..........Bien plus que l'émergence de Le Pen, boursouflure
poujado-maurrasienne qui plus ou moins vite, mais forcément se
dégonflera, l'élément inquiétant de ce premier tour, et qui n'a
été que peu souligné, est la révélation des dix pour cent de votes qui
se sont portés sur les candidats trotskistes. Et il y faut ajouter les
cinq pour cent de voix de M. Mamère, ce rouge peint en vert, qui est
dans la même mouvance.
Il y a là un vrai courant révolutionnaire qui profite de
l'effondrement du Parti communiste, et qui est capable d'attirer
toutes les pathologies asociales, toutes les pulsions anarchistes,
tous les échecs, tous les désespoirs, utopies totalitaires et désirs
de puissance refoulés.
Ne nous laissons pas abuser sur les réalités du trotskisme. Gardons
un peu de mémoire.
Trotski ne saurait passer pour un libéral parce que Staline le fit
assassiner. Ils ne s'opposaient que sur un point : Staline voulait
commencer par installer le communisme dans un seul pays ; Trotski
voulait la révolution universelle et la destruction de toutes les
nations. Rappelons ses titres : il fut le fondateur de la Pravda,
l'organisateur de l'armée Rouge, le promoteur des déportations
massives, l'inventeur du goulag. Son premier ouvrage, qui ne fut pas
sans influence, s'intitulait : Défense du terrorisme.
Ses adeptes d'aujourd'hui sont formés à cette école-là. Ils sont très
bien organisés en réseaux clandestins. Ils savent rester tapis, sous
des pseudonymes. Ils ne manquent pas de moyens. Ils n'ignorent pas la
prééminence que peuvent prendre dans les temps de crises, les
minorités brutales sur les majorités molles. Tenons-nous sur nos
gardes. Si l'orage éclate, ce sera de ce côté-là.