Plusieurs milliers de personnes ont participé dimanche à
Casablanca à une « marche blanche » pour dénoncer la pédophilie, à
la suite de l’agression de la petite Wiam qui a marqué l’opinion au
Maroc.
Le mois dernier, à Sidi Kacem (nord-ouest), cette petite-fille de
neuf ans a été agressée par un voisin âgé de 45 ans et père de
plusieurs enfants. Traînée jusque dans un champ, elle s’est
longuement défendue, subissant de nombreux coups, dont certains à
l’aide d’une faucille.
Retrouvée inconsciente dans un bain de sang par son petit frère
de six ans, elle a été opérée pendant sept heures (fractures, tendon
et oreilles sectionnés…), selon le témoignage de son chirurgien,Tazi
El Hassen.
« Ses jours ne sont plus en danger, mais c’est une miraculée »,
a-t-il déclaré.
Les images de Wiam sur son lit d’hôpital et le récit de son
calvaire ont entraîné une importante mobilisation.
Contraintes d’épouser leurs violeurs
Plusieurs milliers de personnes, dont de nombreuses mères de
familles, ont ainsi défilé sur la corniche de la capitale
économique, avec pour slogans « Non à la pédophilie au Maroc » ou
encore « Protégeons nos enfants, ils sont l’avenir de notre pays ».
« Nous savons tous que Wiam n’est pas la seule victime de ce
type de crimes. Des centaines d’enfants, dont l’histoire n’est pas
médiatisée, subissent régulièrement viols et violences dans un
silence assourdissant », ont affirmé les organisateurs dans un
communiqué.
« L’objectif est notamment de faire rentrer dans le code pénal
marocain la notion de pédophilie, qui jusque-là est seulement
identifiée comme viol aggravé. »
Il y a deux ans, le suicide d’Amina Filali, 16 ans, contrainte
d‘épouser son violeur, avait entraîné une forte mobilisation
populaire dans le royaume.
En effet dans cette belle civilisation, comme dans plusieurs
autre pays du Moyen-Orient, l’article 475 du code pénal, à la faveur
duquel un violeur peut échapper aux poursuites s’il épouse sa
victime, est toujours en vigueur…
CAROLINE PARMENTIER