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L’Eglise... atelier de
l’ESPRIT
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Dossier :
l'Esprit |
Présentation:
m
Extraits:
L’EGLISE, ATELIER DE L’ESPRIT SAINT
...“L'Eglise ne vit pas seulement de sa
fidélité au message biblique et de sa constance à une communauté
fraternelle; elle vit par le pouvoir vivant de l'Esprit de Dieu.....Tout
ce qui est fait sans lui n'est que pure contrefaçon; sans lui, l'Eglise
n'est qu'une coquille vide, elle n'a que la forme de l'Eglise mais non
sa vie.”
Si la présence de l'Esprit, qui a ressuscité
Jésus d'entre les morts, ne se manifeste pas par des actes de vie, par
une dimension miraculeuse, en quoi l'Eglise se différencie-t-elle d'une
religion quelconque ?
La communauté ne devient et n'est la communauté
réelle avec le Christ que si elle suit le Saint-Esprit qui la dirige,
l'entraîne, la pousse en avant, afin qu'elle se dépasse elle-même”
l'Eglise a peu progressé dans son développement
spirituel....Un véritable nouveau style de vie s'offre à nous (Rom.
8:7-17)...Une appropriation constante des richesses du Royaume nous
est proposée, un renouvellement de notre vie intérieure, une communion
joyeuse, l'expérimentation des dons spirituels et le développement d'une
espérance bien fondée qui nous fait envisager la lutte pour la vie avec
courage
Les hommes agissent non pas parce qu'ils sont
contraints, mais lorsqu'ils sont inspirés.
Tout souffre quand le Consolateur n'est pas pris en
considération: l'enseignement devient livresque et établit une gnose au
lieu de la foi; l'évangélisation méthodique devient une propagande; la
mission devient humanitaire; le culte obéit à des traditions
culturelles; l'amour devient entreprise sociale; le témoignage devient
politique; l'éthique devient morale; la sanctification devient
intégriste.
Si on considère également l'absence de manifestations
surnaturelles dans nos vies et celles des autres, on est en droit de se
demander où donc est vécue cette dimension de “grandeur” dont parle
Jésus dans le texte évoqué. On peut et on doit aussi se demander comment
le chrétien va - selon l'expression de Paul – “exciter à la jalousie”
aussi bien les Juifs que les païens (Rom. 11:11-14).***
Les hommes agissent non pas parce qu'ils sont contraints,
mais lorsqu'ils sont inspirés ...... l'Esprit peut agir avec force et
efficacité pour autant qu'on lui fasse confiance et qu'on lui donne
l'occasion d'exercer son ministère miraculeux. Il ne faut pas avoir peur
du Saint-Esprit ...... L'évangélisation et la mission ont souffert de la
langueur engendrée par l'oubli de ce qui est essentiel dans toute action
chrétienne: la recherche du flux de l'Esprit, la préparation des cœurs
pour que les fleuves et les sources se répandent généreusement sur la
terre, sur toute chair
résonances :
***
attention ... à la violence ...René Girard ... en arriver au
martyr ...? ....ce pourquoi...“Dieu résiste aux
orgueilleux, mais il fait grâce aux humbles” (Jq. 4:6; Matt.
23:12)..... l'Islam n'existait pas encore .... par de prosélytisme.. !!
en
io-relation
....
La vie de l'Esprit .... la pensée a
le pouvoir de prévenir les fausses valeurs et fausses croyances
et, par suite, celui de nous préparer à la faculté du jugement, ce
qui est la plus politique des activités mentales....par Hannah
Arendt
Entre foi et science ...vers
la même Vérité ... dépasser
l'opposition, héritée des "Lumières", "entre la vérité que l'on
atteint par la raison et celle que l'on obtient par la foi" ....il
s'agit de la même vérité, et que les hommes qui cherchent à
l'atteindre par des voies différentes
"Bibliothèque de l’Esprit"
....une initiative pionnière animée
par des orthodoxes et catholiques ensemble ...pour promouvoir les
racines chrétiennes du continent européen ... Moscou
Allez ! je vous envois ... prophétiser . :
Toute question de « santé
psychologique » me
paraît subordonnée à celle, plus vaste, du sens partout
perdu
ou menacé, mais qui n'attend pour renaître que le
souffle de l'Esprit....René
Girard
Parole Ouverte
.... vocation de homocoques
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L’EGLISE, ATELIER DE L’ESPRIT SAINT
Par Gérald Rochat
Source:
http://www.ekklesia.ch/eelg/debats/theo1.html
L'Eglise Evangélique Libre de Genève
...(EELG), composée de 6 paroisses, se rattache à la grande famille des
Eglises issues de la Réforme. Elle est membre de la Fédération des
Eglises Protestantes de la Suisse
Un jeune collègue m'a posé un jour une question
pertinente: “Dans l'Eglise, qu'est-ce qui est vraiment important?” La
réponse à cette préoccupation est formulée par le théologien Lesslie
Newbigin dans un livre consacré à l'Eglise. Voici ce qu'il écrit:
“L'Eglise ne vit pas seulement de sa fidélité au message biblique et de
sa constance à une communauté fraternelle; elle vit par le pouvoir
vivant de l'Esprit de Dieu. C'est par l'Esprit que la parole devint
chair dans la vierge Marie et, aujourd'hui, ce n'est que par le pouvoir
vivant de ce même Esprit saint que nous pouvons rester fidèles à sa
communauté et rendre parfaitement témoignage à Sa grâce. Tout ce qui
est fait sans lui n'est que pure contrefaçon; sans lui, l'Eglise n'est
qu'une coquille vide, elle n'a que la forme de l'Eglise mais non sa
vie.” (1)
La présence manifeste de l'Esprit saint dans le corps
de Christ est ce qu'il y a de plus important. Notre préoccupation
première est donc de nous assurer de la réalité de cette présence. Si
la présence de l'Esprit, qui a ressuscité Jésus d'entre les morts, ne se
manifeste pas par des actes de vie, par une dimension miraculeuse, en
quoi l'Eglise se différencie-t-elle d'une religion quelconque?
Voici ce que dit un autre théologien contemporain, en parlant de la
pensée de Paul: “Comme partout (dans ses écrits), l'Esprit n'est pas
l'affaire centrale: cette place est réservée à Christ seul. Mais, pour
le développement de la vie que Christ a inauguré par sa mort et sa
résurrection, l'Esprit est la clé de tout: conversion, éthique, vie
communautaire, miracles, révélations, eschatologie. Sans l'Esprit, il
n'y a pas d'authentique vie chrétienne”. (2)
Karl Barth a écrit: “La puissance illuminatrice du
Saint-Esprit veut s'étendre et se manifester bien au-delà de l'existence
de la communauté, bien au-delà aussi de tout ce que conçoivent,
éprouvent et vivent ses membres et de tout ce qui leur est promis
personnellement. La communauté ne devient et n'est la communauté
réelle avec le Christ que si elle suit le Saint-Esprit qui la dirige,
l'entraîne, la pousse en avant, afin qu'elle se dépasse elle-même”
(3). Il est indispensable de prendre conscience que le Saint-Esprit
occupe une place prépondérante dans la nouvelle économie instaurée par
Jésus-Christ.
De puissantes manifestations de l'Esprit ont eu lieu tout
au long de l'histoire de l'Eglise. Celles-ci ne sont pas toujours
connues parce qu'elles ont été soigneusement occultées par les systèmes
traditionnels. Très rarement l'Eglise a pris le temps d'examiner ce que
cela pouvait signifier, ce que “l'Esprit voulait dire à l'Eglise”,
quelles modifications, quelles repentances, quelles orientations
nouvelles elle était appelée à prendre. Par contre, régulièrement, des
théologiens, et non les moindres, ont pris la plume pour écrire pendant
et après chaque réveil, combien il fallait être prudent et réservé à
l'égard des manifestations qu'ils ne comprenaient pas parce qu'elles ne
figuraient pas, pensaient-ils, dans le dictionnaire de la bienséance
évangélique. Ainsi, continuellement mise en garde, le pied constamment
sur le frein, l'Eglise a peu progressé dans son développement
spirituel.
La grandeur
du Royaume
Le Nouveau Testament nous révèle que Jésus avait une
vision très dynamique du Royaume et des possibilités qu'il offrait.
Quand il déclare Jean-Baptiste le plus grand de tous les prophètes
(Matt. 11:7-15), il dit cette parole stupéfiante: “Le plus petit dans
le Royaume est plus grand que lui ”. Connaissant la dimension
spirituelle gigantesque des prophètes, des rois et des sacrificateurs,
des psalmistes, des juges, des patriarches, connaissant la profondeur de
leur vie spirituelle, la portée de leurs écrits, de leurs prophéties,
connaissant la foi de leurs prières, leur constance dans les luttes et
les épreuves de la vie, connaissant tout cela, on ne peut que se dire,
en entendant le témoignage que Jésus donne de Jean-Baptiste, qu’il était
d'une stature absolument exceptionnelle.
Et voici que Jésus dit que ceux qui sont dans le Royaume sont infiniment
plus grands que lui! On peut donc en déduire que les privilèges, les
potentialités, les accomplissements, la spiritualité des sujets du
Royaume devraient prendre des dimensions absolument révolutionnaires.
Bien que Jésus n'ait pas l'intention de faire de ses disciples des
surhommes ou des triomphalistes, il ne veut pas non plus en faire des
êtres timorés, peureux, pusillanimes, constamment en attente, rétrécis.
Ces attitudes n'ont rien à voir avec la dynamique de son Royaume.
Jésus a une très haute idée de ses disciples. Il a pour eux des plans
de grande dimension. Nous n'avons pas encore mesuré toute la portée
de cette déclaration. Avec sa venue et celle de l'Esprit, une ère
nouvelle a commencé au sein de laquelle se manifeste “la puissance du
siècle à venir” (Hébr. 6:4). Celle-ci vient nous rejoindre, nous saisir,
nous entraîner, nous dynamiser. La grandeur de Jean-Baptiste vient du
fait qu'il a pu désigner Jésus à sa génération (et à la nôtre), et qu'il
la présente sous des aspects inédits, condensant en quelque sorte tout
son ministère dans ces deux déclarations hymaléennes:
- “Jésus est l'Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde”
- “Jésus est celui qui baptise du Saint-Esprit”
Dans la première déclaration est résumée toute l'œuvre
rédemptrice de Jésus. C'est lui qui donne sa vie pour nous racheter par
son sang. Il ne “couvre” plus les fautes comme le faisait tout le rituel
instauré autour du tabernacle, mais il “ôte” le péché. Cela veut dire
que tout le cérémonial de purification s'accomplit en Lui. Ici est
résumée toute l'œuvre de la croix et de la justification par la foi,
avec ses nombreuses conséquences pour notre salut. Car c'est bien de
péché et de salut dont il est question. Il est important que le
christianisme redécouvre toute la portée doctrinale et les conséquences
pratiques de la rédemption que Jésus est venu apporter à l'humanité.
Elle n'a pas besoin d'être guérie, améliorée, consolée dans un premier
temps, mais sauvée (4).
Tout aussi capitale est la deuxième déclaration. Jésus offre un baptême
de l'Esprit. Il n'est pas facile de parler de l'Esprit. Sa nature
impalpable ne se laisse pas saisir et analyser facilement. Jean, en
employant le vocable de baptême, veut attirer notre attention sur un
aspect primordial de la venue de Jésus. Il fait une comparaison avec son
propre ministère. Le baptême dans lequel il entraînait ses disciples
était, en quelque sorte, l'aboutissement du ministère de Jean. C'est
comme s'il disait: “Moi, je baptise ces hommes en leur prêchant la
nécessité de se défaire de leurs péchés et de vivre une vie morale qui
soit conforme aux exigences de la Thora. Mais je ne peux ni les
purifier vraiment ni leur insuffler une inspiration intérieure. Je ne
peux pas leur donner un cœur nouveau. Mais Jésus qui est là au milieu de
nous, peut le faire. Il a la puissance de les introduire dans la
dimension de l'Esprit saint, dimension dans laquelle non seulement ils
seront purifiés de leurs péchés mais aussi pénétrés par l'Esprit.”
Le baptême
du Saint-Esprit ne se réduit pas au parler en langues
En effet, en nous débarrassant de nos péchés, Jésus nous
rend habitable à l'Esprit. Comme la colombe, l'Esprit n'aime pas vivre
dans un nid souillé. L'œuvre de la croix nous prépare, nous rend
disponible à l'Esprit. Sa présence est reconnaissable. Dans le Nouveau
Testament, les apôtres pouvaient discerner qui avait reçu le
Saint-Esprit. Ce baptême du Saint-Esprit dont il est question signifie
davantage que l'interprétation pentecôtiste qu'on en a faite
généralement. En effet, il ne s'agit pas seulement de vivre une
expérience au cours de laquelle on éprouve intensément la présence du
Seigneur au niveau de nos émotions. Ce n'est pas seulement la
possibilité de parler en langues qui se déclenche à ce moment-là.
Par cette expérience, souvent bouleversante, on inaugure l'entrée dans
la nouvelle dimension dont on a pris conscience fortement. Mais il faut
y pénétrer plus profondément. En rester à des expériences initiales,
c'est rester à l'entrée, c'est s'immobiliser au seuil du Royaume. Il y a
beaucoup à découvrir et à expérimenter. Un véritable nouveau style de
vie s'offre à nous (Rom. 8:7-17).
Une appropriation constante des richesses du Royaume nous est
proposée, un renouvellement de notre vie intérieure, une communion
joyeuse, l'expérimentation des dons spirituels et le développement d'une
espérance bien fondée qui nous fait envisager la lutte pour la vie avec
courage. Le baptême de l'Esprit, comme tout vrai baptême, est une
immersion de plus en plus profonde, un engloutissement dans la vie de
Dieu dont on ne sort plus jamais (I Cor. 15:54; II Cor. 5:4). Et
pourquoi en sortirait-on?
Le fait d'avoir réduit le baptême du Saint-Esprit à une expérience
inaugurale et à la glossolalie a rétréci l'idée de ce que peut faire
l'Esprit dans nos vies. Certes, la glossolalie n'est en aucune façon
méprisable ou négligeable. Cependant, il ne faut pas nous contenter de
ce qui n'est qu'un début. Cela ne ferait pas justice à ce que la Bible
appelle: “la puissance du Royaume à venir” (Hébr. 6:4). Si on en
reste là, sans le savoir et sans le vouloir, on commence par l'Esprit et
on est laissé à ses propres forces pour poursuivre notre cheminement
spirituel.
Lorsque le
légalisme prend la place du Saint-Esprit
Il est nécessaire ici, me semble-t-il, de mettre le
lecteur en garde contre une tendance très développée dans les milieux
évangéliques, qu'ils se réclament de la vie charismatique ou pas. C'est
le légalisme. De nombreux ouvrages, prédications, études bibliques,
séminaires et autres médias s'appliquent à décrire par le menu ce que le
chrétien doit croire, comment le croire, on lui apprend ce qu’il doit
faire et ne pas faire. On lui dit qu'il n'est plus sous la loi, mais on
lui tresse des cordes et des liens pour limiter son champ d'action. On
édicte des principes, des méthodes, on les soumet à des règlements
d'Eglise, des confessions de foi en X points.
Au lieu de servir de repères, ces exigences sont autant
de barreaux offerts pour bâtir une cage évangélique “do it yourself”, à
l'intérieur de laquelle ils vont tenter de vivre leur christianisme.
Généralement, ces doctrines étroites contribuent à faire oublier aux
chrétiens les ressources offertes par l'Esprit et à les pousser dans une
sanctification pénible, à une vie d'Eglise sévère, une obéissance
peureuse, un processus de développement soigneusement codifié par la
dictée des attitudes justes.
Dans ce style, le Saint-Esprit, lorsqu'il est mentionné,
ne l'est qu'en passant. De nombreux ouvrages sur la sanctification n'y
font même pas allusion. Quelle négligence tragique! Le légalisme
vient toujours s'installer là où l'Esprit n'a pas pu prendre sa vraie
place. Lorsque l'Esprit est attristé, la liberté s'en va (II Cor.
3:17). On en a malheureusement une preuve en constatant la persistance
des nombreuses lacunes au sein de l'Eglise. Pourtant, les “médecins” se
pressent à la porte. Une foule d'enseignants cherchent à lui rendre son
dynamisme. Leurs propositions, ignorant le rôle du Saint-Esprit dans la
vie de l'Eglise, ne font rien d'autre que d'accentuer ce légalisme
néfaste: il faut obéir, il faut se soumettre aux autorités
ecclésiastiques, il faut plus de consécration, plus de renoncement, plus
de jeûne, plus de prière, plus de lecture de la Bible, plus de sens de
devoir, plus de prise de responsabilité, plus de dévouement, plus,
plus... Et certains prédicateurs, dits “charismatiques”, s’adonnent
outrageusement à cette prétendue thérapie.
Toutes ces choses, pourtant nécessaires à la vie
chrétienne, deviennent pernicieuses et nocives lorsqu’elles prennent
la place qui doit revenir à l’Esprit, car elles sont asservissantes et
développent une mentalité plus religieuse que chrétienne chez ceux
qui les suivent.
Esprit de liberté
Les hommes agissent non pas parce qu'ils sont
contraints, mais lorsqu'ils sont inspirés. Le Saint-Esprit travaille
par inspiration, en produisant en nous le vouloir et le faire (Rom.
9:16; Phil. 2:13), nous permettant d'utiliser sans peur notre liberté,
notre capacité de choisir et d'agir. La liberté n'est pas un sujet de
prédilection chez les chrétiens. Pourquoi? Parce qu'on aime bien que les
convertis entrent dans les cages morales et comportementales dont la
description est faite dans nos manuels et nos règlements. Tout
souffre quand le Consolateur n'est pas pris en considération:
l'enseignement devient livresque et établit une gnose au lieu de la foi;
l'évangélisation méthodique devient une propagande; la mission devient
humanitaire; le culte obéit à des traditions culturelles; l'amour
devient entreprise sociale; le témoignage devient politique; l'éthique
devient morale; la sanctification devient intégriste.
Lorsque l'Eglise perd de vue la nécessité d'être placée
sous le ministère du Saint-Esprit, elle ne peut que développer une
morale stricte et sévère, demandant à ses membres de vivre dans une
tension extrême, insupportable, parce qu'elle s'est privée de ses
vecteurs spirituels, de la présence active et soutenante de l'Esprit.
Cela a conduit beaucoup de gens sérieux et sincères au découragement
puis à l'abandon de la foi. Si on considère également l'absence de
manifestations surnaturelles dans nos vies et celles des autres, on est
en droit de se demander où donc est vécue cette dimension de “grandeur”
dont parle Jésus dans le texte évoqué. On peut et on doit aussi se
demander comment le chrétien va - selon l'expression de Paul – “exciter
à la jalousie” aussi bien les Juifs que les païens (Rom. 11:11-14).
Dégagement
d’énergie
Tom Smail formule ainsi sa conception du baptême du
Saint-Esprit: “Il me semble que, dans le Nouveau Testament, l'expression
“être baptisé du Saint-Esprit” a pour contenu essentiel
l'expérience de la puissance et de l'énergie du Saint-Esprit qui ont été
libérées... On se réfère au fait que l'Esprit est libéré dans la
puissance, l'amour et les charismes qui se manifestent au travers d'eux”
(5). Le texte original anglais de ce passage emploie une expression
difficilement traduisible dans toute sa force. Il parle d'un “ released
power ”. Il est question ici d'une libération d'énergie dans le sens
d'un dégagement, d'un écoulement puissant, d'un éclatement, d'une mise
en marche, d'un déclenchement, d'une mise en circulation, etc. Jésus a
employé deux images fortes pour décrire cette abondance apportée par
l’action du Saint-Esprit: “Un fleuve qui sort, une source qui
jaillit” (Jean 4:14; 7:37-39). Rien dans les textes n'indique que
cette abondance de ressources spirituelles tarirait un jour. Notre
sécheresse est à la mesure de la distance que nous avons prise à l'égard
des promesses de Jésus.
Disons d'emblée que cette puissance n'est pas neutre. Elle est sainte.
Elle est éthiquement chargée de tous les attributs de Dieu. C'est
l'Esprit saint. Il me semble nécessaire de le souligner pour que nous
comprenions bien que l'Esprit n'agit pas sans l'intention de produire
la sainteté. Là où toutes nos résolutions se brisent, où toutes nos
investigations n'engendrent rien, où notre nature nous asservit encore,
où nos angoisses sont irrépressibles, où nos chagrins sont
insurmontables, où notre foi est incertaine, dans tous ces domaines et
bien d'autres encore, l'Esprit peut agir avec force et efficacité
pour autant qu'on lui fasse confiance et qu'on lui donne l'occasion
d'exercer son ministère miraculeux. Il ne faut pas avoir peur du
Saint-Esprit.
Pourquoi
avoir peur du Saint-Esprit?
Feu le pasteur Marc Boegner, président de la Fédération
des Eglises Protestantes de France, disait avec sa fougue bien connue,
lors d'un sermon de Pentecôte dans les années cinquante: “Chrétiens
tristes, chrétiens pessimistes, chrétiens défaitistes vous encombrez nos
sanctuaires, et vous êtes ces chrétiens-là parce que vous avez peur du
Saint-Esprit” (cité de mémoire). Ce fin connaisseur de la Parole et de
la nature humaine avait discerné que, sous des apparences religieuses
bien pensantes, pouvait exister une attitude nocive beaucoup plus
répandue qu'on le pense: la peur du Saint-Esprit, causée par son pouvoir
dérangeant, transformateur et mobilisateur. L'Esprit a peu de chance
d'être invoqué sincèrement là où l'on cherche à maintenir le statu quo.
Notre Eglise Libre a connu, ces dernières années, des temps de
déstabilisation, de mise en question, d'événements curieux, voire
parfois inquiétants, ne s'inscrivant pas dans la continuité de ce qui
avait été vécu pendant de nombreuses années.
Il n'y a rien qui irrite autant que d'être dérangé dans nos
conceptions mentales. Les disciples connurent ces désagréments et
voulurent les faire cesser par des interventions vigoureuses. Par
exemple, ils voulurent empêcher les enfants de s'approcher de Jésus, ils
voulurent appeler le feu du ciel sur ceux qui ne marchaient pas selon
leurs conceptions. Ils critiquèrent l'approche de la femme pécheresse
avec ses larmes et son parfum, ou la visite de Jésus chez Matthieu. Ces
situations, et d'autres encore, ne s'inscrivaient pas dans le droit fil
de la trame religieuse de l'époque. Plus tard, Pierre fut appelé à faire
des choses que sa culture et sa religion lui avaient formellement
interdit: aller à la rencontre des incirconcis et leur annoncer
l'Evangile. Nous aussi, nous avons de la peine à entrer dans cette
dimension de liberté et de puissance que nous offre le Royaume.
A propos de l'inconfort que nous éprouvons chaque fois que nous nous
trouvons face à des situations nouvelles, voici les remarques
pertinentes faites par un psychiatre: “Que se passe-t-il lorsqu'on s'est
longuement et courageusement évertué à dessiner une carte adéquate qui
paraît utilisable, et qu'un peu plus tard elle est confrontée à de
nouvelles informations qui l'invalident, et qu'on s'aperçoit qu'il faut
recommencer? Le douloureux effort en perspective est accablant,
effrayant. Ce que nous faisons fréquemment, souvent inconsciemment,
c'est de ne pas tenir compte de ces informations nouvelles. Fermer ainsi
les yeux peut être bien plus que de la passivité. Nous pouvons nous dire
que ces nouvelles données sont fausses, dangereuses, hérétiques, l'œuvre
des démons. Nous pouvons même partir en croisade pour les détruire, ou
essayer de manipuler le monde pour les faire concorder avec notre carte.
Malheureusement nous dépensons souvent beaucoup plus d'énergie à
défendre une carte périmée qu'il nous en aurait fallu pour la réviser”
(6).
Accepter le
défi
Certes, la Parole ne sera jamais périmée. Mais les
dogmes, les doctrines, les structures, les interprétations que nous
avons tirés d'elle ne sont pas infaillibles. Les évangéliques ont des
traditions parfois aussi inviolables que celles établies par le
catholicisme. Or, c'est dans ce domaine que le Saint-Esprit cherche à
s'insérer et à nous inspirer. Il y a des choses anciennes recouvertes de
poussières dont il faut redécouvrir la beauté parfaite. Il y a aussi des
choses nouvelles que Dieu veut nous montrer et dont nous n'avons encore
aucune idée. Il est donc indispensable pour l'EELG, de ne pas s'enfermer
dans un système exclusif et définitif à propos de l'Esprit. Une plus
grande concertation, une ouverture plus large est nécessaire.
Sans doute, dans l'effervescence des événements de ces dernières années,
toutes les explications n'ont pas été données. Tous les échanges ne
se sont pas faits. Des frères et des sœurs se sont sentis jugés,
incompris, exclus, rejetés, parce que les schémas étaient réducteurs
d'une part et, d'autre part, les sensibilités étaient exacerbées. Il y a
eu des blessures, des paroles agressives. Tout cela est regrettable et
ce n'est pas nécessaire. Si nous voulons que Dieu nous sorte de la
routine et de la grisaille, en nous révélant des choses nouvelles, il ne
faut pas, a priori, rejeter des attitudes nous paraissant excessives,
déplacées et heurtant le sens du convenable et du bienséant tels que les
traditions les ont façonnées. A jeter l'enfant avec l'eau du bain, on se
trouve complice d'infanticide, de destructeur de vie sous prétexte
qu'elle véhicule quelque saleté.
Une force
qui nous projette vers notre prochain
Pour terminer, il est indispensable de préciser que le
Saint-Esprit est une force qui nous projette vers notre prochain. La
description de l'onction selon Esaïe 61, dit comment l'Esprit anime
le Messie pour orienter toute son action vers le service et la
libération des hommes. La puissance du Saint-Esprit, donnée à la
Pentecôte, l'est en vue du témoignage fait à Jésus jusqu'aux extrémités
de la terre (Actes 1:8). L'évangélisation et la mission ont souffert
de la langueur engendrée par l'oubli de ce qui est essentiel dans toute
action chrétienne: la recherche du flux de l'Esprit, la préparation des
cœurs pour que les fleuves et les sources se répandent généreusement sur
la terre, sur toute chair (Actes 2:17).
Qu'est-ce qui est le plus important dans l'Eglise?
- le pouvoir de résurrection animant le corps de Christ;
- la “Shékina” demeurant sur le Temple de l'Esprit;
- le baptême du Saint-Esprit vécu par le peuple des
croyants.
Une Eglise ne vivant pas dans cette dynamique n'est
intéressante pour personne. Elle ne peut que s'inscrire au rang des
autres religions et entrer en concurrence avec elles parce qu'elle est
devenue elle-même une religion. Elle n'attire sur elle l'attention de
personne, car elle ne manifeste aucune caractéristique surnaturelle
propre à susciter des questions, de l'intérêt, voire de l'opposition.
Finalement, elle est affreusement monotone et ennuyeuse pour ceux qui y
restent encore.
Il est indispensable de retrouver la puissance et la
joie du Royaume de Dieu. Ce doit être notre préoccupation
essentielle. Pour cela, il y a des choses à défaire, des idées dont il
faut se débarrasser plutôt que de s'y accrocher. Il y a une vraie mise à
jour à entreprendre, des nettoyages de printemps à effectuer. Saura-t-on
y parvenir au milieu de notre confort lénifiant, de notre matérialisme
asservissant et de nos critiques destructives? L'occasion pour l'EELG de
prendre un grand virage et d'entrer dans cette dimension de l'Esprit
existe vraiment. Il lui faudra beaucoup de sagesse, de persévérance pour
s'y insérer plus profondément, mais aussi beaucoup d'humilité pour ne
pas s'élever dans un triomphalisme détestable et dangereux. Une attitude
juste et incontournable s'énonce ainsi:
“Dieu résiste aux orgueilleux, mais il fait grâce aux
humbles” (Jq. 4:6; Matt. 23:12).
A Celui qui peut faire,
par la puissance qui agit en nous,
infiniment au-delà de tout ce que nous
demandons et pensons, à lui soit la gloire
dans l'Eglise et en Jésus-Christ,
dans toutes les générations, aux siècles des siècles!
Amen!
(Eph.
3:20-21).
(1) Newbigin L.,
L’Eglise, Peuple des croyants, Corps de Christ, Temple du Saint-Esprit,
Neuchâtel, Delachaux et Niestlé, 1958
(2) Fee G. D.,
God’s empowering presence – the holy spirit in the letters of Paul,
Peabody, Hendrickson Publishers, 1995 (traduction libre).
(3) Barth K.,
Dogmatique, vol. 4, tome 3, Genève, Labor et Fidès, 1974 p. 93
(4) Voir à ce
sujet l’excellent ouvrage de Stott J., La Croix de Jésus-Christ, Bâle, ebv,
p.619
(5) Smail T., Au
risque de ta présence, Essai sur le Saint-Esprit, Lausanne, Ligue pour la
Lecture de la Bible, 1985, p. 158
(6) Peck S., Le
chemin le moins fréquenté, Paris, Laffont, 1988, p. 42
texte hébergé
en 11/04
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