....et la lutte violente pour le pouvoir continuera après ...

Dossiers : pouvoir

Auteur:   MAROUN CHARBEL

Source: Article extrait du n° 7922 de Présent, du Vendredi 23 août 2013  

Date : 22.04.2013

      

De notre correspondant permanent à Beyrouth

Usage avéré d’armes chimiques dans la banlieue de Damas ?

 

Beyrouth, le 22 août 2013, 0 h 45. Toute mon attention et toute ma préoccupation, depuis ma dernière chronique, allaient à notre situation à nous, Chrétiens d’Orient en Syrie et en Egypte. Il ne faut jamais l’oublier : en temps de crise, notre sort est lié. D’abord parce que nos derniers jeunes – et des moins jeunes – n’hésitent plus à partir. Non pas vers une migration économique (pays du Golfe, Koweit, Arabie Saoudite…) mais vers quelque chose de plus radical, en partant pour l’Australie, les Etats-Unis ou le Canada… Ensuite parce que nous ne savons pas vers où nous mène l’engagement du Hezbollah auprès du régime syrien et sa guerre ouvertement déclarée aux Sunnites. Je tiens pour néant ses derniers propos affirmant n’avoir rien contre les Sunnites.

En Egypte, les Coptes et les autres Eglises d’Egypte payent, jour après jour, le prix de cette guerre civile qui s’installe en Egypte. N’ayons pas peur des mots. L’Egypte est au bord du précipice et la guerre civile est là. En Syrie, les massacres de villages chrétiens sont chaque jour plus fréquents, y compris dans les zones réputées « calmes ». Les « Chrétiens des Alaouites », comme les « Chrétiens de Sunnites », payent aujourd’hui le prix d’une position intenable et celui de l’inertie de l’Occident au sein d’une communauté internationale de plus en plus bi-polarisée, comme au temps de la guerre froide.

C’est dans ce contexte que tombe la nouvelle d’un massacre sans précédent commis par les forces du régime, dans la Ghouta de Damas. Dès les premières dépêches, on évoque l’usage d’armes chimiques. L’Observatoire syrien des droits de l’homme annonce 100 morts pour un bilan à revoir à la hausse. Depuis ce matin, ce chiffre n’a pas bougé. Par contre, les télévisions libanaises annoncent 1 300 morts (1 600) quand Al-Manar, la chaîne du Hezbollah, avance le chiffre de 650 morts.

Inutile de me demander où se situe la réalité. Je vous répondrais que je ne sais pas, alors même qu’un correspondant sur place doit savoir. Ainsi va la guerre en Syrie. Nous mettons des jours – voire des semaines – à vérifier une information.

Qu’est ce que la Ghouta de Damas ? C’est l’oasis au cœur de laquelle a été construite Damas. Regorgeant d’eau et de petits villages fortifiés – pour se défendre contre les Bédouins – la Ghouta a été le « maquis » des Damascènes. Les opposants de tous les régimes, comme ceux qui s’opposaient au mandat français, y ont trouvé le gîte et le couvert.

Depuis plusieurs jours, le régime bombarde la Ghouta et certains quartiers de Damas.

Ce matin, il y a eu entre 100, 650 ou 1 600 morts, selon les sources. Notre unique certitude est qu’il y a eu massacre des populations civiles par des bombardements aveugles.

Les morts et les agonisants, que l’on peut voir dans les vidéos amateur qui ont très vite circulé sur internet, présentent tous les signes extérieurs d’atteinte au gaz. On peut voir de très jeunes enfants et des adultes rendus aveugles, en train d’étouffer alors que leur entourage tente de leur porter secours avec des masques à oxygène ou en leur lavant le visage avec un liquide pris dans une bouteille de limonade…

De quoi souffrent-ils ? Par quoi ont-ils été tués ? Par du gaz sarin, comme l’affirme plus d’un ce soir ?

Plusieurs experts, dont on peut lire les déclarations dans les différentes dépêches d’agence, se posent des questions. Exemple :

Paula Vanninen, directrice de Verifin, l’institut finnois pour la vérification de la convention des armes chimiques, a déclaré « n’être pas totalement convaincue » qu’il s’agisse d’une attaque au gaz innervant. « Les personnes qui aident les victimes ne portent pas de vêtements de protection ni de masques, et si c’était le cas elles auraient été contaminées et victimes des mêmes symptômes. »

Pour Gwyn Winfield, directeur du magazine CBRNe World, spécialisé dans les armes chimiques, « il n’existe aucune information indiquant que des médecins ou des infirmières ont succombé, ce qui laisse à penser que ce n’est pas ce que nous considérons comme du gaz sarin militaire, mais pourrait être un gaz sarin dilué ».

Gaz sarin dilué, nous retenons.

Le régime syrien a immédiatement démenti être responsable de cette attaque et a, bien évidemment, retourné l’accusation contre les « terroristes » qu’il combat. De cette déclaration, je retiendrai une certitude : il y a bel et bien eu beaucoup de morts, ce matin, dans la Ghouta de Damas.

Comme l’ont fait de nombreux médias proches du régime des Assad et de l’axe syro-iranien, nous pouvons aussi nous poser la question de savoir pourquoi Bachar el-Assad aurait fait cette « bêtise » d’employer des armes chimiques contre une population civile, à un jet de pierre de Damas où vient tout juste d’arriver une commission des Nations Unies, chargées justement d’enquêter sur leur usage éventuel. Oui, pourquoi ?

Souvenons-nous de la dernière mission des observateurs de l’ONU qui n’avaient pu observer que ce que le régime les autorisait à observer. Aucune sortie sans les « guides » et « traducteurs » imposés par Damas.

Aujourd’hui, les membres de la mission de l’ONU ont besoin d’une autorisation et d’un sauf-conduit des autorités pour pouvoir sortir de leur hôtel. Il ne semble pas que la Ghouta soit dans leur programme.

A l’heure où je vous écris, le Conseil de sécurité des Nations Unies vient de terminer sa réunion d’urgence consacrée au dossier syrien. Trois heures de huis clos pour ne rien dire d’autre que « toute la lumière doit être faite sur ce qui s’est passé ». Aucune résolution ni aucun autre texte formel. Personne ne voulait prendre le risque de subir encore une fois le veto de la Russie et de la Chine.

Nous revenons alors à notre première question : Bachar el Assad aurait-il été assez « idiot » pour perpétrer une telle attaque ? Ou, encore une fois, comme son père avant lui, a-t-il été servi par l’intime certitude de l’impunité ?

Une réunion du Conseil de sécurité pour ne rien dire comme pour ne rien faire est un blanc-seing, un nouveau permis pour tuer, donné à Assad.

Pouvons-nous ignorer les prouesses de la désinformation en temps de guerre ? Evidemment non ! Souvenez-vous de Katyn, sans oublier les guerres de Yougoslavie et des Balkans au moment de la chute du mur de Berlin.

Restent deux questions : le régime des Assad est-il capable de commettre un tel massacre ? Oui, et cent fois oui, il l’a prouvé sous le régime du père comme il le prouve aujourd’hui. Et il en a les moyens. Les stocks d’armes chimiques et les compétences en la matière de la Syrie sont choses connues depuis les années 70.

Est-ce que l’opposition, les oppositions syriennes seraient capables d’un tel geste ? Elles n’en ont pas les moyens. Nul n’a fait état de la prise de stock d’armes chimiques et je ne pense pas qu’elles le feraient sur leur propre population.

Nous retiendrons, pour les prochains jours, la position des Etats-Unis.

Il y a un an, en août dernier, Barack Obama affirmait que l’usage d’armes chimiques par le régime syrien serait « une ligne rouge à ne pas franchir ». Aujourd’hui, lors de son point de presse quotidien, le porte-parole du Département d’Etat, Jennifer Psaki, a déclaré : « Je ne parle pas de lignes rouges. Je n’ai pas de débat ou de conversation sur des lignes rouges, je n’établis pas de lignes rouges. Ne parlons pas de rouge aujourd’hui. »

Par ailleurs, le général Dempsey, chef d’état-major interarmées, a exprimé son scepticisme quant à une intervention des Etats-Unis en Syrie : « Je considère que le camp que nous choisissons de soutenir doit être prêt à promouvoir ses intérêts et les nôtres quand l’équilibre penchera en sa faveur. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas. »

« Nous pouvons détruire l’aviation syrienne, responsable de nombreux bombardements de civils, ce ne serait pas décisif sur un plan militaire mais cela nous engagerait résolument dans le conflit. (…) Si la puissance américaine peut changer l’équilibre militaire, elle ne peut résoudre les problèmes historiques ethniques, religieux et tribaux sous-jacents qui alimentent le conflit. (…) Les troubles en Syrie ont des racines profondes. C’est un conflit de long terme entre des factions multiples et la lutte violente pour le pouvoir continuera après la fin du règne d’Assad. »

Cela se passe de commentaires.

MAROUN CHARBEL

 

 

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