Benoît XVI confie le synode à la Vierge Marie, «
Theotokos » Benoît XVI confie le synode à la Vierge Marie, «
Theotokos », « Mère de Dieu » et « Mère de l'Eglise », comme le pape
Jean XXIII lui avait confié le concile.
Lors de l'ouverture de la première assemblée
générale du synode, lundi matin, 11 octobre, après la prière de
l'office de « Tierce », Benoît XVI a tenu la une réflexion sans
papier, d'abondance du cœur (cf. section « Documents » pour le texte
intégral).
Benoît XVI a tout d'abord évoqué le concile
Vatican II, ouvert il y a 48 ans, le 11 octobre 1962, par Jean XXIII,
en la fête de la « Divine Maternité de Marie » à laquelle le pape
confiait le concile. Benoît XVI a également confié à la Vierge Marie
le synode pour le Moyen Orient.
Il a rappelé l'origine de cette fête et son sens :
« Pie XI, en 1930, avait introduit cette fête, mille six cents ans
après le Concile d'Éphèse, qui avait légitimé pour Marie le titre de
Théotokos, Dei Genitrix. Dans ce grand mot de Dei Genitrix, de
Théotokos, le Concile d'Éphèse avait résumé toute la doctrine du
Christ, de Marie, toute la doctrine de la rédemption ».
« Théotokos est un titre audacieux, a expliqué le
pape. Une femme est Mère de Dieu. On pourrait dire : comment est-ce
possible ? Dieu est éternel, il est le Créateur. Nous sommes des
créatures, nous sommes dans le temps : comment une personne humaine
pourrait-elle être Mère de Dieu, de l'Éternel ; vu que nous sommes
tous dans le temps, que nous sommes tous créatures ? L'on comprend
donc qu'il existait une forte opposition, en partie, contre ce mot
».
Ephèse a donc tranché : « Il a mis en lumière
l'aventure de Dieu, la grandeur de ce qu'Il a fait pour nous. Dieu
n'est pas demeuré en soi : Il est sorti de soi, il s'est uni de
telle façon, de manière si radicale avec cet homme, Jésus, que cet
homme Jésus est Dieu, et si nous parlons de Lui, nous pouvons
toujours également parler de Dieu. Ce n'est pas seulement un homme
qui avait à faire avec Dieu qui est né mais, en Lui, Dieu est né sur
la terre. Dieu est sorti de Lui. Mais nous pouvons également dire le
contraire : Dieu nous a attirés en Lui, de sorte que nous ne sommes
plus hors de Dieu, mais que nous sommes dans l'intime, dans
l'intimité de Dieu même ».
« Avec l'Incarnation, a continué le pape, avec
l'événement de la Théotokos, (...) Dieu nous a attirés en Lui-même
et Dieu en tant que tel est relation, et nous fait participer de sa
relation intérieure. Ainsi, nous sommes dans son être Père, Fils et
Saint-Esprit, nous sommes à l'intérieur de son être en relation,
nous sommes en relation avec Lui et Lui a réellement créé une
relation avec nous. En ce moment, Dieu voulait être né d'une femme
et être toujours Lui-même : tel est le grand événement. Ainsi, nous
pouvons comprendre la profondeur de l'acte du Pape Jean XXIII qui
confia l'Assise conciliaire, synodale, au mystère central, à la Mère
de Dieu qui est attirée par le Seigneur en Lui-même et ainsi nous
tous avec Elle ».
A propos de Marie Mère de Dieu et de Marie, Mère
de l'Eglise, le pape a rappelé les gestes du concile auquel il a
participé : « Le Concile a commencé avec l'icône de la Théotokos. À
la fin, le Pape Paul VI reconnaît à la même Vierge Marie le titre de
Mater Ecclesiae. Et ces deux icônes, qui débutent et clôturent le
Concile, sont intrinsèquement liées, constituant à la fin une seule
icône ».
Le Christ, a expliqué le pape, « n'est pas né
comme un individu parmi d'autres » : « Il est né pour se créer un
corps : Il est né (...) pour attirer tous les hommes à Lui et en
Lui. Il est né (...) pour récapituler le monde entier, Il est né
comme premier né d'une multitude de frères, Il est né pour réunir en
Lui le cosmos, de telle sorte qu'Il est la Tête d'un grand Corps. Là
où naît le Christ, commence le mouvement de la récapitulation,
commence le moment de l'appel, de la construction de son Corps, de
Sa Sainte Église. La Mère de Théos, la Mère de Dieu, est Mère de
l'Église parce qu'Elle est Mère de Celui qui est venu pour nous
réunir tous en Son Corps ressuscité ».
Benoît XVI a rapproché deux passages de l'Evangile
de Luc : « Dans le premier chapitre de l'Évangile, l'Esprit Saint se
pose sur Marie et ainsi elle accouche et nous donne le Fils de Dieu.
Dans le premier chapitre des Actes des Apôtres, Marie est au centre
des disciples de Jésus qui prient tous ensemble, implorant la nuée
de l'Esprit Saint. Et ainsi, de l'Église croyante, avec Marie en son
centre, naît l'Église, le Corps du Christ. Cette double naissance
est l'unique naissance du Christus totus, du Christ qui embrasse le
monde et nous tous ».
Entre les deux naissances, le pape souligne la
place de la Croix et de la Résurrection : « C'est seulement par la
Croix qu'advient le chemin vers la totalité du Christ, vers Son
Corps ressuscité, vers l'universalisation de Son être dans l'unité
de l'Église. Et ainsi, en tenant compte du fait que seul du grain
tombé en terre naît ensuite la grande récolte, du Seigneur
transpercé sur la Croix provient l'universalité de ses disciples en
Son Corps, mort et ressuscité ».
Toujours à propos du lien entre les deux titres de
Marie « Théotokos » et « Mater Ecclesiae », le pape a médité sur
l'Apocalypse, et la vision de la femme au ch. 12 : « La femme
revêtue de soleil, avec douze étoiles sur la tête et la lune sous
les pieds, enfante. Et elle enfante avec un cri de douleur, elle
enfante avec une grande douleur. Ici, le mystère marial est le
mystère de Bethléem élargi au mystère cosmique. Le Christ naît
toujours de nouveau en toutes les générations et ainsi il assume, il
recueille en Lui-même l'humanité. Et cette naissance cosmique se
réalise dans le cri de la Croix, dans la douleur de la Passion. Et à
ce cri de la Croix appartient le sang des martyrs ».