...de l'entre-soi à l'au-dessus...... des métaxu...

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De l'entre-soi à l'au-dessus ? : C'était le procès des idéologues des Lumières : pour eux l'homme est autosuffisant, son horizon c'est lui même, il est définitivement passé de l'enfance à l'âge d'homme, c'est-à-dire de l'hétéronomie (il recevait sa loi d'un autre) à l'autonomie (il se forge à lui-même sa loi, décide à sa guise du bien et du mal). .....« Tout entre soi suppose un au-dessus ; et quand le niveau meta s'affaisse, l'inter se disloque. » .....« A la verticale vous n'échapperez pas. On se retrouvera. Moi ou un autre... Adieu. »

« Vous serez comme des dieux. » Simone Weil

Régis Debray:....une vision du monde qui fait du sujet humain un animal essentiellement économique, amputé de ses dimensions symboliques

Charles Maurras ....La nation est un corps vivant, ordonné, hiérarchiquement construit et non le résultat d’un « contrat »

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De l'entre soi à l'au-dessus... ?

Auteur : Danièle Masson, dans la page LITTERAIRE de Présent

Source : Présent 14.02.04

Selon Emile Poulat, la page de la « christianitude » est définitivement tournée. La christianitude, c'est-à-dire ce façonnement, cette imprégnation de l'être par le christianisme, auxquels nul, fût-il le pire des truands, n'échappait. « Dieu ne sera plus jamais, dans nos sociétés qui n'ont que faire de lui, ce qu'il fut pour tant de générations chrétiennes. » Lamer constat qui clôt Eglise centre Bourgeoisie : « Tu as vaincu, Galiléen... Tu as vaincu, modernité, et c'est ce qui te confère ta légitimité historique », se retrouve, vingt ans plus tard, dans Où va le christianisme ? « J'ai vaincu le monde, lit-on dans les Evangiles. Nous assistons à la revanche du monde. »

Et pourtant quelques-uns, que l'on n'attendait pas, s'interrogent sur les moyens de sortir de cette « modernité » incapable de relever les défis d'aujourd'hui, qu'on l'appelle « l'ère du vide », avec Lipovetsky, ou « l'ère du trop plein », où « nous sommes si pleins de nous-mêmes que nous ne savons même plus prier en silence dans le désert », selon Dantec.

L'affaire du voile, qui n'est qu'un épiphénomène, un « léger symptôme », écrit Régis Debray dans Ce que nous voile le voile (Gallimard, décembre 2003), se gardant bien de nommer la maladie dont il est le signe, est révélatrice. Elle réédite, en plus dur, « l'affaire du tchador » de l'automne 89, lorsque des adolescentes voilées consentirent à ôter leur foulard, non pour se conformer aux exigences de la République française, mais parce que le roi du Maroc le leur demandait.

Le slogan « ni croix, ni kippa, ni tchador », fleurissait, faisant croire qu'une société peut être areligieuse, et qu'un universalisme vide peut être son drapeau.

Jean-Marie Doménach répliquait : « Le christianisme est un élément fondateur de la France. Il y a des croix aux carrefours, il n'y a pas de croissants. » C'est aussi le constat de Jacques Julliard, dans son étonnant Choix de Pascal (Desclée de Brouwer, octobre 2003) « Se référer à Pascal contre Rousseau, c'est rappeler, face à tous ceux qui voudraient éliminer le christianisme de l'histoire de l'Europe, qu'on ne saurait construire l'avenir sans regarder le passé en face. »

Ceux-là sentent bien que, pour conjurer le péril islamique, qui ignore la distinction de Dieu et de César, les « valeurs républicaines », qu'elles relèvent du fondamentalisme républicain ou d'une aimable tolérance, sont de peu de poids. Pierre Marient aussi l'a compris « Notre vieux pays, qui aime également Voltaire et Pascal, ne sait plus depuis longtemps ce qu'est une religion sûre d'elle-même. » L'islam n'est pas aussi soluble dans la République que la République dans l'Europe. Seule une autre religion, sûre d'elle-même (et qu'elle autre que la chrétienne ?) peut faire front.

Et pourtant Régis Debray, depuis qu'il est président de l'Institut européen en sciences des religions, membre de la commission Stasi, incite à sanctuariser l'école, en lui imposant un « sacré républicain », une « religion sans religion », un bloc de certitudes » qui mêlerait « la Patrie, la Raison et l'Humanité - pour faire vite : Michelet, Renan et Comte ». Et de rappeler le catéchisme républicain : « Les urnes étaient un tabernacle, et l'isoloir un confessionnal. » Il retrouve ce sacré de substitution que proposaient, en 89, les intellectuels de gauche. Ainsi Jean Daniel : « Pourquoi la République n'opposerait-elle pas son sens du sacré à celui des autres ? L'intégration dans la communauté française pourrait être précédée d'une instruction civique accompagnée d'un cérémonial. » Cette religion laïque, héritée de Ferdinand Buisson et par-delà de Rousseau, apparaît bien ringarde.

Les écrits précédents de Régis Debray nous avaient pourtant laissé mieux augurer de lui. Son recul récent montre combien il est difficile de ne pas succomber à la tentation du pouvoir. Son livre Dieu, un itinéraire (Odile Jacob, novembre 2001), malgré un joyeux syncrétisme, où se mêlaient, par exemple, comme « figures de l'origine », Prométhée, Œdipe, Ulysse, Hermès, Adam, Caïn et Joseph, manifestaient à l'égard du christianisme une indéniable empathie.

Il avait bien compris deux ou trois choses. D'abord, que « les hommes ne s'en tirent pas tous seuls. Chaque fois qu'ils croient pouvoir se débrouiller sans l'autre au-dessus, c'est la catastrophe. Adam et Eve, Caïn et Abel, Joseph et ses frères ». C'était le procès des idéologues des Lumières : pour eux l'homme est autosuffisant, son horizon c'est lui même, il est définitivement passé de l'enfance à l'âge d'homme, c'est-à-dire de l'hétéronomie (il recevait sa loi d'un autre) à l'autonomie (il se forge à lui-même sa loi, décide à sa guise du bien et du mal).

Debray avait aussi compris « l'incomplétude de l'homme », l'inquiétude du coeur humain selon saint Augustin, jusqu'à ce qu'il se repose en Celui pour lequel il est fait. Debray le disait à sa manière, qui est celle de l'observateur et non du converti : « Dieu est le meilleur raccourci dont nous disposons pour élucider l'incomplétude des hommes. »

Enfin, il terminait son livre par une parole apocryphe de Dieu : « A la verticale vous n'échapperez pas. On se retrouvera. Moi ou un autre... Adieu. »

Pour être liés ensemble, il faut aux hommes une transcendance ; leur filiation commune fonde seule leur fraternité et leur liberté (rappelons qu'en latin, liberi signifie à la fois libres et fils) : « Quand il y a conflit et menace de désagrégation au sein d'une communauté, quelqu'un invoque l'Absent, ou le rencontre inopinément, et un NOUS se reforme. Les Hébreux en fuite. David et Jonathan. Les pèlerins d'Emmaüs. » Ou plus abstraitement : « Tout entre soi suppose un au-dessus ; et quand le niveau meta s'affaisse, l'inter se disloque. » On est loin de la transcendance horizontale qu'il nous propose aujourd'hui.

Le christianisme, religion de la médiation

Beaucoup de ceux qu'on appelle aujourd'hui les nouveaux réactionnaires ont compris que le drame de la démocratie moderne, fondement sans fondement des valeurs, orpheline de transcendance, c'était d'avoir parachevé la rupture de la longue chaîne qui jadis remontait du paysan au roi, et du roi à Dieu. La démocratie brise cette chaîne et, selon l'expression de Tocqueville, elle « met chaque anneau à part ».

Libération d'une servitude ou arrachement à une solidarité ? En tout cas, selon Marient l'individu démocratique est « désolé et stérile » ; il est « insulaire, mobile et réduit à lui-même, littéralement délié », selon Taguieff.

Le christianisme au contraire est la religion du lien, de la médiation, et Debray encore l'avait fort bien compris, comme en témoigne le très beau texte qui accompagne le somptueux Nouveau Testament, à travers cent chefs-d'ceuvre de la peinture (Presses de la Renaissance, mars 2003) : « Au départ de tout, il y eut le dogme de l'Incarnation, sur lequel s'est fondée la dogmatique des images... L'Occident a le génie des images parce qu'une secte hérétique juive a eu, il y a 2000 ans d'ici, le génie de la médiation en faisant du Christ un moyen terme intermédiaire entre Dieu et les pécheurs. Le Christ médiatise Créateur et créature, Esprit et matière, comme le fait l'image. L'un et l'autre sont à la croisée du spirituel et du charnel. »

Et encore : « Le culte de Marie a été intimement lié au destin de l'image. La Vierge est mille fois plus présente dans l'illustration que dans le texte des Evangiles... C'est sous son égide que Byzance a célébré les noces du sens et du sensible. »

Mais l'ère post-chrétienne n'est plus l'ère de la médiation - Vamanian, dans La mort de Dieu, la culture de notre ère post-chrétienne, l'exprime autrement que Poulat . « l''éthique post-chrétienne diverge de l'optique chrétienne au point de s'opposer radicalement à elle. Dans la vision chrétienne, la chute d'Adam entraîne simultanément la corruption du monde entier. La solidarité des hommes est donc un corollaire de leur commune iniquité. La responsabilité naît de la conscience de la faute et de son pardon au moyen d'une intervention divine. Inversement l'éthique post-chrétienne fonde la solidarité sur le principe selon lequel l'homme est innocent de l'absurdité du monde. La grande différence est là : l'éthique chrétienne est une éthique de pardon, l'éthique post-chrétienne est une éthique de l'innocence. »

Le choix de Pascal

 Serait-on passé d'une éthique à l'autre, irrésistiblement, irréversiblement ? Jacques Julliard, avec Le Choix de Pascal, porte un autre témoignage. Passons sur son cheminement politique, où tout, ou presque, nous heurte. Ce qui nous intéresse ici, c'est sa définition de lui-même : « Je suis un homme de gauche qui croit au péché originel. » Contre Rousseau, et partant contre l'idéologie des Lumières, Julliard fait le choix de Pascal. Rousseau et Pascal croient tous deux à une chute originelle, mais pour Rousseau, la chute, c'est la constitution des hommes en société, et le mal est extérieur à l'homme ; pour Pascal, le mal est en nous, par transmission et par imitation, par le péché originel et par le péché personnel.

Julliard se fait disciple de Pascal, en définissant le péché comme « notre participation personnelle à la chute » : « Le mal existe. Il n'est pas seulement une insuffisance d'être ou une ignorance involontaire, il est un principe actif, à l'oeuvre dans le monde et en chacun d'entre nous. Le péché originel n'est pas un mythe, mais une expérience vécue. Le diable probablement. Le diable, certainement. Il y avait jadis de la candeur à croire au diable. Il y a aujourd'hui de l'aveuglement à ne pas y croire. » Et d'accuser la « pensée démocratique optimiste », héritière des Lumières, de s'être débarrassée de Dieu mais d'avoir gardé le Diable.

« Le panglossisme n'est plus de saison », remarque Paul Thibaud. Les tragédies du siècle, les meurtres de masses en convainquent les nuques les plus raides. Qu'on se rappelle Bernard-Henri Lévy et André Glucksmann, au temps où ils avaient quelque chose à dire. Le premier : « Le fin mot de l'hitlérisme vous serez comme des dieux. » Le second : « Je ne crois pas en Dieu, mais à lire le Goulag, je crois au Diable. » Et Clavel de rétorquer « C'est un début. »

George Steiner leur fait écho aujourd'hui : « Notre virtuosité à faire de la terre un enfer, tout comme l'échec de l'éducation et de la culture à apporter aux hommes douceur et lumière, sont un signe criant de ce qui a été perdu. Nous sommes contraints d'en revenir à un pessimisme pascalien, à un modèle de l'homme fondé sur le péché originel. » (Dans le château de Barbe Bleue.)

Et Julliard porte une curieuse accusation : « Tant que la gauche ne se sera pas posé le problème du péché originel, c'est-à-dire d'un mal qui ne serait pas dû aux circonstances extérieures, mais à la volonté de l'homme lui-même, elle restera, à mes yeux, coupable d'angélisme, avec tout ce que cela comporte, c'est-à-dire la terrible cruauté de l'optimisme. »

Ces concordances permettent d'espérer que tout n'est pas irréversible. Assurément, le retour à Pascal comporte des dangers. Le « Dieu sensible au coeur » n'imprègne pas, selon lui, et n'a pas à imprégner les institutions. La Cité de Dieu de saint Augustin n'a pas marqué en cela « l'enfant terrible de Port-Royal ».

Mais Pascal, et c'est peut-être ce qui explique son retour, ne procède pas à une démarche déductive, qui partirait du principe (chrétien) aux effets (double nature de l'homme, misère et grandeur). Il adopte une démarche inductive et part de ce qu'il voit : misère et grandeur de l'homme sont tellement visibles qu'il leur faut un principe d'explication. Le christianisme seul résout l'énigme que l'homme est à lui-même : « roi dépossédé », roi avant la chute, dépossédé de son royaume quand il est chassé du paradis terrestre, mais gardant « un instinct secret qui reste de la grandeur de sa première nature », si bien que « l'homme passe infiniment l'homme ». Le christianisme entretient avec la nature humaine une parfaite convenance, un rapport de chiffre à coffre-fort.

C'est cela que redécouvrent aujourd'hui quelques-uns. Ils ne partent pas du christianisme pour rendre compte de l'homme l'époque est trop déchristianisée ; en cela Poulat a raison. Mais, partant de la complexité humaine, ils remontent au christianisme. L'idéologie des Lumières est décidément trop simpliste. Comme disait Clavel, « c'est plus obscur et noueux que ça, l'homme. Les Lumières, c'est cela l'obscurantisme ».

 

page crée en  02/04

 
Simone Weil

« Vous serez comme des dieux. » (Genèse, 3,5.)

Le péché est de désirer être comme des dieux autrement que par la participation à la divinité de Dieu. Nous naissons avec ce péché. C'est le péché luciférien. Vouloir être divin en tant que créatures. 836

« Toutes les choses crées refusent pour moi d’être des fins. » [...] Les choses crées ont pour essence d’être des intermédiaires. Elles sont des intermédiaires les unes vers les autres, et cela n’a pas de fin. Elles sont des intermédiaires vers Dieu. Les éprouver comme telles. [...] Seul celui qui aime Dieu peut regarder les moyens seulement comme des moyens. [...] LA PUISSANCE (et l’argent, ce passe-partout de la puissance) EST LE MOYEN PUR. PAR LA MÊME, C’EST LA FIN SUPRÊME POUR TOUS CEUX QUI N’ONT PAS COMPRIS. [...] NE PRIVER AUCUN ÊTRE HUMAIN DE SES METAXU, C’est-à-dire de ces bien relatifs et mélangés (FOYER, PATRIE, TRADITION, CULTURE, etc...) QUI RECHAUFFENT ET NOURRISSENT L’ÂME et sans lesquels, en dehors de la sainteté, une vie humaine n’est pas possible. [...] Pour respecter par exemple les patries étrangères, IL FAUT FAIRE DE SA PROPRE PATRIE, NON PAS UNE IDOLE, MAIS UN ECHELON VERS DIEU. [...] » Simone Weil  ..

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Régis Debray

l'enseignement du fait religieux dans le système scolaire

Régis Debray a ... démissionné de l'Institut européen en sciences des religions (ISER voulu par Jack Lang et créé par Luc Ferry) dont il assurait la présidence du comité de direction. Auteur en 2002 d'un rapport plaidant pour l'enseignement du fait religieux dans le système scolaire, il dénonce - dans sa lettre de démission adressée le 18 octobre au ministre de l'Education - « l'absence d'une réelle volonté nationale d'impulser cet enseignement d'ordre historique et philosophique ». Il s'inquiète notamment de la teneur du rapport Thélot qui dit inspirer la future loi d'orientation sur l'école

« La pertinence et l'intérêt d'un enseignement critique des cultures religieuses en tant que faits de civilisation ne font même pas l'objet d'une allusion. Ils n'ont évidemment pas leur place dans une vision du monde qui fait du sujet humain un animal essentiellement économique, amputé de ses dimensions symboliques (..). Il m'apparaît en tout cas, à la lecture de ce document que l'enseignement laïque du fait religieux ne peut être promis, dans ces conditions et jusqu'au prochain 11 septembre, qu'à un destin végétatif et décoratif. »

Présent le 17.11.04

 

 

 

Charles Maurras

Charles Maurras, Votre bel aujourd’hui

 

La nation est un corps vivant, ordonné, hiérarchiquement construit et non le résultat d’un « contrat »

http://www.oragesdacier.info/2014/09/la-nation-est-un-corps-vivant-ordonne.html

 

La bonne vie des Etats ne peut consister dans la mise en tas des ressources hétéroclites et d’individus désencadrés. Le bon sens dit qu’il faut un rapprochement organique et un engrènement hiérarchisé de proche en proche, par des groupes d’abord homogènes, puis différant peu à peu les uns des autres et se distinguant par degrés ; ils s’accordent entre eux sur des points bien déterminés, mais pas importants, chaque petite société étant au contraire tenue pour originale, libre et maîtresse, disposant de l’essentiel de ses fonctions individuelles, au maximum et à l’optimum de la force, se définissant par des actes, des modalités, des mœurs marquées du seing personnel. Ces actes, ces œuvres, ces produits sont obtenus purs, nets, d’une qualité qui n’appartient qu’à eux, au rebours des fabrications en série et en cohue qui naissent de Cosmopolis. Ces collectivités, graduées forment une nation.

 

2.09.14

 
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