la famille .... typologie .... d'après Emmanuel Todd, Bernard Lugan ...

Dossiers : la famille

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Présentation :...

 

Extraits :  

 

   La famille en Afrique continentale .....La société africaine a vu ses structures traditionnelles complètement bouleversées par la colonisation, l'influence chrétienne et l'influence musulmane. Du point de vue africain, le christianisme, basé sur la notion de salut individuel, est plus difficile à comprendre en profondeur par des sociétés intrinsèquement communautaires. C'est pourquoi, en Afrique, les manifestations chrétiennes sont davantage tournées vers l'exubérance collective que vers la méditation et l'ascèse individuelle.

.....l'individu au sens occidental du terme n'existe pas, deuxièmement tous les Africains veulent avoir une nombreuse progéniture.*

..... .... Dès sa nomination ( comme haut fonctionnaire) , il fait venir tout son village, car il a le sentiment d'en être responsable. Dès lors, ne peut se créer ce que les marxistes appellent « l'accumulation capitaliste» puisque ce jeune homme brillant ne va pas investir ce qu'il gagne, mais en faire profiter toute sa communauté. 

 

 Pour les jeunes Maghrébins, la famille ne revêt pas la même réalité.   Cette mission est plus largement dévolue à une communauté qui n’est pas celle de la famille mononucléaire, mais, au contraire, polynucléaire, intégrant toute une large parenté ou même un environnement de voisinage.

 

 

en z relations ....

La mondialisme économique et la nation ... par Emmanuel Todd

la famille traditionnelle ... cellule de base de l'humain ... en Europe      découverte représente le plus ancien indice génétique moléculaire connu d'une cellule familiale dans le monde.

ces communautés initiatrices

 


 

 

n   La famille en Afrique continentale

Auteur:  Bernard Lugan interrogé par la Nouvelle Revue de l'Histoire

A paraître en janvier 2009: Histoire de l'Afrique des origines à nos jours, Ed. Ellipses. Un ouvrage de 1300 pages, 180 cartes. Il s'agit d'une histoire générale de l'Afrique et de ses peuples, depuis dix mille ans jusqu'à l'époque la plus récente.

Source:  Nouvelle Revue de l'Histoire N° 40 Janvier 2009

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EXTRAIT

N RH : Pourriez-vous définir les règles de vie des grandes familles africaines?

BL : En général, l'Afrique respecte la force et l'autorité, ainsi que les hommes qui ont une importante puissance de reproduction.

NRH : La nature de l'homme africain a-t-elle changé?

BL: La société africaine a vu ses structures traditionnelles complètement bouleversées par la colonisation, l'influence chrétienne et l'influence musulmane. Du point de vue africain, le christianisme, basé sur la notion de salut individuel, est plus difficile à comprendre en profondeur par des sociétés intrinsèquement communautaires. C'est pourquoi, en Afrique, les manifestations chrétiennes sont davantage tournées vers l'exubérance collective que vers la méditation et l'ascèse individuelle.

NRH : L'affaire de l'Arche de Zoé a révélé l'abîme qui séparait les conceptions européo-occidentales de la famille de celle des Africains. Pourriez-vous revenir sur ces événements qui ont suscité l'indignation en Afrique?

BL : L'affaire de l'Arche de Zoé prouve une méconnaissance totale de l'Afrique. L'enfant y appartient autant au groupe qu'au couple. La famille africaine n'est pas composée du père, de la mère et des enfants: c'est un ensemble de parents ou même de voisins, souvent d'ailleurs membres d'un même clan ou d'un même lignage. Cet ensemble ancre ses solidarités sur les générations antérieures et se projette sur les générations à venir dans une continuité historique, étrangère à la mentalité individualiste qui est devenue celle de l'Occident. En Afrique, la progéniture des voisins est considérée à l'égal de la sienne.

NRH : Vous insistez toujours sur le terme «les Afriques », mais il semble à vous lire qu'il y ait cependant des constantes africaines fondamentales. Quelles sont-elles?

BL : Premièrement, l'individu au sens occidental du terme n'existe pas, deuxièmement tous les Africains veulent avoir une nombreuse progéniture. Les raisons sont historiques car l'Afrique d'avant la colonisation était un monde de basse pression démographique, en raison d'endémies récurrentes et de récoltes faibles. Pour compenser les pertes liées à la surmortalité infantile, il fallait avoir des enfants, souvent plus de vingt ou de trente, avec plusieurs femmes. La qualité primordiale de l'homme était la puissance génésique et celle de la femme, sa capacité reproductrice. Dans cette logique de survie, la colonisation a introduit la sécurité, la médecine moderne, la vaccination et les nouvelles cultures agricoles avec pour résultat la surpopulation. Or, cette nouveauté n'a pas entraîné un changement dans des mentalités ancrées dans la longue durée et qui se résumaient à une idée simple: pour défricher, il faut des bras et comme, pour survivre, il faut défricher, il est donc impératif d'avoir une nombreuse progéniture. La philosophie africaine de la virilité s'enracine dans cette réalité selon laquelle l'homme africain n'existe que s'il a beaucoup d'enfants. Si une femme est stérile, elle est répudiée.

NRH : Pourquoi des classes moyennes ne se sont-elles pas développées comme dans les anciennes colonies asiatiques?

BL : Parce que l'Africain est solidaire de son groupe. Prenons le cas d'un jeune enfant africain issu d'un village de brousse où se trouve une école tenue par des missionnaires. Ces derniers le remarquent pour son intelligence et donc le poussent à poursuivre un cursus universitaire. Après quelques années et de brillantes études, il devient haut fonctionnaire. Que se passe-t-il ? Vous allez me dire : il va se marier et fonder une famille sur le modèle occidental. Eh bien, non. Dès sa nomination, il fait venir tout son village, car il a le sentiment d'en être responsable. Dès lors, ne peut se créer ce que les marxistes appellent « l'accumulation capitaliste» puisque ce jeune homme brillant ne va pas investir ce qu'il gagne, mais en faire profiter toute sa communauté. Et plus il fera vivre de monde, plus il en attirera. Il se retrouve ainsi en charge de cinquante personnes. La pauvreté n'est pas du tout la même qu'en Europe. Il existe toujours un cousin ou un oncle qui a un poste en ville. On ne meurt pas de faim en Afrique, sauf en cas de famine généralisée.

NRH : Comment expliquez-vous l'explosion des villes africaines et son corollaire de pauvreté?

BL : La colonisation au nom du développement, idée totalement occidentale, a voulu modifier le socle social et familial de l'Afrique. Donc, tout a été fait pour développer les villes.

Ce qui était insensé. En Europe, la ville ou la cité fait depuis toujours partie de notre réalité. Au sud du Sahara, à l'exception de l'Éthiopie, il n'existait pas de ville. Les exemples de villes africaines précoloniales sans influence arabe ou européenne sont très rares. Nous sommes dans un système de gros villages. L'urbanisation forcée a eu pour conséquence l'exode

rural. Les seuls producteurs de richesses, les agriculteurs, ont cessé de produire et sont devenus en ville des consommateurs. Cessant de produire, ils se sont retrouvés dépendants de

l'aide extérieure. Cette aide n'a cessé d'augmenter puisque les villes risquaient à tout moment d'imploser en raison de l'explosion démographique. L'Afrique a ainsi été vidée de sa substance vive qu'étaient les agriculteurs qui sont devenus des assistés.

NRH : Vous dites souvent que la colonisation ne fut qu'une brève parenthèse dans l'histoire africaine. Pouvez-vous expliquer? LB: À l'exception de l'Algérie et de la pointe australe du continent, l'Afrique commence à être partagée après 1880. La décolonisation, elle, commence au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. La période coloniale représente donc la durée de vie d'un homme. La colonisation n'est qu'un bref éclair dans la longue histoire africaine, et c'est pourquoi il est faux de lui attribuer tous les malheurs du continent. Dans tous les cas, elle n'a pas changé en profondeur les mentalités, même si ses conséquences sociales et politiques furent et sont considérables. 

La Nouvelle Revue d'Histoire

Pour les jeunes Maghrébins, la famille ne revêt pas la même réalité.

BERNARD STASI SUR L'IMMIGRATION (2)

« Pour les jeunes Maghrébins, la famille ne revêt pas la même réalité. Le foyer musulman (si tant est que cette notion soit exacte pour une tradition qui admet la polygamie) n’exerce pas la même fonction d’initiation première. Cette mission est plus largement dévolue à une communauté qui n’est pas celle de la famille mononucléaire, mais, au contraire, polynucléaire, intégrant toute une large parenté ou même un environnement de voisinage. En outre, dans la tradition musulmane qui n’intègre pas le seul ordre de la foi religieuse, mais toutes les normes de l’organisation sociale et politique, l’éducation coranique prend une place considérable.
Or, les conditions concrètes de la vie des immigrés n’ont pas permis de reconstituer en France les structures mêmes de ces communautés initiatrices telles qu’elles existaient dans les pays d’origine. »

Bernard STASI, L’Immigration : Une chance pour la France, Éditions Robert Laffont, 1984, pp. 86-87.

 

 

 

 

 

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