Le quotidien arabe Al-Hayat, édité à
Londres, a publié une série d’articles sur la communauté musulmane au
Royaume-uni. L’un d’entre eux comprend des interviews de deux dirigeants
islamistes résidant à Londres : le cheik Abou Hamza l’Egyptien, imam de
la mosquée de Finsbury Park et chef de l’organisation Ansar al-sharia,
et le cheik Omar Bakri, originaire de Syrie, créateur et président du
tribunal religieux islamique à Londres ; Omar Bakri s’occupe aussi de la
direction de l’organisation islamiste Al-Muhajiroun. Voici quelques
extraits de ces deux entretiens :
Abou Hamza : L’Occident
n’atteindra jamais le niveau de l’islam ; la seule solution est
d’exhorter les occidentaux à intégrer l’islam
Vous considérez-vous citoyen
britannique ?
Abou Hamza : Je me considère citoyen
[britannique] dans la mesure où j’utilise mes papiers de citoyen pour me
déplacer. Mais est-ce que je me considère citoyen britannique dans le
sens où j’adhèrerais à la politique du pays ? La réponse est bien sûr
négative… Je vis ici et je possède un passeport. C’est une identité
superficielle. L’identité réelle se trouve dans le cœur et dans la tête
; c’est elle qui guide l’être humain. Cette identité est l’islam…
Mais en Grande-Bretagne, vous
êtes une personnalité respectée.
Abou Hamza : Et qui vous dit que nous
ne respectons pas les autres ? Mais devons-nous respecter une personne
même lorsqu’elle cherche à devenir un animal […].
Chacun a droit à un respect minimal
dans la religion. Par-delà ce respect, les croyants ont droit à une
estime particulière. Chaque homme… [peut choisir] entre l’être humain et
le singe. Par exemple, un homme habillé est respecté. S’il se dévêt, il
ne mérite plus le respect. […]
Au sommet de Séville [en
Espagne], la Grande-Bretagne a réclamé des mesures strictes face à
l’immigration. Etes-vous inquiet ?
Abou Hamza : […] Il y a des citoyens
britanniques torturés à Guantanamo, mais personne ne lève le petit
doigt… Quand c’est de sécurité qu’il s’agit, l’étranger demeure
étranger, où qu’il se trouve. On ne peut pas se battre contre
l’enracinement profond du racisme. Il serait idiot de croire que ces
pays pourront un jour atteindre le niveau de l’islam. Il leur faut
beaucoup de temps, ne serait-ce que pour comprendre l’islam. Le seul
moyen de mettre fin à leur racisme est de les exhorter à se joindre à
l’islam ; ils se rendront ainsi compte qu’ils sont passés à côté d’une
grande civilisation…
Envisagez-vous de quitter la
Grande-Bretagne ?
Abou Hamza : Je voulais partir pour
l’Afghanistan, et m’y suis préparé, mais Allah en a décidé autrement -
d’abord parce que mon passeport a été confisqué[…]
Al-Qaïda n’y est pas mêlé : un
ingénieur ne peut pas croire que ces bâtiments se soient écroulés comme
ça, à cause d’un simple incendie… Ceux qui connaissent les propriétés de
ces immeubles savent qu’Al-Qaida n’est pas coupable. L’explosion est
venue de l’intérieur…
Le cheik Omar Bakri : Nous
transformerons l’Occident en régime islamique par une invasion physique
ou culturelle
J’ai assisté à votre cours sur
les fondements de la foi, et il semble que vous ne voyiez pas d’intérêt
à ce que les étudiants s’intègrent à la société britannique - c’est à
dire que vous ne les aidez pas à devenir des musulmans britanniques.
Omar Bakri : C’est ma méthode
d’enseignement : je m’oppose au concept d’intégration. Nous pensons
qu’il ne nous est pas permis de nous intégrer aux sociétés dans
lesquelles nous vivons.[…]
Et à quoi mène cette vie de
séparation ?
Omar Bakri : A un changement de la
situation dans le pays où nous nous trouvons, comme en Abyssinie et en
Indonésie, où les musulmans ont accompli des modifications. A la
grâce d’Allah, nous transformerons l’Occident en Dar al-islam [une
région sous gouvernement islamique], avec ou sans invasion. Si un Etat
islamique se lève pour envahir l’Occident, nous serons son armée et ses
soldats de l’intérieur. Et si cela ne se produit pas, [alors nous
changerons l’Occident] au moyen d’une invasion idéologique, sur place,
sans guerre ni morts.
Soit nous prêcherons l’islam et ils
l’accepteront, soit nous vivrons parmi eux, et ils finiront par être
influencés[…]. L’islam peut consister en une foi spirituelle ou
politique…L’islam a défendu la religion des chrétiens, des Juifs et
d’autres encore en affirmant que la foi n’impose pas de contraintes. […]
On vous accuse d’être en
relation avec des organisations auxquelles la Grande-Bretagne est
hostile et qu’elle considère comme ennemies. Vous enseignez à vos élèves
que le mouvement taliban et Oussama Ben Laden seront [selon la tradition
musulmane] sauvés [au Jour du Jugement].
Omar Bakri : […] Ici, la loi ne vous
punit pas d’avoir parlé, tant que rien ne prouve que vous avez agi. Tant
que vous ne franchissez pas les limites de la loi, ils ne peuvent pas
vous punir. Pour le faire, ils doivent présenter des preuves contre
vous, autrement leurs lois entrent en état de contradiction insoluble.
Cela sert l’islam : nous allons pouvoir affirmer que le camp capitaliste
a perdu face au camp de l’islam en appliquant [les principes] auxquelles
ils croient, comme la liberté d’expression.
[…]
Jusqu’à aujourd’hui, ces lois ont tenu
le coup.
Omar Bakri : […] Je n’appelle au
meurtre d’aucun citoyen britannique. Mais eux ont brisé notre pacte en
tuant mes frères en Afghanistan ; ils l’ont brisé en tuant mes frères en
Syrie et en Irak…