaux, où l'individu 
        recherche la sécurité en refusant sa liberté. Le conflit entre le 
        potentiel inné et les obstacles sociaux au développement humain sont à 
        l'origine des névroses. Pourtant, l'individu peut toujours s'adapter au 
        milieu social et mener une vie autonome. Cette recherche d'autonomie 
        purement individuelle entrainera Fromm dans les courants multiformes de 
        la psychologie humaniste centrée sur l'égo.  
        Les ouvrages repris ci dessus ne 
        s'inscrivent donc pas dans la lignée directe de la théorie critique 
        spécifique de l'école de Francfort. Ils témoignent cependant de 
        l'évolution d'une pensée toujours imprégnée d'un humanisme socialiste et 
        d'un souci de l'émancipation humaine, que Fromm conçoit plus comme une 
        libération individuelle que comme une conquête révolutionnaire ou 
        sociale. note 2  
        notes
        
          note 1) notamment l'article mentionné dans la 
          bibliographie de "grandeur et limite de la pensée freudienne": Uber 
          Methode und Aufgabe einer Analytischen Sozial-psychologie: Bemerkungen 
          über Psychoanalyse und historischen Materialismus in : Zeitschrift für 
          Sozialforschung, Leipzig, 1 (1932). p.28-54. 
          note 2.) les sources de la notice biographique sont 
          : ASSOUN P.L. , l'école de Francfort., et l'article Erich Fromm in 
          Encyclopaedia Universalis (Thesaurus). voir aussi Martin JAY, 
          "l'imagination dialectique", Paris: Payot.  
         
       
        
      Oeuvres de E. Fromm traduites en Français 
      
        
             | 
          L'art d'aimer / Erich 
          Fromm ; traduit de l'anglais par J. Laroche et Françoise Tcheng. - 
          Paris : Editions Universitaires, 1967. - 158 p. ; 2O cm. - (Psychothèque). 
          - Titre original: The art of loving. - réédité en 1968 aux éditions 
          EPI, coll. Hommes et groupes. - 
          Avoir ou être? : un choix dont dépend l'avenir de 
          l'homme/ Erich Fromm ; traduit de 
          l'américain par Théo Carlier; postface de Ruth Nanada Anshen. - 
          Paris : Laffont, 1978. - 43 p.; 2O cm. - (Réponses). - Titre original 
          : To have or to be? , édité chez Harper & Row en 1976. - 
          Bibliographie, 10 p. - ISBN 2-221-OO127- 3 (broché) 
          Bouddhisme Zen et psychanalyse 
          / Daisetz T. Suzuki, Erich Fromm et R. de Martino;traduction 
          de Théo Léger. -  
          Paris: Presses Universitaires, 1971. - 200 p. ; 18 cm. - (L'actualité 
          psychanalytique). - 
          La conception de l'homme chez Marx 
          / Erich Fromm; traduit de l'anglais par M. Matignon. 
          Paris : Payot, 1977. - 151 p.; 18 cm. - (Petite Bibliothèque Payot). - 
          Notes bibliographiques. - ISBN 2-228-33170-8 (broché)  
          La crise de la psychanalyse : essais sur Freud, 
          Marx et la psychologie sociale / Erich 
          Fromm; traduction par Jean-René Ladmiral. 
          Paris: Anthropos, 1971. - 292 p. ; 19 cm. - (Sociologie et 
          connaissance). - Titre original : The crisis of psychoanalysis. 
           
          De la désobéissance et autres essais 
          / Erich Fromm; traduit de l'américain par Théo Carlier. - 
          Paris: R. Laffont,1982. -176 p. ; 23 cm. - (Réponse. Santé/ dirigée 
          par Jo&üml;lle de Gravelaine). - Titre original: On disobédience and 
          other essays. - ISBN 2-221-OO873-1 (broché). contient:  
          
              | Disobedience as a psychological and moral problem, 
            publié initialement in Clara Urquhart, A Matter of Life, (Londres, 
            Jonathan Cape), cop. 1963.  |  
              | The application of humanist psychoanalysis to 
            Marx's theory, publié initialement in Socialist humanism: an 
            international symposium.(New-York, Doubleday), cop.1965. 
             |  
              | Prophets and priests, initialement publié in 
            Ralph Schoenmann, Bertrand Russel,philosopher of the century. 
            cop.1967.  |  
              | Humanisme as a global philosophy of Man, publié 
            initialement sous le titre "A global philosophy of man" in The 
            humanist, Yellow spring, Ohio,1966. cop. 1965.  |  
              | Let Man prevail et Humanist socialism, 
            initialement publiés in Let Man prevail:a socialist manifesto and 
            program, New-York. cop. 196O.  |  
              | The psychological aspects of the guaranteed 
            income, initialement publié in R. Theobald, The Guaranteed income. 
            N-Y:Doubleday and C°, cop 1966.  |  
              | The case for unilateral disarmement, publié 
            initialement in Daedalus, cop.196O.  |  
              | Zur Theorie und Strategie des Friedens, publié 
            initialement in Friede im nuklearen Zeitalter.  |  
              | Eine Kontroverse zwischen Realiste, und Utopisten, 
            4 Salzburger Humanismusgespräch, éd. à Munich, cop197O.  |  
           
          Le dogme du Christ : et autres essais 
          / Erich Fromm.  
          Paris : Complexe, 19.. . - (Textes). - suivi d'autres essais : La 
          psychanalyse : une science ou un parti. Le caractère révolutionnaire. 
          Des limites et des dangers de la psychologie. 
          Espoir et révolutions: vers l'humanisation de la 
          technique / Erich Fromm ; traduction de 
          Gérard D. Khoury.  
          Paris : Stock, 1970. - 187 p. ; 21 cm. - Titre original: the 
          revolution of hope: toward a humanized technology.  
          L'homme pour lui-même / 
          Erich Fromm;traduit par Janine Claude. 
          Paris: Editions sociales françaises, 1967. - 192 p. ; 24 cm. - 
          (Collection des sciences humaines appliquées). - Titre original: Man 
          for himself. -  
          Le langage oublié : introduction à la 
          compréhension des rêves, des contes et des mythes 
          / Erich Fromm; trad. par Simone Fabre. 
          Paris : Payot, 1975. - 210 p. ; 18 cm. - Titre original : The 
          forgotten language. - ISBN 2-228-32610-4  
          La mission de Sigmund Freud: une analyse de sa 
          personnalité et de son influence / Erich 
          Fromm; trad. de l'américain par Paul Alexandre. -  
          Bruxelles : Complexe, 1975. - 112 p. ; 23 cm. - (Textes ). - Titre 
          original: World perspectives series. -  
          La passion de détruire: anatomie de la 
          destructivité humaine /Erich Fromm; traduit 
          de l'américain par Théo Carlier. -  
          Paris: Laffont, 1975. - 523 p.; 24 cm. - (Réponses ). - Titre original 
          : The anatomy of human destructiveness , édité en 1973 chez Holt, 
          Rinehart et Winston. - (broché).  
          La peur de la liberté / 
          Erich Fromm; traduit de l'anglais par C. Janssens. Paris : 
          Buchet-Chastel, 1963. - 244 p. ; 22 cm. - Titre original: The fear of 
          freedom. - la bibliographie en annexe de "Grandeur et limites de la 
          pensée freudienne" de E. Fromm donne comme titre original: Escape from 
          Freedom, édité à New York en 1941. Edition allemande à Francfort en 
          1966:Die Furcht for der Freiheit.  
          Psychanalyse et religion 
          / Erich Fromm; traduit par D. Merllie. - 
          Paris: EPI, 1978. - 16O p.; 2O cm. - (Hommes et groupes). - Titre 
          original: Psychoanalysis and religion. (broché)  
          Société aliénée et société saine : du capitalisme 
          au socialisme humaniste. Psychanalyse de la société contemporaine/Erich 
          Fromm; traduit par Janine Claude. 
          Paris : Courrier du Livre, 1967. - 352 p. ; 23 cm. - (L'Université 
          permanente). - Titre original : The sane society, édité à New-York: 
          éd. Rinehart,1955. -  
          contient : présentation de la psychanalyse humaniste d'Erich Fromm / 
          par Mathilde Niel.- réédité en 1971. -  
          Vous serez comme des dieux: une interprétation 
          radicale de l'Ancien Testament / Erich 
          Fromm; traduit de l'américain par Paul Alexandre; postface de Evelyne 
          Sznycer et Serge Pahaut. - édition revue et annotée par E.Sznycer et 
          S. Pahaut. 
          Bruxelles: Complexe, 1975. - 214 p. ; 23 cm. - (Textes ). - Index. - 
          (broché)  | 
         
       
        
          
        
        
        CITATIONS 
        
        
        
        http://www.evene.fr/citations/auteur.php?ida=512&p=1 
      
        
          > Le danger dans le passé était que les hommes 
          deviennent des esclaves. Le danger dans le futur est qu'ils deviennent 
          des robots.  
          
          > Aimer quelqu'un ne relève pas seulement de la 
          puissance du sentiment mais d'une décision, d'un jugement, d'une 
          promesse.  
          
          > Le paradoxe de l'amour réside en ce que deux 
          êtres deviennent un et cependant restent deux.  
          
          > Si nous voulons apprendre comment aimer, nous 
          devons procéder de la même manière que pour apprendre n'importe quel 
          autre art, à savoir la musique, la peinture, la charpenterie, ou l'art 
          de la médecine ou de la mécanique.  
          
          > L'amour est une sollicitude active pour la vie 
          et la croissance de ce que nous aimons.  
          
          > On aime ce pour quoi l'on peine et l'on peine 
          pour ce qu'on aime.  
          
          > La psychologie comme science a ses limites, et 
          de même que la conséquence logique de la théologie est le mysticisme, 
          ainsi la conséquence ultime de la psychologie est l'amour.  
          
          > La tâche à laquelle nous devons nous atteler, 
          ce n'est pas de parvenir à la sécurité, c'est d'arriver à tolérer 
          l'insécurité.  
          > On ne peut être fidèle envers les autres que 
          si on l'est d'abord envers soi-même. 
         
       
       | 
     
    
      |   | 
     
   
haut de page 
 |