....Nicolas Grimaldi...

Dossiers : Nicolas Grimaldi

                            

                                           

Date : 21.08.2012 

      avec la parution de :

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...  l'homocoques prend Note, le 21 août 2012, de sa deuxième  (la première étant Pierre Pica ) grande découverte  EN base C ...de l'année 2012

 

MINI BIO

source Philosophie Magazine

 

 

1933 Naissance à Paris

 

1958 Agrégation de philosophie

 

1968 Il fait l'acquisition de l'ancien sémaphore de Socoa

 

1971 Nommé professeur à l'université de Brest. Il rejoint ensuite Poitiers (de 1973 à 1976),

puis Bordeaux (de 1976 à 1983)

 

1983-1994 Professeur à la Sorbonne (Paris-4). Il occupe successivement

les chaires d'histoire de la philosophie moderne et de métaphysique

 

2012 Parution de L'Effervescence du vide (Grasset),

où il revient sur les événements de Mai 68 et critique l'art contemporain

 

tiré de philosophie Magazine

 

 

 

 de SES LIVRES*

source Philosophie Magazine

 

Sur le temps

La pensée de la conscience comme séparée du monde et située dans l'attente est développée dans une synthèse dense, l'Ontologie du temps (PUF,1993), Elle est à nouveau déclinée dans le Bref Traité du désenchantement (PUF, 1998, rééd. Livre de poche, 2004; très accessible, ou le Traité de la banalité (PUF, 2005), qui comporte de beaux passages sur la mort.,;

 L'amour

Proust les horreurs de l'amour (PUF, 2008) et Essai sur la jalousie. L'enfer proustien (PUF, 2010) sont parmi les études les plus remarquables consacrées à l'écrivain. Les Métamorphoses de l'amour (Grasset, 2010) analysent l'oeuvre de Simenon.

La vie

Conçue comme le « dynamisme d'un écart», à partir du concept d « tendance», elle fait l'objet de développements dans le Traité des solitudes (PUF, 2003) et Préjugés et Paradoxes (PU F, 2007), qui affrontent aussi la question du moi.

Figures

Socrate, le sorcier (PUF, 2004), livre un portrait du sage en shaman, tandis que Descartes et ses fables (PUF, 2006) montre l'importance de l'imagination dans l'entreprise cartésienne.

L'imaginaire

 Le rôle de la croyance comme « envoûtement» est étudié dans Une démence ordinaire (PU F, 2009). La réflexion sur le fanatisme et le mal est poursuivie dans L inhumain (PUF, 2011).

Et aussi...

Sur le travail, lire Le Travail. Communion et Excommunication (PUF, 1998). Sur l'art, L'Ardent Sanglot (Encre marine, 1994).

 

   de ses ENTRETIENTS

 

... à France Culture

 

http://www.franceculture.fr/emission-hors-champs-nicolas-grimaldi-2011-10-24.html

 

http://www.franceculture.fr/emission-les-nouveaux-chemins-de-la-connaissance-10-11-le-jeu-15-jouer-sa-vie-et-recommencer-la-vie-

 

 

.... avec philosophie MAGAZINE

 

" Je ne veux plus que souffler sur les braises de la vie "

.....

La vie. J'ai compris qu'il n'y a de temps que là où il y a conscience de vie. Lorsque je m'assoupis, le temps ne s'écoule plus pour moi. La Belle au bois dormant ne prend pas une ride... À la recherche du principe unificateur de la vie, de son essence, j'ai découvert le concept de tendance à partir d'une lecture d'Aristote et en ai tiré ce théorème philosophique 'attente est à la conscience ce que la tendance est à la vie. La tendance est cet élan inextinguible qui porte chaque être au-delà de lui-même et le meut vers son accomplissement. La vie est le dynamisme d'une expansivité. Son propre est de s'étendre, de se diffuser, de déborder d'elle-même. Tout vivant, et l'homme ne fait pas exception, croît, évolue, se métamorphose. L'un se fait spontanément multiple, le même, autre. Rappelez-vous, j'étais parti d'une énigme, celle de l'écart irréductible entre l'esprit et la nature. Sur le tard, j'ai réalisé que cet écart était constitutif de la vie elle-même, qui nous distend de ce que nous sommes. Le sens de la vie, c'est la vie !

....

 Et si nous parlions maintenant d'amour, Nicolas Grimaldi?

 Très volontiers. L'amour est la promesse ou la prémonition d'une existence entièrement transfigurée par l'autre. J'oserai cette analogie avec la religion chrétienne : de même que l'eucharistie fait vivre au fidèle un symbole matériel comme le corps d'un être transcendant - Dieu -, de même l'amour consiste à envisager une personne finie comme la présence même de l'infini. L'aimé(e) nous fait espérer la fin de la séparation, comme si la déchirure de la solitude pouvait être résorbée pour toujours. Mais voilà, c'est une chimère. L'amour laisse souvent la place à quelque déception douloureuse. Passé l'éblouissement initial, nous nous disons: je me suis trompé, ce n'est pas celui ou celle que j'attendais, il ou elle a changé, etc. La réalité de la personne aimée conteste immanquablement l'image que l'on s'était complu à en former.

......

Un amour heureux et durable est-il possible? Rassurez-nous...

Si j'avais la présomption de proposer aux amants un vade-mecum, un petit traité de la vie amoureuse, je leur suggérerais d'initier avec l'être aimé une relation semblable à celle que nous nouons avec l'oeuvre d'art. Dans la Critique de la faculté de juger, Kant décrit l'expérience esthétique comme u perpétuel recommencement: nous ne nous lassons jamais de l'objet d'art, même familier, en ce que nous le percevons toujours d'un oeil nouveau. Regarder son amour comme un tableau, c'est s'en émerveiller sans cesse. C'est en être indéfiniment subjugué. Cela étant, l'amour n'est pas la seule manière de magnifier son existence; le travail le permet également. Sauf que dans le travail, je donne ma vie sans tenter d'imposer ma personne à qui que ce soit.

On pourrait vous objecter que le travail est souvent perçu sous l'angle de l'aliénation.

Oui, j'avais souvent entendu cela, que le travail est une calamité, une ex-appropriation de soi, un obstacle à l'épanouissement personnel. Or, que dit Marx? Que le travail est un besoin élémentaire de l'homme, qu'il est la forme la plus naturelle d'expression et de communion. J'infuse tout mon être dans ce que je fais. Et quiconque utilise le produit de mon activité le fait sien, et de fait m'assimile. Le travail est la figure de la transsubstantiation, c'est-à-dire ce par quoi la substance d'un individu se diffuse au sein de la communauté et du monde. La nature y est spiritualisée, et l'esprit s'y naturalise. Alors certes, aujourd'hui, le travail est devenu beaucoup plus abstrait. L'effort lié à l'action manuelle sur la nature a été court-circuité par l'avènement de l'informatique. Pour les nouvelles générations, le virtuel tient désormais lieu de réel. Ce n'est plus le monde où je suis né...

......

Se désenchanter, c'est également se déprendre de la fascination pour l'avenir, et vous avez soutenu à plusieurs reprises qu'il s'agit de vivre dans l'instant présent..

... et je n'écrirais plus cela aujourd'hui. Oui, il m'est arrivé de vouloir faire de ma vie une somme d'instants parfaits, tel un torero qui engage son être dans un seul geste risqué et fugace. Mais je me suis aperçu que ce culte était une sorte de suicide métaphysique. Car l'instant est par essence volatile. Sitôt passé, il n'en reste rien et c'est comme si je ne Pavais pas vécu. À présent, il me semble qu'il faut s'efforcer de continuer ce que l'on a commencé. Ne jamais laisser retomber l'élan. Se répandre, se propager, rayonner encore et toujours. Cela ne peut se faire seul. Contrairement à ce que Platon et les stoïciens nous enseignent, le sage ne saurait se suffire à luimême. Mon éthique est une éthique de la joie, laquelle, loin d'être égoïste, tient à la communicabilité d'une ferveur. Elle survient quand je sens que mon émotion résonne en l'autre, ou lorsque la sienne retentit en moi. La joie est la mutualisation d'une fête, de conscience à conscience. Vivre, ce n'est pas se replier sur soi-même, s'obnubiler de ses petits problèmes ou de son image. Vivre, c'est tout simple. C'est se communiquer, c'est se transfuser dans une autre existence. Je ne veux plus que souffler sur les braises de la vie.

.....

 

...avec Le Monde des religions...

publié le 30/11/2011

 

" l'esprit est l'ultime efflorescence de la vie "

http://www.lemondedesreligions.fr/entretiens/nicolas-grimaldi-l-esprit-est-l-ultime-efflorescence-de-la-vie-30-11-2011-2055_111.php

 

La vie, dites-vous, est à elle-même son propre sens mais le sens de la vie est de donner la vie ...

...La vie est le dynamisme d’une expansivité, le propre de la vie est de déborder d’elle-même, de se répandre, de se diffuser. L’illusion c’est de croire que je suis une réalité, une substance, quelque chose qui existe pour soi-même et en soi-même. En fait, je ne suis qu’une médiation. On ne peut pas me séparer des autres, je ne vis que par eux et que pour eux, tout ce que je suis je l’ai reçu. On ne peut pas penser la vie sans sentir que c’est elle le principe, elle qui nous porte, qui nous traverse, nous la servons. ....

Mais d’où vient que le don soit le sens de la vie et que la vie nous le cache ?

....C’est que la vie nous entretient dans une illusion qui est celle de notre singularité et de notre retranchement. Le moi est la mieux fondée mais la plus constante des illusions. Il y a un ordre de la représentation, nous dit Tolstoï, et un ordre de la vie, et le premier nous cache le second. Car le propre de la vie est qu’elle ne s’accomplit qu’en s’enfermant à chaque fois dans un individu. Il n’y a pas une cellule qui ne soit pas couturée par une membrane. L’individu est une unité qui s’éprouve comme une totalité, qui se croit close dans son épiderme. Nous pensons que c’est une frontière, une limite, mais l’épiderme n’est qu’un organe de communication. Parce que les choses n’existent pour moi qu’autant que je les perçois, je m’éprouve comme le centre du monde. Ce que je ne perçois pas, c’est comme s’il n’existait pas. Réciproquement, je n’existe pour les autres qu’autant qu’ils me perçoivent, qu’ils m’observent. Être, c’est être vu. N’être pas vu, c’est être aussi peu que rien. Il faut donc vivre sur l’estrade, attirer les regards, faire du bruit. D’où cette rivalité de tous contre tous. Pour ne pas y céder, il faut pratiquer une sorte d’ascèse intérieure, se rappeler sans cesse que le moi est un presque rien. Il est comme une vague, on le voit se former, enfler et cependant il n’existe pas. Si je me soucie de l’image que les autres ont de moi, je n’en maîtrise rien. Quoique j’en imagine, je m’abuse, ce ne sont que des fantasmes. Mon moi sous le regard d’autrui est donc le fantasme que j’entretiens avec moi-même. Il faut s’en détacher, se défier du désir de plaire. Les autres ne sont pas mon tribunal. ..
 

...autres à venir ...

 

     de ses LIVRES .....
 

Grasset 2010

existe également en  Le livre de poche  ...N°32473 ...2012

 

TABLE
Avant-propos
7
Énigme de l'amour 22
Qu'aime-t-on quand on aime? 31
Sans rien savoir 45
Qui j'ose aimer 60
Le syndrome des Béatitudes 75
L'attente et ses ambivalences 86
L'intolérable solitude 95
L'amour comme révélation 108

La religion comme initiation à la vie amoureuse 126

Une frénésie possessive 138

L'existence transfigurée 165

 

p108

 L'amour comme révélation..

p 113

 ....Attendre, c'est notre grande affaire. Nous ne faisons même que cela.(voir ci-dessous>> ) Parce que l'attente est la conscience même, sans cesse notre conscience nous assigne quelque objet à venir, et nous en détache aussitôt qu'il advient. Pour perdre son prestige, il lui suffit d'exister. Aussitôt est-il en notre possession que nous découvrons en effet nous être mépris. Ce n'était pas vraiment ce que nous imaginions attendre, puisque nous nous surprenons d'attendre encore. Toute la pensée religieuse de Pascal a son fondement dans cette expérience de la déception. Parce que le propre de l'attente est de porter originairement en elle le sens de ce qui ne laisserait plus rien à attendre, toute attente pose au-devant d'elle, comme son horizon, le sens de l'infini, de l'éternité, de la perfection, de la béatitude, c'est-à-dire le sens de l'absolu. C'est cette subreptice attente de l'absolu qui rend décevantes la finitude et la relativité de tout ce que nous vivons ordinairement.

et trouvant dans la suite du texte ci-dessus :

p 116

 ..... La seconde évidence révélée par l'amour est que la vraie vie n'est pas toujours l' absente. Il suffit d'être deux. Comme on s'émerveille, en le découvrant, que le bonheur puisse être une aussi simple chose ! L'amour est à la fois la transfiguration et la grâce de la banalité. Ainsi Anna Karénine avait-elle confié à Vronski qu'à partir du jour où elle l'avait aimé, « tout dans la vie s'était transformé pour elle». Tout ce qui fait l'ordinaire de la vie en devient en effet extraordinaire. Voici qu'on se met soudain à sentir intensément, comme si on en recevait la révélation, tout ce qu'on avait jusque-là vécu sans même l'apercevoir. Car chacun se surprend dans l'amour de sentir retentir en soi tout ce que sent la personne aimée. Tout s'en redouble, s'en exalte. Du charme opéré par cette mutualité de l'existence s'ensuit en outre la surprenante nouveauté d'un état d'exception. Comme le pain d'un jour de fête n'a pas le même goût que celui des jours gris, il n'est si simple chose que l'amour n'accueille comme pour une célébration. Ce que nous montre la peinture de Bonnard, c'est moins la fête de la vie que la vie par temps d'amour. 

 

 p119

....Parce que la vie jouit de soi dans le plaisir sans attendre rien d'autre, le plaisir est l'unique expérience humaine qui soit à elle-même sa propre fin. Ne laissant rien à attendre, le plaisir est comme l'absolu : il se suffit à luimême. Il est à lui-même sa propre raison d'être et sa propre justification. On peut désirer mille choses pour le plaisir qu'on en soit relatif à rien. Comme l'initiation dionysiaque évoquée dans le Phédon, c'est par une longue ascension qu'on se prépare à accéder à la culmination du plaisir comme à une révélation. Non seulement chacun des amants s'en éprouve redevable à l'autre, mais ils n'ont pu y parvenir que dans un abandon et une confiance réciproques, en ayant en quelque sorte abjuré leur singularité. Aussi l'union amoureuse s'accomplit-elle beaucoup moins par étapes comme pourrait le suggérer la métaphore de l'ascension, que par une lente imprégnation où il semble à chacun ,fie découvrir dans l'autre en s'y dissolvant:

1) Une telle entente et un tel abandon supposent d'abord une complicité ou une connivence communes où chacun s'en remet à l'autre pour échapper à sa solitude. Aussi le premier compagnonnage des amants est-il celui de leur détresse.

2) Pour battre ainsi la chamade et accepter e se livrer à un inconnu, l'amour suppose encore une sorte de confiance spontanée. C'est la confiance des naufragés pour toute main tendue. Par sa seule et secourable présence, l'autre résume en lui tout ce qu'on avait en vain attendu de l'humanité.

3) L'amour requiert ensuite une muttuuelle résiliation par laquelle chacun se rend plus attentif à l'autre qu'à lui-même. C'est le moment où chacun s'émerveille de l'autre et cherche à, faire retentir en lui ce qu'il éveille en nous..,

4) Nul n'étant jamais aussi intensément réuni à soi que dans le plaisir, on ne coïncide jamais autant avec un autre qu'en le révélant à lui-même dans cette découverte..

5) A chacun est alors révélé qu'il se sent d'autant plus intensément lui-même qu'il sent retentir en soi les émotions de l'autre. Ainsi en vient-il à reconnaître l'autre comme son double ou son plus sensible luimême. Déjà pressent-il donc n'en pouvoir être séparé sans s'absenter de lui-même. Comme la présence de Martine était devenue pour le docteur Alavoine «un besoin aussi nécessaire, aussi absolu, aussi vital qu'un besoin physique», au point de «ne pouvoir plus envisager la vie sans elle », si vive était la douleur de maître Gobillot lorsqu'il ne voyait plus Yvette qu'il ne pouvait plus s'en passer. «J'ai besoin, reconnaissaitil, de la sentir près de moi, de la regarder vivre, de respirer son odeur [...] » Sans elle, je ne suis plus moi.

6) Cette union amoureuse s'accomplit enfin dans la révélation de la transe comme dans le dénouement d'une crise. Les amants s'y découvrent alors aussi intensément unis dans le plaisir que s'ils avaient communie dans l'absolu. La vie, qui est une tension, y a trouvé sa détente. Comme s'ils avaient été enfin délivrés du*' tourment d'exister, il leur semble avoir mérité par leur union cette grâce que chaque conscience espère : de s'éprouver si accordée à l'existence qu'elle puisse la désirer sans fin. Comme l'attestent aussi bien Le Lys dans la vallée et La Fausse Maîtresse, Dominique et le prince Muichkine, sans doute peut-on aimer éperdument une personne sans avoir jamais fait l'amour avec elle. Il s'agit d'une pure dévotion par laquelle on se voue à une autre personne, non par espoir de la posséder, mais en s'émerveillant de la servir. Il s'agit donc d'un culte. Mais, comme dans l'idolâtrie, il n'est alors si vive adoration qui ne sente comme une douleur la distance qu'impose toute représentation entre la conscience et son objet. Aussi l'amour ne peut-il qu'aspirer à une communion! si intense, si totale, si intime, que rien n'arrive à l'un qui ne retentisse dans l'autre. Mais pour que Mesa puisse dire à Ysé dans Partage de midi, « j'entends dans mes entrailles votre coeur qui bat », il n'y a toutefois ni fascination, ni adoration, qui suffisent. Il fallait qu'elle fût «entre ses bras, sans plus de résistance», et que chacun sentît alors comme une ivresse la vie de l'autre vaciller dans la sienne. Parce que la transe voluptueuse unit chacun à soi, à l'autre, et à l'absolu, on comprend qu'elle puisse être vécue moins même comme une consécration que comme un sacrement. i Aux amants a donc été révélé que ni la solitude ni la séparation ne sont irrémédiables. Non seulement l'amour abroge d'un coup l'ordinaire opacité qui rend toute conscience impénétrable à aucune autre, mais il n'y a même rien d'auparavant si banal qu'il ne rende merveilleux en nous le découvrant dans le regard d'un autre. De l'amour ils ont surtout reçu la révélation de l'absolu. Sans doute, comme nous avons tenté de l'élucider, la transe amoureuse suspend-elle toute attente et nous procure-t-elle de la sorte une expérience sensible de l'absolu. Or une telle expérience fait de ceux qui l'ont partagée à la fois des compagnons d'aventure, des initiés, et des célébrants. Impartageable, incommunicable, leur commune découverte a fait d'eux les uniques dépositaires d'un secret. Ce secret, eux seuls le connaissent. Mais chacun n'a pu le connaître que par l'autre. Aussi l'autre n'en est-il pas seulement le témoin, mais aussi le comparse, le complice, le thaumaturge , et le célébrant. Voilà pourquoi chacun dans l'amour se sent uni à l'autre du même lien qui l'unit à l'absolu.

 

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Sens et non-sens ...

.....

p 156

 .....En même temps qu'il s'agissait de ma mort, j'y assistais comme à quelque chose d'extérieur à moi-même. Que je ne fusse donc pas mon corps, avec quelle évidence n'en faisais-je à ce moment l'expérience ! Quoique la mort ne fût que cela, c'était quelque chose d'idiot, et même d'un peu tragique.

  Ce qui était idiot, c'était que la vie m'eût été donnée, et que je ne m'en fusse pas- plus soucié que s'il s'était agi de quelque futilité à laquelle il serait toujours temps de m'intéresser après m'être occupé de l'essentiel. Qu'il n'y eût rien de plus important dans la vie que la vie elle-même, ne l'avais-je pas pourtant mille fois observé en voyant tant de malheureux accepter de tout endurer rien que pour arriver jusqu'au matin suivant ! Voir le soleil se lever, entendre la petite cantilène d'un ruisseau dans les mousses, sentir l'odeur des fougères à l'automne, comment rien avait-il jamais pu me paraître plus important que cela ! La vie m'avait été donnée, ce prodige. J'en avais reçu une coupe toute pleine comme d'une eau que j'eusse puisée. Et au lieu de m'y désaltérer pieusement, sans en rien laisser perdre, j'avais péroré. J'avais fait cours ! Au prix de ce que j'avais sacrifié, que valaient même les trois ou quatre livres que j'avais pu écrire ? Ce qui m'arrivait aujourd'hui, je l'avais donc mérité. Pour avoir à ce point mésestimé le don qui m'avait été fait, je ne le méritais pas. Le temps avait passé. A peine avais-je terminé un cours que j'avais commencé d'en préparer un autre. De cette eau que j'avais reçue, la coupe était encore humide, mais il ne restait `plus rien. J'avais tout juste omis de boire.

   A cet instant où tout allait être perdu, je sentis soudain combien tout eût été différent si j'avais pu transfuser quelque chose de ma vie dans une autre. Ce fut l'évidence d'une révélation. La vie

n'est pas comme un trésor qu'on dilapide ou qu'on garde, mais dont on jouit par soi-même. On ne vit pas pour soi. La vie est comme un flux ou un rayonnement : elle se transmet, se diffuse, se propage. On ne la reçoit que pour la donner. Aussi le propre de la vie est ü de ne jamais finir. Elle continue, elle se renouvelle, elle se métamorphose à travers les individus. J'avais fait servir la vie à autre chose qu'elle-même. Il était juste qu'elle m'eût été retirée.

   Rendre une femme ou un enfant heureux, j'avais cru avoir mieux à faire que cela. Comme je regrettais maintenant de n'avoir pas même nourri des canaris, des moineaux, ou quelque chat abandonné ! Si peu qu'une autre vie eût été vivifiée par la mienne, tout ne s'en serait pas aussi vainement évaporé. Il n'y avait pas de vérité qui m'apparût alors plus clairement que celle-là : la vie est à elle-même son propre sens. La vie vit de se répandre et de se communiquer. Aussi tout a-t-il toujours été perdu d'une existence hors ce qu'elle a donné d'elle-même à une autre en s'y transfusant. Or qu'avais-je donné de ce qui m'avait été donné ? J'avais donné des cours. La mort avait raison de m'effacer. Cette leçon que je venais de recevoir, comme je saurais la mettre à profit si une deuxième chance pouvait m'être donnée ! Si les médecins parvenaient à me faire revenir de ces confins de la mort, la deuxième vie qui me serait prêtée ne serait pas la suite de la première. Les ressuscités ne vivent ni ne pensent comme ceux qui ne sont nés qu'une fois.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Une démence ordinaire >>>>>

 

 

 

 

 

 

 

 

  ...EN relation ...

 

Tu as les paroles de la vie éternelle ... de l'Â vie in-finie .. l'homme quittera son père et sa mère, il s'attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu'un.

Marcel MERCIER

évangile quantique

 

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