Corrélations quantiques....

Dossiers :

Présentation :...

Nouvelles perspectives sur la Matière, la Lumière et l’Univers
 
2 juin 2007, 14h - 18h Sorbonne
Avec Gilles Brassard, informaticien et Professeur à l’Université de Montréal, Bernard d’Espagnat, physicien. Professeur honoraire à l’Université Paris XI. Membre de l’Académie des Sciences Morales et Politiques, Jiang Sheng, directeur de l’Institut de Science et Religion et des Etudes sociales de l’Université de Shandong, Antoine Suarez, expert en bioéthique et chercheur en physique quantique, Trinh Xuan Thuan, astrophysicien, professeur à l’Université d’état de Virginie à Charlotteville, Vice-Président de l’UIP.
En partant du rôle de la lumière en physique et en astronomie, thème abordé par Trinh Xuan Thuan dans son dernier ouvrage Les voies de la lumière : physique et métaphysique du clair-obscur, et après un détour par les anciennes conceptions que les taoïstes avaient de la lumière qui seront présentées par Jiang Sheng (traduction consécutive chinois-français), nous aborderons avec Gilles Brassard et Antoine Suarez quelques-unes des recherches actuelles les plus fascinantes en physique quantique, où les photons, particules de lumière, jouent un rôle central. Seront également abordés des concepts comme la téléportation ou la cryptographie quantique, qui débouchent sur des applications qui paraissaient auparavant impossibles, ou la non-localité dans des situations dites relativistes, ce qui nous amènera à remettre en cause l’idée que le temps s’écoule dans le monde quantique. Enfin, Bernard d’Espagnat fera le point sur la façon dont ces développements renforcent la conception d’un « réel voilé » ou d’un « réalisme non-physique ».

 

 

Extraits :  

m

 

en z relations .... synchronicité .... l'homenMULTETUN ...

 

n  

Source:  www.quantumphil.org/communique_de_presse.doc

Date : Genève, le 31 octobre 2001    

Corrélations quantiques insensibles à l’espace et au temps

Nicolas Gisin, André Stefanov, Antoine Suarez, Hugo Zbinden

 

Des expériences réalisées à Genève entre octobre 1997 et octobre 2001 apportent  une nouvelle  confirmation de la théorie quantique et posent des questions  cruciales sur  la nature du monde physique.

 

Ces expériences sont l'aboutissement d'une collaboration entre :

·        le Groupe de Physique appliquée de l'Université de Genève, représentée par le professeur Nicolas Gisin, et

·        le Dr Antoine Suarez  (Center  for  Quantum  Philosophy of Geneva)

 

Elles ont été sponsorisées par :

·        la Fondation Odier de Psycho-physique, représentée par son président le Dr Marcel Odier, qui, étudie les divers domaines touchant  à  la  transmission  de  l'information.

 

La mécanique quantique est la théorie physique qui décrit le monde des atomes et des particules élémentaires, telles que les électrons, protons, ainsi que les « particules de lumière », appelées photons. Selon cette théorie, un système physique constitué de plusieurs particules doit parfois être considéré un seul objet, non décomposable en ses éléments: le tout est plus que la somme des parties. Ainsi, par exemple, le système “atome d’hydrogène”, bien que formé d’un proton et d’un électron, constitue un objet unique. Cet aspect de la mécanique quantique est particulièrement frappant quand le système étudié est constitué de deux photons distants de plusieurs kilomètres.

 

De tels photons peuvent être crées par une source de lumière très particulière, puis guidés par des fibres optiques vers deux laboratoires distants. Dans chaque laboratoire, un physicien peut analyser « son » photon à l’aide d’appareils de mesure. Pour simplifier, considérons que chacun des deux physiciens n’a le choix qu’entre trois appareils de mesures et que chaque appareil ne peut produire qu’un résultat binaire, c’est-à-dire du type oui/non. L’expérience est répétée un grand nombre de fois. A chaque fois, chaque physicien utilise son libre arbitre afin de choisir un des trois appareils de mesures à sa disposition. La mécanique quantique prédit, et l’expérience confirme, que pour certains systèmes physiques, tels que nos deux photons, à chaque fois que les deux physiciens font le même choix d’appareil de mesure, les photons donnent la même réponse : ces résultats sont donc fortement corrélés.

 

Des corrélations entre des événements sont choses courantes dans notre quotidien. Pour les scientifiques l’observation de corrélations est à la base des données empiriques à partir desquelles ils construisent leurs théories. Dans le monde de tout les jours (non quantique), les corrélations entre les photons décrites ci-dessus peuvent s’expliquer de deux manières. Premièrement, on peut imaginer que les réponses fournies par les photons auraient été décidées à l’avance : c’est l’explication par « causes communes ». Par exemple, deux ordinateurs peuvent indépendamment l’un de l’autre produire le même résultat s’ils exécutent le même programme (la cause commune est dans ce cas le programme). En 1964, John Bell, un physicien Irlandais travaillant alors au CERN à Genève, a montré que la mécanique quantique prédit certaines corrélations incompatibles avec ce type d’explication, ce sont les célèbres « inégalités de Bell ». Depuis, de nombreuses expériences ont réfuté l’explication des « causes communes». En particulier, une expérience réalisée en 1997 par le Groupe de Physique Appliquée de l’Université de Genève avec des photons voyageant par les fibres optiques de Swisscom, et analysés à Bernex et à Bellevue [1].

 

Une deuxième explication naturelle des corrélations observées suppose que les deux photons communiquent dès qu’ils sont analysés : le premier photon analysé communique son choix au deuxième photon. Une difficulté de cette explication est le principe d’Einstein qu’aucune information ne peut être communiquée plus rapidement que la lumière. Or, l’expérience mentionnée ci-dessus entre Bernex et Bellevue a démontré que cette hypothétique communication devrait se propager à une vitesse au moins un million de fois plus rapide que la lumière [2,3,4]! En fait, cette difficulté n’est pas fatale. En effet, seule la vitesse de l’information est limitée par le principe d’Einstein. Dans le cas des photons, l’information du choix du premier photon n’est pas contrôlable par le physicien: le choix est celui du photon et de l’appareil de mesure, le physicien ne peut qu’observer le résultat et non l’influencer. Une liaison téléphonique n’est utile que si l’émetteur peut choisir l’information reçue par le récepteur. Dans le cas du « téléphone quantique », les deux personnes connectées n’entendent que du bruit sans aucune signification, mais il s’agit exactement du même bruit. Ainsi comme il n’y a pas d’information utile voyageant plus vite que la lumière, le principe d’Einstein n’est pas violé.

 

Afin de tester cette deuxième explication des corrélations entre les photons, les Dr Antoine Suarez et Valerio Scarani ont proposé en 1997 une expérience alliant théorie quantique et la relativité du temps [5]. Rappelons que selon la théorie de la relativité d’Einstein, l’ordre chronologique de deux événements peut dépendre de la vitesse de l’observateur. Suarez et Scarani ont donc proposé une expérience dans laquelle les appareils de mesure qui analysent nos deux photons sont en mouvement de telle sorte que selon l’appareil de Bernex, le photon de Bernex est analysé avant celui de Bellevue. Mais simultanément, selon l’appareil de Bellevue, le photon de Bellevue est analysé avant celui de Bernex ! Dans une telle configuration, aucun des deux photons n’est analysé en second, donc aucune communication n’est possible, quelle que soit la vitesse hypothétique. Suarez et Scarani concluent que dans ce cas de figure les corrélations devraient disparaître alors que la mécanique quantique prédit la subsistance des corrélations. Ces expériences ont donc le mérite de tester pour la première fois l’insensibilité au temps des corrélations quantiques.

 

En 1997 Antoine Suarez propose au Prof. Nicolas Gisin de réaliser cette expérience, avec le soutien financier de la Fondation Odier de Psycho-physique. Après s’être assuré qu’aucune expériences déjà réalisées ne s’appliquent à ce cas de figure, le Prof. Nicolas Gisin, son proche collaborateur le Dr Hugo Zbinden et André Stefanov, un étudiant en thèse, se mettent au travail. Après quelques résultats intermédiaires, l’expérience cruciale est réalisée en automne 2001 : les photons fournissent des réponses corrélées, comme prédit par la mécanique quantique, même s’ils sont chacun « questionné avant l’autre » [6]! Ce résultat réfute le modèle de Suarez et Scarani. Par là il confirme l’insensibilité au temps des corrélations quantiques [7], et exclut l’explication des corrélations par « communication entre les photons »

 

La mécanique quantique prédit l’existence des corrélations observées et est donc en parfait accord avec les expériences. Toutefois, les expériences récentes marquent une étape dans le  développement de la physique fondamentale. Tout en confirmant les prédictions de la mécanique quantique, elles posent des questions  cruciales sur  la nature du monde quantique.  En effet, elles démontrent que ces corrélations ne peuvent pas être comprises comme des corrélations entre événements, chaque événement résultant d’une chaîne causale : Deux chaînes causales ne peuvent produire des événements corrélés que si elles ont une cause commune (explication réfutée depuis longtemps par l’observation de la violation des « inégalités de Bell »), ou si elles sont reliées par une ou des communications (explication réfutée par nos récents résultats). La conclusion en est que les corrélations au niveau du monde quantique ont leurs causes propres, non réductibles à celles des événements, et elles sont insensibles à l’espace et au temps.

 

[1] W. Tittel, J. Brendel, H. Zbinden, N. Gisin, Physical Review Letters. 81, 3563-3566 (1998)

[2] V. Scarani, W. Tittel, H. Zbinden, N. Gisin, Physics Letters A 276, 1–7 (2000)

[3] H. Zbinden, J. Brendel, N. Gisin, and W. Tittel, Physical Review A, 63, 022111 (2001)

[4] N. Gisin, V. Scarani, W. Tittel, H. Zbinden, 100 years of Quantum theory, Proceedings, Annalen der Physik 9, 831-842, 2000

, Proceedings, Annal. Phys. 9, 831-842, 2000;

[5] A. Suarez, V. Scarani, Physics Letters A 232, 9 (1997)

[6] A. Stefanov, A. Suarez, H. Zbinden, N. Gisin, Physical Review Letters (2002)  88.120404

[7] A. Suarez, http://xxx.lanl.gov/abs/quant-ph/0110124.

 

 

 

page ouverte en  06/07

 

 

haut de page