....  La Vérité vous rendra libres ...

 dossiers  :  Evangile

                              

n  Date d'émergence  :  29.01.2012 [cc]http://www.catholiques.aladefense.cef.fr/IMG/pdf/reflexion_anthropologique_M_Anglares.pdf

 

La Vérité vous rendra libres (Jean 8/32)

Réflexion anthropologique par le P. Michel Anglarès

 

INTRODUCTION :

Qui dit « réflexion anthropologique » dit réflexion sur l’expérience humaine.

En quoi la phrase du Christ, thème des conférences du Carême de cette année , rejoint-elle notre expérience ?

De quelle façon cette dernière permet-elle d’éclairer l’affirmation évangélique ?

Tel est le fond de tableau du présent exposé.

Dans un premier temps il importe de préciser le sens des mots . « Qu’est-ce que la vérité ?» se demandait Pilate face à Jésus. « Qu’est-ce que la liberté ? » ajouterons-nous.

 La compréhension du lien entre ces deux réalités dépend des réponses apportées à chacune de ces questions. Le fait de les traiter sous l’angle anthropologique laisse la porte ouverte à d’autres types de réflexion qui ont été ou qui seront développés tout au long de nos conférences .

 LA VERITE : Elle est le plus souvent perçue soit comme la négation du mensonge, soit comme la conformité entre ce qui est pensé, dit, et ce qui est. Cette première approche relève du bon sens et de l’éthique la plus élémentaire. Comment vivre en société si toutes les relations sont basées sur le mensonge ? Comment pourrions-nous communiquer et donc vivre si chacun juge les choses, les événements et les autres en fonction de son seul imaginaire et non de la réalité, de ses seuls intérêts et non de ceux de la collectivité?

Dans un autre domaine les progrès scientifiques et techniques impliquent des expériences sur lesquelles savants et techniciens doivent s’entendre en vue de développer les connaissances et les conséquences pratiques qui en découlent et d’améliorer ainsi notre environnement et nos conditions de vie. Une telle conception de la vérité a cependant ses limites. Toute vérité n’est pas bonne à dire comme l’affirme le sens populaire. L’annonce d’une mort inévitable à une personne atteinte d’une grave maladie, ou l’avis de décès d’un proche qui cause beaucoup de peine à son entourage exigent d’y mettre des formes, parfois d’attendre plus ou moins longtemps avant d’annoncer la nouvelle, voire d’y renoncer. Récemment un de mes amis suivi au plan psychiatrique depuis une vingtaine d’années , faisant tout ce qu’il peut pour sortir de son mal-être, s’est vu signifier brutalement par ses soignants qu’il était incurable. Les effets ont été plutôt désastreux. Un discernement s’impose pour prendre l’attitude qui sera la plus juste eu égard des situations vécues et des capacités des uns et des autres à les assumer. La visée fondamentale reste néanmoins d’établir la clarté la plus grande entre tous les protagonistes car on ne voit bien les choses que dans la lumière et non dans la pénombre, encore moins dans les ténèbres Par exemple les personnes qui sont au seuil de la mort sont la plupart du temps conscientes de cette échéance, mais la cachent à leurs proches pour ne pas les peiner lesquels en font autant pour ne pas les affoler. Cette occultation réciproque de la réalité manifeste un louable souci d’alléger la peine de chacun. Elle n’en demeure pas moins préjudiciable aux uns et aux autres car elle empêche aux premiers de vivre ce passage avec plus de sérénité, fortifiés par l’accompagnement des leurs, et à ces derniers d’amorcer leur travail de deuil dans de bonnes conditions. Par contre si seul l’un des protagonistes est conscient de la situation, il lui appartient d’en parler ou non dans l’esprit de ce qui est dit plus haut. Il existe par ailleurs des secrets de famille, d’état, ou en d’autres domaines, qui risquent d ’avoir de graves conséquences s’ils sont dévoilés : « qui dévoile des secrets ruine la confiance et ne pourra plus trouver d’ami selon son coeur. » (Siracide 27/16). L’Eglise en ce domaine n’hésite pas à rendre absolu le secret du sacrement de réconciliation. Dans le cas du mariage, nous ne remettons pas directement aux futurs époux leur certificat de baptême car ils peuvent révéler des situations délicates comme une adoption ignorée des intéressés. Mentir sera parfois nécessaire pour préserver la vie de quelqu’un menacé de la perdre comme y furent contraintes des familles ayant accueilli des enfants juifs durant la dernière guerre, ou encore pour sauver un résistant poursuivi par l’ennemi. Toutefois peut-on parler ici de mensonge ? Dissimuler une vérité, être parfois obligé de déformer la réalité pour sauvegarder un 2 secret important au bénéfice d’autrui devient paradoxalement une attitude vraie au service de la vie et des relations humaines. Mais si en cette conduite dominent la volonté de puissance sur les autres et l’égocentrisme, aucune relation positive ne peut en découler et tout sonne faux. Par ailleurs est-il réaliste de définir la vérité comme la conformité entre la pensée, le discours, et la réalité objective ? Deux exemples nous montreront la non évidence de ce point de vue. 1er Exemple : Un auteur , un journaliste, un prédicateur, un tribun, un artiste…et chacun de nous ont en commun d’exprimer des messages dont nous espérons une exacte réception de la part de ceux auxquels ils s’adressent. Or nous sommes marqués par nos tempéraments , nos cultures, nos expériences, notre histoire, notre époque. Ce sont autant de filtres à travers lesquels nous donnons notre vision de la réalité et non celle-ci comme telle. Quant aux médiations utilisées pour transmettre nos messages (mots, gestes, oeuvres d’art….) elles n’épuisent jamais la complexité et la richesse de ce qu’elles expriment. Enfin le récepteur les reçoit également en fonction de sa propre sensibilité, de ses centres d’intérêt, de ses préoccupations du moment. De ce fait sa perception ne coïncide jamais totalement avec celle de l’émetteur. Le philosophe Paul Ricoeur a bien mis en relief ce jeu constant entre « celui qui dit -quelque chose- à quelqu’un -sur quelque chose », par la médiation de la parole ou de l’écrit. Tous ces facteurs exercent leur propre influence sur la compréhension du réel. De ce fait il n’y a jamais coïncidence entre le point de départ, l’émetteur, et le point d’arrivée, le récepteur. (cf les Essais herméneutiques –Le seuil 1986). Il nous faut renoncer à être totalement objectifs et à posséder la vérité. Nous ne pouvons que l’approcher. Pour illustrer ces propos, considérons les quatre évangélistes : chacun présente Jésus-Christ d’une manière qui lui est propre. Leurs mots, leurs citations, leurs genres littéraires parlent bien du Christ mais sans en épuiser le Mystère. Quant aux lecteurs, ils appréhendent leurs témoignages en fonction de leurs culture, de leur situation personnelle, de leurs interrogations. Il en résulte de nombreuses approches théologiques et spirituelles à travers le temps et l’espace, constituant progressivement la « Tradition ». 2eme exemple : Le temps du scientisme qui présupposait la parfaite adéquation entre l’expérience et son énoncé, et pour qui tout le réel peut être expliqué par les sciences a fait long feu, même s’il conserve encore un certain nombre d’adeptes. Un de mes confrères expert en physique et astrophysique avait coutume de dire qu’en science « l’évidence n’est jamais critère de vérité » et que la connaissance en ce domaine dépendait à la fois de l’objet observé ET de la position de l’observateur. Si quelqu’un lâche une bille dans un train qui roule et si je suis à côté de lui dans le wagon, je la verrai tomber en ligne droite perpendiculairement au sol. Mais si je suis sur le quai au moment où le train passe et où la bille est lâchée, je la verrai tracer une courbe et non plus une droite. Dans tous les cas de figure précédemment évoqués, la vérité ne constitue pas un bloc aux contours bien définis opposé à ce qui serait le mensonge. Elle se découvre et s’expérimente dans l’adaptation plus ou moins aisée de chacun de nous avec son environnement . Elle dépasse toujours les perceptions que nous en avons. Nous saisissons les objets, les événements, les personnes selon les angles où ils s’offrent à nous et selon nos dispositions intérieures. Elle ne se manifeste donc jamais comme telle mais uniquement à travers nos interprétations du réel en lesquelles elle se montre et se cache tout à la fois. En langage savant on parlera d’herméneutique, science des interprétations qui permettent d’approcher de la vérité sans jamais l’objectiver parfaitement. De ce point de vue notre réflexion permet de rejoindre une remarque surprenante de Jésus et de lui donner tout son poids anthropologique : « celui qui fait la vérité vient à la lumière » (Jean 3/21). Une dernière remarque s’impose. Comme le disait déjà Socrate en son temps, plus nous avançons dans le champ des connaissances, plus nous découvrons celui de nos ignorances. Jean Gabin a repris ce thème dans un célèbre poème musical intitulé « Je sais » : « Plus je cherchais moins je savais…Maintenant je sais qu’on ne sait jamais…c’est tout ce que je sais, mais ça je le sais ». LA LIBERTE : Comme pour la vérité, deux significations principales peuvent être données à la liberté D’une part elle s’oppose à toute forme de contrainte et de servitude. D’autre part elle exprime la possibilité de faire des choix et de les assumer pleinement. 3 Concernant le premier point il serait illusoire d’espérer exister dans un monde où nous pourrions agir selon notre seul bon plaisir et rejeter tout ce qui ne nous convient pas. Nous n’avons pas créé ce qui nous entoure. Nous n’avons pas choisi de naitre, et a fortiori de vivre à telle époque, dans telle famille, dans telle contrée, dans tel régime politique et culturel. Nous ne pouvons nous faire pousser des ailes pour nous envoler. Nous ne choisissons pas toujours les événements qui nous concernent personnellement et collectivement et par rapport auxquels il nous faut réagir. Le respect des lois écrites ou tacites est indispensable pour gérer les relations humaines, empêcher les plus forts d’écraser les plus faibles et canaliser les envies de vengeance susceptibles d’animer ces derniers. Comme l’exprime le bon sens populaire : la liberté de chacun s’arrête là où commence celle des autres. Pourtant nous avons une capacité de dire oui ou non à ces réalités, de les accepter ou de les refuser, de les développer ou de les combattre au gré des circonstances et de notre volonté. En fait sinon en droit, nous pouvons même décider de mettre un terme à notre propre existence si nous ne supportons pas tel ou tel de ses conditionnements. Cette possibilité s’appelle le « libre arbitre ». Il nous différencie fondamentalement de tous les autres vivants sur terre. Il fait corps avec nous. Le fait de ne pas vouloir choisir est encore un choix. Dès lors porter atteinte au libre arbitre, l’empêcher de s’exprimer ou le contraindre à des options contraires aux convictions personnelles et valeurs collectives auxquelles nous adhérons constituent une véritable mutilation de l’être humain. Serions-nous « condamnés à la liberté ? » pour reprendre une formule de Jean-Paul Sartre ? Non dans la mesure où le libre arbitre n’est pas la liberté à proprement parler mais la condition indispensable de son exercice et de son développement. Lorsqu’avec notre libre arbitre nous décidons une orientation de notre vie ou une action précise à mener, il nous faut encore les mettre en oeuvre. Tant qu’elles ne le sont pas nous restons dépendants des circonstances du moment et d’un manque à combler. Par contre la réalisation de nos projets nous donne la satisfaction de nous sentir mieux dans notre peau, de vivre en plus grande harmonie avec ce qui nous entoure, et donc le sentiment d’être plus libre qu’avant. Plus précisément, entre un manque ressenti, la décision du libre arbitre de le combler, le choix des moyens pour y parvenir et la satisfaction une fois le but atteint, se déroule un processus qui a pour nom : libération. Prenons comme exemple la décision de se marier. Elle appelle en premier un recul nécessaire pour bien en mesurer les tenants et aboutissants dans la vie de chacun et pour l’avenir du couple. Une telle attitude permet de prendre un engagement mieux éclairé, donc plus libre par rapport à un mariage arrangé par les familles ou décidé sur un coup de tête irréfléchi. Une fois célébré, il reste une vie à construire ensemble impliquant à la fois les exigences propres à l’amour pour le maintenir en éveil et l’approfondir, et les contraintes extérieures, familiales, professionnelles, environnementales…à travers lesquelles le couple affermira et affinera ses liens. Dans tout ce cheminement les exigences et contraintes de toute sorte, positives et négatives, auront permis aux intéressés de se construire ensemble, de donner du sens à leur vie, d’exister d’une manière plus adulte car plus responsable au sein de leurs familles et amis. En couple ils créent de nouveaux liens avec leur environnement. L’expérience de la paternité et de la maternité leur donne comme un surcroît d’être sans cesse enrichi par l’amour de leurs enfants. Toute cette aventure permet à ceux qui la vivent de grandir en liberté, processus jamais achevé dans le monde qui est le nôtre. Si le libre arbitre est donné au départ. la liberté s’acquiert en cours de route grâce à la volonté des partenaires de faire face ensemble à tous les évènements heureux et malheureux se présentant devant eux. Ce serait impossible si chacun restait sur son quant à soi. Seuls le dialogue, le don de soi et le pardon quand il s’impose permettent à l’amour de grandir et de faire reculer encore davantage tous les obstacles intérieurs et extérieurs qui freinent et parfois bloquent le mieux vivre. En fait il s’agit de libérer la liberté tout au long de la vie conformément au OUI initial lié au libre arbitre. L’exemple du mariage est transposable à tous les secteurs de notre existence. Il y a des domaines où nous pouvons choisir directement de nous impliquer. Il y en a d’autres qui s’imposent à nous. Dans les deux cas notre oui ou notre non peuvent entraîner une libération dans la mesure où ils ne seront pas une fuite, voire une trahison, mais répondront à la volonté de construire avec nos frères en humanité des liens plus solides et solidaires : « Etre libre ce n’est pas seulement se débarrasser de ses chaînes, c’est vivre d’une façon qui respecte et renforce la liberté des autres ». (Nelson Mandela dans son livre : Un long chemin vers la liberté). Dans certains cas tels ceux des malades mentaux et criminels dangereux , la société se doit de limiter leur liberté au nom du bien commun. Comme dans le fait de cacher parfois la vérité, la 4 décision de suspendre la liberté d’une personne ou d’un groupe doit être animée non seulement par la volonté de protéger leur entourage et la société mais aussi par celle d’aider les personnes concernées à retrouver un chemin d’humanité, donc de liberté, dans le temps de leur rétention. En dehors de ces perspectives, toute atteinte à la liberté devient intolérable. VERITE ET LIBERTE : A la lumière de ce qui précède nous pouvons mesurer combien la vérité et la liberté forment un couple indissociable. Comment pourrions-nous progresser dans la vérité sans la liberté de choisir cette voie, et la volonté d’en écarter tous les obstacles dont le principal est le mensonge délibéré au service exclusif de notre ego ? Comment pourrions-nous grandir en liberté si nous ne percevons pas le sens de notre vie et si nous n’avons pas le recul nécessaire pour discerner ce qui est vrai, beau et bien pour nous et pour notre environnement naturel et humain ? Dans les deux cas il s’agit d’un processus en constante et mutuelle évolution et non une possession à conquérir jusqu’à nous mettre à la place de Dieu. N’est-ce pas la tentation qui nous habite depuis les origines consignée dans les propos du serpent s’adressant à Eve : « Non vous ne mourrez pas, mais Dieu sait que le jour où vous en mangerez vos yeux s’ouvriront et vous serez comme des dieux possédant la connaissance de ce qui est bon ou mauvais ? » (Genèse 3/3-5) La vérité et la liberté ne sont pas données au départ de notre vie. L’enfant qui vient de naître en est dépourvu. Tout au plus a-t-il en lui les capacités de les faire siennes et de les développer. L’éducation bien conduite lui permettra de grandir en elles et par elles jusqu’au jour où il prendra davantage sa vie en main et poursuivra sa route vers toujours plus de vérité et de liberté, du moins s’il choisit cette direction grâce à son libre arbitre. Ce disant nous parlons de ces deux dimensions constitutives de la vie humaine comme si elles étaient des réalités objectives. En fait elles désignent les attitudes de chacun de nous et des groupes auxquels nous appartenons dans leurs relations internes et externes. en constante évolution. En ce sens elles relèvent de l’expérience et non d’une définition préalable. Elles s’affirment et se développent au sein des relations qui nous constituent comme êtres humains au quadruple plan de la nature, des autres, de soi-même et de la transcendance au sens large du terme. En examinant de plus près ces divers liens par lesquels nous existons nous dégagerons plus précisément le rapport unissant vérité et liberté. Nous comparerons alors le résultat de cette réflexion avec la phrase du Christ : « La vérité vous rendra libres » Nous avons la possibilité de détériorer la nature comme de la développer dans le respect de ce qui la compose et le souci du bien commun. Ce choix découle de notre libre arbitre lequel pour s’exercer a besoin de connaître ce qui épanouit ou détériore notre environnement et les répercussions qui en découlent pour la vie humaine. Cette double attention fait appel à la vérité de notre attitude envers la nature et nos frères humains. Si nous y sommes indifférents, voire hostiles, les conséquences seront néfastes pour tout et pour tous à commencer pour nous-mêmes. La liberté des uns et des autres y perdra. Par contre assumer les exigences d’une harmonie à édifier en permanence avec l’environnement naturel permettra à chacun de vivre plus à l’aise au sein d’une solidarité seule capable de nous libérer de certains méfaits de la nature et du chacun pour soi préjudiciable à tous, spécialement en matière de pollutions. Nous sommes des êtres sociaux par excellence. Nous existons par la reconnaissance des uns et des autres culminant dans l’amitié et l’amour en incluant tous les stades intermédiaires qui ont pour noms : respect d’autrui, bienveillance, justice, paix sociale, solidarité…La haine et l’indifférence nous détruisent assurément. Une chaîne a la force de son maillon le plus faible. Il en va de même pour l’humanité. Nous ne pouvons grandir qu’ensemble et en permettant aux plus faibles d’entre nous d’être plus forts. Pour ce faire nous devons déployer une attitude de vérité pour bien repérer ces données, et nous engager en connaissance de cause à augmenter les possibilités qui en nous et chez les autres sont susceptibles d’améliorer le vivre ensemble. S’il en est ainsi nous serons plus libres vis à vis des forces de mort qui restent tapies en nous et dans les rouages sociaux telles la loi du plus fort, la priorité faite à l’argent, l’exploitation de l’homme par l’homme en tout domaine. De nouveau la volonté de se situer en vérité les uns vis à vis des autres, découlant de notre libre arbitre, nous conduit sur les voies d’une plus grande liberté. Nous entretenons avec nous-mêmes des relations s’exprimant soit par des mots quand nous nous présentons à autrui, soit en entretenant une conversation intérieure dans laquelle nous nous apprécions ou déprécions, soit en développant des sentiments de supériorité ou d’infériorité 5 qui nuisent dans les deux cas à nos relations sociales. La devise de la pythie de Delphes reprise par Socrate « Connais-toi toi-même » est un vaste programme qui se heurte à bien des résistances. Il s’agit pourtant là d’une formidable source de libération intérieure avec des conséquences sociales importantes. La condition au départ repose dans la volonté d’être le plus vrai possible envers notre personnalité et les éléments qui la caractérisent. Il y a un amour de soi qui s’oppose en tout point à l’égocentrisme, même si dans nos vie ces deux dimensions sont toujours plus ou moins mêlées. Le repérer fait partie d’une libération de nos illusions nous concernant et nous aide à mieux comprendre autrui. L’homme est « un animal religieux » selon une expression attribuée à Malraux. En préhistoire il se distingue des primates par le fait d’enterrer ses morts et de disposer des objets autour du cadavre impliquant la conviction d’une survie. Tout homme croit en quelque chose à défaut de croire en Dieu. Les uns croient aux influences cosmiques et énergétiques sur nos comportements. D’autres croient à nos capacités d’améliorer notre monde par la science et la technique ou en notre possibilité de transformer positivement la société par la sagesse, l’altruisme…Les pessimistes et désabusés qui ne croient en rien affirment encore une croyance ! Avec Dieu(x) ou sans Dieu(x), tous les hommes ont une ouverture à la transcendance qui peut sous-tendre bien des générosités…ou leur contraire ! Grâce à elle il y a toujours un moment dans nos vies où nous nous dégageons du « comment bien vivre ? » pour nous interroger sur « pourquoi vivre ? ». La quête du sens réapparaît avec force dans une société éclatée, matérialiste, sans repères stables. Cette quête s’identifie par sa nature à celle de la vérité. Nous n’avons jamais fini de la poursuivre. Elle est fondamentale pour l’équilibre et la dynamique de notre vie. Nous pouvons emprunter des fausses pistes à ce sujet. Ceux qui cherchent la vérité à travers les stupéfiants, l’alcool, le suicide, la drogue du pouvoir, du sexe et de l’argent aboutissent au vide et à la mort pour eux-mêmes et pour leur entourage. La quête de la vérité pour être positive appelle des dispositions d’accueil, de disponibilité à la remise en question, de dialogue avec ceux qui nous entourent, c’est-à-dire tout le contraire du repli sur soi et de la peur impliqués dans l’attitude précédente. Notre ouverture à la transcendance est le seul chemin par lequel le Dieu révélé vient à notre rencontre nous proposer son Amour et répondre ainsi à la question du « pourquoi ». CONCLUSION :« LA VERITE VOUS RENDRA LIBRES » Vérité et liberté vont de paire. La réflexion anthropologique qui vient d’être exposée corrobore pleinement cette citation de l’Evangile johannique.. La Révélation de Dieu s’inscrit dans notre condition humaine et la respecte pleinement dans la logique de l’Incarnation du Verbe. Il en résulte au moins deux conséquences. D’une part tout homme qui s’ouvre à la question de la vérité au sein de sa propre culture, de sa religion ou de son incroyance religieuse, croisera nécessairement tôt ou tard y compris dans la vie à venir, le Christ qui s’est présenté comme étant « le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jean 14/6). C’est pourquoi la pré-évangélisation doit favoriser les facteurs qui nous permettent de nous situer en vérité dans nos diverses relations. Grâce à cela nous devenons disponibles à la présence et aux appels de Dieu au sein de toutes les circonstances de la vie. D’autre part la vérité vue comme une attitude en mouvement constant tout au long de notre existence ne peut être enfermée dans un dogme, un rituel, une morale. Ces derniers en sont des manifestations indispensables mais qui n’en épuisent jamais toute la richesse conformément au sens du mot « mystère » en langage chrétien. Gabriel Marcel, philosophe personnaliste, disait : « Un problème je le comprends, un mystère il me comprend » Si la vérité pouvait se concentrer tout entière dans une formule, un rite, un comportement, elle nous serait totalement extérieure et nous n’aurions qu’à nous y soumettre. Aucune perspective de liberté n’aurait de place en ce cas. Pour les chrétiens la Vérité n’est pas un idéal éthique, scientifique ou philosophique. Elle est d’abord une Personne qui a pour nom : Jésus-Christ. En Lui « Dieu resplendit » pour reprendre une expression du théologien Urs Von Balthasar. Si nous voulons répondre à la question : qui est Dieu ? contemplons Jésus-Christ, méditons ses faits et gestes. Nous découvrirons en Lui le visage communautaire et aimant de Dieu qui se situe aux antipodes de nos représentations spontanément déistes et souvent idolâtriques. En même temps cette manifestation de Dieu dépassera toujours nos perceptions aussi justes soient-elles. Il est aussi Vérité dans la mesure où il nous montre qui nous sommes : ses amis, appelés à vivre avec Lui et entre nous un amour qui découle et s’inspire du sien à notre égard, amour qui est force de résurrection dans notre temps terrestre et au-delà. 6 En Jésus-Christ Amour et Vérité se confondent. Nous l’avions déjà pressenti dans notre réflexion anthropologique puisque la vérité s’inscrit dans nos relations avec la nature, les autres, soi-même, la transcendance, et non comme un monde en-soi qu’il nous faudrait posséder pour nous accomplir. Avec le Christ nous empruntons un autre chemin fondé sur l’accueil d’un amour qui nous fait vivre et qui nous permet d’exister les uns par les autres dans le don de soi le plus total et dans le pardon sans retour le cas échéant. Avec Lui nous apprenons à nous libérer de nos ignorances quant à l’origine et à la finalité de notre existence. Par Lui et avec la lumière de l’Esprit Saint nous apprenons à discerner chaque jour sa présence et ses appels en vue de construire dès ici-bas le « royaume des cieux » à l’encontre de toutes les forces du mal qui s’y opposent. En Lui, Verbe Incarné, nous pouvons contempler dans tout ce qui compose notre univers, des profondeurs de l’atome à la sainteté, l’actuelle gestation de la terre et des cieux nouveaux dont parle St Jean dans son Apocalypse. Quelle extraordinaire libération se trouve ainsi engagée ! La réflexion anthropologique qui constituait l’essentiel de cette conférence montre la profonde corrélation existant entre l’homme livré à sa propre quête d’amour, de vérité de liberté, et l’apport de la Révélation en ces domaines. Cette dernière toutefois déploie un surcroît de sens et une dynamique inconnus de la première en y introduisant la dimension de la Résurrection se définissant à la suite du Christ comme la victoire définitive des forces de l’Amour sur celles du mal, de la finitude et de la mort .Loin de nous éloigner de nos réalités humaines elle les ressaisit de l’intérieur pour les porter jusqu’au coeur de Dieu là où nous trouverons la réalisation plénière et éternelle de toutes nos aspirations humaines les plus authentiques. « …Tu nous as fait pour Toi et notre coeur est sans repos jusqu’à temps qu’il repose en toi ! » (Saint Augustin 1ére page du 1er livre des Confessions.)

   

 

..émergences exterieures...

 

Dieu est amour ....«Deus caritas» ... est  à la fois une réflexion théologico-philosophique sur l'amour et un enseignement concret sur la charité chrétienne face au sécularisme, au libéralisme et à l'étatisme. ...Benoit XVI       

 

 

 

 

 

 

nombre de consultation de cette page depuis sa création : Pages trouvées

haut de page

... en France ..en Europe ...

...L'amour s'est en effet "refroidi »  ... la charité fait face à l'empire aujourd'hui planétaire de la violence....

Cette montée vers l'apocalypse est la réalisation supérieure de l'humanité. Or plus cette fin devient probable, et moins on en parle.

Il faut donc réveiller les consciences endormies.

Vouloir rassurer, c'est toujours contribuer au pire.

René Girard.

  

 

  "L'esprit constitue un champ de relations tourné vers la totalité de ce qui existe "  Joseph Pieper

Loin que ce soit être qui illustre la relation , c'est la relation qui illumine l'être.     Gaston Bachelard

Les composantes de la société ne sont pas les êtres humains, mais les relations qui existent entre eux.   Toynbee

 

 

  Â JE NOUS  

 

ÔùVrÔir