....La République contre la famille ....

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Auteur:JACQUES TREMOLET DE VILLERS

Source:  Article extrait du n° 7993 de Présent, du Mercredi 4 décembre 2013

Date : 4.12.13 

      

Nouvelles de la France qui vient

La République contre la famille

 

Voici un ouvrage très utile que vient de publier DMM, La réforme du mariage. Pour être collectif, il n’en est pas moins à la fois un et clair. Cette « approche critique sur les mutations familiales » intéresse, en premier lieu, les spécialistes du droit et tous ceux qui, théoriciens ou praticiens, sont confrontés aux difficultés que vivent aujourd’hui parents et enfants. Mais, au-delà des juristes et des personnes de l’assistance sociale, c’est chacun de nous, citoyen et électeur, sujet de droit et justiciable, qui a intérêt à s’informer sur les réalités qui sont notre vie quotidienne, en même temps que l’avenir de la nation.

Les auteurs ont poussé loin leur analyse, sans craindre d’aborder, au-delà des textes de loi, de la Constitution, de la jurisprudence et des commentaires, la philosophie de ces mutations. Ils ont ainsi clairement identifié l’individualisme, le subjectivisme, le relativisme comme les moteurs idéologiques de ces mutations.

Ainsi c’est le même virus que, très justement, les auteurs désignent, à la racine, comme étant le nominalisme et sa conséquence, le positivisme, qui infecte le droit de la famille – comme du droit privé – et le droit public sous la forme de nos constitutions.

Ce n’est pas la moindre leçon de ce livre que de constater combien les recours formés par les parlementaires, par les citoyens, par les avocats sous la forme de « question prioritaire de constitutionnalité » pour faire juger que ces mutations – et la dernière en date, celle de la loi Taubira – étaient contraires à la Constitution et aux principes fondamentaux de la République, se sont tous conclus par des échecs. Notre droit constitutionnel, les principes fondamentaux de la République ne connaissent pas et ne veulent pas connaître le mariage, ni la famille. Si, pendant un temps, ils n’ont pas imaginé porter atteinte à l’essence naturelle du mariage – un homme, une femme – ils ont toujours lutté contre cette institution qui, par nature, est opposée à l’individualisme démocratique.

Il faut le constater : en France, dans notre histoire qui n’est pas celle des autres nations, qui a sa couleur spécifique, démocratie et famille s’excluent, comme s’excluent aussi république et famille. Au sens strict de ces mots, ce n’était pas inscrit dans une nécessité philosophique. Athènes a été une démocratie et Athènes n’a pas rejeté, ni combattu la famille. Rome a été une République, c’est même d’elle que vient cette notion de la chose publique – res publica – dont la défense est la raison d’être de l’Etat. Et Rome s’est constituée sur des familles, de grandes et solides familles – les gens – les gentes – pourvoyeurs des offices publics, du Sénat et des magistratures.

En France, il n’en a pas été ainsi et la raison, à la lecture de ce traité, en vient immédiatement à l’esprit. C’est que, chez nous, l’Etat a d’abord été une famille. La règle de dévolution de l’Etat était une règle de succession familiale, catastrophique chez les Mérovingiens et les Carolingiens, avec le partage égal entre les fils, et pacifique chez les Capétiens avec l’invention de la succession par ordre de progéniture mâle. En « faisant un aîné », comme disent encore les paysans qui ne veulent pas démembrer l’exploitation, ils pacifiaient et agrandissaient le domaine. Du même coup, non seulement ils fondaient l’ordre politique sur l’ordre familial, mais cet ordre familial lui-même était inégalitaire et sexiste. L’aîné, pas le cadet. Un garçon, pas une fille. Deux principes inacceptables pour l’égalitarisme, individualiste, asexué dont l’âme même est incompatible avec cet ordre des choses. On a dit qu’en décapitant Louis XVI, la Révolution avait tué les pères, et, par là, la famille. C’était, dans une formule si abrupte qu’elle prêtait à sourire, une réalité dont nous vivons les dernières conséquences.

Alors une seconde question surgit, à la vue de l’ampleur actuelle du désastre. Quand nos demandes, nos requêtes, nos cris, nos manifestations n’ont pu trouver aucun écho, ni à l’Assemblée nationale où siègent nos élus, ni au Sénat qui est la sagesse de la République, ni au gouvernement, ni à l’Elysée, ni au Conseil économique et social, ni au Conseil constitutionnel, quand la famille et les familles se trouvent ainsi exclues de la vie publique, n’ont-elles pas le devoir de se poser la question, celle que saint Augustin posait en méditant sur la chute de l’Empire romain : « Si Dieu permet de tels événements, pensez-vous que ce soit pour son édification à lui, ou pour la nôtre ? », et donc, d’exercer notre intelligence pour aller jusqu’au bout de la leçon que les faits déroulent, à l’évidence, devant nos yeux ?

L’Etat, en France, aujourd’hui, ou du moins ce qui porte le nom d’Etat, n’aime pas la famille. Ce que ces républicains appellent République déteste et combat la famille. Ce régime est étranger à la famille. Sa vie intérieure, son rythme, qui est le régime des partis, est inconciliable avec la famille. Dans la presque totalité de ses dirigeants élus ou candidats, les hommes et les femmes qui l’incarnent méprisent, ignorent ou détestent le mariage.

Du principe philosophique aux circonstances les plus minimes de la vie quotidienne, du droit abstrait aux visages concrets, des mots aux actes, ils sont nos ennemis – les ennemis de la famille, et des familles, même lorsqu’ils sont sortis, comme des rejetons ingrats, de ces familles. On n’est jamais trahi que par les siens.

Comme nous sommes des familles – des pères et mères de famille – et qu’aussi nous sommes des chrétiens, nous n’appelons pas, contre eux, à la même Révolution qu’ils ont menée et qu’ils continuent contre la famille, les familles et la France, qui n’est qu’une famille de familles. Mais nous savons que l’écroulement de leur système est maintenant imminent. La logique des faits est plus sévère que la plus violente des insurrections. Le professeur Lejeune avait coutume de dire, en souriant « Dieu pardonne toujours, l’homme quelquefois, la nature jamais ». Il y a une nature sociale. Il y a une physique politique dont les lois sont presqu’aussi inexorables que celles de la physique. La Révolution se dévore elle-même comme elle dévore ceux qui la conduisent. Ainsi en fut-il de la première et de toutes celles qui ont suivi.

Mais… mais, depuis le départ du dernier de nos dynastes jusqu’à aujourd’hui, nous avons cru que nous pourrions, nous les chrétiens qui sommes le royaume de France, moraliser, ordonner, voire christianiser, la démocratie et la République.

La leçon, maintenant, est-elle suffisamment claire ?

Et comprendrons-nous enfin que le temps est venu de donner à l’Etat le visage d’une famille, pour que les familles se reconnaissent en lui et qu’ainsi, politique et social, droit et mariage, ordre et liberté, justice et paix se rencontrent et s’embrassent ?

La réforme du mariage, sous la direction de Mélina Douchy-Oudot, DMM, 174 pages, 28 euros.

JACQUES TREMOLET DE VILLERS

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...L'amour s'est en effet "refroidi »  ... la charité fait face à l'empire aujourd'hui planétaire de la violence....

Cette montée vers l'apocalypse est la réalisation supérieure de l'humanité. Or plus cette fin devient probable, et moins on en parle.

Il faut donc réveiller les consciences endormies.

Vouloir rassurer, c'est toujours contribuer au pire.

René Girard.

  

 

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Loin que ce soit être qui illustre la relation , c'est la relation qui illumine l'être.     Gaston Bachelard

Les composantes de la société ne sont pas les êtres humains, mais les relations qui existent entre eux.   Toynbee

 

 

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