Le Low Cost, mais à quel prix ?
Ryanair dénoncé par un de ses commandants de bord
Dans un livre-réquisitoire, un commandant de bord de la société
aérienne Ryanair dénonce les dangers de la politique ultra-low cost de
sa compagnie aérienne. Il affirme que la réduction des coûts se fait au
détriment de la sécurité des employés et des passagers.
« Ryanair est une pure machine financière dont la vocation unique est
de générer des profits. Il ne s’y trouve aucune considération, ni
morale, ni sociale », écrit l’auteur qui utilise le pseudonyme de
Christian Fletcher (du nom du célèbre révolté du Bounty) par crainte
d’un licenciement.
Il énumère ainsi une vingtaine d’incidents, en majorité dus à un
manque de fuel. La compagnie aérienne irlandaise Ryanair a déposé
plainte contre cet ouvrage au vitriol. « Nous ne commenterons pas
davantage », a ajouté Robin Kiely, le directeur de la communication.
Conditions de travail déplorables
L’auteur multiplie, en outre, les exemples de vols où la question
financière semble dépasser, dans l’ordre des priorités, les questions de
sécurité. Comme ce déroutement de Pise vers Gênes pendant lequel
l’équipage est harcelé par le personnel au sol qui souhaite un
déroutement vers Bologne pour des raisons de réduction de coût au mépris
des conditions météorologiques.
Selon Christian Fletcher, l’obsession des économies atteint son
paroxysme avec « la compétition interne entre commandants de bord pour
la consommation de carburant » : Ryanair publie chaque mois (...) le
classement du meilleur au moins bon gestionnaire de fuel »,
explique-t-il.
L’auteur souligne également les dangereuses conditions
d’atterrissage, sur des pistes courtes. « Le freinage est volontairement
fort (brutal) pour libérer la piste au plus vite et minimiser le temps
de roulage. »
Les rythmes infernaux imposés au personnel de la compagnie irlandaise
sont également pointés du doigt :
« Seriez-vous rassuré, en tant que passager, de savoir que le
commandant de bord n’a dormi que 3 ou 4 heures la nuit précédente ? »
Amateur de coups médiatiques (notamment avec sa proposition de
suppression des toilettes à bord ou son projet d’avions où les passagers
voyageraient debout !), Michael O’Leary, patron irlandais de Ryanair,
est la cible principale de l’auteur de l’ouvrage. Déjà dans le viseur de
la justice française, la compagnie irlandaise traverse une forte zone de
turbulences.
CAROLINE PARMENTIER
Article extrait du n° 7868