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ACTE 1

 

Pouvons-nous faire le mal volontairement?

 

 

Socrate >470-399 av.J.-C. OEuvre: aucune (on ne le connaît que par le témoignage de ses contemporains et comme personnage principal des dialogues de Platon)

Définition de liberté: prendre soin de son âme

 

Saint Augustin 354-430

OEuvres: Les Confessions, La Cité de Dieu

Définition de la liberté: exercer son libre arbitre

 

 

         

 

Non, nul ne le fait volontairement. C'est l'une des thèses les plus étranges et pourtant les plus répétées de Socrate. Qu'il ferraille avec des sophistes comme Ménon, Protagoras ou Gorgias, Socrate répète qu'il est impossible de faire le mal en connaissance de cause et que ceux qui commettent l'injustice sont en réalité plus à plaindre que ceux qui la subissent. La proposition sonne très bizarrement à nos oreilles de Modernes, convaincus que la volonté, bonne ou mauvaise, et donc la liberté, est au principe de toute action. Que veut donc dire Socrate? Et qu'a-t-il à répondre à Gorgias qui lui fait cette objection de bon sens : celui qui, à l'instar du tyran ou du criminel, fait tout ce qu'il veut n'est-il pas plus libre et plus heureux, que celui qu'il contraint et qui subit son injustice? « Ils ne font presque rien de ce qu'ils veulent, quoiqu'ils fassent ce qui leur paraît le meilleur », réplique Socrate. Naïveté ou pensée profonde? L'homme méchant ne sait pas ce qu'il fait. Il est nécessairement malheureux, du moins tant que son crime est impuni. Ceux qui font le mal ignorent le malheur qu'ils font aux autres et à eux-mêmes. De l'autre côté, ceux qui font le bien ne le font pas sur la base d'un choix libres contingent, mais en se conformant à la connaissance adéquate de leur propre bien. Le comportement moral ne repose pas sur la bonne volonté, mais sur la plus ou moins grande connaissance qu'a chacun du bien. Aux antipodes de notre représentation de la morale associée à l'idée d'une indétermination, la vertu est pour les Grecs liée l'existence d ordre qu'il faut connaître pour pouvoir s'y conformer. C'est une science. On le dit encore parfois aux enfants: « Il y a des choses à faire et des choses à ne pas faire, et cela s'apprend. » Porté à sa limite par Socrate, cet intellectualisme moral est à l'horizon de toute la culture grecque. Il donne à la liberté une teinte très singulière, loin de toute idée de contingence. « Ce sont les esclaves qui sont libres au sens moderne du terme, parce qu'ils ne savent pas ce qu'ils font, alors que la liberté de l'homme grecque et sa perfection se mesurent à la détermination plus ou moins grande de ses actions», remarque Pierre Aubenque, spécialiste de la pensée grecque. La liberté consiste à trouver sa juste place dans le cosmos et à former l'action droite. À la clé : rien moins que le bonheur.

 

 

 

 

 

 Oui, la possibilité de vouloir le mal est le fondement de notre liberté. Cette thèse est au centre de la rupture radicale que le christianisme introduit, avec l'idée de libre arbitre, telle que la formulera à la fin de l'Antiquité saint Augustin. En rupture frontale avec Socrate, celui-ci affirme dans son Traité du libre arbitre: « Dieu a conféré à sa créature, avec le libre arbitre, la capacité de mal agir, et par-là même, la responsabilité du péché. » Ou encore : « Ce qui ne serait pas fait volontairement ne serait ni péché, ni bonne action; et ainsi, le châtiment aussi bien que la récompense serait injuste, si l'homme n'avait pas une volonté libre. » Il ne peut y avoir de justice si l'on ne peut pas attribuer une volonté libre et donc une responsabilité à l'agent. Ce qui est devenu une évidence pour nous a nécessité une véritable révolution philosophique. Il aura donc fallu introduire l'idée du péché pour ouvrir la porte à celle de responsabilité morale. Socrate pouvait concevoir que l'agir soit infléchi par les désirs les plus irrationnels. Il ne pouvait imaginer une âme qui donnerait pour visée explicite le mal. Une fois l'idée de la nature-pécheresse de l'homme établie, l'articulation du mal et de la liberté devenait pensable. Pour l'accréditer, saint Augustin évolue --entre deux limites. D'un côté, il s'oppose aux manichéens (disciples du perse Mani) qui font du mal une création de Dieu lui-même, supprimant du même coup le libre arbitre. De l'autre, il s'oppose aux pélagiens (adeptes d'une hérésie chrétienne professée par l'ascète breton Pélage) qui font tout reposer sur la liberté, en oubliant que la possibilité que Dieu nous offre de nous déterminer, dans un sens ou dans un autre, n'efface pas l'influence néfaste et continue du péché originel De sorte que seule la grâce divine sauve l'homme. Tout en ayant le souci de ces équilibres théologique subtils, saint Augustin consacre la volonté comme faculté éminente. Initier du nouveau, agir par la volonté libre, voilà le nouveau propre de l'homme. « Afin que le commencement fut, l'homme a été créé, avant qui nul autre [commencement] n'était » (Cité de Dieu, livre XII). Il s'avance même dans des réflexions sur ce qui peut distinguer deux jumeaux identiques d'âme et de corps, que l'on croirait sorties de nos modernes discussions bioéthiques: « Que deux hommes, également disposés d'âme et de corps, aperçoivent une même beauté et que cette vue suggère à l'un le désir d'une jouissance illégitime, tandis que l'autre demeure constant dans la chasteté... Qu'est-ce à dire, sinon que l'un veut et que l'autre ne veut pas renoncer à la chasteté. » Deux mille ans plus tard, l'idée de volonté est plus que jamais au coeur de notre rapport à la liberté. De notre système judiciaire à notre conception du mérite, tout repose sur le crédit que nous pouvons faire à quelqu'un de son action. Face au tragique d'une catastrophe ou d'un accident, nous cherchons des volontés responsables et donc coupables. Cependant, si Socrate continue de nous parler, c'est que nous savons que la liberté ne consiste pas (seulement)l à vouloir, mais aussi à savoir ce que nous faisons.
   

 Acte1...de rien moins que le bonheur ...

 

 

     

 

Acte2 ...obéir à la loi que l'on se donne ... à ... Acte 3 ...se créer soi-même

 

 

en relations .....  avec ....coq ... base1 .... l'Homme ...l'Être ... l'individualisme ..." Impose ta chance, sers ton bonheur et va vers ton risque. A te regarder ils s'habitueront."  René Char  -  >>>>>

 

Auteur:   Ja

Source:  Agor

Date : nn  

 

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