....La Bible de Paul Claudel ...le principe qui vous parle. .. .l'intelligence du coeur ...?

Dossiers :   l'intelligence du coeur

     A mettre en relation avec ...le principe ordonnateur de cet univers

Auteur:   Yves Daoudal

5 mars 2012

Ego principium

 

Antienne du Benedictus :

Ego principium, qui et loquor vobis.

Je suis le Principe, moi qui vous parle.

Antienne du Magnificat :

Qui me misit, mecum est, et non reliquit me solum : quia quæ placita sunt ei, facio semper.

Celui qui m’a envoyé est avec moi, et il ne m’a pas laissé seul : parce que je fais toujours ce qui lui plaît.

L’antienne du cantique des laudes, et celle du cantique des vêpres, sont deux des propos de Jésus dans l’évangile de ce jour.

 

Toutes les traductions modernes (y compris la nouvelle Vulgate) ont altéré (ou complètement transformé) l’extraordinaire exclamation de Jésus : « Principium, qui et loquor vobis ! »

Quand on ne comprend pas, on change le texte. C’est une spécialité des exégètes modernes. Les exégètes de l’impiété et de la bêtise. Les exégètes qui se croient beaucoup plus forts que les chrétiens romains qui parlaient habituellement le grec et qui ont traduit ainsi le propos du Christ. Beaucoup plus forts que saint Jérôme qui a revu la traduction et l’a authentifiée. Beaucoup plus forts que les pères de l’Eglise qui ont évidemment vu et commenté cette revendication divine.

 

Tèn arkhèn, le principe, renvoie au premier mot de l’évangile, En arkhè : dans le principe, qui est aussi le premier mot de la Genèse : le premier mot de la Bible. Le Principe de la Création, c’est le Verbe Fils de Dieu. Il est le Principe, celui qui dans le même évangile se donne comme nom à plusieurs reprises Ego Sum : Je Suis.

Grâce à Dieu, la « forme extraordinaire » (et elle seule, dans le rite latin) maintient vivant le vrai propos du Christ…

Quant à l’autre propos, c’est le programme de toute vie chrétienne, de conformation au Christ, mais on en mesure l’extrême exigence : Il est avec moi, et il ne me laisse pas seul, parce que je fais toujours ce qui lui plaît…

 

Commentaires

A titre de comparaison, extrait de ce bréviaire partiel des heures principales, en français, intitulé "Laudes, Vêpres et Complies de l'Office Romain" de 1965 :

Antienne du Benedictus :
Depuis le commencement, je suis ce que je vous dis.

Antienne du Magnificat :
Celui qui m'a envoyé est avec moi, il ne m'a pas laissé seul, car ce qui lui plaît, je le fais toujours.

Écrit par : Jacques Perrière | 06 mars 2012

_____________________________________________

extrait de commentaire de Paul Claudel ici via GoogleBooks (il comprend correctement le sens)

http://books.google.fr/books?id=wy6qGCbtyGYC&pg=PA707&lpg=PA707&dq=ego+principium+qui+et+loquor&source=bl&ots=hcUI1i7BKh&sig=j6NmOS-esNzEnqNO3Ku6alUqMPE&hl=en&sa=X&ei=dFFWT8qfAaSm0QXeg-3tCQ&ved=0CDkQ6AEwBA#v=onepage&q=ego%20principium%20qui%20et%20loquor&f=false

Écrit par : Métonyme | 06 mars 2012

Claudel et la Bible

http://www.paul-claudel.net/oeuvre/exegetique

Claudel a consacré vingt-sept ans de sa vie, de 1928 à sa mort en 1955, à s'occuper quotidiennement de la Bible qu'il appelle, à la suite des Pères de l'Église, l'Écriture Sainte. Il avait déjà produit quelques brefs essais plutôt théologiques, et dès 1917 s'était lancé dans une recherche thématique et lexicale sur "L'eau dans l'Écriture Sainte". En 1928, c'est une proposition de préface sur l'Apocalypse qui lui fait commencer sa grande réflexion biblique … par la fin ! Et c'est aussi, à partir du livre le plus imagé et le plus mystérieux, l'intérêt passionné pour "le sens figuré de l'Écriture" auquel il consacrera en 1937 un essai. Claudel s'inscrit en faux par rapport à l'exégèse scientifique, dite "historico-critique", qui se pratique parallèlement dans les milieux ecclésiastiques ; son approche est à la fois pieuse et poétique, d'inspiration patristique : grand respect du texte inspiré, et attention émerveillée devant un langage - celui de la Vulgate - qu'il lit comme le poème de Dieu, l'expression parfaite. Ses commentaires-méditations sont tantôt de très libres monographies traversées de consonances (Le Livre d'Esther, Le Livre de Tobie, L'Évangile d'Isaïe, Jérémie), tantôt des lectures transversales illustrant la lecture typologique, christocentrique, de l'Ancien Testament (Emmaüs) ; les deux grands massifs sont constitués, d'une part, par les commentaires sur l'Apocalypse, riches, surtout le premier, de réflexions post-mallarméennes sur le symbole, et l'ensemble des "poëmes" (longs, et en prose) consacrés à la Vierge, dont Claudel pensait faire un immense ouvrage, Assumpta est Maria, qu'il a finalement fragmenté en plusieurs admirables textes, L'Épée et le Miroir, La Rose et le Rosaire, Paul Claudel interroge le Cantique des Cantiques. Loin de s'inscrire en rupture par rapport à son œuvre antérieure, la méditation biblique peut en être lue comme le couronnement et l'explication, dans une perspective d'esthétique théologique.
 
Dominique Millet-Gérard

 

nombre de consultation de cette page depuis sa création : Pages trouvées

haut de page