....forcer la porte de l’Union
européenne.
Editorial du Libre Journal
n°279
30 novembre 2002
Sans s’embarrasser de diplomatie, c’est par la menace
pure et simple que les nouveaux dirigeants turcs, soutenus par
Washington et Tel-Aviv, ont résolu de forcer la porte de l’Union
européenne.
A la veille de son passage en France, le 27 novembre,
Recep Tayyip Erdogan, émir du parti islamiste turc, majoritaire depuis
le 3 novembre, a carrément averti que « la patience de son pays,
candidat à l’entrée dans l’Union européenne, a des limites ».
Rappelant les sondages selon qui les Turcs veulent entrer dans
l’Europe à 80 %, il a ajouté que ses troupes « n’auront pas la
patience d’accepter un nouveau report ».
On l’a pris au sérieux.
Et ça se comprend : en octobre 1998, lors de la 18e convention
du groupe des pays islamiques Al-Jama ah al-Islamiyyah réunie à
la mosquée Fayçal d’Islamabad, au Pakistan, les délégués de trente
pays musulmans, dont ceux de la Turquie, avaient appelé à la "guerre
sainte" (Djihad) contre la Serbie devant dix mille fidèles
hystériques acclamant le délégué du Kossovo qui venait d’annoncer la
« reconquête de la péninsule balkanique islamique ».
Un an plus tard, les Américains bombardaient Belgrade, apportant un
appui déterminant à l’intangible stratégie des héritiers de l’Empire
ottoman qui, appuyé sur les mafias islamistes, ne cesse depuis six
siècles de camper aux murailles de l’Europe.
Cette complicité résume les données de la question de l’entrée de
la Turquie dans l’Union européenne :
- La Turquie est, plus encore depuis les dernières élections, un
Etat fondamentalement islamiste (98 % de musulmans). Même la laïcité
dont se réclament ses dirigeants est un fanatisme. Kemal Ataturk
faisait sauter les têtes à chéchia et, en 1980-86, la dictature
militaire envoya au peloton les dirigeants musulmans.
- Elle est la plaque tournante des mafias de la main-d’oeuvre
illégale, de la drogue et de l’armement.
- Elle représente par sa démographie et l’arriération de ses moeurs
une réelle menace pour la stabilité des Etats européens.
- Sa situation économique désastreuse ne correspond en rien aux
fameux "critères de Maastricht" : revenu annuel moyen par habitant de
moins de 2 500 euros, dette publique de 140 milliards d’euros (ce qui
ne l’empêche pas d’acheter dans la presse européenne des centaines de
pages de publicité pour plaider sa cause : trente pages couleurs dans
Paris-Match du 12/12/99).
- Préservée de la castration du "politiquement correct" et de
"l’Humanitaire", elle conduit une diplomatie armée qui en fait un
porte-flingue idéal pour le gang Bushiste (« La Turquie a de
quoi faire peur. Elle est brutale et ne s’en cache pas : Arméniens,
Chypriotes et Kurdes l’ont tous payé de grandes souffrances »,
reconnaît Michel Rocard pourtant inconditionnel de l’adhésion).
L’Israël y trouve, en même temps, un vigile sur son flanc nord et un
épouvantail islamique justifiant l’épuration ethnique en Palestine.
Cela explique que les agents d’influence atlantistes et sionistes
en Europe soutiennent la doctrine Brzezinski : « L’Amérique
devrait profiter de son influence en Europe pour soutenir l’admission
éventuelle de la Turquie au sein de l’Union européenne, et mettre un
point d’honneur à la traiter comme un Etat européen (...).
Si la Turquie se sent exclue de l’Europe (...) elle sera
favorable à la montée de l’islam... » (Le Grand Echiquier,
Bayard, 1997).
Le problème est donc simple : l’Union européenne servira-t-elle ses
propres intérêts ou ceux de ses maîtres ?
Nul besoin d’être extra-lucide pour anticiper la réponse.
Les roulements de mécanique et les froncements de sourcils des
barbus d’Ankara ont déjà fait leur petit effet.
Giscard, dont le constat que « la Turquie n’appartient à
l’Europe ni par la géographie ni par l’histoire », avait fait
grand bruit, a bien vite baissé le ton et, le 23 novembre à Tours, il
a refusé de réitérer son avertissement sous prétexte de ne pas
s’opposer frontalement à Chirac.
Ce dernier, infatigable hanneton, continue en revanche de soutenir
que « la Turquie a toute sa place dans l’Europe du point de vue
de l’histoire, de la géographie et de la civilisation ». Il l’a
répété ces jours-ci, deux ans après avoir signé la loi érigeant la
reconnaissance du génocide arménien... (on est curieux de voir comment
ce gros malin va gérer, le 24 avril 2003, les inévitables
vociférations turques contre les cérémonies d’inauguration de la
statue du Père Komitas, personnage emblématique de l’Arménie martyre).
Mais, pour en revenir à Giscard, le vrai motif de son silence
pourrait se trouver dans des menaces très précises accompagnant une
invitation à rempocher son discours antiturc sous peine de se voir
transformer en chaleur et lumière. On remarque d’ailleurs que Barrot,
Bayroux et Gaudin, pourtant fortement opposés à l’intégration,
observent un silence prudent sur la question.
Pour amuser la galerie, deux vieux chevaux de retour de la
rodomontade stérile, Pasqua et Séguin, reconstitués pour l’occasion en
"Footit et Chocolat" de la résistance en peau de lapin, ont donc été
chargés, comme avant-hier contre Maastricht, comme hier
contre l’euro, de capter le citoyen réticent et l’emmener
grommeler en famille dans des machins souverainistes à forte
cotisation pendant que le vrai travail se fera tranquillement
ailleurs.
Et il se fait. Si l’on en croit Guy Verhofstadt, premier ministre
belge, il est même déjà bien avancé.
Le 18 novembre dernier, ce blafard personnage à tête d’onaniste
surmené a prononcé devant le Collège de l’Europe un discours étonnant
d’arrogance eu égard à la taille de son pays et à sa propre
réputation :
« Certains rêvent d’une Europe monoculturelle. Ladite "Europe
des valeurs chrétiennes", comme si l’Europe n’avait pas également un
fondement juif ou ne connaissait pas une forte tradition humaniste
(...) Nous n’entendons que des éructations telles que :
la Turquie est-elle un pays européen ? N’occupe-t-elle pas
géographiquement une position trop périphérique ? N’est-elle pas trop
primitive ? Est-elle véritablement habitée d’une vocation européenne ?
Derrière ces questions se cache bien souvent une thèse inexprimée : la
Turquie est un pays musulman et n’a en fait pas sa place au sein de la
famille européenne.
Ce raisonnement est absurde. Il va à l’encontre
(...)
d’une séparation de l’Eglise et de l’Etat que nous prônons aujourd’hui
aux nouveaux venus dans notre société comme étant une valeur
essentielle.
Nous ne pouvons tout de même pas concevoir qu’en matière de
tolérance l’Union européenne fasse moins que l’Empire ottoman où la
Grèce, la Roumanie, la Bulgarie ou la Serbie purent demeurer
chrétiennes pendant des siècles. »
Quand on se souvient des "éructations" de ce même Verhofstadt lors
des succès électoraux de Le Pen ou de Haider, on se demande qui tient
les ficelles de ce pantin à tablier de cochon pour qu’il accepte aussi
facilement la victoire islamiste aux élections turques.
Quant à brandir l’argument de la séparation de la religion et de
l’Etat à l’appui de l’intégration d’un Etat islamiste, c’est carrément
se foutre du monde. Pour ne rien dire de l’énormité du mensonge selon
lequel les peuples sous la botte ottomane purent demeurer chrétiens,
alors que les victimes de cinq siècles d’occupation turque se comptent
par millions de malheureux déportés, réduits en esclavage, violé(e)s,
vendus, écorchés vifs, éventrés, pendus, crucifiés, égorgés, cousus
dans des sacs et jetés au Bosphore. Sans compter, plus récemment, les
quinze cent mille Arméniens massacrés et les milliers de Kurdes,
chrétiens, Chiites, Averis et autres minorités qui, aujourd’hui
encore, sont l’objet d’une féroce épuration ethnique.
Mais Verhofstadt n’est pas seul à chanter ces turqueries.
L’ancien conseiller de Mitterrand, Jacques Attali, y va du même
couplet contre le club chrétien (comment le maçon belge et le
juif français seraient-ils en désaccord là-dessus ?).
Plus inattendue est son argumentation strictement munichoise.
S’il faut intégrer la Turquie, explique Attali, ce n’est pas pour
des raisons historiques, géographiques ou économiques. C’est parce
qu’en refusant, « la France et l’Europe (...)
devraient se préparer à l’affrontement avec un milliard d’hommes, à
une véritable guerre de civilisations. Avec en prime, en France, une
guerre civile. Car la France, en raison de ses choix géopolitiques
antérieurs, est une nation musulmane ; l’islam est la religion de plus
de deux millions de citoyens français et du tiers des immigrés sur son
sol ».
On remarque qu’Attali ne croit pas la France capable de la même
résistance que l’Israël et que s’il lui interdit de se considérer
comme un club chrétien, il a le front de la désigner comme une
nation musulmane.
Même attitude chez Rocard. S’il faut intégrer la Turquie, écrit-il
dans Libé, c’est parce que :
Primo : « Nos amis américains y poussent fortement. »
Secundo : « La gifle que serait pour la Turquie un rejet par
référendum raté aurait des conséquences géostratégiques redoutables. »
Tertio : « Ce serait une maladresse extrêmement grave à
l’encontre des 10 millions de musulmans qui vivent en Europe, et plus
encore de toute la communauté musulmane du monde. »
Et, bien entendu, parce que dans le cas contraire « l’UE se
verrait dès lors définie comme un club chrétien, ce qu’elle n’est pas ».
« Les valeurs qui nous sont communes et nous rassemblent se
sont construites et affirmées contre l’Eglise », ajoute le mari
de la psychiatre israélienne Ilana Reiss-Schimmel afin qu’on le
comprenne clairement.
Quant à Pierre Lellouche, conseiller diplomatique de Chirac et
vice-président du groupe France-Israël, il soutient que « Penser
que l’islam n’est pas soluble dans la démocratie, c’est accepter par
avance une guerre des civilisations. La question est de savoir si l’on
aide l’islam à se réconcilier avec les droits de l’homme et l’économie
de marché, ou si on le laisse se réfugier dans une fuite en arrière
fondamentaliste ».
La remarque évidemment ne vaut que pour un club chrétien. En
Palestine, l’islam reste insoluble...
En somme, Attali, Rocard ou Lellouche parlent comme des
banlieusards : Pas question d’empêcher ce gang de beurs excités de
monter dans le même train que nous, ils pourraient se fâcher.
C’est qu’il est plus facile de montrer le Turc comme une menace
hors de l’Union que de convaincre qu’il est une chance pour l’Europe.
Les chiffres indiquent, en effet, que l’intégration de la Turquie
sera une véritable catastrophe. Et ce principalement en raison de la
législation française du "droit du sol", qui appelle cheval tout
cochon né dans notre écurie et citoyen à part entière tout individu
venu au monde dans l’Hexagone.
Or derrière les soixante-dix millions de Turcs, c’est le Croissant
qui se profile. C’est-à-dire bientôt quatre cents millions d’hommes
qui, d’Istambul à Tanger, crèvent de misère, de frustration et
d’humiliation, accablés par les régimes les plus corrompus de la
planète et hystérisés par le fanatisme religieux.
En 2025 (c’est demain) ils seront un demi-milliard face à trois
cents millions d’Européens. La Turquie aura cent millions d’habitants
(l’Allemagne quatre-vingts), le Maghreb cent vingt millions (la
France, pas plus de soixante).
Selon des statistiques soigneusement occultées, le taux de
population non européenne est déjà de plus de 12 % en France (8 % en
Allemagne). Les Turcs et balkano-musulmans représentent le groupe le
plus important d’immigrés non communautaires : cinq millions, dont la
moitié en Allemagne ; suivis par les Maghrébins (Tunisiens, Algériens
et Marocains) : quatre millions, dont la moitié en France.
A ces populations s’ajoutent pour la France un million de
naturalisés essentiellement maghrébins (la moitié pour l’Allemagne,
essentiellement turcs) et un million de clandestins (lors du dernier
recensement, les enquêteurs ont signalé plus de huit cent mille refus
de recensement).
Aujourd’hui, la France, l’Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas
hébergent environ quinze millions d’immigrés extra-européens. Cette
population augmente de moitié tous les dix ans (elle comptera plus de
trente millions d’individus en 2025, soit près de 10 % de la
population européenne ; et ce à condition que le rapport Migrations
de remplacement : une solution aux populations en déclin et
vieillissantes que Josef Alfred Grinblat, chef de la section
"Mortalité et Migration" (division Population) a remis à l’ONU en 1999
et qui prévoit d’imposer à l’Union un flux migratoire de CENT
CINQUANTE-NEUF MILLIONS de non-Européens (!!!) dans les vingt-cinq ans
à venir ne soit pas mis à exécution).
Mais tous les Etats de l’Union ne sont pas soumis au même régime.
La différence principale, considérable, réside dans les dispositions
qui régissent l’acquisition de la nationalité.
La sociologue Dominique Schnapper, membre du Conseil
constitutionnel, a constaté que 3 % des enfants nés d’étrangers en
Allemagne deviendront allemands, alors que 93 % des enfants nés
d’étrangers en France prendront des "papiers français".
C’est donc, de tous les pays de l’Union, la France qui subit en
profondeur les changements ethnologiques, sociologiques, culturels les
plus radicaux du métissage par immigration. Du coup, c’est elle qui
devient, pour ses voisins, la principale menace. Pompe aspirante
branchée directement sur l’inépuisable réservoir afro-maghrébin, notre
pays sert de sas d’entrée dans l’Union à des "néo-citoyens" qui, forts
de leurs papiers français, peuvent ensuite se disséminer dans les
autres Etats. « Si la Turquie faisait partie de l’Union
européenne, on aurait moins à prouver qu’on est français... on serait
européens », confie à Libé un Turc à papiers français.
Si l’on ajoute à cette brèche gigantesque le déluge que
l’intégration de la Turquie provoquerait d’Euro-turcs, c’est-à-dire d’Euro-turco-kurdes,
d’Euro-turco-assyriens, d’Euro-turco-chaldéens, d’Euro-turco-chiites,
d’Euro-turco-alévis (25 % de la population turque) fuyant la misère,
la terreur policière, le racisme tribal et le totalitarisme islamique
en vigueur de l’autre côté du Bosphore, on mesure la gravité de la
menace.
Même Danielle Mitterrand tremble devant cette "politique turque à
courte vue". C’est dire ! « Est-il raisonnable d’intégrer dans
un continent limité et bien défini depuis des siècles des nations qui
n’en font partie ni géographiquement, ni historiquement et qui
bafouent les principes fondateurs de l’Union ? L’Union européenne
est-elle encline à courir le risque d’accepter en son sein un facteur
de déstabilisation pour la cohésion européenne ? » écrit cette
pasionaria immigrationniste dans une préface.
La vérité est que cette position sent aussi sa vieille rancoeur de
femme bafouée. C’est François Mitterrand, en effet, qui en visite
officielle à Ankara souligna le premier le « rôle éminent de la
Turquie dans le système européen en voie de constitution et qui ne
saurait être limité par des conceptions géographiques ou par des
préjugés culturels ».
Mais, au fond, pourquoi veulent-ils tous intégrer la Turquie ?
Pour assurer une plus grande force économique à l’Union, disent les
uns.
Encore une fois, c’est se foutre du monde : depuis 1963 la Turquie
bénéficie déjà du statut de pays associé et, depuis 1995, d’un accord
d’union douanière qui lui octroie pratiquement les mêmes avantages
économiques et financiers qu’aux pays de l’Union avec, en plus, une
sorte de clause de la nation la moins favorisée qui déverse sur ses
dirigeants toutes les aides possibles.
Pour assurer aux pays d’accueil une main-d’oeuvre qui leur fait
défaut, assurent les autres.
Mensonge ! Le démographe, Jacques Dupâquier, rapportait dans le
Figaro du 13 janvier 2000 que, sur les 5 072 Turcs entrés
légalement en France en 1997, on ne comptait que 79 travailleurs
salariés, soit moins de 2 %. Le reste, chômeur, Rmiste, mère au foyer,
enfant mineur était à la charge de la collectivité nationale.
Non. La seule vraie raison pour laquelle les mafias politiciennes
imposeront l’intégration de la Turquie à l’Union, personne n’ose la
proclamer. Elle tient en douze mots : la dictature judéoricaine sur la
marche du monde en a décidé ainsi.
Laissons les Turcs être les Turcs
PAR ALAIN-GÉRARD SLAMA [25 septembre
2004]
Pour s'être indignés avec autant
d'éclat de la criminalisation de l'adultère par le Parlement d'Ankara,
il faut que les membres de la Commission européenne se soient fait
beaucoup d'illusions. On conçoit qu'ils aient été déçus par le caractère
inopportun d'une initiative qui intervient au moment où ils
s'apprêtaient à remettre un rapport favorable à l'ouverture de
négociations avec la Turquie. Mais en appelant le gouvernement Erdogan à
répondre « aux conditions d'un Etat de droit », le commissaire à
l'Elargissement, Günter Verheugen, a mis en évidence la faille du
raisonnement européen. Les partisans de l'adhésion de la Turquie au club
des Vingt-Cinq, qui tire déjà à hue et à dia, sont convaincus que
celle-ci deviendra européenne par osmose, que ses moeurs et ses valeurs
changeront à mesure qu'elle s'imprégnera de nos règles de droit. Or on
ne transfère pas des normes juridiques d'une société à une autre sans
provoquer de rudes chocs en retour. Dans sa réponse aux injonctions de
Bruxelles, le Premier ministre turc, Tayyip Erdogan, ne l'a pas envoyé
dire : « Nous sommes la Turquie et les Turcs. Nous prendrons nos propres
décisions dans notre Parlement. » Chaque système de droit est, pour
chaque nation, le marqueur culturel par excellence *. On le vérifie
au sein de l'Union européenne, entre des pays dont les cultures sont
proches, comme la France, l'Angleterre, l'Allemagne. L'intrusion du
droit européen, qui valorise la norme dite par le juge et les droits
minoritaires et individuels, a profondément ébranlé le modèle juridique
français, qui repose sur la loi comme expression de la volonté générale
et qui met l'accent sur la règle majoritaire et sur l'intérêt collectif.
Il suffit, pour mesurer l'ampleur de cette déstabilisation, de regarder
la Corse, où les revendications ethniques, le racisme et les
discriminations positives progressent du même pas. A fortiori,
s'agissant d'un pays dont la culture est aussi éloignée de la nôtre que
la Turquie, la crispation de son peuple sur les codes archaïques
régissant la condition féminine n'aurait dû étonner personne. C'est
toute une philosophie sociale, un rapport à la tradition et à la
religion qui sont en jeu. Il fallait être aveugle pour ignorer que,
malgré les intentions proclamées par son fondateur Atatürk, la laïcité à
la turque, qui est une sorte de Constitution civile du clergé, s'inscrit
dans des mentalités tout autres que celles qui ont conduit, en France, à
la séparation de l'Eglise et de l'Etat. L'échec des négociations
entre la Turquie et l'Union ou le repli sur une formule de simple
association provoqueraient, dit-on, une déception qui jetterait ce pays
dans les bras des islamistes. C'est le contraire qui est vrai. Une fois
entré dans l'Union, le peuple turc se rebellerait avec d'autant plus de
vigueur contre des obligations juridiques qu'il considérerait comme un
viol culturel. Il faut débarrasser la Turquie de l'Europe. Laissons
les Turcs être les Turcs.