La moitié de la population mondiale est citadine ....

Dossiers : démographie

Extraits :   C'est un fait majeur : la pauvreté en ville est devenue aussi importante que dans les campagnes, et le modèle urbain - qui suppose une amélioration du niveau de vie - semble ne plus fonctionner : c'est que "rares sont les villes des pays en développement qui créent suffisamment d'emplois pour répondre à la demande de leur population croissante".

 

"Les politiques (...) imposées par le FMI et la Banque mondiale ont continué à entraîner l'exode du surplus de main-d'oeuvre rurale vers les bidonvilles urbains, alors même que les villes cessaient de fonctionner comme des machines à créer de l'emploi, écrit-il dans Le pire des mondes possibles

 

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Auteur:   Hervé Kempf

Source:  LE MONDE | 27.06.07 |

 

Les bidonvilles rassemblent ainsi 1 milliard d'humains, un sixième de la situation mondiale, qui vivent dans des conditions précaires, dans un environnement insalubre, caractérisé notamment par une eau rare et chère, et dans des structures sociales souvent disloquées dont témoigne la "prolifération des enfants des rues et des orphelins sans abri".

C'est un fait majeur : la pauvreté en ville est devenue aussi importante que dans les campagnes, et le modèle urbain - qui suppose une amélioration du niveau de vie - semble ne plus fonctionner : c'est que "rares sont les villes des pays en développement qui créent suffisamment d'emplois pour répondre à la demande de leur population croissante".

"ILOT DE CHALEUR"

Pourtant, constate le rapport, "lorsque les populations rurales migrent vers les villes, elles font un choix rationnel". En effet, explique Jacques Véron, chercheur à l'Institut national d'études démographique, "on pense toujours qu'on trouvera mieux en ville, sans compter que la division à chaque génération des parcelles cultivables dans les campagnes les rend trop petites pour qu'elles soient viables". Pour l'essayiste américain Mike Davis, si l'urbanisation continue malgré la misère en ville, l'explication est à chercher dans l'absence de soutien à l'agriculture : "Les politiques (...) imposées par le FMI et la Banque mondiale ont continué à entraîner l'exode du surplus de main-d'oeuvre rurale vers les bidonvilles urbains, alors même que les villes cessaient de fonctionner comme des machines à créer de l'emploi, écrit-il dans Le pire des mondes possibles (éd. La Découverte). Les villes ont tout simplement récolté les fruits de cette crise agraire mondiale."

L'autre caractéristique de la nouvelle révolution urbaine est que son impact environnemental est maintenant très perceptible. D'une part, les villes subissent les nuisances environnementales créées par leur développement mal contrôlé. Les pauvres en sont les premières victimes. Mais le changement climatique va aussi aggraver les conditions de vie, en augmentant le phénomène d'"îlot de chaleur" que génère la concentration urbaine, en altérant les cycles hydrologiques locaux, en multipliant les inondations ou les glissements de terrain. Une menace nouvelle est constituée par l'élévation du niveau de la mer, alors que 13 % de la population urbaine vit dans les zones côtières, et que les migrations vers les côtes continuent, comme en Chine.

Mais la ville physique est aussi facteur de dégradation de l'environnement. L'étalement urbain, observable dans tous les pays, dévore les terres agricoles et, par les transports qu'il multiplie, génère une pollution atmosphérique importante et l'émission de gaz à effet de serre. "Les modes actuels de croissance urbaine sont de plus en plus gros consommateurs de terre, note le Fnuap. La densité urbaine moyenne est en baisse depuis deux siècles." Cette évolution résulte des "styles de vie et des valeurs liés aux modes de consommation américains (qui) ont apparemment eu une influence sur les préférences des autres régions". Les experts considèrent maintenant, comme le résume Jacques Véron, qu'une "ville durable est une ville compacte".

Mais cela ne peut se faire sans une politique active, note le Fnuap : "Il n'y a pas de main invisible qui viendra ordonner la croissance urbaine conformément aux besoins sociétaux, aux responsabilités intergénérationnelles et aux exigences de l'égalité des sexes." Le Fonds plaide ainsi pour une relance des politiques urbaines, qui accepte le phénomène des migrations et améliore leur accueil. Mais les Etats du tiers-monde en ont-ils les moyens, alors que d'autres agences internationales, et notamment la Banque mondiale, jugent nécessaire de redonner de la vigueur aux politiques de soutien à l'agriculture ? La contradiction ne peut être levée que par une action déterminée de la communauté internationale.

 

Chiffres

Plus de 50 % de la population mondiale vit en ville en 2007, estime le Bureau de la population de l'ONU, cité dans le no 435 de Population et sociétés, le bulletin de l'INED, qui vient de paraître. Ce taux était de 29 % en 1950.

L'urbanisation varie selon les continents : 81 % en Amérique du Nord, 78 % en Amérique latine, 74 % en Europe, 41 % en Asie et en Afrique.

51 % des citadins vivent dans des villes de moins de 500 000 habitants, 9 % dans des mégapoles dépassant 10 millions d'habitants.

En Chine, 18 millions de campagnards migrent chaque année vers les villes.

 

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