Le royalisme en questions par Yves-Marie Adeline.
Cette conférence n’a pas la prétention d’être un
commentaire du livre d’Yves-Marie Adeline, ni une critique. Je me
permets de proposer un résumé que j’ai essayé d’être le plus synthétique
possible, regroupant ce que j’ai estimé être l’essentiel à retenir.
L’idée est de propager un mode de raisonnement pertinent associé à un
argumentaire viable et qui nous soit spécifique.
Aux origines d’une réflexion, la crise de la
République.
Le livre d’Yves-Marie Adeline commence sur une
affirmation, la république est en crise. Pire, elle sécrète elle-même
ses crises, car il s’agit là d’un régime profondément instable, et pour
preuve, nous en sommes à la cinquième forme de ce régime, qui pourtant
ne semble pas pour autant avoir trouvé le repos et la stabilité. En
fait, le régime républicain a besoin pour sa continuité de
l’intervention régulière d’un sauveur, qui lui permet de se remettre sur
les rails de l’histoire : Bonaparte qui en 1799 sauve les institutions
républicaines par son coup d’état et asseoit le régime à l’aide de ses
fameuses "masses de granits" que sont les préfets ou le code civil.
Thiers, Gambetta et peut-être même Mac Mahon, qui
permettent en 1871 d’établir le régime républicain, puis font échecs aux
menées des royalistes alors majoritaires à l’assemblée. Clemenceau, par
son action secours la République essoufflée à partir de 1917 et jusqu’en
1919.
Pétain lui-même sous une certaine forme, puisqu’il
évite à la France d’être entièrement occupée, et en maintenant un
gouvernement légal, sauve les institutions républicaines. Enfin de Gaule
enfin, qui en donnant à la République sa Ve constitution, lui donne un
nouveau souffle, et la sauve du désordre et de l’instabilité.
Ainsi, nous comprenons que la République ne peut se
sauver par elle-même. Alors que la monarchie, elle, dispose de la
vitalité nécessaire pour venir à bout de ses crises de l’intérieur. Cela
parce que en monarchie, le pouvoir du roi est principalement arbitral et
le situe automatiquement au-dessus des partis. En Belgique par exemple,
le pays aurait déjà volé en éclat, si il n’avait eu son roi pour le
maintenir. Et les Belges ne s’y sont pas trompés, s’étant donnés pour
devise : "L’union fait la force".
Yves-Marie Adeline explore alors un peu sur la
constitution de la Ve République, estimant qu’il s’agit là de la moins
mauvaise de toutes, car donnant le plus de stabilité au régime, de part
les pouvoirs du président et permettant ainsi la réalisation de grands
projets. De Gaule aurait alors créé une République couronnée, où le
président jouerait le rôle d’un arbitre. Mais plusieurs écueils résident
dans cette constitution :
Le premier, est que le président ne peut être un
arbitre, car issu d’un parti.
Le second, est que certes le président semble pouvoir
jouer le sage rôle d’un roi, limitant l’anarchie parlementaire, mais
comme il s’agit d’un roi éphémère, l’instabilité n’est pas stoppée, mais
ralentie. Enfin, le troisième écueil, vient de deGaule directement, il
s’était taillé une constitution à sa mesure, trop large et trop lourde
pour ses successeurs, qui visiblement n’ont pas eu, a ce jour, la
stature politique du grand homme.
Avant de reprendre le cheminement intellectuel de
l’auteur du royalisme en question. Attardons-nous sur une
caractéristique, de notre régime républicain moderne, qui me semble
importante. Cette caractéristique se base sur une grave imposture qui
prétend consacrer la séparation des pouvoirs, ainsi que le préconisait
Montesquieu. Or cette séparation des pouvoirs n’est pas réellement
effective. Le gouvernement étant nommé par le président avec l’accord de
la majorité à la chambre, l’exécutif ne peut qu’être issu du parti
dominant, à l’assemblée nationale. Ainsi, le vote des lois devient un
simple enregistrement dans une chambre dévouée à un gouvernement. Le
régime républicain ressemble alors fortement une sorte d’autocratie
morale et politique ou la volonté populaire se trouve diluée à l’extrême
par le jeu des mécanismes institutionnels.
Alors certes, la République semble beaucoup plus
stable en 2004 qu’elle ne l’était en 1936, et pourtant... ceci nous
amène à parler des crises dont souffre la république, et par delà le
régime, la France. Pour Yves-Marie Adeline, les crises de la République
sont au nombre de 8 :
La crise de l’autorité
La crise morale
La crise de la souveraineté
La crise de l’unité
La crise de l’identité
La crise politique
La crise sociale
La crise culturelle
Nous allons essayer de développer ces crises, en
quelques lignes, et une fois encore, je recommande de se référer au
royalisme en question des pages 29 à 81.
La crise de l’autorité.
Elle se matérialise sous plusieurs formes, dans le
monde de l’entreprise, par une fausse cordialité hypocrite (tutoiement)
qui fausse le rapport hiérarchique, dans la famille où la remise en
cause de l’autorité paternelle détériore l’image de la virilité et
l’équilibre familial... quelques exemples entre mille qui montre que
cette crise de l’autorité brouille les repères fondamentaux de notre
société.
Mais en ce qui nous concerne, le principal reste la
crise de l’autorité politique, où nous constatons que le manque
d’autorité à la tête de l’état se retrouve compensé par une
administration pointilleuse et omniprésente à la base. Alors que selon
l’auteur, il vaudrait mieux une grande autorité à la tête, et plus de
souplesse à la base, pour mieux s’adapter. Selon Yves-Marie Adeline, la
crise de l’autorité est déclenchée en partie par la crise de
l’insécurité, qui en l’occurrence est prise à l’envers par l’autorité
républicaine, puisque au lieu d’éduquer différemment les délinquants,
elle jette dans les rues des hordes de policiers, qui en plus de cela,
sont empêchés d’agir par la magistrature, et au lieu de combattre la
délinquance alors, rejette sa mentalité "répressive" sur les membres non
dangereux de la Cité. "La crise de l’autorité entraîne l’oppression".
La crise morale.
Nous voyons ici, que la crise morale est très liée à
la politique, car même si la politique est temporelle, à la différence
de la morale qui est spirituelle, nous ne pouvons dissocier l’un de
l’autre. Par exemple l’avortement, qui de problème moral est finalement
devenu politique, malgré le fait qu’il est censé rester dans la sphère
privée. L’utilisation politique de ce problème entraîne une grave
question, qui règle toute la suite, l’enfant à naître est-il oui ou non
un humain. À cette question d’ordre spirituel, où seul une autorité
morale pouvait répondre, la politique à répondue non, s’ingérant dans un
domaine qui n’est pas le sien, brouillant une fois de plus les cartes.
Remarquons également, que l’avortement fut justifié par des cas
particuliers et extrêmes, ainsi la loi sur l’avortement est la
consécration du principe qui consiste à faire des lois de cas
particuliers applicables au cas général. C’est donc bien l’ingérence du
monde des juges (souples et s’attaquant aux cas particuliers) dans celui
des juristes (émettant des principes généraux). La morale est
normalement quelque chose de souple, mais en lui donnant la rigidité de
la loi, il y a perte de valeurs morales, surtout si on prend le parti
que oui l’enfant à naître est un humain, au quel cas la loi légalise le
droit à l’infanticide. Il ne s’agit là que d’un d’exemple parmi d’autres
une fois encore, mais il est significatif de toute une mentalité.
Remarquons bien que toutes les crises de la République s’entremêlent,
car un peuple sans morale banalise tout acte de violence, lui enlevant
toute qualité morale et lui laissant juste le côté matérialiste. Ainsi
la crise morale entraîne la crise intellectuelle et conduit au chaos
d’abord dans les esprits puis dans les faits. Nous aurions pu également
choisir les groupes de pression homosexuels, qui font passer un acte
privé sur le devant de la scène, et tentent d’imposer des valeurs contre
natures au monde de la politique et à la société. Ainsi le mariage, dont
le but final est d’avoir des enfants, impossible dans ce cas de figure.
Ou encore l’adoption, alors qu’il apparaît comme évident qu’il faut pour
la stabilité de l’enfant un père et une mère, et non pas deux pères ou
deux mères selon le cas.
La crise de la souveraineté.
Remarquons maintenant une autre crise, celle de la
souveraineté. En effet, la République une et indivisible est censée
assurer l’intégrité de la France et son unité. Cela s’était traduit par
un jacobinisme ultra par le passé, au prix de la disparition des
cultures des pays qui forment la France. Mais de nos jours, la
République prend le penchant totalement inverse, se lançant avec
assurance vers la construction européenne fédéraliste, au mépris total
des réalités concrètes. On n’uni pas la France et l’Italie comme le
Texas et l’Ohio. Les Etats-Unis se sont formés sur des terres totalement
vierges ou presque, l’Europe se fonde sur des nations fondamentalement
différentes, qui se sont longtemps fait la guerre, et ont déjà des
siècles d’histoire derrières elles. D’abord économique, pour relever les
défis de l’avenir, l’Europe est devenue politique, au mépris de ses
fondements et surtout de la diversité de ses peuples. La république au
milieu de tout cela, ne peut qu’accepter, car il s’agit de l’ouverture
internationale qui est sa vocation, mais en revanche, cela se fait au
prix de l’éclatement de la France, qui déracinée par rapport à son
histoire et ses diversités, depuis le XIXe siècle. Elle ne se reconnaît
plus dans un souverain, qui est censé l’incarner, elle ne se reconnaît
plus dans l’autorité et enfin, elle ne se reconnaît plus dans ses
valeurs morales. Ainsi la République abstraite ne peut pas faire
l’Europe et la France en même temps, car elle n’a pas d’image concrète
et humaine pour se représenter, grande supériorité en l’occurrence de la
monarchie qui par conséquent, peut accepter la décentralisation réelle
de la France, mais aussi l’Europe de demain, car il s’agit là d’un
pouvoir à visage humain où la France peut se représenter et se
ressourcer. Enfin et surtout, la monarchie incarne un lien entre le
présent et le passé, permettant d’aborder le futur sur de meilleures
bases.
La crise de l’unité.
Comme nous l’énoncions déjà plus haut, il y a le
problème de la décentralisation, qui provoque une crise de rapport à
l’unité nationale. En effet, comment la République après 200 ans de
Jacobinisme et une mentalité destructrice de tous les particularismes,
c’est-à-dire de tout ce qui n’est pas elle, pourrait-elle accepter une
France décentralisée et donc potentiellement différente d’un lieu à
l’autre ? Le principe est le même que pour la crise de la souveraineté,
en ce qui concerne le roi.
La crise de l’identité.
La crise de l’unité nous amène à parler de celle de
l’identité française. En effet, en France il ne s’agit pas de défendre
son pays ou ses valeurs, mais la République. Problème terrible, car
treize siècles du passé Français se retrouvent ainsi niés. Le citoyen,
n’a alors plus de repère dans le temps, si ce n’est celui de la
République, qui a remis en cause les valeurs ancestrales sans vraiment
les remplacer, provoquant alors le phénomène de la crise de l’identité.
Face aux défis modernes, tels que l’immigration ou l’Europe, le français
n’a plus de repères stables où il pourrait se positionner.
La crise politique.
Toutes ces crises successives, amènes à ce que
l’auteur du royalisme en question appelle la crise politique, constat du
divorce actuel entre le peuple et ses dirigeants politiques. Les forts
taux de l’abstention électorale illustrent cette désaffection des
Français pour le débat idéologique, qui pourtant gère leur vie de tous
les jours. Yves-Marie Adeline estime également que la représentation
politique n’est pas sincère, car s’attachant à des problématiques
lointaines, qui ne concernent pas le bien commun ou ne répondent pas à
des idées concrètes. Ainsi les communistes proposent d’atteindre le
bonheur des peuples par la mise en commun des moyens de production, le
passé récent nous a montré combien cette utopie pouvait être terrible
dans l’asservissement des peuples. Il y a également le cas de formations
qui se mêlent de problèmes sans rapports avec leur fond de commerce
initial, tel les écologistes qui se sont investis dans un combat sur le
mariage des homosexuels, ou les chasseurs qui revendiquent des positions
souverainistes et une politique qui dépasse la seule protection de la
chasse. Ceci se comprend, car pourquoi voterait-on pour le parti de la
défense des oiseaux et celui de la défense des chasseurs, si ils ne
proposaient pas autre chose. Nous trouvons bien là, la marque flagrante
de l’insincérité du combat politique moderne. Nous remarquons également
en corollaire à cette crise politique permanente, l’instabilité des
gouvernements et donc du pouvoir, preuve du mécontentement des peuples.
Mais malgré l’instabilité, il faut bien que la machine étatique tourne,
l’état passe alors aux mains des hauts fonctionnaires, qui font ainsi de
la république, une oligarchie. Ensuite remarquons que le pouvoir
s’acquiert sur des bases idéologiques et non concrètes, ainsi une
personne n’est pas élue pour ses capacités mais pour ses idées ou une
image, une émotion, preuve une nouvelle fois de l’imposture politique.
Nous ne nous attarderons pas sur le partage du gouvernement entre les
membres du parti vainqueur, car il répond aux même critères d’idées et
non de pratique.
La crise sociale.
La crise sociale rejoint la crise morale sur bien des
aspects, ou plutôt en est une des conséquences. Nous connaissons à peu
près la proportion importante de chômeurs ou de pauvres de notre
société. L’auteur en est venu à se demander pourquoi les populations ne
se révoltaient pas contre cet état de fait. Tout d’abord il y a le
travail des femmes, qui permet lorsque l’homme est au chômage de
maintenir l’équilibre financier du ménage, et vice versa quand la femme
a perdu son emploi. Autre phénomène important et nouveau, la télévision,
qui permet de mieux tenir les esprits, par un bourrage de crane
permanent, rendu possible par la "magie" des images, et l’activité
passive et réconfortante de ce monde idéal vu à travers le prisme
déformant du petit écran. "c’est vrai parce que c’est passé à la
télévision". Ainsi l’homme peut être persuadé des pires choses
uniquement grâce à cette arme de la société du loisir. Par exemple le
vagabond devient un SDF, ou encore il n’existe aucune race et nous
sommes tous pareils, malgré bien sûr les différences de traits bien
constatables et bien réels que l’on constate d’un peuple à l’autre. La
télévision n’est pas seule en cause, il y a également nos manuels
scolaires, grands véhiculeurs d’idées, que l’enfant influençable avalera
d’autant plus facilement qu’il entend les mêmes choses à la télévision.
Seule cette maîtrise de la manipulation des esprits permet aux hommes de
rester chez eux, sans admettre le chômage galopant, les suicides
nombreux, les barres d’immeubles où vivent des populations nombreuses
dans des appartements minuscules et loin de toute nature, enfin sans
admettre 150 ans de mensonge idéologique. Seulement, cette politique
développe les égoïsmes particuliers, et empêche la société de se
réformer, préparant à la génération qui vient des lendemains malheureux,
avec des problèmes quasiment insolubles au niveau des retraites par
exemple.
La crise culturelle.
Une autre crise touche directement les jeunes
générations et est le résultat de toutes les autres. La crise
culturelle. En effet, nul ne peut nier de nos jours, la montée de
l’analphabétisme, ou encore la fuite des talents, enfin, dans un soucis
d’homogénéités, le nivellement par le bas au sein de notre société. Au
lieu d’enseigner à l’enfant les solides principes de base de l’écriture
et du calcul, on préfère faire des élèves de bons petits citoyens, gavés
d’idéologie républicaine, qui ne leur sera d’aucun secours dans
l’avenir, alors qu’ils sentiront cruellement leur manque en matière
d’orthographe et de calcul, ou même d’histoire et d’art. Provoquant
l’abrutissement des masses, et la culture du laid. Ainsi on en revient
toujours au même problème.
L’auteur alors pose une question essentielle, après
avoir énoncé ces crises, en quoi la royauté pourrait-elle changer les
choses, une république veillant au bien commun et de bonne volonté ne
ferait-elle pas le travail très bien elle-même ? L’inconvénient est que
le mal est propre au régime, comme nous l’avons vu. Et nous avons
également remarqué par endroit, ce que la royauté apportait de plus. Ne
serait-ce que parce que la royauté est un régime beaucoup moins crispé
dans ses idéologies que la République, et donc beaucoup plus souple.
La Philosophie royaliste.
Avant d’achever cette première conférence, il nous
reste à aborder le dernier point du début de la réflexion du royalisme
en question, la philosophie ou plutôt les philosophies royalistes.
Yves-Marie Adeline pour fonder sa réflexion, passe en effet en revue
certains philosophes royalistes, Hérodote, Saint Thomas d’Aquin, Bodin,
Pascal, Bossuet, Vico, Bonald, de Maistre, Maurras... Il passe en revue
leurs différentes manières de concevoir la royauté, et met en relief
leur but commun, "la création d’un prince pour incarner le principe
commun et salutaire, une personne qui donne un corps à l’idée [...]."
Hérodote, tout d’abord, parmi d’autres philosophes grecs, proposent
l’idée d’un roi sur le modèle perse, mais régnant sur un état encadré
par un corpus de lois dépassant la volonté des hommes et donc du roi.
nous voyons déjà une conception de la monarchie très proche de la nôtre,
où le roi dispose de grands pouvoirs, sur le modèle oriental, mais est
contraint par un certain nombre de lois, qui évite d’en faire un tyran,
sur le modèle occidental.
Saint Thomas d’Aquin lui, propose un roi en s’appuyant
sur des règles logiques, il faut un chef, comme "les abeilles n’ont
qu’une reine" comme "il n’y a qu’un Dieu". Mais là encore, le penseur
nous montre un roi soumis aux lois, et qui plus est, nouvelle
supériorité, un roi chrétien, égal des autres hommes devant Dieu. Ce en
quoi, Saint Thomas d’Aquin est très proche du type de monarchie qui
l’entoure. Bodin lui aussi, développe la même idée de la monarchie, mais
cette fois il y rajoute un style tout Louis-quatorzien, avec quelques
siècles d’avance, où les grands du royaume sont mis au pas. Le
janséniste Pascal, lui aussi, a développé toute une idée royaliste, en
reprenant les vieilles théories et en y rajoutant un élément nouveau. Il
n’attend pas l’homme providentiel, le roi hors du commun, lui aussi
désir la primauté du " principe sur le prince", car "rien ne permet de
légitimer vraiment un chef, pas même son excellence." Bossuet lui, n’a
rien inventé de nouveau à proprement parler, son génie réside dans le
fait de réaffirmer les vieux principes de la monarchie, développés au
fils des siècles par les penseurs précédents, et qui se sont vus
appliquer tout au long de notre histoire. Le philosophe italien Vico,
lui, en revanche, est peut-être le penseur le plus original de ceux
cités jusqu’à présent. Il développe l’idée que l’histoire de l’humanité
est divisée en trois âges, l’âge des dieux, l’âge des héros et l’âge des
hommes. Pour lui, plus l’humanité progresse dans ces âges et plus
l’homme s’affranchi et va vers les libertés et un monde juste où les
hommes sont sous leur propre "empire". Entre l’âge des héros et l’âge
des hommes, il y a une période de transition, où se développent des
régimes républicains et démocratiques, qui élaborent des concepts
nouveaux de Liberté. Au final, nous retournons vers la monarchie, car
les régimes démocratiques se tuent eux-mêmes, une monarchie où s’ajoute
tout ce que les démocraties ont pu créer de bien, ainsi naît "la
monarchie rationnelle". Il est intéressant de remarquer que ce concept
original et totalement d’actualité a été développé en 1785.
Bonald, grand théoricien de la monarchie, ne développe
pas d’idées nouvelles, mais comme Bossuet, il réaffirme et couche sur le
papier des principes déjà existants. Ainsi l’idée d’un roi chrétien, ou
celle d’une tête de l’état forte et d’une base souple pour permettre
plus de libertés au peuple, estimant que lorsque l’absolu se met à la
tête, la souplesse peut se mettre à la base, et inversement quand la
démocratie se met à la tête de l’état, développant un système tyrannique
à la base. Yves-Marie Adeline a déjà développé cette idée plus haut,
nous ne nous attarderons donc pas dessus.
Joseph de Maistre quant à lui, a surtout remis en
cause les principes du rousseauisme, estimant qu’il devait y avoir tout
un corpus de principes, dépassant la volonté même des hommes, et
permettant ainsi de préserver l’ordre moral.
Maurras enfin, reformule les vieux principes de la
monarchie, et éveil une nouvelle conception du royalisme, où celui-ci
ramène à lui les nationalistes, la monarchie devenant "le nationalisme
intégral". Mais dans les grandes lignes, malgré cette étiquette très
marquée, Maurras demeure un royaliste très traditionnel dans les
principes qu’il avance, regroupant dans sa pensée les idées de saint
Thomas d’Aquin, de Bossuet et de Bonald.
Gabriel Dubois, Alliance Royale Jeunes