Après douze ans de procédure,
les
héritiers du comte de Paris vont pouvoir récupérer
"les biens
historiques du trésor des rois de France",
composé
notamment de tableaux d'une valeur de "plusieurs dizaines de millions
d'euros", selon leur avocat, Me Olivier Baratelli. La
bataille judiciaire avait été engagée deux ans après la mort d'Henri
d'Orléans, en 2001, par dix proches décidés à récupérer les biens
données à la Fondation Saint-Louis.
Dans un communiqué, le représentant de Jacques et Hélène d'Orléans
a salué, vendredi 20 septembre, un jugement "historique". Selon Me
Baratelli, le tribunal a estimé que la donation du comte de Paris en
1976 était entachée de "nulité
absolue" (sic),
faute d'autorisation administrative
d'une part, et d'acte passé devant un notaire d'autre
part. Deux "omissions" qui montraient la volonté du comte de Paris de
"dissimuler les biens considérables dont il voulait priver ses
enfants".
PATRIMOINE "BRADÉ"
La Fondation Saint-Louis
doit restituer aux héritiers les portraits de Louis XIII et de
Louis XIV enfant par Philippe de Champaigne, le carnet de croquis que
Louis XIV a réalisé à l'âge de 7 ans, le portrait de la duchesse
d'Orléans, le manuscrit des statuts de l'ordre de Saint-Michel datant
de la fin du XVe siècle. Les héritiers vont également récupérer un
"abrégé des finances de Louis XIV datant de 1682 en velours
calligraphié, les aquarelles de Carmontelle et du prince de Joinville,
le grand collier de l'ordre de la Jarretière, le service de porcelaine
de Sèvres livré en 1840 à la reine Marie-Amélie".
Lors de l'audience en mai, la fondation qui détient et gère ce
patrimoine royal s'était dite prête à restituer les biens mobiliers.
Les
héritiers ont en revanche été déboutés de leurs demandes concernant
les châteaux d'Amboise et de Bourbon-l'Archambault, la chapelle royale
de Dreux et la chapelle expiatoire de Paris. Notamment
parce que ces donations ont été faites plus de trente ans avant
qu'elles soient contestées devant la justice, mais également sur le
fond, selon Me Rouhette.
A ce sujet, la querelle reste vive, animée par les deux enfants de
feu le prétendant au trône, le prince Jacques d'Orléans et sa sœur, la
princesse Hélène d'Orléans, qui critiquent la gestion de la Fondation
Saint-Louis. "Ce que nous voulons, c'est que ces biens de famille
servent d'écrin à ces mobiliers emblématiques pour qu'ils y soient
exposés aux yeux du public", avait plaidé Me Olivier Baratelli,
déplorant que les dessins de Louis XIV soient "rangés dans un maroquin
au fond d'un tiroir." Selon le représentant de la Fondation, Me
Rouhette, ces objets ne peuvent être exposés à Amboise pour des
raisons de sécurité et d'intendance, mais ont été prêtés pour des
expositions, notamment au château de Versailles pour les dessins de
Louis XIV.
A la fin de sa vie, le comte de Paris avait des relations
excécrables avec sa famille. "Ils n'auront rien, que leurs larmes pour
pleurer", aurait-il déclaré à propos de ses enfants. C'est ainsi que
le comte aurait "bradé" le patrimoine familial et créé la Fondation
Saint-Louis, à laquelle il a légué ce qu'il n'avait pas vendu.