Benoît XVI, radical, moderne, et comme Boudha
        Paul Badde
        
        
        http://www.welt.de/politik/... 
        
        nAuteur: 
        Paul Badde
        Source:
        
        
        http://benoit-et-moi.fr/2010-I/0455009cf20864101/0455009d150cc6404.html
        
        Date : 
        7.03.2010  
        
        
        Très souvent, on reproche au Pape d'être d'avant-hier.
        Alors qu'il est en réalité d'avant-avant-avant-hier, car Benoît XVI 
        personnifie une tradition vieille de 2000 ans, et de ce fait, il est la 
        cible d'attaques croisées.
        Mais le Pape n'est pas seulement radical et moderne, il est aussi un roc 
        dans la mer des modes passagères.
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        Nous ne sommes pas Pape  ( le titre 
        de la première page du journal " BILD" au moments de l'élection de B 16), 
        et nous ne l'avons jamais été - Dieu en soit loué - que ce soit l'auteur 
        de ces lignes,
        
        Klaus Wowereit (membre du Parti social-démocrate, actuel 
        Maire-gouverneur de la ville-État de Berlin, il est le premier homme 
        politique allemand à avoir ouvertement indiqué son homosexualité, ndt) 
        ou Dieter Bohlen ("roi de la pop allemande"), et c'est aussi bien ainsi.
        Ni Angela Merkel, ni Margot Kässmann (femme- évêque de l’Église 
        protestante du Hanovre, présidente de l'église évangélique d'Allemagne, 
        divorcée
        
        http://www.la-croix.com/... ) n'ont jamais été Papes, encore moins 
        l'ensemble des allemands. 
        Le faiseur de calembours qui a prétendu le contraire a fait un titre 
        génial de page une, mais aussi une boutade, élaborée dans la "fabrique à 
        blagues" de l'école de journalisme de Francfort.
        Nous ne sommes pas non plus devenus français en 1992, quand le Cardinal 
        Joseph Ratzinger a été élu à l'Académie Française.
        
        De même, l'affirmation d'un journaliste de Spiegel que "les 
        allemands auraient perdu en 2005 la foi en l'athéisme" n'a jamais 
        correspondu à la réalité. Cette sensation n'a pu être provoqué que par 
        l'expérience accablante du jour où, sur la Place Saint-Pierre, des 
        fidèles sans dons musicaux particuliers ont prétendu entendre dans les 
        râles du Pape Jean-Paul II quelque chose provenant du choeur des anges.
        
        D'autres furent convaincus, à l'époque de l'élection de Benoît XVI, par 
        l'illusion qu'avec cet évènement, la seconde guerre mondiale s'achevait 
        enfin pour le peuple allemand. 
        Ces idées euphoriques sont à présent dépassées.
        Aujourd'hui, les athées reviennent en force, plus enragés encore 
        qu'avant, comme pour reconquérir le terrain perdu. 
        
        Il est évident que Benoît XVI s'est mis lui même dans la ligne de mire 
        de leurs feux roulants.
        Il ne s'oppose pas.
        Il ne se défend pas.
        Il ne part pas en croisade dans les talk-shows à la télé. 
        Et il n'y a personne qui soit capable d'endiguer ces ingénieurs 
        sociaux de gauche, ces agitateurs dépassés.
        Pas mal d'entre eux gagnent leur pain et leur salaire comme policiers de 
        la pensée et des paroles, et comme gardiens (de prison) d'une nouvelle 
        religion laïque qui, en dehors de Dieu, adore tout ce qui sert à assurer 
        la domination de l'homme sur la vie, sur la mort et sur son destin. 
        Entre eux, ils montent des opérations d'agit'prop contre le 
        dernier bastion qui leur résiste, c'est-à-dire l'Eglise, et le Pape.
        Mais ce qui demeure étonnant pour les observateurs romains, c'est le 
        silence de nombreux courageux héros allemands, qui s'esquivent face aux 
        accusations diffamatoires et démagogiques.
        La Conférence des évêques elle-même, paralysée par la peur, démissionne, 
        et laisse son bureau de presse, au lieu de dire courageusement la 
        vérité, répandre une horrible nouvelle qui fait frissonner toutes les 
        rédactions de Aachen à Passau: ce que Joseph Aloïs Ratzinger, le grand 
        oncle du Pape avait une fois dit au sujet des juifs. Il s'agit là d'une 
        sorte de mauvaise publicité pour le Pape, traversant trois générations. 
        Pourtant, pas un mot d'indignation à ce sujet venant de Berlin. 
        En Italie, pourtant, chaque parole d'importance du Pape entraîne des 
        débats nationaux dans les journaux tant de gauche que de droite.
        Les polonais, quant à eux, en s'identifiant avec leur Pape, sont arrivés 
        à faire s'effondrer le système soviétique depuis Berlin jusqu'au détroit 
        de Bering
        
        Le reproche le plus grave venant de l'extérieur de l'Allemagne et 
        concernant le Pape, c'est qu'après analyse de tous les éléments, il n'en 
        reste en réalité qu'un seul... qu'il est allemand, et de ce fait, qu'il 
        est un antisémite patenté, etc. etc.
        Que les anglais aient émis ce reproche tout de suite après son 
        élection est compréhensible. Mais le fait que cela soit à présent 
        divulgué au pays de la Réforme entraîne qu'à Rome, Varsovie et 
        Paris, on se frotte les yeux de perplexité.
        
        En Allemagne, on n'a pas le droit d'être solidaires du Pape.
        Il est le Pontife le plus moderne qui ait jamais été, par sa 
        brillante érudition de renommée mondiale, et sa doctrine de séparation 
        radicale de l'Eglise et de l'Etat. Il est un Boudha sur le Siège de 
        Pierre, et il est le Pape qui plus qu'aucun autre s'est intéressé en 
        profondeur à la foi des juifs. Il est peut-être le plus oecuménique des 
        Papes (mais bien entendu, pas à n'importe quel prix) même si beaucoup ne 
        le comprendront que si le prochain Pape devait être chinois ou 
        brésilien.
        Mais il est allemand! Et c'est pour cela qu'il nous faut nous intéresser 
        un peu à sa foi.
        
        Tout pour l'esprit tapageur de l'époque.
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        Car les catholiques ne croient pas seulement en un seul Dieu, ils 
        croient en plus, comme conséquence de cette certitude qu'il y a une 
        vérité. Et précisément UNE vérité, et pas deux, trois ou quatre, 
        ou de nombreuses vérités. 
        Et ce qui est vrai ne peut pas être en même temps faux. Même de 
        multiples répétitions ne pourront pas transformer le mensonge en vérité.
        La croyance à l'existence d'une vérité unique est d'ailleurs partagée 
        avec les pieux catholiques par de pieux juifs et de pieux musulmans.
        Cependant, cette croyance catholique, grâce à la liberté religieuse, 
        personne n'est obligé de la partager.
        Dans notre région du monde, le grand écrivain catholique Alexis de 
        Tocqueville admet qu'il a rencontré cette confiance dans la vérité à 
        l'époque moderne. Car, comme contemporain de Karl Marx, il était arrivé 
        à cette conclusion: "je crois. De tous temps, j'aurais aimé la vérité. 
        Mais à l'époque à laquelle nous vivons, je me sens enclin à la vénérer".
        
        Toutefois, sa manière rigide de concevoir la vérité, fait que l'Eglise 
        catholique paraît quelque peu inflexible envers ceux qui ont une opinion 
        un jour, puis une autre le lendemain, et la défendent. Parce que, selon 
        leur opinion, il n'existe pas de vérité valable pour tout le monde. 
        Seulement l'esprit tapageur du temps. Et donc, ils soutiennent ce 
        tapage. Hier, ils étaient communistes, demain ils seront boudhistes, 
        après-demain, peut-être, adorateurs de la lune. D'une certaine façon, 
        c'est humain, trop humain. 
        Moins humaine, toutefois, est la fureur inquisitoriale avec laquelle, à 
        chaque revirement d'opinion, ils redémarrent plein pot! Je ne peux pas 
        nier qu'il y a là deux mondes incompatibles qui s'affrontent. La foi en 
        la vérité (même si elle leur est encore en partie cachée), s'appuyant 
        une reconnaissance de soi-même, constitue un pôle sécurisant qui manque 
        aux vrais athées.
        Il ne peuvent, en dernier recours s'appuyer sur rien, car rien n'a pour 
        eux une consistance sécurisante. 
        Ils voudraient être sûrs d'être du bon côté cette fois, enfin une fois!
        C'est cela qui les hante, et ce n'est pas inoffensif.
        C'est justement contre cela que Joseph Ratzinger, à la veille d'être élu 
        Pape a mis en garde, quand il a évoqué la menace de la dictature du 
        relativisme.
        
        Car celui qui veut aplanir la différence entre la vérité et le mensonge, 
        voudra aussi aplanir d'autre différences. 
        Et pourquoi pas? Quand on peut dire ce qui nous plaît. Tout est relatif. 
        Il n'y a pas de vérité. Il n'y a que ceux qui prétendent qu'elle existe.
        
        Il a 2000 ans, il est Pierre
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        Que reproche-t-on au pape? Qu'il n'en a pas dit assez à Auschwitz à 
        Jérusalem? Qu'est-ce qui est suffisant? Doit-il baisser les bras, et 
        devenir le ministre d'un rite centré sur l'apocalypse totalitaire ?
        La vérité est que l'Eglise catholique n'a pas participé à la criminelle 
        rupture de civilisation du siècle dernier, et n'en est pas responsable, 
        à la différence des nouveaux païens à la mode du XXe siècle.
        
        De ce bouillonnement s'élève aujourd'hui la haine envers le Pape, qui a 
        les mêmes relents que la haine attisée par les nazis contre Pie XII.
        Car Benoît XVI gêne. C'est pour cela qu'on le traite de taliban.
        Et on nous dit aussi que l'homme de la Bavière n'est pas seulement 
        allemand, mais aussi qu'il est "d'avant-hier", dépassé, conservateur. 
        Là, cela devient complètement ridicule.
        Oh que non, les amis! Il n'est pas un homme dépassé, d'avant-hier. Il 
        est d'avant-avant-avant-hier. Il a 2000 ans d'âge. Il est Pierre. Il est 
        galiléen, originaire de Bethsaida, sur le lac de Thibériade. Et c'est 
        pour cela qu'il réconcilie si radicalement l'Eglise avec son authentique 
        tradition apostolique - ininterrompue malgré toutes les ruptures - pour 
        la ramener à sa source, en Jésus de Nazareth, qui dit de lui-même "je 
        suis le chemein de la vérité et de la vie".
        
        Celui qui ne comprend pas cela n'a rien compris à l'Eglise catholique. 
        Benoît XVI s'est voué tout entier, jusqu'à sa peau, jusqu'à la pointe de 
        ses cheveux à l'eternelle vérité du Dieu bienveillant, pour lequel il 
        donne sa vie, comme son prédécesseur l'a fait.
        C'est un homme du passé et de l'avenir.
        Combien d'empires se sont écroulés, dans les derniers 2000 ans. Le Pape, 
        lui, reste. Pierre, dans ce monde, est un roc
         
        
         
         
        
        
        Benoit XVI et 
        moi
        (...) mon intérêt porte avant tout sur Benoît XVI lui-même, c’est 
        joie incessante de lire ses textes et d’écouter ses paroles, j'ai 
        toujours autant d'enthousiasme que d'admiration... 
        Puisque Philippe Sollers était mentionné, voici juste pour 
        information, une citation de son dernier livre, que j'étais en train de 
        lire. Dans un texte, commentant Joseph de Maistre, il dit: 
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        “L'existence d'un pape, en ce commencement du XXIe siècle, ne va pas 
        de soi. La continuité du trône pontifical, par-delà les Temps modernes, 
        revêt un caractère étrange et presque miraculeux. Avant les 
        bouleversements du XX" siècle, il y a eu la Révolution française. On 
        connaît le sort que Napoléon a fait subir à Pie VII. À ce moment-là, on 
        pouvait penser que la papauté relevait d'un monde défunt. Joseph de 
        Maistre a raison d'écrire, en 1810, cette phrase, à la fois lapidaire et 
        juste: «La résurrection du trône pontifical a été opérée contre toutes 
        les lois de la probabilité humaine. » Ces lois postulaient en effet 
        l'évacuation du Pape. On en avait fini avec ce personnage encombrant. Et 
        pourtant, ça continue. Nous avons même eu un pape guerrier, dont 
        l'action géopolitique est en partie à l'origine de l'effondrement du mur 
        de Berlin. Je parle de Jean-Paul II, bien entendu. Mais il n'y a pas que 
        ce pape-là. À travers la personne de Benoît XVI, toute la succession 
        apostolique se tient devant nous, comme un défi au monde.” (Discours 
        Parfait, p.805)