« Le Verbe était la lumière véritable qui éclaire tout homme en venant
dans le monde » (Jn 1,9)
Ce jour que fit le Seigneur , pénètre tout, contient tout, embrasse à
la fois ciel, terre et enfer ! (Ps 118,24)
Evangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 9,27-31.
Tandis que Jésus s'en allait, deux aveugles le suivirent, en criant : «
Aie pitié de nous, fils de David ! »
Quand il fut dans la maison, les aveugles l'abordèrent, et Jésus leur
dit : « Croyez-vous que je peux faire cela ? » Ils répondirent : « Oui,
Seigneur. »
Alors il leur toucha les yeux, en disant : « Que tout se fasse pour
vous selon votre foi ! »
Leurs yeux s'ouvrirent, et Jésus leur dit sévèrement : « Attention !
que personne ne le sache ! »
Mais, à peine sortis, ils parlèrent de lui dans toute la région.
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vendredi 5
décembre 2003
Père Joseph-Marie Verlinde
Le thème qui sous-tend la liturgie de ce jour est celui du discernement
de la lumière. Le premier verset du Psaume : « Le Seigneur est ma lumière
et mon salut » (Ps 27 [26]) nous livre le fil rouge des lectures et des
oraisons. « En ce jour-là, les aveugles sortiront de l’obscurité et des
ténèbres, et leurs yeux verront » (1ère lect.) : « ce jour-là » correspond
à la venue de celui qui est « la vraie lumière qui, en venant dans le
monde, illumine tout homme » (Jn 1, 9). En ceci nous avons reconnu l’amour
de Dieu pour les hommes, sa « philanthropie » : il nous a donné son Fils,
son unique, pour que tout homme qui croit en lui ne périsse pas mais ait
la vie éternelle (Jn 3, 16).
Au commencement de la péricope évangélique, les aveugles suivent Jésus
sur la route, mais ne sont pas encore dans son intimité. Leur cri est
l’expression de leur espoir de guérison, fondé sur l’intervention de celui
que, faute de mieux, ils invoquent sous le nom de : « Fils de David ».
Jésus ne répond pas, mais continue sa route. C’est le temps du cheminement
catéchuménal, qui se nourrit de l’espérance de la réalisation prochaine
des promesses : « J’en suis sûr, je verrai les bontés du Seigneur sur la
terre des vivants. Espère le Seigneur, sois fort et prends courage ;
espère le Seigneur » (Ps 27). Cheminement qui conduit jusqu’à la « maison
» - entendons : l’Eglise - où a lieu la rencontre personnelle et
l’illumination baptismale. C’est pourquoi « J’ai demandé une chose au
Seigneur, la seule que je cherche : habiter la maison du Seigneur tous les
jours de ma vie » (Ibid). Cette fois, les aveugles « l’abordent » : ils
nouent un dialogue ; leur demande n’est plus de l’ordre du cri, mais ils
expriment leur requête dans un face à face familier.
L’évangéliste ne nous rapporte que la question formulée par Jésus ;
celle-ci porte sur la foi des aveugles : « Croyez-vous que je peux faire
cela ? ». Le récit ne précise pas à quelle action Jésus fait allusion. On
devine sans peine qu’il s’agit de la guérison de la cécité de ces
malheureux comme la suite le confirme ; mais la présentation du texte
suggère également une interprétation spirituelle et sacramentelle. Jésus
interroge les catéchumènes sur leur foi en sa personne, avant de leur
donner le sacrement de l’illumination. A présent les aveugles ne
confessent plus le « Fils de David », mais le « Seigneur ». Aussi Jésus
leur touche-t-il les yeux - le rite est maintenu dans le baptême - et par
cet attouchement de l’organe physique de la vue, il ouvre les yeux de leur
cœur afin qu’ils puissent contempler, dans la lumière de l’Esprit, la
vérité de ce qu’ils viennent de proclamer.
La mise en garde sévère de Jésus peut surprendre : « Attention ! Que
personne ne le sache ! ». Car l’illumination dont ils viennent d’être
bénéficiaires n’est précisément pas de l’ordre du « savoir » : il s’agit
d’une connaissance surnaturelle qui n’est accessible que « selon la foi ».
Hélas, le signe de la guérison n’a pas été interprété par ces hommes comme
un acte de salut qui annonce la « transfiguration de nos pauvres corps à
l’image du corps glorieux de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ » (Ant.
com.). « A peine sortis, ils parlèrent de lui » comme des aveugles guéris,
exaltant un puissant thaumaturge, et leur publicité tapageuse sera un
sérieux obstacle à la diffusion et à l’accueil de la Bonne Nouvelle. Ce
que Notre-Seigneur attendait d’eux, est précisé dans la première lecture :
« En voyant ce que le Seigneur a fait au milieu d’eux, ils proclameront la
sainteté de son Nom, ils proclameront la sainteté du Dieu saint de Jacob
». Alors « les esprits égarés découvriront l’intelligence, et les
récalcitrants accepteront qu’on les instruise ».
« Voici que le Seigneur vient dans la lumière pour visiter son peuple,
pour lui donner la paix et la vie éternelle » (Ant. ouv.). Saurons-nous le
reconnaître et interpréter les signes de sa présence ? « Apprends-nous
Seigneur, dans la communion au mystère de ta présence réelle
eucharistique, le vrai sens des choses de ce monde et l’amour des biens
éternels » (Or. fin.).