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*Ouest contre Ouest .....    

 
 

Présentation :  il s'agit du dernier livre publié par André Glucksmann Ouest contre Ouest , Plon, 216 pages, 15 EUR ...dont la teneur illustre bien la pertinence et la cohérence d'une lecture des événements à la lumière du système René Girard....

Extraits :  Le terroriste qui désigne en l'Occident son ennemi est en réalité déjà un occidental. Ce qu'il veut détruire, c'est la partie civilisée de l'Occident. Il est un « occidental refoulé », un imposteur qui ne défend pas sa culture ou sa religion.

 

Auteur : André Glucksmann

Source : le Figaro du 22 septembre et  22 décembre 2003

RésonancesCette rivalité mimétique ...

Corrélats :mimétisme, René Girard, Occident, nihilisme, guerre, paix, ONU, mondialisation...

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Ouest contre Ouest .....  

...... Le philosophe expose en pleine lumière dans ce livre dense...la crise politique et spirituelle dans laquelle est plongé l'Occident. Crise politique : en dépit de l'objectif commun de la lutte contre le terrorisme, unanimement  proclamée au lendemain du 11 septembre, l'unité dans l'action s'est brisée au sujet de l'Irak. Cette rupture révélait même un secret désire d'inaction de ce côté-ci de l'Atlantique notamment en France. Crise spirituelle : ce désaccord recouvre une  profonde sur l'appréciation du monde, une fracture au corps même de la civilisation, un conflit entre « nihilisme et civilisation » selon les termes de Glucksmann.

Un lien s'est noué , dont se nourrit le nihilisme, entre la volonté des terroristes de détruire l'Occident et leur refus d'une partie de celui-ci d'affronter cette réalité. La haine des ennemis de l'Occident et l'aveuglement, la lâcheté, que celui-ci oppose à ce fanatisme se conjuguent dans une négation de l'humanité.

 

Au centre de la thèse de Glucksmann, le constat selon lequel la véritable division passe à l'intérieur de l'Occident. Elle pose au monde entier la question de la civilisation. « La civilisation s'unit, tranche-t-il, contre ce qui la détruit. » Il ne s'agit pas, contrairement à ce qu'affirme certains, d'un conflit entre les civilisations. Le philosophe pousse à son terme l'identification entre Occident et civilisation. Il y a plus désormais à ses yeux qu'une seule civilisation tant est avancé le processus d'occidentalisation du monde. Il n'y a pas d'en dehors de l'Occident. Le terroriste qui désigne en l'Occident son ennemi est en réalité déjà un occidental. Ce qu'il veut détruire, c'est la partie civilisée de l'Occident. Il est un « occidental refoulé », un imposteur qui ne défend pas sa culture ou sa religion. « Nous vivons, écrit l'auteur, le paradoxe d'une occidentalisation de la planète qui détruit les religions en les politisant. » À travers cette affirmation, Glucksmann souligne toute l'ambiguïté de la mondialisation. La division traverse donc l'Occident en son sein. D'un côté la majeure partie de l'Europe, est en premier lieu la France, désire par-dessus tout rester en paix. « La guerre et la pire des solutions », ne cesse d'affirmer Chirac. « Avoir la paix, le grand mot de toutes les lâchetés civiques et intellectuelles », commente Glucksmann en citant Péguy, pour affirmer que la paix n'est rien sans la liberté. De l'autre côté de l'Atlantique, on a compris sous le choc du 11 septembre que la paix était factice.

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Sous l'invocation universaliste, cette paix assure en fait la souveraineté des tyrans. André Glucksmann est à son meilleur lorsqu'il déjoue le détour par lesquels notre (bonne) conscience refuse d'admettre la réalité politique. Il démontre le sophisme de l'opinion publique mondiale ou d'une « politique intérieure mondiale » qui réduit l'enjeu irakien à une concentration entre le « camp de la guerre », animée par des gouvernements maléfiques manipulés par faucons, et le « camp de la paix », qui exprimerait la voix des peuples.

Sans se l'avouer, une majorité de l'opinion mondiale, qui trouve en France un écho puissant, reprend à son compte la distinction entre le bien et le mal avancé par Bush, dont elle s'indignait tant, et dans son refus de regarder en face le mal terroriste, cette jouissance de détruire et de se détruire, c'est en Washington qu'elle voit le Mal....

 

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.....il nous aide à regarder nos démons en face. A nous ensuite, d'assumer en conscience nos choix.

 

page crée en  09/03

 

Deux visions du monde qui s'affrontent

Le Figaro le 22.12.03

Le conflit, qui oppose des démocraties à d'autres démocraties, n'est pas un feu de paille. Des principes sont contradictoirement affichés, des anathèmes prononcés, des défis lancés. Qu'ils le déplorent ou qu'ils s'en félicitent, nombreux sont ceux qui décèlent, à travers la crise actuelle, une fracture qui divise l'Occident comme jamais depuis 1945. La formule que M. de Villepin lança, pour après-coup discrètement la renier, fait mouche :" deux visions du monde » ne se sont-elles pas heurtées pour la première fois, mais probablement pas la dernière, de front ? En effet, les capitales « paisibles » qui pontifient au nom du « droit international » résument ce droit à la sauvegarde de la souveraineté des Etats. A leurs yeux, sur l'espace soumis à sa juridiction, tout pouvoir établi est maître après Dieu. Et comme Dieu n'exerce plus aucune autorité en matière internationale, il suffit qu'un Etat soit intégré dans l'Assemblée des Nations unies pour jouir de facto de la faculté d'user et d'abuser des populations qu'il « représente ». Ainsi le droit des peuples à disposer d'eux mêmes (droit à l'indépendance) se renverse, par la grâce du principe absolu et universel de souveraineté, en droit des gouvernants à disposer de leurs peuples (droit à la dictature).

Des exemples ?

Rien à objecter quand Poutine anéantit « ses » Tchétchènes, quand Pékin décime « ses » Ouïgours et occupe « son Tibet », la Syrie « sa » province du Liban et lorsque la Corée du Nord affame « ses » Coréens. Par contre, l'entrée des coalisés en Irak serait une violation intolérable du « droit », car l'atteinte à la souveraineté est le crime suprême quand bien même le souverain est le pire tyran. Les connaisseurs repéreront dans une telle vision du monde la philosophie de Carl Schmitt. L'Etat décide souverainement du Bien et du Mal, de l'Ami et de l'Ennemi, du Tolérable et de l'Intolérable et ce décideur absolu qui juge de tout ne saurait être jugé par rien ni personne.

Alors, vive le droit d'ingérence ?

Affirmer qu'au nom du respect humain il faille s'ingérer, à l'occasion militairement, dans les affaires d'un Etat assassin pour interrompre un massacre, une tyrannie, une escalade génocidaire, c'est statuer que la liberté et la survie des populations civiles importent davantage que l'absolue souveraineté des Etats. Le droit d'ingérence constitue un péché capital aux yeux des souverainistes à la Carl Schmitt, mais un devoir indépassable selon la Déclaration universelle des droits de l'homme.


p) Dernier livre paru:

Ouest contre Ouest, Pion.

 

 

 

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sonances:

 

Cette rivalité mimétique ... ce n'est pas seulement celle qui se joue entre les pays musulmans et les USA ... mais c'est également  celle entre la France et les USA ...  et toujours "la violence pour contrer la violence" ..... tristes enchaînements ....

 

20.09.03

 

 

 

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Corrélats:

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Notre époque vue par René Girard « Ce qui se joue aujourd'hui est une rivalité mimétique à l'échelle planétaire » ...une application pratique du système RG. Un entretien avec RG.

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" A perçu" auquel  ce document était joint.

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