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« Nous sommes persuadés que F. Jacob, qui a si magistralement analysé les processus vitaux à la lumière de la biochimie moléculaire, reconnaîtra qu'il est impossible ni de démontrer ni de récuser l'action de facteurs métaphysiques. Il faut chercher ailleurs les arguments pour trancher le dilemme. La thermodynamique et la cybernétique les fournissent

1) Dans un système de pure Matière-Énergie, l'évolution s'opère vers l'état le plus probable et le plus désordonné, l'opposé du développement de la vie.

2) Une source d'Information permanente est indispensable pour justifier l'ordre qui a présidé à l'éclosion de la vie et à son Évolution.

Nous ne trouvons pas d'autre source possible qu'une entité incorporelle, du même ordre que l'esprit. Au sein d'un océan primitif inerte, fait de matière et d'énergie, la Nature mue par une pulsion interne, un "animateur", agent ubiquitaire de l'esprit, s'est épanouie en créations étonnantes par leur astuce et leur diversité, et non point limitée au phylum humain que nous avons isolé artificiellement parce qu'il aboutit au sommet de l'édifice. [...]

En effet, tout programme était apparemment inutile; l'esprit, dans une improvisation constante, s'est contenté d'exercer en quelque sorte une "pression d'extériorisation" qui s'est manifestée en toutes directions, par le truchement de l'ADN en des formes dont les vestiges nous sont fournis par l'arbre des classifications animales et végétales qu'on connaît. Nombre d'essais ont avorté sans nécessairement laisser de trace!

Cependant, de victoire en victoire sur le déterminisme et la dépendance vis-àvis de l'environnement, les individus successifs, de plus en plus autonomes, ont trouvé dans le filon anthropoïde la voie de déploiement de l'esprit dans le prodigieux appareil cérébral d'Homo sapiens.

Ainsi l'Évolution apparaît-elle comme ayant pour sommet l'intelligence des choses et la pensée; son sens est par là même défini. On peut considérer que chacune des créations dont a bénéficié le "phylum humain" représente un échelon vers l'épanouissement et l'expression de l'esprit. [...]

Le "matérialiste" refuse à l'esprit, par principe et au nom de la science, tout caractère d'une entité spécifique, la pensée n'étant que le résultat du fonctionnement du cerveau, organe du génie et de toutes les créations humaines.

À l'opposé, le "spiritualiste" considère le cerveau comme simple instrument des activités de l'esprit, à la manière d'une sorte d'ordinateur apte au traitement des problèmes les plus divers. La Nature serait elle-même sous l'empire de l'esprit, source de l'Information génératrice des innombrables créations qui ont initié puis jalonné l'Évolution de la vie par le truchement de l'ADN.

Aux yeux du matérialiste, la multitude des "inventions" de la Nature, des plus simples aux plus stupéfiantes, s'est développée sans information, sans organe particulier, par le simple jeu du hasard, célébré comme le démiurge des grandes oeuvres du cosmos.

Or le hasard est reconnu par la thermodynamique comme générateur de chaos et donc incapable de toute oeuvre cohérente, et par la cybernétique, comme usurpateur du rôle de l'indispensable Information, laquelle n'étant ni Matière ni Énergie, ne peut appartenir qu'au domaine de l'esprit.

Certes, on a fait appel de ces jugements, en imaginant des enclaves où ces lois physiques fondamentales sont inversées, grâce à des hypothèses qui ne résistent pas à la critique, alors que, de toute évidence, le monde vivant jusqu'à l'homme est issu du système « ADN-Mitose » édifié avec la cellule au long de quelque quatre` milliards d'années sous l'effet des tâtonnements d'une indispensable et permanente Information en lutte contre les forces destructrices du chaos. »

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