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Auteur:
le Rabbin Yaakov KLEINMAN
Source:
http://www.lamed.fr/societe/science/644.asp
Date :
Il y a, aujourd'hui, une évidence précise d'un matériel
génétique commun à tous les juifs et pas seulement pour les Cohanim.
Dans une étude récente de génétique, après une étude approfondie des
séquences de l'ADN, on s'est aperçu que les différentes populations juives
de la Diaspora avaient conservé leur patrimoine génétique propre, malgré
l'exil. Malgré la dissémination aux quatre coins du monde et malgré plus
de 1000 ans d'exil, les juifs ont un patrimoine génétique commun. Ces
recherches confirment d'une part un ancêtre commun, et d'autre part une
origine géographique commune.
Les juifs de différentes communautés orientales tels que celles d'Iran,
d'Irak, du Kurdistan et du Yemen et de nombreux juifs européens ont un
profil génétique très similaire.
Une communication à l'Académie des Sciences aux USA par M.F. Hammer du
9 mai 2000 a stipulé :
" En dépit de leur long exil dans de nombreux pays, les communautés
juives sont très proches au point de vue génétique. Les résultats de ces
travaux pose l'hypothèse d'un gène paternel unique des différentes
communauté en Europe, Afrique du Nord et Moyen-Orient et suggèrent la
possibilité que les communautés juives descendent d'une ancienne
population du Moyen-Orient. Ces travaux ont aussi montré, vue la pérénité
du profil génétique que de nombreuses communautés sont restées isolées et
qu'il n'y a pas eu de mélange avec le patrimoine génétique des non-juifs.
"
Pour corroborer cette communication scientifique, la revue Nature
Genetics (Septembre 2001), a donné des résultats obtenus par des
chercheurs de l'Institut Weizman et de l'hôpital universitaire Hadassah de
Jérusalem. Ces équipes ont identifié le gène qui sous une forme mutée,
provoque une maladie musculaire dégénérative connu sous le nom de
Myopathie Congénitale avec inclusion cytoplasmique (HIBM) ; on trouve
cette maladie chez les juifs originaires d'Iran et d'autres pays du
Moyen-Orient.
Les chercheurs ont commencé à comprendre la maladie au niveau
moléculaire dès 1996, quand ils ont découvert la localisation possible du
gène responsable sur le chromosome 9. Après plusieurs années, les
chercheurs des 2 instituts israéliens ont identifiés les mutations
génétiques provoquant l'HIBM chez des Juifs du Moyen-Orient, mais aussi
des patients de l'Inde Orientale, des Bahamas et des juifs de l'état de
Georgie (USA). La découverte a permis de mettre au point des tests
génétiques pour le diagnostique prénatal de la maladie chez les sujets à
risque. Ce dépistage est fondamental pour les juifs d'origine Perse ou
l'on pense qu'une personne sur dix (ou vingt) est porteuse du gène muté de
l'HIBM.
La base de cette recherche ethnologique est fondée sur l'étude du
chromosome Y, qui ne change pas entre le père et le fils. En étudiant les
" signatures génétiques " de plusieurs groupes de la diaspora, on peut
montrer les relations génétiques entre ces différents groupes. Le début de
cette étude a commencé avec les Cohen. Ces études ont en fait montré une
grande ressemblance des profils génétiques entre les cohanim d'aujourd'hui
et leurs ancêtres qui ont vécu il y a 3000 ans.
La recherche aujourd'hui
Aujourd'hui on essaye d'obtenir des séquences d'ADN que l'on compare
avec des marqueurs d'ADN sur le chromosome Y celui passant du père au fils
et sur l'ADN Mitochondrial (qui se transmet de la mère au fils et à la
fille). Cette anthropologie génétique est promise à un bel avenir, elle va
sans doute permettre de comprendre l'histoire du peuple juif depuis son
origine jusqu'à ses différents exils dans la Diaspora.
On rappellera que les instructions contenues dans l'ADN sont codées par
un alphabet chimique à 4 signes, les nucléotides. Les molécules d'ADN sont
formées par l'enchaînement de millions de millions de ces signes
élémentaires tel un immense collier. C'est l'ordre des nucléotides dans
chaque enchaînement qui forme le stockage de l'information biologique donc
l'ADN est la mémoire chimique du vivant. Pour connaître les instructions (
les gènes) que renferment une molécule d'ADN, il faut d'abord prendre
connaissance de l'ordre des signes (appelé séquence) de l'enchainement.
Cette prise de connaissance est comme une lecture de l'information, c'est
le séquençage.
Les chercheurs se posent le problème de savoir si les juifs modernes
peuvent être identifiés comme les descendants des hébreux de la bible ou
bien est ce que les gènes des juifs actuels ont subi des mutations suite à
des mariages mixtes ?
La recherche a été basée sur 29 populations dont 7 juives, divisées en
5 groupes :
- Les Juifs,
- Les habitants non-juifs du Moyen-orient,
- Les Européens,
- Les Nords-Africains,
- Les Sub-Saharaouis.
Un résultat étonnant : de nombreuse communauté ont un profil génétique
identique.
La découverte qui a été faite montre que de nombreuses communautés,
éparpillées dans le monde ( Europe, Afrique du Nord, Péninsule
arabique...) semblent avoir un profil génétique semblable comme si tous
les individus avaient une origine géographique identique . Ces communautés
ont été en étroite relation entre elles mais en même temps avec les
peuples sémites du Moyen-Orient (Palestine, Syrie, Druze).
Les résultats de l'étude montrent un très bas niveau de mélange
inter-raciale (mariage mixte, conversion ...), le problème est tout de
même que la plupart des communautés ont vécu isolées géographiquement et
culturellement pendant de nombreuses générations ce qui a favorisé les
mariages entre apparentés ; on a de ce fait souvent mentionné les maladies
génétiques " Juives " or ceci et les études actuelles le démontrent,
toutes les populations Juives ou non sont concernèes, seule la fréquence
de la maladie change.
Parmi les communautés étudiées , les Nords Africains (Marocains ... )
sont les plus étroitements apparentés aux juifs d'Irak. Leur profil
génétique représente la carte génétique ancestrale des hébreux au temps du
premier temple (environ 2500 ans).
Le chromosome Y des juifs yéménites est identique à celui des autres
juifs et à celui des populations sémites. Par contre, la carte génétique
des juifs éthiopiens ressemble à celle des ethiopiens non juifs.
Les lignées ashkénazes
Bien que les communautés Juives ashkénazes se soient séparées des
communautés méditerranéennes il y a environ 1200 ans et aient vécu en
Europe Centrale et de l'Est, leur code génétique ressemble encore à celle
des autres juifs et aux groupes de populations sémites du Moyen-Orient.
Cette pérennité génétique s'explique par un faible pourcentage de mariages
mixtes (environ 0,5 % par génération)
Les dernières découvertes semblent s'opposer à l'hypothèse que les
Ashkenazim descendent des Kazars.
Cependant, la recherche actuelle semble montrer que l'hypothèse qui
ferait remonter les Ashkénazes aux kazars (empire Turquo-Asiatique
converti au judaïsme vers le VIIIème Siècle) est erronée.
Les recherches continuent, notamment pour essayer d'élucider l'origine
des communautés Askhénazes, notamment en étudiant les marqueurs ADN dans
des échantillons de populations européennes.
Historiquement, on sait aujourd'hui que les Ashkénazes sont arrivés en
Europe entre 1000 et 1200. Une des théories actuelles est que ces
communautés venaient de Rhénanie ou d'Italie et qu'elles étaient les
descendantes directes des Juifs anciens.
Une seconde théorie que ces communautés proviennent d'une migration de
population depuis les balkans ou l'Asie centrale, avec la possibilité de
conversions en masse de Slaves et de Kazars.
Cette dernière théorie va de paire avec la controverse sur l'origine et
le développement du Yiddish. On suppose que les Juifs venant de Rhénanie
et des régions limitrophes parlaient un ancien allemand qui a constitué la
base du yiddish.
Cependant certains linguistes rejettent cette idée, car ils trouvent
des points communs entre la grammaire Yiddish et les langues slaves, sans
oublier de souligner que le Yiddish moderne a incorporé dans sa forme de
nombreux mots et locutions germaniques.
On n'a pas aujourd'hui assez de preuve pour favoriser telle ou telle
théorie, l'essor des études du genome humain et ses fulgurants progrès va
sans doute permettre " de trancher ".
La recherche continue
Le développement des recherches génétiques basé sur les variations
géniques d'échantillon de population va sans doute permettre un jour de
comprendre l'histoire et le développement des communautés Ashkénazes.
La recherche génétique est en phase avec la Tradition Juive, qu'elle
soit orale ou écrite.
Il faut bien comprendre que la notion de génétique n'est pas nouvelle
pour nous, plusieurs passages du Talmud évoquent des maladies dont le
caractère génétique n'était sans doute pas connu à l'époque, ces maladies
sont actuellement très étudiées notamment par le Pr Goodman dans son
ouvrage " Genetic disorders among the jewish people " ; c'est le cas de l'hemophilie
de type A évoquée et discutée dans le Talmud à propos de la circoncision
d'un enfant dont les cousins maternels sont décédés suite à une
circoncision. ( Talmud de Babylone / Traité Yebamot, 64b)
Après 1000 ans d'histoire sur la terre d'Israel, les Juifs furent
dispersés à travers le monde. Un certain nombre de communautés exilées
restèrent relativement stables sur deux millénaires comme celle d'Irak et
de Perse.
Toutes ces communautés conserveront les coutumes ancestrales et
l'observance religieuse malgré de très nombreuses persécutions.
Les études génétiques actuelles sont le témoignage de la pérennité des
familles juives; en effet seul les juifs ont conservé leur patrimoine
génétique intact après 100 générations, malgré l'exil de la Diaspora.
Sans doute, un tel état de fait si unique correspond à une prophétie
sinon à une promesse à venir :
" Le Seigneur te dispersera parmi tous les peuples d'un bout du
monde à l'autre ... ;" (Deuteronome 28 : 64)
" Alors le Seigneur ton Dieu reviendra avec tes captifs, il aura
pitié de toi et te rassemblera à nouveau d'entre tous les peuples parmi
lesquels le Seigneur t'aura dispersé." (Deutéronome 30 : 3)
" Si ces lois cessaient d'être immuables devant moi, dit le
Seigneur, alors seulement la postérité d'Israël pourrait cesser de former
une nation devant moi, dans toute la durée des temps. " (Jeremie 31: 36)
Adaptation et commentaires du Dr Aharon FELDMANN
Rabbin Yaakov HaKohen KLEINMAN est un conférencier d'Aish Hatorah -
Jérusalem, spécialiste des études du Temple. Il est Co-directeur, avec
Rabbi Nachman Kahana du Centre pour les Cohanim.
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