http://www.ludovicmonnerat.com/
13.02.05
Le suicide de l'Europe
J'ai mis en ligne aujourd'hui sur CheckPoint une traduction d'un
article écrit par un économiste tchèque du nom de Pavel Kohout. Il brosse
un tableau particulièrement sombre du futur de l'Europe, en étudiant les
causes des tendances démographiques actuelles et le danger qui réside dans
une immigration qui se transformerait en colonisation. Cependant, son
analyse est trop ancrée dans la réalité pour être rejetée d'un revers de
manche : le déclin de l'Europe réside bien dans cette conjonction d'impôts
élevés, de providence étatique et de raréfaction des enfants.
On peut néanmoins reprocher à ce type d'article de s'appuyer sur des
scénarios certes plausibles et probables, mais qui ne tiennent pas compte
des décisions politiques pouvant être prises ces prochaines années.
Actuellement, le vieillissement de l'Europe continentale est un danger
identifié, mais pas pleinement mesuré, et les initiatives pour élever
l'âge de la retraite suscitent une résistance considérable. Mais rien ne
dit qu'une prise de conscience ne surviendra pas au début de la prochaine
décennie, face au gouffre béant de la mort blanche et face aux troubles
issus de l'immigration.
Les réformes en cours dans nombre de pays européens pour relancer
l'économie en réduisant les impôts pourraient ainsi changer la donne, et
redonner aux jeunes adultes l'opportunité de fonder un foyer plus tôt et
plus grand. De même, le fait que les enfants soient aujourd'hui désirés
presque exclusivement pour des motifs émotionnels devrait logiquement
améliorer les conditions de leur croissance, du moins si la disponibilité
des parents le permet. Autrement dit, la perspective très sombre de Pavel
Kohout n'est qu'un futur possible parmi d'autres. Le plus important est de
prendre conscience que le maintien du statu quo en Europe sera une tâche
des plus ardues.
Auteur:
Ja
Source:
http://www.checkpoint-online.ch/CheckPoint/Monde/Mon0106-EuropeDemographie-T.html
Date :
Le lent suicide de l’Europe continentale : où sont passés tous les enfants ?
13 février 2005
es tendances démographiques en Europe annoncent une chute massive de sa
population, en raison selon l'économiste tchèque Pavel Kohout de systèmes
et de conditions réduisant l'intérêt à faire des enfants. Et cette
évolution dramatique pourrait être encore aggravée par une immigration se
transformant progressivement en colonisation.
Au IIIe siècle après J.C. vivait un prophète nommé Mani. Il prêchait
une doctrine basée sur le conflit entre le Bien et le Mal. Il considérait
le monde matériel comme une création diabolique. Le mariage et la
maternité étaient à ses yeux de graves péchés, parce que l’enfantement
aboutissait à multiplier les œuvres de Satan. L’idéal manichéen consistait
à envoyer l’humanité au royaume de Dieu par le biais d’une extinction
graduelle.
«... Si une grande partie des futurs Européens ont une peau foncée et
vont à la mosquée, pourquoi pas ? Mais s'ils deviennent une menace pour la
démocratie et la tolérance, ce sera une tragédie. »
Au fil du temps, le manichéisme a été éradiqué sans pitié comme une
doctrine hérétique et impie. En regardant les statistiques démographiques,
cependant, on pourrait penser que les populations des pays développés se
sont converties en masse au manichéisme et ont décidé de s’éteindre. Le
taux de fécondité dans la plupart des pays occidentaux est passé sous le
seuil du renouvellement.
Dans la « Nouvelle Europe », la situation est encore plus sombre. Selon
les projections de l’ONU, la Lettonie va perdre 44% de sa population en
2050 si les tendances démographiques se confirment. En Estonie, la
population devrait se réduire de 52%, en Bulgarie de 36%, en Ukraine de
35% et en Russie de 30%. Comparé à ces chiffres, le déclin projeté de la
population en Italie (22%), en République Tchèque (17%), en Pologne (15%)
et en Slovaquie (8%) apparaît modeste. La France et l’Allemagne ne
perdront qu’une petite partie de leur population, et celle du Royaume-Uni
connaîtra même une petite augmentation – grâce à l’immigration.
Pourquoi le taux de fécondité baisse-t-il ?
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La question de savoir pourquoi la fécondité chute si brutalement en
Europe continentale a nourri les réflexions aussi bien des démographes que
des économistes. La réponse doit être recherchée dans plusieurs facteurs
importants, dont l’impact – pour compliquer les choses – ne fait pas
simplement que s’additionner. Cependant, on peut affirmer avec un grand
degré de certitude que l’existence de systèmes de retraite a eu un effet
très négatif sur la taux de naissance. Le rapport national sur la famille
publié par le Ministère tchèque du travail et des affaires sociales
affirmait ainsi en août 2004 que « en terme de solidarité
intergénérationnelle, l’importance de l’enfant comme investissement pour
l’appui matériel au troisième âge a été limité par le système de sécurité
sociale et de retraites, qui a supprimé la dépendance immédiate des gens
envers leurs enfants. L’importance du rôle de l’enfant en rapport avec ses
parents s’est déplacée dans la sphère émotionnelle, ce qui a réduit la
nature indispensable de l’enfant pour l’avenir matériel de la famille,
tout en permettant de les remplacer par des substituts procurant une
satisfaction émotionnelle. »
Pour l’exprimer avec franchise, et peut-être un brin de cynisme, les
enfants étaient considérés par le passé comme des investissements qui
assuraient à leurs parents les moyens de subsister à la retraite. En
tchèque, le mot « vejminek » (qui désigne une partie d’une ferme réservée
aux vieux parents du fermier) est en fait dérivée d’un verbe signifiant «
stipuler » : dans l’acte de transmettre son bien, le vieux paysan
stipulait les conditions auxquelles la ferme devait être remise à son
fils. Au lieu d’une politique « intergénérationnelle », il existait une
dépendance directe des parents pour leurs enfants. Ce qui signifiait que
les gens avaient une motivation économique immédiate pour élever une
descendance suffisamment nombreuse – alors que le système anonyme
d’aujourd’hui amène tous les actifs à payer les pensions de tous les
retraités d’une manière totalement dépersonnalisée.
Ce système permet à un grand nombre de « parasites » de recevoir plus
que ce qui correspondrait à leur contribution globale dans leur vie
active. Ceux qui ont des revenus largement au-dessus de la moyenne, au
contraire, sont pénalisés, parce que le système leur donne moins d’argent
que le montant de leur contribution. On appelle cela le « principe de
solidarité ». En terme de fécondité, cet arrangement est décourageant
aussi bien pour les bas revenus que pour les hauts revenus. Les seconds
sentent qu’ils n’auront pas besoin d’enfants dans leurs vieux jours, alors
que les premiers pensent ne pas pouvoir se permettre d’en avoir.
De nos jours, les enfants ne représentent plus des investissements,
mais des chouchous et des compagnons – des objets de consommation luxueux.
Toutefois, ce segment de marché est très compétitif ; il est
particulièrement éclairant de constater que le déclin du taux de fécondité
dans les années 80, et plus encore dans les années 90, a été accompagné
par une augmentation massive du nombre de propriétaires de chiens en
ville. Alors que par le passé ces propriétaires étaient essentiellement
des retraités, il existe aujourd’hui de nombreux couples qui ont
délibérément choisi d’avoir un chien au lieu d’un enfant. Ce sont pour la
plupart de jeunes actifs qui sont arrivés à la conclusion – à tort ou à
raison – qu’ils n’ont pas le temps ou l’argent pour avoir un enfant. Et
ils investissent ainsi leur surplus émotionnel dans des animaux.
Les impôts jouent un rôle essentiel
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Les systèmes étatisés de retraite ont éliminé l’incitation économique
naturelle à avoir des enfants. En même temps, l’Etat-providence est un
luxe énormément coûteux qui doit être financé par les impôts. Des taxes
élevées sur le revenu et d’importantes contributions à la sécurité sociale
réduisent la capacité financière des gens lorsqu’ils sont en âge d’avoir
des enfants. De ce fait, ils contribuent également à réduire le taux de
fécondité.
Un lecteur du Wall Street Journal a écrit une lettre à ce sujet : « Je
suis le fils d’un ouvrier des aciéries de Pittsburgh. Je suis né à la fin
de la Seconde guerre mondiale. J’ai trois sœurs. Ma mère n’est jamais
partie travailler. Après l’expérience de la Grande Dépression, mes parents
étaient réticents à faire des emprunts ; ils pouvaient cependant se
permettre de posséder leur propre maison, et notre père avait l’habitude
d’acheter une nouvelle voiture tous les 3 ou 4 ans. Mes parents ont payé
ma formation universitaire et m’ont acheté ma première voiture pour mes 20
ans. Nous appartenions à tous points de vue à la classe moyenne, et
j’étais fier de la réussite de mes parents. […] Aujourd’hui, mes deux
parents doivent travailler pour maintenir un niveau de vie moyen, en
raison de l’augmentation des impôts en un demi-siècle. […] Ceci a produit
une génération d’enfants portant une clef autour du cou, des gangs
urbains, et des morveux agressifs élevés après l’école par des centres
d’assistance à l’enfance. »
Le poids des impôts s’est effet accru de manière importante aux
Etats-Unis ces 50 dernières années. Le taux de fécondité a chuté en
proportion, sans atteindre le niveau critique que connaît actuellement
l’Europe, puisqu’il approche le seuil de renouvellement – environ 2
enfants par femme. Même ainsi, par rapport à l’Europe, les Etats-Unis
apparaissent comme une superpuissance stable et confirmée. « Même en
incluant l’immigration, la population de l’Europe des 12 va diminuer de
7,5 millions sur les 45 prochaines années, selon les calculs de l’ONU.
Depuis l’époque de l’épidémie de ‘mort noire’ au XIVe siècle, l’Europe n’a
jamais connu un déclin aussi large de sa population », écrit l’historien
britannique Niall Ferguson. Il prédit également qu’entre 2000 et 2050, la
population US va augmenter de 44%. Il semble que l’Union Européenne doive
abandonner pour de bon son rêve ambitieux d’être un « contrepoids » à
l’Amérique.
Les tendances démographiques en Europe sont en effet inquiétantes. En
Italie, par exemple, le taux de fécondité est tombé à un niveau moyen de
1,2 enfants par femme. Pour quelle raison ? Un journaliste du Daily
Telegraph décrit la vie des jeunes italiens dans les termes suivants : «
Il est virtuellement impossible de gagner sa vie. Prenez simplement Rome.
Vivre avec un minimum de dignité humaine (un petit appartement loué, un
souper à l’occasion au restaurant) exige une paie mensuelle de 3000 euros
avant impôt, ce qui revient à 1800 euros après celui-ci. Si dans le monde
anglo-saxon une majorité d’adultes est censée vivre de manière
indépendante sur ses propres revenus, en Italie ce n’est souvent pas le
cas. Une proportion incroyable de 70% d’Italiens entre 25 et 29 ans vivent
chez leurs parents, où ils bénéficient d’un logement subventionné et où
leur pauvre revenu devient un confortable argent de poche. »
Lorsqu’un jeune Européen doit choisir entre fonder sa propre famille et
vivre confortablement sans enfant, il va très probablement choisir la
deuxième option – à moins qu’il n’appartienne à une classe sociale qui
considère avant tout les enfants comme une source de bénéfices sociaux. Un
haut niveau de taxation, combiné à des marchés du travail et du logement
déficients, forme un mélange vraiment génocidaire. C’est le cas en Italie,
mais également en Bulgarie et en République Tchèque. Son impact ne peut
pas être corrigé par toutes sortes de subventions gouvernementales versées
aux jeunes familles. Au contraire, dans certaines circonstances les
subventions familiales peuvent même mener à une chute du taux de
fécondité.
Le modèle traditionnel, qui existe notamment en Espagne et en Italie,
mais également en Europe Centrale et Orientale, souligne les étapes
successives de la fondation d’une famille. Premièrement, un jeune homme
est diplômé d’une université ou d’une école spécialisée ; il assure
ensuite son niveau de vie, qui est suivi par un mariage ; et seulement
ensuite des enfants viennent au monde. Cette succession n’est pas
seulement conforme aux conventions sociales, mais elle est également basée
sur une vraie logique économique : il est simplement insensé de commencer
à avoir des enfants sans gagner sa vie. Le tabou du sexe dans les cultures
occidentales a des raisons économiques profondes.
L'effondrement inévitable du système
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Les difficultés commencent lorsque l’un des maillons de la chaîne est
rompu. Dans l’Europe contemporaine, le problème principal réside dans le
deuxième maillon : gagner sa vie. Le chômage parmi les jeunes diplômés
tend à être bien plus élevé que la moyenne des actifs. Dans des pays tels
que la France, l’Espagne, la Finlande, la Grèce ou l’Italie, 20% à 30% des
jeunes sont sans emploi. Quel taux de fécondité peut-on attendre si un
cinquième ou même un tiers des jeunes adultes sont incapables de gagner
leur vie en raison d’un marché du travail déformé ?
Mais il existe un autre problème. L’impôt sur le revenu et les
contributions à la sécurité sociale augmentent, alors que les
investissements dans le patrimoine bénéficient de réductions d’impôts. Le
soutien étatique aux familles existantes implique des charges plus élevées
pour les jeunes gens qui n’ont pas encore fondé de famille. La prétendue «
aide aux familles » empêche ainsi la création de nouvelles familles, et
réduit efficacement le taux de fécondité. Si un jeune adulte célibataire
n’a plus que de l’argent de poche après avoir payé l’impôt sur le revenu,
il sera difficilement capable d’économiser suffisamment pour fonder un
foyer. Les politiciens de la plupart des pays européens vivent en décalage
avec la réalité s’ils ne voient pas cette relation économique.
Certains pensent qu’il n’y a rien de mal à avoir un faible taux de
naissances, car la planète est de toute manière surpeuplée. Certes, nul ne
peut établir le « bon » volume de population pour un pays ou un continent
par des moyens scientifiques. Ce que nous pouvons déterminer, cependant,
c’est quelle pyramide des âges est favorable, et laquelle est désastreuse.
Dans quelques décennies, une grande partie de l’Europe sera dominée par
une pyramide des âges très défavorable, avec une énorme augmentation du
nombre de personnes âgées.
Pour être précis, on ignore à quel âge les jeunes gens d’aujourd’hui
prendront leur retraite – s’ils auront une retraite. Les systèmes de
pensions actuels vont inévitablement subir une crise longue et sévère,
dont le résultat peut être en partie deviné aujourd’hui. Il existe
plusieurs scénarios, et le plus probable suggère que l’âge de la retraite
doit progressivement être élevé, d’abord à 65 ans, puis à 67 ans au début
des années 30, et ainsi de suite. Stopper cette prolongation de la vie
active mettrait rapidement le système en situation de crise. En d’autres
termes, un système de pensions peut fonctionner quelques décennies, avant
d’être graduellement marginalisé par l’élévation de l’âge de la retraite.
Ce système a représenté une énorme expérience politique et économique, et
la génération actuelle d’enfants sera témoin de son échec.
Peut-être les gens vont-ils juste retourner à l’époque des années 1880,
lorsque dans l’Allemagne de Bismarck l’âge de la retraite était fixé à 70
ans – avec une espérance de vie moyenne inférieure à 50 ans. Si en 2050
l’âge de la retraite est par exemple fixé à 90 ans, avec une espérance de
vie moyenne oscillant autour de 80 ans, alors le système de pensions peut
être viable à long terme. Mais une bonne sécurité sociale à l’âge de 60
ans environ sera complètement exclue pour ceux qui aujourd’hui sont des
enfants.
D’un autre côté, si l’âge de la retraite reste inchangé, les impôts
pourraient finalement s’élever à 70% ou 75% des salaires bruts. Dans un
tel cas, cependant, les portions plus jeunes et mieux instruites des
populations actives émigreraient sans aucun doute vers des pays aux impôts
moins élevés, en particulier la Grande-Bretagne, l’Irlande et les
Etats-Unis. Ces pays ont également moins de difficultés avec leur
structure démographique. Dans les 50 prochaines années, les Etats-Unis
pourraient énormément bénéficier d’une vague d’immigrés qui auront été
chassés d’Europe par des impôts élevés – et peut-être pas seulement par
cela.
La fin de la démocratie en Europe ?
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Le prophète Mani est mort. Mais les enseignements d’un autre prophète
sont toujours bien vivants. En 2002, le prénom le plus fréquemment donné
aux nouveaux-nés était Mohammed. Celui d’Oussama a atteint une belle 12e
position.
Dans les années 60, il y avait seulement quelque 350'000 musulmans
nord-africains en France, avec environ 1,25 millions de Français vivant en
Afrique du Nord. Depuis lors, la notion de « colonialisme » a été
entièrement renversée. Il n’y a presque aucun Français en Afrique du Nord,
mais le nombre de musulmans originaires d’Afrique ou du Moyen-Orient en
France oscille selon les estimations entre 4 et 10 millions. Le nombre
exact d’immigrés légaux et illégaux est inconnu, parce que les
statisticiens français ne sont pas autorités à collecter des informations
sur les structures ethniques et religieuses de la population.
Cependant, certaines estimations suggèrent qu’une naissance sur trois
en France se produit dans une famille musulmane. Ceci expliquerait en
partie pourquoi la France a un taux de fécondité – environ 1,7 enfants par
femme – plus élevé que l’Espagne ou l’Italie. Sans cette influence, le
taux français se situerait aux alentours de 1,2 enfants par femme, soit un
chiffre similaire à ceux constatés en Europe Méridionale et Orientale.
A cet égard, le journaliste israélo-russe Shlomo Groman écrit ceci : «
allez dans n’importe quelle garderie [de Vienne, note du traducteur]. Ses
clients seront avant tout arabes, iraniens, pakistanais, turcs, japonais,
coréens et africains. Les femmes viennoises n’enfantent pas – elles
chérissent plutôt leur apparence et leur carrière. Le système de pensions
d’Europe Occidentale a rendu l’éducation d’enfants moins avantageuse que
l’ascension sociale et la maximisation des revenus. »
La culture semble jouer un rôle encore plus crucial que les impôts ou
les retraites. Les pays de l’ancienne Union Soviétique forment à ce sujet
un intéressant « laboratoire démographique ». Nous avons déjà mentionné
l’Ukraine, les pays baltes et la Russie. La situation dans les républiques
islamiques – l’Azerbaïdjan, le Tadjikistan, l’Ouzbékistan et le
Turkménistan – est complètement différente : toutes ou presque vivent une
explosion démographique. Le niveau de vie de ces pays est proche de celui
de la Géorgie et de l’Arménie, c’est-à-dire pauvre. Mais la Géorgie et
l’Arménie souffrent de la même commotion démographique que, par exemple,
les pays baltes. La différence réside dans le caractère traditionnellement
chrétien de ces nations. La position des femmes dans leur société est
peut-être un peu différente de celle obtenue dans les pays riches
d’Europe, mais reste négligeable par rapport aux pays musulmans en terme
de taux de naissances. L’Arménie va perdre un quart de sa population d’ici
2050, alors que la population de l’Azerbaïdjan voisin va augmenter d’un
tiers.
Le contexte démographique international connaîtra d’énormes changements
: en 2050, le Yémen sera davantage peuplé, par exemple, que l’Allemagne.
Ces gens vont assez logiquement envier le niveau de vie qui caractérise
aujourd’hui l’Europe. La pression migratoire sur celle-ci sera immense.
Compte tenu des lois libérales de l’Europe sur le rassemblement familial,
l’exode du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord aura d’énormes dimensions.
Au lieu de l’intégration d’immigrés dans une société majoritairement
européenne, l’inverse se produira : les immigrés vont intégrer la culture
européenne existante dans leur propre civilisation. Après quelques temps,
ce sera leur propre civilisation qui deviendra dominante. Nul n’a besoin
d’être un supporter de Jean-Marie Le Pen pour être inquiet à ce sujet. Ce
n’est pas un problème d’ethnies et de leur mélange. C’est une question de
société, de valeurs et de démocratie. La tolérance européenne est en
concurrence avec l’islam, qui n’est pas toujours une religion pacifique,
comme de nombreux Européens voudraient le croire. Les prédicateurs
islamiques radicaux condamnent ouvertement la démocratie. Ils ne
l’interprètent pas comme un système social mais comme un culte païen, qui
préfère la voix du peuple à la voix de Dieu. Cette théorie et d’autres
sont diffusées dans de nombreuses mosquées à travers l’Europe.
Si en raison des tendances démographiques une grande partie des futurs
Européens ont une peau foncée et vont à la mosquée, pourquoi pas ? Mais
s’ils deviennent une menace pour la tradition européenne de démocratie et
de tolérance, ce sera une tragédie.
Texte original: Pavel Kohout, "Where Have All the Children Gone?", Tech
Central Station, 27.1.05
Traduction et réécriture: Lt col EMG Ludovic Monnerat
texte hébergé
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