Le dalaï-lama, chef spirituel en
exil des Tibétains, a estimé samedi qu'il était "trop tôt" pour dire
si les guerres en Afganistan ou en Irak avaient des effets positifs ou
négatifs.
"La seconde Guerre mondiale et la
guerre de Corée, même si elles ont causé d'immenses destructions, en
particulier la seconde Guerre mondiale avec l'usage de la puissance
nucléaire, ont eu en fin de compte un effet positif", a déclaré le
prix Nobel de la Paix 1989, lors d'une rencontre avec le public à
Edimbourg (Ecosse).
"La seconde Guerre mondiale a
protégé les valeurs et la civilisation occidentales. De jeunes
Coréens ne sont pas d'accord avec moi, mais à mon avis la guerre de
Corée, malgré ses immenses destructions, a sauvé la Corée du Sud, lui
a amené le développement économique et en fin de compte la démocratie
et la liberté", a-t-il poursuivi.
"Pour les guerres d'Afghanistan et
d'Irak, il est trop tôt pour le dire. Seule l'Histoire nous dira si
elles ont apporté du positif ou du négatif. Je ne sais pas. Il est
trop tôt pour le dire", a-t-il ajouté.
"En théorie", la religion
boudhiste autorise l'emploi de la violence "dans certaines
circonstances", "dans un objectif bon", s'il s'agit de protéger les
intérêts et la vie de la majorité de la population, a-t-il
observé.
"En pratique, la violence crée
toujours des problèmes. L'usage de la violence peut règler certains
problèmes, mais en crée d'autres", a poursuivi le religieux tibétain.
"Le mieux est donc toujours de
faire des compromis, de régler les problèmes par la négociation, le
dialogue, la réconciliation. Même si vous n'obtenez pas totale
satisfaction, il n'y a pas d'effets secondaires", a-t-il dit.
"Le monde actuel est interdépendant,
du point de vue de l'économie et de l'écologie. Le monde devient une
seule entité, un seul corps", a-t-il dit, et dans ce monde les
problèmes doivent être réglés par des "moyens non-violents", et "le
compromis".
"Parfois les gens ont l'impression
que le monde devient plus violent. Je ne le crois pas", a-t-il dit,
relevant notamment que "après l'écroulement du mur de Berlin, le réel,
grave danger d'holocauste nucléaire a disparu".
"De manière générale, malgré
certains problèmes, la violence, y compris le terrorisme, le monde
devient plus sûr, plus pacifique", a-t-il estimé.