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 L'habit scolaire fait le citoyen

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Extraits :  Du piercing à la compétition des marques, du fashion victim au « foulardisme » fanatique, tout est occasion pour faire la promotion de soi. Une alliance inquiétante entre le narcissisme de l'ère du vide et l'intégrisme des identités recomposées rend incompréhensible à nos contemporains la promesse d'un monde commun..... « Manners Make Man ».

Auteur : Michel Lacroix,Philosophe. Dernier ouvrage paru le Courage réinventé (Flammarion)

Source : Le Figaro Magazine du 18.octobre 2003

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L'habit scolaire fait le citoyen

Au XIXe siècle, on avait une raison puissante de revêtir les écoliers et les collégiens d'un uniforme. Les sociétés européennes étaient profondément travaillées et divisées par la lutte des classes. Il fallait fédérer les individus autour de l'idée nationale, cette utopie fragile et réversible. Dans le Peuple, Michelet exaltait l'école vraiment commune où les enfants de toutes classes, de toutes conditions, viendraient s'asseoir ensemble et où l'on apprendrait rien d'autre que la France ». L'école a longtemps rempli cette tâche par l'enseignement de l'histoire qui veillait sur la mémoire des grands ancêtres, par l'instruction civique qui diffusait les valeurs de patriotisme, et par un habit scolaire homogène symbole d'un ordre fraternel où les inégalités de classes s'estompaient. C'était cela, l'ethos de l'école républicaine un effort, une ascèse pour « effacer la frontière entre la portion éclairée et la portion grossière du genre humain », selon le programme de Condorcet. Aujourd'hui, on aurait non plus une mais deux bonnes raisons de dissimuler sous un uniforme les particularismes. L'institution scolaire dessoûle à peine d'une ivresse de trente ans. Traditionnellement lieu de transmission et d'autorité (au sens arendtien du terme ce qui fait autorité), l'école a besoin de se ressourcer dans ses principes fondateurs en redevenant un sanctuaire isolé des bruits du monde, en créant un espace de neutralité soustrait à la pression des valeurs de consommation, de loisir et aux urgences médiatiques. Ne serait-ce que sur un plan purement symbolique, un « vêtement pour tous » serait une manière de rappeler aux élèves qu'ils appartiennent à une institution dédiée à l'universel. Mettre l' « apprenant » (sic) au centre du système scolaire ? Oui, bien sûr... Mais ne pas oublier, ce faisant, de garder l'universel en son coeur ! Et puis, il y a urgence. Partout, c'est l'incendie des identités vindicatives. Il n'y a plus de frein à l'expression des différences personnelles, à l'affichage de ses idiosyncrasies. Du piercing à la compétition des marques, du fashion victim au « foulardisme » fanatique, tout est occasion pour faire la promotion de soi. Une alliance inquiétante entre le narcissisme de l'ère du vide et l'intégrisme des identités recomposées rend incompréhensible à nos contemporains la promesse d'un monde commun. Et le malheur, c'est que, face à cette dérive, certains pédagogues prônent l'adaptation de l'institution scolaire en faisant d'elle un simple reflet du patchwork culturel et cultuel. Alors voilà... devant ces surenchères additionnées, devant le forcing d'Aubervilliers, on redécouvre finalement la pertinence d'un très vieux principe, fondateur de l' « éducation de l'homme moderne », comme disait Eugenio Garin l'extériorité façonne l'intériorité ; l'habit scolaire fait le citoyen. Au frontispice de l'université d'Oxford, on l'a d'ailleurs gravé dans le marbre : « Manners Make Man ».

 

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Présent 14.10.2003

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