Air de famille
Un néoconservatisme se lèverait-il en Europe ? Les critiques contre la
Constitution, son absence de référence aux origines chrétiennes, ses
frontières floues, ses choix pour le multiculturalisme et le relativisme
des valeurs, ont révélé, en France, une résistance contre un emballement
moderniste. L'attention portée par des nonistes à la protection de la
nation et au respect de la souveraineté populaire ont confirmé ce réveil
identitaire, plus clairement affirmé par les Pays-Bas. Les événements
d'Espagne et d'Italie complètent cette réaction des mentalités.
En Espagne, le week-end dernier, des milliers de personnes ont défilé
dans les rues de Madrid pour protester contre la légalisation du mariage
gay et du droit d'adoption, décidé par le gouvernement Zapatero. Au nom de
la protection de la famille, ces manifestants ont défendu des devoirs et
non plus des droits. Mobilisation à rapprocher de l'appel à l'abstention
lancé par l'Église catholique italienne pour faire échouer – objectif
atteint le 13 juin – le référendum facilitant l'accès à la fécondation
assistée.
L'assemblage de ces éléments a un air de famille avec le nouveau
conservatisme apparu aux États-Unis, dans le sillage d'une affirmation
chrétienne, là-bas plus prononcée. S'observe en Europe, ici et là, un même
désir de revenir à des valeurs universelles, en allant à contre-courant du
matérialisme et du laïcisme. Et la religion est un des moteurs de ce
réveil, comme l'a bien vu Nicolas Sarkozy déplorant, mardi, «la
frilosité d'un certain nombre d'hommes d'Église». «Vous n'avez pas à vous
excuser de croire en ce que vous croyez», a-t-il déclaré.
Les aveux de Thierry Breton
L'air du temps : Thierry Breton, ministre de l'Économie, s'est
engagé à son tour à appeler un chat un chat. «Le modèle social qui est
le nôtre, auquel nous sommes si attachés, nous le finançons à crédit»,
a-t-il déclaré, mardi. «On a fait croire aux Français que l'on pouvait
travailler moins et avoir un système plus protecteur, ce n'est pas vrai
(...) Il faut dire la vérité aux Français : l'impôt sur le revenu ne sert
pas à financer des écoles ou des hôpitaux : il ne sert pratiquement qu'à
payer les intérêts de la dette.» La dette représente 17 000 euros par
Français.
Mais n'est-ce pas suggérer l'avis de décès du «modèle français» que
d'avouer que le pays vit au-dessus de ses moyens ? Ce que décrit Breton –
et Sarkozy avant lui, lorsqu'il était à l'Économie – est la faillite de l'État-providence,
que continue de défendre le gouvernement. Les solutions pour maîtriser les
déficits sont connues. Elles passent par une réduction des dépenses de
l'État, des collectivités locales, de l'assurance-chômage, de la Sécurité
sociale. Elles invitent à réformer le Code du travail, les retraites, le
temps de travail, etc. Cela s'appelle une économie libérale.
Saluons, néanmoins, l'honnêteté de homme politique quand il accepte
«de ne plus prendre les gens pour des cons» (formule du sénateur
UDF Jean Arthuis, entendue hier matin sur Europe 1). Les Français sont en
attente d'autres aveux. Ainsi, lorsque l'Organisation internationale pour
les migrations affirme, mardi, que les bénéfices issus de l'immigration
sont supérieurs à ses coûts pour les pays d'accueil, il serait intéressant
d'avoir accès aux chiffres des dépenses sociales, sanitaires, scolaires,
sécuritaires, afin de les mettre en parallèle avec les recettes issues des
impôts et des richesses créées. Trop d'organismes officiels ont truqué les
réalités pour croire sur parole l'OIM.
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«Populisme»
«Nettoyer» :
le terme avait été employé lundi par Nicolas
Sarkozy, ministre de l'intérieur, présent à La Courneuve
(Seine-Saint-Denis) après le meurtre d'un enfant de 11 ans. «Les voyous
vont disparaître, je mettrai les effectifs qu'il faut mais on nettoiera la
cité des 4 000». «Populisme» !, ont immédiatement hurlé les belles
âmes. Toujours, chez elles, ce mépris du peuple.