bullet

NAVIRE ........ de Jean-Charles Demagny,  le Vésinet

t                                                 u

 .

communiqué en octobre 2002

NAVIRE

 

Lorsque son navire glisse sur les courants du monde

Dans le silence du clapotis des ondes

Loin du bruit de l'équipage

Le Capitaine, de son grand livre, tourne la page.

Par écrit, de toute sa journée, il rapporte

Des heurs et malheurs la cohorte

Simplement, fidèlement, sans gloire ni honte

Pour la mémoire des hommes, il conte.

 

 

Ils furent cent, ils furent mille

Non bien plus ! Et tous fort habiles

En des siècles de patience

Ils construisirent toute la science

Non seulement les écueils de la mer

Mais aussi tous les pièges de l'univers

Et grâce à cette montagne de labeur

L'homme avisé maîtrise le malheur

 

 

Longuement au fil des générations

En partage entre toutes les nations

La race des hommes consolide sa survie

En transmettant les données de l'acquit.

Pierre angulaire ou grain de sable

Rien d'inutile pour que la tour soit stable,

Qu'il est solide et beau l'édifice

Maçonné aux sangs des sacrifices

 

 

Mais voici la vague sur sa crête

Qui charrie la fureur et la Bête

Celle qui empoisonne et l'air et les coeurs

Celle qui répand et la mort et la peur

Celle qui jubile lorsqu'elle distille la haine

Celle qui se délecte de votre sang, de vos peines.

Elle arrive.  Pour s'ancrer elle cherche alliance,

Avec des hommes sans conscience

 

 

Ils sont médiocres dans leur médiocrité

Aussi la Bête en son élan de charité

Leur fait savoir qu'ils domineront la terre

A simple condition d'assassiner les pères

Ceux qui par leur labeur ont dressé l'édifice

Qu'il faut miner en l'imprégnant de vices,

Les voici, méfiez-vous car leur jalousie

Déclenche et sous-tend leur triste frénésie,

 

Ils s'élancent au travail et prennent la parole

Pour scier et détruire la valeur des symboles,

Pour corrompre la science, leur souffle méphitique

Transforme les vérités solides en nuages artistiques,

Ils érigent les droits, escamotent les devoirs

Elèvent l'élucubration au niveau du savoir

Et proclament que tout sera bien plus facile

Lorsqu'on se décidera enfin, à tuer ces vieux séniles

 

 

Humains prenez garde ! L'acquit millénaire

Menace ruine, ébranlé déjà par leur rage délétère

L'effondrement serait perte inestimable,

Vous répugner à les saigner car vous êtes charitables.

N'oubliez pas la menace de la Bête, qui crache le venin

Afin que vos enfants ne mangent pas demain,

N'ayez aucune pitié, il faut qu'ils disparaissent

C'est nécessité absolue pour survie de l'espèce

 

 

Alors que son navire glisse sur les courants du monde

Dans le silence du clapotis des ondes

Loin du bruit de l'équipage

Le Capitaine, de son grand livre tourne la page

Il décrit en détail comment l'attaque de la Bête

Fondant à l'improviste, rapide sur leurs têtes

A pu être détournée de justesse

Par une riposte sans faiblesse.

  Jean-Charles Demagny

 

17.10.02

 haut de page